255
pages
Français
Ebooks
2019
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Publié par
Date de parution
13 août 2019
Nombre de lectures
0
EAN13
9782819104964
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
2 Mo
Leuce, fille unique du roi Atlas, commet l’irréparable : pénétrer dans le temple de Poséidon. Loin d’y trouver la reconnaissance paternelle qu’elle cherche depuis toujours, elle perd le plus précieux.
Puni pour l’avoir accompagnée, Achéron, son ami d’enfance, est exécuté.
Six ans plus tard, lorsqu’un demi-dieu arrive à Atlantis, Leuce a enfin une chance de se racheter.
En épousant Mélanos, elle permettra à Atlantis de retrouver sa splendeur passée. Mais le jeune homme est-il bien ce qu’il prétend ?
Dans l’ombre, les dieux veillent, et la lutte pour le trône d’Atlantis ne fait que commencer.
Pourtant, de revanches en désillusions, leurs conflits pourraient bien avoir de funestes issues...
Publié par
Date de parution
13 août 2019
Nombre de lectures
0
EAN13
9782819104964
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
2 Mo
Marie MAGNENET
Le fils de Poséidon
« Le Code de la propriété intellectuelle et artistique n’autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d’autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale, ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite » (alinéa 1er de l’article L. 122-4). « Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal. »
© 2019 Les Editions Sharon Kena
www.skeditions.fr
Table des matières
LIVRE 1 : La Marque
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
LIVRE 2 : L’Oracle
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
LIVRE 3 : La Chute
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
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Mentions Légales
LIVRE 1 : La Marque
Chapitre 1
De marbre et d’or
Le temple de Poséidon lui-même était long d’un stade, large de trois plèthres {1} et d’une hauteur proportionnée à ces dimensions ; mais il avait dans son aspect quelque chose de barbare. Le temple tout entier, à l’extérieur, était revêtu d’argent, hormis les acrotères {2} , qui l’étaient d’or ; à l’intérieur, la voûte était tout entière d’ivoire émaillé d’or, d’argent et d’orichalque ; tout le reste, murs, colonnes et pavés, était garni d’orichalque. On y avait dressé des statues d’or, en particulier celle du dieu, debout sur un char, conduisant six chevaux ailés, et si grand que sa tête touchait la voûte, puis, en cercle autour de lui, cent Néréides {3} sur des dauphins ; car on croyait alors qu’elles étaient au nombre de cent ; mais il y avait aussi beaucoup d’autres statues consacrées par des particuliers.
Platon – Critias ou l’Atlantide – Traduction Émile Chambry
***
LEUCE
À mesure que j’approche, la foule grandit. Le soleil brûlant de la fin de matinée enveloppe la ville et réchauffe la terre ocre que je déplace à chaque pas. Je m’assure que je ne suis pas suivie, entourée de toutes parts, ralentie par les promeneurs qui convergent vers le marché. Rassurée, je lève les yeux au ciel et soupire. J’ai dû ruser pour échapper à ma gouvernante et, comme un écho, ses remontrances passées résonnent encore à mes oreilles. Une brise chaude, chargée des senteurs douces et poivrées des commerces d’épices, rejette en arrière le tissu qui me couvre les cheveux. Je m’arrête sur le bord du sentier pour le remettre, haletante, et reste un instant à l’écart. Par chance, personne ne m’a reconnue.
Je presse le pas jusqu’à apercevoir les premiers mâts, sur ma gauche. Je quitte alors la foule et m’engage sur un petit sentier de terre battue qui mène jusqu’aux quais. Le vent me fouette le visage. Je retiens mon voile d’une main pour l’empêcher de s’envoler. Au-dessus de moi, les mouettes et goélands luttent contre les bourrasques et lancent dans le ciel leurs cris stridents.
Je cherche Achéron du regard et lève une main pour me protéger les yeux du soleil. En contrebas, les navires marchands se vident et se remplissent au rythme lent des flots contre les coques. De temps à autre, des éclats de voix envahissent l’air et couvrent le tumulte des oiseaux.
Des dizaines de marins s’activent d’un bout à l’autre des quais. Derrière eux, la silhouette de mon ami se détache au bout de la jetée. Assis sur le ponton, il a le visage tourné vers l’horizon.
Tandis que je progresse dans sa direction, ses boucles brunes se précisent, agitées par la brise qui charrie des odeurs d’iode et de sel.
Lorsque j’arrive à son niveau, il se retourne. Puis, d’un geste vif, se redresse et esquisse une révérence.
— Princesse Leuce.
— Pas si fort !
— Quoi ? Il n’y a personne.
Je garde un silence buté tandis qu’il rit et ramasse ses sandales d’un mouvement leste. Sans prévenir, il se met soudain à courir en direction du marché. Déjà à bonne distance, il crie :
— Le premier chez la vieille Gaïa !
J’ôte mes chaussures et m’élance à sa suite.
Si Athénaïs était là… Je secoue la tête pour chasser cette pensée. Ma gouvernante ne me verra pas, et quand bien même ! Des dizaines d’autres enfants courent dans les rues comme nous le faisons.
