139
pages
Français
Ebooks
2022
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Publié par
Date de parution
22 septembre 2022
Nombre de lectures
1
EAN13
9782981665539
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
2 Mo
Publié par
Date de parution
22 septembre 2022
Nombre de lectures
1
EAN13
9782981665539
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Français
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2 Mo
Mentions légales
Édité par Sylvie Chenard, Portneuf-sur-Mer, Québec, Canada
Conception de couverture et mise en page : Sylvie Chenard
Révision et correction d’épreuves : Sylvie Chenard
ISBN : 978-2-9816655-3-9 (ePUB)
Dépôt légal, Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2022
Dépôt légal, Bibliothèque et Archives Canada, 2022
Copyright © 2022 Sylvie Chenard
Tous droits réservés
Sylvie Chenard
La danse et l’arbre
Roman
Dédicace
Ce roman est dédié aux générations
d’amoureuses et d’amoureux de la nature et
à Éliam, Eva-Rose et Anaëlle
Préface
J’ai écrit le roman d’anticipation utopique, La danse et l’arbre entre 2017 et 2022. Il est inspiré des cultures innues, nord-côtières, féministes et de science-fiction. Les gens du pays, ma famille, les personnes que je côtoie, les évènements internationaux ont guidé mes choix.
Empreint de la nature fabuleuse de la Côte-Nord, l’histoire se déroule en 2046 et en 2047. Deux sœurs élaborent des recherches, des créations et découvrent l’évolution récente des cultures et de la littérature. Un brouillage d’espace et de temps s’effectue entre leur réalité et leur fiction, entre les récits des cinq générations de leur famille, des animatrices autochtones et des personnes réfugiées. Elles soulèvent des enjeux prégnants au XXIe siècle de justice sociale et environnementale pour l’humanité et la planète.
Les ressources passionnantes de l’Institut Tshakapesh, du Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins, de Culture Côte-Nord, de Wikipédia et de Bibliothèque et Archives nationales du Québec m’ont permis d’étoffer la recherche, les récits et les personnages. Je leur en suis immensément reconnaissante.
NIMINANU — ON DANSE
La maison du fleuve
Nouveau Monde né de la solidarité
Les jumelles Matinueu 1 et Shatshieu 2 élaborent leur projet de livre de science-fiction. Elles s’inspirent de la danse pour évoquer leurs émotions et de leur implication au camp de personnes réfugiées.
Après 2046. Deux sœurs. Deux écrivaines. Matinueu lance la conversation.
— J’aimerais que l’une d’elles ait publié un recueil de poésie et que, par la suite, elle ait écrit dans de nouvelles formes.
— Oui, pour son premier roman, inspiré par l’arrivée de jumelles dans sa famille.
— Elle aurait présenté la vie de jumelles, qui se déroule dans un futur proche au XXIe siècle. Elle est influencée par la culture innue, à une époque de grand chambardement de décolonisation, de dénonciation de l’appropriation sociale, culturelle, économique, de la violence faite aux enfants, aux femmes ; les oppressions résultant de la discrimination systémique.
— Ce génocide maintenu subtilement par des personnes en autorité, des religieux, des fonctionnaires, des politiciens, des journalistes. Le pillage de leur culture et le non-respect de leurs traditions, de leurs cimetières, de leurs ancêtres, de leurs artéfacts. D’accord.
Pendant longtemps, il n’y a aucun lieu d’appartenance. Les deux sœurs s’en accommodent. Elles sont alors de grandes voyageuses impliquées à travailler auprès des populations migrantes dans les Amériques. Puis vient l’héritage d’un lieu offert, mais à plusieurs conditions cependant. Elles ne savaient pas quoi en faire, jusqu’ici occupées à considérer leur condition d’être des humaines libérées, inscrites dans l’histoire et dans la perspective du respect de la diversité des êtres vivants et de la planète. Grande matière à interprétation. Pendant longtemps, sans ce lieu, tout avait existé sans s’incarner vraiment, sans appartenance, sans s’enraciner. Leur imaginaire révélateur de leur errance, annonciateur de destins multiples.
— Plus les racines sont profondes et plus s’approfondit notre rapport au monde, à l’international, à l’universel. C’est ce qu’elles découvriront.
— D’accord, c’est bon. On continue.
— Les corps flottent et bougent dans l’énergie critique ?
— Oui.
L’univers matérialisé recrée pendant longtemps toutes sortes de leurres. Les valeurs d’inclusivité, de tolérance et de partage confrontent les formes erronées des croyances ou des constructions sociales violentes, haineuses, méprisantes, sexistes, homophobes, racistes.
— Oui. Je suis d’accord. On ajoute aussi :
L’accord, l’accueil et l’hospitalité sont devenus la priorité pour déjouer les figures des fausses apparences de respectabilité dans ces nouveaux écosystèmes virtuels dans lesquels sont immergés les êtres humains. Ce sont tous les systèmes reposant sur le mensonge, le mépris, l’injustice, la dépendance qui se sont écroulés.
— C’est ce que tu veux, voyager au-dessus d’un troupeau de caribous, chuchote de sa voix très basse Matinueu , celle qui porte la nuit jusqu’au jour ?
