317
pages
Français
Ebooks
2019
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Publié par
Date de parution
09 décembre 2019
Nombre de lectures
122
EAN13
9782370116758
Licence :
Tous droits réservés
Langue
Français
Publié par
Date de parution
09 décembre 2019
Nombre de lectures
122
EAN13
9782370116758
Licence :
Tous droits réservés
Langue
Français
EXOMONDE
Livre III – Ylstérion, à la frontière du temps
Emma Cornellis
© Éditions Hélène Jacob, 2019. Collection Science-fiction . Tous droits réservés.
ISBN : 978-2-37011-675-8
Prologue
« La porte d’Ylstérion doit rester ouverte, pour que renaisse le passé. Croyez-moi, l’homme du futur agira comme un grain de sable dans le mécanisme complexe que nous avons réussi à créer ! Il n’aurait jamais dû naître et ne doit pas repartir ! »
Il flotte encore à la limite de la conscience, les mots entrent dans sa tête comme une mélodie indéchiffrable et pourtant son esprit les reconnaît, ce sont les paroles d’Ylstérion ! Celles qui le hantent depuis des années ! Ne pas ouvrir les yeux. Pas maintenant. Deux hommes et une femme discutent au-dessus de lui, et ils ne sont pas seuls. Zven ressent la présence de dizaines d’esprits qui lui sont totalement inconnus. Il est allongé sur un plan froid. La place Noire ? Peu à peu, les souvenirs refont surface comme des bribes d’un lointain passé. Zwaali disparaissant dans le Chemin de Lumière avec une expression extatique sur le visage, Lana dans les bras du Terrien, et Lola… les traits de Lola déformés par la peur, qui hurle son nom. Mais que s’est-il produit ? Il tend son esprit vers elle et le gouffre qu’il perçoit lui tord les entrailles. Il le connaît, il sait ce qu’il signifie, mais comment est-ce arrivé ? Les pensées des êtres qui l’entourent interrompent les siennes :
— Le tuer avant qu’il ne se réveille ? demande l’esprit féminin. Es-tu vraiment sérieux, Kala ? Tes craintes t’empêchent de réfléchir correctement ! Si nous le tuons, qu’apprendrons-nous de lui ? Nous l’avons soustrait à la réalité du futur pour éliminer son influence sur la porte, mais nous ne serions pas Manaavs si nous ne cherchions pas à savoir comment et pourquoi il a agi.
— Au risque de le voir détruire l’œuvre de dix générations ! répond la voix de l’homme en colère . Si nous le faisons disparaître maintenant, nous éliminons définitivement la possibilité de le voir détruire la porte !
L’information entre dans son cerveau comme une bombe. Aurait-il fait un saut dans le passé ? Soudain, les souvenirs se font plus précis. Il n’a pas créé le passage dans l’espace-temps qui s’est ouvert sur la place Noire, il ne l’a pas non plus traversé par accident. C’est l’œuvre de ceux qui se disputent autour de lui, et ils l’ont kidnappé !
— Même en le tuant, nous sommes incapables de faire disparaître son existence du futur , reprend la voix féminine, il a disparu aux yeux des siens, mais son influence reste…
Zven entend sans comprendre, son instinct lui dicte de persévérer à feindre l’inconscience. Qui sont ces gens ? L’homme et la femme continuent de parler sans se douter que leurs pensées sont sur écoute :
— Et que proposes-tu, Naël ? demande la voix d’homme avec hargne.
Le troisième esprit, un homme qui était demeuré silencieux jusqu’à présent, s’exprime à son tour :
— Kala, l’idéal aurait été de pouvoir empêcher sa naissance, mais au point où en sont nos connaissances, nous ne pouvons pas nous servir de la singularité pour voyager comme bon nous semble dans l’espace-temps. Nous n’avons fait que nous servir des connexions neuroniques que cet individu créait, pour le trouver et le ramener ici… Par contre, si nous le gardons en vie, comme le suggère Naël, nous pourrons en apprendre plus sur l’histoire de nos enfants et, peut-être, découvrir l’erreur que nous avons faite, et qui a permis qu’il existe.
— Tu sous-entends que nous pourrions changer l’avenir à partir d’aujourd’hui en évitant de reproduire cette erreur ?
— Si toutefois nous ne l’avons pas déjà commise, obtempère la voix de l’autre homme.