Peu à peu, le sol brut du port laisse place aux dalles de la ville, qui diffusent une chaleur plus forte. Je me brûle les pieds en poursuivant Achéron. Peine perdue ! Il est déjà loin devant !
Une fraîcheur soudaine m’indique que nous sommes arrivés sous les tentures colorées du marché. Je garde la tête baissée et mon regard se pose sur les pierres que nous foulons. Le soleil, caché par les voilages, y projette des taches de lumière comme autant d’étoiles.
Après quelques minutes d’une course effrénée, nous nous arrêtons au seuil d’une boutique, recouverts d’une poussière rouge de la tête aux pieds. La marchande nous accueille avec un rire aigrelet. Sa figure ridée et ses yeux fatigués n’enlèvent rien à la malice de son expression. Je l’observe à la dérobée tout en essayant de reprendre mon souffle. Achéron a encore gagné.
La vieille femme s’absente et j’avise les éléments disparates qui s’alignent à même le sol. Au milieu de la vaisselle et des statuettes décoratives à l’effigie de Poséidon, une plaque de bronze tachée de bleu retient mon attention. Quelqu’un l’a frottée. Entre les traces dues à la patine, le métal brillant apparaît et révèle une inscription gravée en minuscules caractères : Manteio ton Dodonès . Un ex-voto importé des montagnes de Grèce, une offrande au temple des prêtresses de Zeus. Gaïa ressort de l’arrière-boutique et tend à Achéron un immense masque doré ; une commande que Phéron, son père et responsable des arènes royales, lui a confiée. Avec maintes précautions, Achéron le pose sur son épaule.
Il me tire ensuite par la manche.
— Viens, je vais te montrer le tunnel.
À regret, je détache mon regard du visage de bronze puis les paroles d’Achéron trouvent un sens dans mon esprit. Le tunnel ! Il l’a terminé ?
Son sourire confirme mes soupçons et il m’entraîne au travers des ruelles, ralenti par sa charge. Je le suis avec une pointe d’excitation.
À l’approche du temple, les constructions à étages se raréfient, laissant place à des habitations plus petites et d’apparence négligée. Elles s’entassent les unes sur les autres, au hasard, comme les pierres d’une vieille ruine. Leurs toitures dorées, recouvertes de voiles bleus, frémissent faiblement sous le vent, seule constante malgré la pauvreté des quartiers populaires.
Dépassant les maisons basses, nous apercevons enfin le parc devant lequel un soldat garde l’entrée. Achéron bifurque au pied des grilles imposantes et nous longeons l’enceinte. Parvenu à destination, il se met en quête d’un bosquet où cacher le masque. Il en déniche un assez touffu, revient vers moi, puis ôte les branchages qui dissimulent le passage.
Un trou de bonne taille s’ouvre dans la roche noire piquetée d’ocre, là où nous avions repéré un effritement quelques semaines plus tôt.
Pour dégager cette entrée, Achéron a dû retirer une à une les pierres de la muraille ! Il a agi avec une rapidité remarquable.
— Après toi.
L’invitation soudaine me fait hésiter. Une telle expédition, ça se prépare.
— Tu es sûr ? Ça ne risque rien ?
— Sauf si on nous attrape.
Je me détourne, décidée à rebrousser chemin. Quitter le palais en cachette m’expose aux punitions d’Athénaïs et à la colère du roi, mais pénétrer dans le temple mettrait Achéron en danger. Pour un garçon de sa condition, les sanctions sont l’exil ou la mort.
— Je ne sais pas, une autre fois. On peut…
— Allez, viens !
Sans attendre ma réponse, il s’engouffre dans l’ouverture. Debout, seule devant le mur, la honte m’envahit.
C’était mon idée. Je pensais que si Poséidon reconnaissait ma valeur, mon père y serait forcé lui aussi. Mais pour cela, je devais voir la statue divine de Poséidon et obtenir un oracle, dans ce sanctuaire dont on me refuse l’entrée.
Achéron m’interpelle depuis l’autre côté.
— Tu viens ?
Tremblante, je m’accroupis et passe la tête dans la brèche. Allongée contre le sol, je rampe dans l’obscurité, un nœud au creux de l’estomac. Le tissu glisse de mes cheveux longs ; la poussière et la terre s’y accrochent. Je n’en ai cure, trop préoccupée par ce qui nous attend au-delà du mur.
Devant moi se dessine la lumière du jour. Je dépasse les dernières pierres de l’enceinte et l’immense parc s’ouvre soudain face à moi. Un parfum âcre d’encens monte du sanctuaire et emplit l’air. Je reste sans voix.
Haut de deux cents coudées {4} , protégé par une gigantesque porte en bois en retrait des colonnades, il est plus grand que je l’imaginais. Sur le fronton, frappé d’un trident, maints reliefs racontent les exploits du dieu des océans. Mais dans la nef principale se trouve un trésor bien plus précieux : Poséidon, encadré de cent néréides sur autant de dauphins et tiré par un attelage de six chevaux ailés. Une statue somptueuse que je n’ai jamais vue autrement que sur les peintures du palais. Sacré, le lieu est défendu aux femmes, même de lignée royale.
Je me relève avec lenteur et me colle contre le mur frais pour faire cesser les frissons et l’angoisse qui me secouent. En face de moi, le t