L’accroissement mathématique du plaisir , livre ebook

L'Accroissement math matique du plaisir
Catherine Dufour
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Recueil r uni par Richard Comballot et publi sous la direction Olivier Girard.

ISBN : 978-2-84344-173-8
Code SODIS : NU82133

Parution : janvier 2011
Version : 1.0 - 22/01/2011

Illustration de couverture 2008, Philippe Caza
2008, Le B lial', pour la premi re dition
2011, Le B lial', pour la pr sente dition
Catherine Dufour le talent au cube

On a vu au fil du temps, depuis l'apr s-guerre, de nombreuses Fran aises s'illustrer dans le domaine des litt ratures de l'imaginaire : des pionni res - en t te desquelles Nathalie Henneberg, Fran oise d'Eaubonne, Julia Verlanger et Christine Renard - aux nouvelles venues que sont Corinne Guitteaud, L a Silhol, M lanie Fazi, L lio ou encore Estelle Valls de Gomis en passant par Jo lle Wintrebert, lisabeth Vonarburg, Anne Dugu l, Jeanne Faivre d'Arcier, Sylvie Denis et Sylvie Lain . Sans oublier quelques " amazones trop t t disparues - au figur mais quelquefois, h las, au propre - telles que Danielle Fernandez, Sylviane Corgiat, Dani le H ran, Colette Fayard, Florence Bouhier ou la Suissesse Wildy Petoud.

Les talents ne manquent donc pas m me si Roland C. Wagner faisait, juste titre, remarquer dans un article de 1984 que : " Contrairement sa cons ur anglo-saxonne, la science-fiction fran aise a toujours compt fort peu d' crivains de sexe f minin. Ce qui saute effectivement aux yeux, en parcourant cette petite liste, c'est que la plupart des auteurs en activit aujourd'hui s'expriment d'abord dans le fantastique et la fantasy. Plus rarement dans la SF. Mais quelle importance ? ! Toutes portent en elles des univers envo tants, poss dent de belles qualit s de plume et savent nous embarquer dans des r cits de haute tenue.

Cependant, il en est une dont l' uvre me touche particuli rement, et dont vous vous appr tez lire le premier recueil : j'ai nomm Catherine Dufour.





J'ai rencontr Catherine aux " Utopies , Nantes, en novembre 2002, alors que je travaillais Mission Alice. Mission Alice ? Une anthologie-hommage Lewis Carroll que je pr parais l' poque pour Jacques Chambon - directeur de la collection " Imagine chez Flammarion - avant qu'il ne passe de l'autre c t du miroir, et qui parut finalement chez Mn mos, sous la responsabilit d'Audrey Petit. J' tais au bout du chemin, la t te d'un bon paquet de nouvelles sign es par de grands noms de nos litt ratures et de jeunes loups tout aussi talentueux. J'atteignais le point d' quilibre, les textes prenant place les uns par rapport aux autres dans un ordonnancement qui me semblait couler de source. Seul regret : manquait l'ensemble une variation psych d lique, improbable rencontre entre l'univers acide de la Pop-Rock de la fin des sixties et celui tout aussi barr d'Alice.

Je ne sais trop pourquoi, je m'adressai Catherine alors qu'elle quittait l'espace librairie o elle venait de d dicacer ses deux premiers romans romans que j'avais feuillet s quelques semaines plus t t, attir par leurs tapageuses couvertures sign es Didier Graffet.

Je lui confiai alors, en toute franchise, que je n'avais pas lu le moindre mot de ses livres, mais qu'une intuition me poussait lui dire que la porte tait ouverte. Sous r serve qu'elle puisse m'adresser sa nouvelle dans un d lai d'un mois. Elle ne promit rien mais dit qu'elle essaierait.

Je crois me souvenir que deux semaines plus tard, son texte arrivait. Et, surprise, il comblait le manque ci-dessus voqu , croisement parfait entre l'univers surr alisto-pop art du Yellow submarine de George Dunning et celui de la jeune Alice. Avec une ma trise que je ne m'attendais pas obligatoirement trouver chez une quasi d butante, laquelle m'avait initialement confi qu'elle ne savait pas ce qu'elle serait capable de donner sur une courte distance. Humilit , quand tu nous tiens

Jamais je n'avais ressenti ce point - hormis, sans doute, la r ception des nouvelles de Jacques Barb ri, plus de quinze ans auparavant - et plus jamais je ne ressentis par la suite, qu'un auteur avait ce point r pondu mon attente.