Zven ouvre les yeux, il n’a pas vraiment fait attention au sens du dernier échange verbal, seuls les prénoms se sont imprimés dans son cerveau : Kala, Naël ! Le doyen du cycle du Mal et l’Élu qui y mettra fin en tuant Zven, le fils de Zra ! C’est impossible !
— Attention, il se réveille ! s’exclame Naël en reculant.
Zven s’est redressé sur son séant, il est pris de vertige en découvrant l’endroit où il se trouve et les gens qui l’observent. Il est assis sur la pierre ronde qui ressemble à un autel, au centre du cristal. Autour de lui, plusieurs dizaines d’êtres à la peau dorée le fixent avec curiosité. Grands et bien bâtis, la plupart ont l’air d’être jeunes, leurs cheveux sont blonds et épais comme les siens et leurs yeux… leurs yeux renferment toutes les nuances de l’univers !
— Qui êtes-vous ? demande Zven.
Sa voix résonne dans tous les esprits, provoquant une vague de pensées alarmées :
— Comment peut-il s’adresser à nos esprits ? Il ne peut pas posséder d’implants de communication neuronique ! s’écrie un homme au regard rouge sang, qu’il identifie immédiatement comme étant Kala.
Celle qui répond au prénom de Naël, fixe des yeux aux iris turquoise bordés d’or sur Zven :
— Non, c’est impossible, en effet, mais vérifions tout de même.
Elle s’approche de Zven avec le sourire d’une femme qui cherche à apprivoiser une bête sauvage.
— N’aie pas peur, continue-t-elle, je vais demander à Ylstérion de scanner ta boîte crânienne. Est-ce que tu me comprends ?
Sans attendre de réponse, elle lance une série d’ordres mentaux à l’intelligence artificielle, et Zven a l’impression qu’un halo de lumière cotonneux vient s’enrouler autour de son corps. Des images apparaissent sur plusieurs des écrans muraux du cristal, mais il est incapable de les interpréter. De plus, le halo brouille sa vue, comme s’il se trouvait à l’intérieur d’une coquille emplie de brouillard. Il sent l’intelligence d’Ylstérion tout autour de lui, comme jamais auparavant. Elle s’infiltre par tous les pores de sa peau au lieu de s’engouffrer dans son esprit en hurlant. Il n’a pas besoin d’ériger de barrières mentales comme il en a l’habitude, l’IA n’est pas seule, Zven peut percevoir les pensées de plusieurs personnes en train de guider, contrôler ou ordonner les flux d’énergie qui s’échappent d’elle. Son instinct lui commande de fuir. Si seulement il pouvait déclencher le Chemin de Lumière, il pourrait s’en servir pour recréer un pont dans l’espace-temps et disparaître de ce cauchemar ! Zven ferme les yeux pour faire abstraction des êtres dorés de l’autre côté du halo de brouillard et tend son esprit vers Ylstérion. L’univers s’élargit en lui et le temps n’est plus. Pendant un instant, infime et éternel, il est auprès de Lola. Elle dort, mais son sommeil est agité. Zven avance la main pour caresser le visage de celle qu’il aime quand soudain le monde autour de lui se disloque. Avant de perdre à nouveau conscience, il entend le cri de Kala :
— Arrêtez-le ! Il est en train d’ouvrir la porte !
Première partie – Présent(s)
– 1 –
Möa, 2327
Le chant des oiseaux traverse les murs de planches sans aucune considération pour les dormeurs. Mais le pire, ce sont les piaillements stridents des poules, elles aussi particulièrement matinales ! Lola a les yeux grands ouverts, elle a encore rêvé de lui. Elle fixe la charpente de bois recouverte de fougères séchées avec résignation et finit par se lever. De toute manière, elle était déjà réveillée. La jeune femme enfile une chemise de soie légère qui lui descend jusqu’à mi-cuisses, attache ses boucles en queue-de-cheval et attrape son drap de bain avant de quitter la cabane. Une tenue un peu impudique pour les normes möams, mais, ici, au camping, personne n’y fait vraiment attention. Elle s’arrête un instant sur le pas de sa porte. Les poules, petits volatiles aux plumes blanches qui ressemblent énormément à leurs espèces homonymes terriennes se sont tues en l’entendant sortir. Elles picorent en liberté aux abords des cabanes éparpillées entre les conifères géants sans plus se préoccuper de l’intruse trop matinale. Comme toujours quand elle revient ici, une drôle d’impression de déjà-vu l’étreint alors qu’elle contemple le village endormi. Les grands n’ont pas eu trop de mal à retrouver l’endroit où, dans une autre réalité, ils avaient établi l