— Oui, j’en suis fière. Je te remercie pour cette transformation. Seule je n’y serais pas arrivée. Seras-tu au conseil ce soir, sourit Shatshieu , ce cristal dans la voix, en écho qui percute les parois du temps sonore ?
— Oui, j’y serai. Moi aussi je suis fière de notre ouvrage de transformation. C’est une belle invention en collaboration ! Rien ne serait arrivé, n’eût été la rencontre et l’amitié avec des Innues de la Côte-Nord venues, elles aussi, accompagner les personnes migrantes dans leur grande marche, leur grande traversée pour contrer la violence et la pauvreté.
Les voilà au-dessus d’un troupeau de caribous, elles explorent leurs grandes transformations. Leur mère Atik u 3 les inspire. Caribou est son nom. Leurs aventures prennent encore plus de sens poétique, mère et caribou, les emportent au-delà des transes habituelles. Tout sourire, elles franchissent quelques limites inconnues et découvrent de nouvelles sensations au rythme du bruit des sabots des caribous qui martèlent la terre, leur fourrure, leurs muscles, leur bois, le sang dans leur veine, leur souffle, leur course, la pulsation de leur cœur à l’unisson.
Le corps des danseuses tourbillonne dans la symphonie du vivant, devenu transparent. Elles accompagnent le troupeau de caribous pendant des heures.
Arrive l’heure du conseil au soir. Ce conseil de famille est devenu une tradition, depuis qu’il y a la maison du fleuve, depuis que s’écrit une nouvelle histoire familiale incarnée dans un lieu, une terre, un territoire partagé ; depuis que le bonheur des réalisations d’une génération est partagé entre tous, propulse les autres générations. L’enracinement en ce lieu promet de dynamiser leur nomadisme et leur rayonnement partout dans le monde différemment. C’est du moins ce que voulait leur léguer le vieil homme accroupi au bord de la rivière en pensant aux suivants, aux descendantes et aux descendants. Les capteurs devraient se développer selon les phases lunaires, surtout lors des Lunes gibbeuses montantes, à l’apogée comme au périgée.
Après 2046, l’humanité subit des transformations exceptionnelles de dématérialisation et de rematérialisation à volonté, à la suite de la découverte des dimensions aléatoires de l’espace. La gravité de la Terre est modifiée par le changement de son axe de rotation, la migration du sommet du monde et le mouvement polaire. Les sœurs jumelles Matinueu et Shatshieu travaillent ensemble à approfondir la découverte des possibilités d’un Nouveau Monde de paix, de justice, d’égalité, de liberté et de solidarité. Leur trentaine s’annonce bien, chacune tente de nouvelles expérimentations créatives et sociales.
La découverte des dimensions aléatoires de l’espace permet à l’humanité de faire un bond qualitatif extraordinaire puisque l’instabilité de tous les systèmes se révèle et que les valeurs de respect des personnes, des espèces et de la terre s’approfondissent telle une guérison, une régénérescence. Les comportements violents, haineux s’éradiquent. Les nouvelles activités humaines reposent sur les possibilités de nouvelles expérimentations des dimensions et de la dématérialisation et la rematérialisation . Les nouvelles aptitudes du corps humain, de nouvelles facultés de métamorphose transforment les perceptions et la culture. Il est facile de s’envoler, de flotter dans l’espace. Il est facile de se matérialiser dans le corps d’un animal et de revenir à sa forme initiale. Ces apparences interchangeables confèrent des identités instables et donc vulnérables et ouvertes aux changements, aux variations constantes. Plusieurs croyances et mythologies humaines peuvent se vivre en réalité au grand plaisir de tous.
— Qu’en penses-tu ? dit Shatshieu .
— Je n’y crois pas tellement. Ce n’est pas crédible. Les histoires fantastiques, surnaturelles traditionnelles sont plus plausibles. Des histoires postapocalyptiques, des zombies, des fantômes, des vampires, des anges, des esprits, des superhéros valent mieux que d’anticiper des modifications aussi radicales de nos écosystèmes, de notre environnement, de nos énergies, de nos relations, de nos corps.
— Miam 4 . Je poursuis tout de même. Que ces personnages de fiction aient une influence sur le comportement et nous rendent plus altruistes, plus créatives, c’est ce qui m’intéresse. Le plus important est le changement inspiré entre les personnes humaines.
Un Nouveau Monde né de la solidarité est apparu parallèlement aux changements d’axe de la Terre. Chaque individu reçoit sa part légitime de droits et de libertés, quelle que soit son origine. Cet âge d’or de l’humanité a également transformé les capacités physiques des humains. De nouvelles perceptions humaines et de nouvelles explorations sont propices à l’échange culturel et à approfondir la compréhension du bienvivre ensemble et du devenir de l’humanité. Les secrets du Nouveau Monde résident dans la découverte des nouvelles énergies adaptées à l’ organicité des êtres et de la planète. La dynamique des pouvoirs est constamment remise en question. Les systèmes de compétition sont éradiqués. Les jeux de société qui favorisent le servage et la dépendance du