Je lui en fis part et l'embarquai aussit t dans d'autres aventures ditoriales. Je n'eus jamais le regretter.

Il me fallait par ailleurs savoir d'o elle venait et ce qu'elle avait fait pr c demment. Nous parl mes nouveau nouvelles et elle me dit qu'elle en avait crit quelques dizaines, qui n' taient probablement pas publiables. Humilit toujours

force d'insister, elle m'en envoya une petite s lection, prenant un luxe de pr cautions, du genre : " Richard, tu es bien gentil de t'int resser ce que j'ai crit mais tu vas perdre ton temps. Et l , re-surprise, puisque je d couvris " Je ne suis pas une l gende , excellente, et " M moire morte que je tiens toujours pour un tr s grand texte. Je retins la seconde illico pour l'anthologie Icares 2004 (Mn mos, 2003) et transmis la premi re Olivier Girard, r dacteur en chef de Bifrost, en lui disant que nous tenions l un auteur de premier plan. Et que s'il retenait le texte, je me ferais un plaisir d'interviewer son auteur afin de constituer un petit dossier. Est-il utile de pr ciser qu'Olivier tomba lui aussi sous le charme et que l'id e de r unir un recueil de ses nouvelles pour les ditions du B lial' s'imposa derechef ? !





Ce recueil, vous l'avez compris, c'est L'Accroissement math matique du plaisir, que vous tenez en mains et qui devait initialement sortir sous le titre de M moire morte, jusqu' ce que notre ami G rard Klein fasse para tre ce qui sera peut- tre son ultime recueil, sous un titre similaire.

Compos de ses meilleures nouvelles publi es et de plusieurs in dites - parmi lesquelles " L'Immacul e conception , qu'elle donna dans l'intervalle Lunatique et qui remporta le Grand Prix de l'Imaginaire -, ce recueil pr sente dans un joli floril ge ses diff rentes " veines , qui vont du conte noir et cruel au r cit futuriste, de l'hommage respectueux l'h naurme, nous invitant explorer sans a priori ses univers int rieurs.

Se d gage de l'ensemble un parfum, une voix une humanit tandis que se dessinent, ou plut t se devinent, travers les mots, quelques cicatrices bien r elles





Mais tr ve de bavardage, car tout est dans ses nouvelles. Nouvelles dont j'aurais tendance dire, d'ailleurs, qu'elles sont peut- tre plus abouties que ses romans. N anmoins, si ce tout ne vous suffisait pas et si vous souhaitiez en savoir davantage encore sur l'auteur du Go t de l'immortalit , jetez un il la postface ainsi qu' l'entretien qui cl turent le volume : Catherine s'y raconte suffisamment pour que vous obteniez le sentiment de comprendre intuitivement le personnage et pour vous communiquer l'envie de revenir sur certains de ses textes.





Pour l'heure, il ne me reste plus qu' vous souhaiter bonne lecture, et appeler la barre : " Monsieur Brian Stableford !




Richard Comballot
Avant-propos

Les chroniqueurs litt raires que l'on invite r diger un article sur un recueil de nouvelles commencent, en r gle g n rale, par chercher ce que les textes au sommaire ont en commun - fil conducteur ou th me r current. L' valuation critique se base souvent sur le pr suppos que les crivains se r v lent immanquablement dans leurs uvres. Pour leur part, lesdits crivains ne suivent gu re ce raisonnement. Dans leur grande majorit , sinon dans leur totalit , ils essaient de varier les plaisirs, d'accomplir quelque chose qu'ils n'ont pas d j accompli. D cid s tirer fiert de l' clectisme de leur recueil, ils s'efforcent d' viter que l'on puisse y d couvrir un motif unificateur ou une pr occupation constante et insistent sur l'originalit , la versatilit et l'ing nuit cr atrice.

Vous me voyez donc enchant d'avouer mon incapacit mettre en lumi re un fil conducteur ou un th me r current dans ce livre, lequel couvre un large spectre th matique et embrasse des tonalit s distinctes. Consid rant cet ouvrage depuis une distance culturelle consid rable, du fait tant de ma situation g ographique sur la rive oppos e de la Manche que de ma perspective form e par une lecture de textes fran ais qui se limitait jusqu'alors pour l'essentiel des uvres du xix e si cle, je n'ai pu m'emp cher de traquer les signes d'une francit bien enracin e, mais cette saveur, pour autant qu'on la retrouve ici, demeure subtile,