Espérer le soleil , livre ebook

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La Grande Peste Noire. Le Grand Incendie. Le Blitz orchestré par les nazis. La Bombe de Staline... Londres a survécu à tout.


En 1951, isolée dans la gangue glacée de la nuit nucléaire, la cité millénaire et ses habitants tentent de vivre comme avant. Malgré les radiations, les Rôdeurs de la Nuit, et eux-mêmes. Quand des enfants de quartiers pauvres sont enlevés par une étrange entité aux yeux incandescents, les tensions éclatent et les destins s'entrecroisent.


Ainsi Vassilissa, vampire russe obligée de traquer ses semblables sous les ordres des autorités britanniques ; Satinder, jeune fille sikhe qui n'a pu empêcher la disparition de ses petits frères ; Jaime, ancien résistant espagnol désormais voué au crime organisé ou Gwen, belle héritière blessée au plus profond de sa chair et de son âme.



Sous l'objectif du photographe américain Arthur Smitty se succèdent émeutes et révoltes d'une population dont le rêve impossible est de revoir le soleil une dernière fois.

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Date de parution

07 septembre 2017

Nombre de lectures

0

EAN13

9782361833794

Langue

Français

Espérer le soleil
Nelly Chadour

© 2017  Les Moutons électriques
Conception Mergey CD&E
Version 1.0.0 (04.08.2017)
La Grande Peste Noire. Le Grand Incendie. Le Blitz orchestré par les nazis. La Bombe de Staline… Londres a survécu à tout. En 1951, isolée dans la gangue glacée de la nuit nucléaire, la cité millénaire et ses habitants tentent de vivre comme avant. Malgré les radiations, les Rôdeurs de la Nuit, et eux-mêmes.
Quand des enfants de quartiers pauvres sont enlevés par une étrange entité aux yeux incandescents, les tensions éclatent et les destins s'entrecroisent. Ainsi Vassilissa, vampire russe obligée de traquer ses semblables sous les ordres des autorités britanniques ; Satinder, jeune fille sikhe qui n'a pu empêcher la disparition de ses petits frères ; Jaime, ancien résistant espagnol désormais voué au crime organisé ou Gwen, belle héritière blessée au plus profond de sa chair et de son âme. Sous l'objectif du photographe américain Arthur Smitty se succèdent émeutes et révoltes d'une population dont le rêve impossible est de revoir le soleil une dernière fois.
Née un 8 février comme Jules Verne, Nelly Chadour a étudié la littérature à Nantes et vit en région parisienne avec ses deux chats, ses livres, ses tatouages et sa radio dégueulant de la musique qui endurcit les mœurs. Après avoir versé dans l'horreur épidermique avec Sous la Peau , chez Trash éditions, et livré la saga des aventures de Diane d'Aventin chez Le Carnoplaste, elle propose une percutante uchronie post-apocalyptique.
Introduction
7 Janvier 1598
Strachnye Skazki
Comme bon nombre de récits, celui-ci prend racine au plus profond des ténèbres d’une époque incertaine. À cette vertigineuse évocation de temps révolus s’ajoutent les frissons d’effroi, car il s’agit d’un conte horrible et gorgé de sang.
Comme toutes les bonnes histoires, celle-ci comporte une héroïne : Vassilissa, du village de Bilibine. Par dérision, elle avait hérité du surnom de la Très Belle. L’ironie de ce sobriquet ne venait pas de ses yeux aussi étincelants que les saphirs ornant la couronne des tsars, ni de sa chevelure châtaine, scintillante de fils dorés et si abondante que ses neveux aimaient y enfouir leurs petites mains.
C’était là ses seuls attraits.
Car la Très Belle n’était pas gracieuse, ne savait tenir ni un foyer ni sa langue prompte aux jurons et à la franchise. Aucun homme ne souhaitait épouser une femme capable de le flanquer par terre d’un coup de poing. Ses dons s’exerçaient dans des arts masculins : la chasse où elle avait hérité sur la pommette droite d’une balafre creusée par les crocs d’une louve, et la peinture d’icônes saintes.
Voilà pourquoi, à presque trente ans, elle vivait seule dans sa cabane. Mais elle ne regrettait rien et se contentait de jouer avec les marmots de ses sœurs plutôt que de rêver à ses propres enfants.
Jusqu’à la dernière fête de la Nativité, elle se moquait du mariage, des commérages qu’elle faisait taire d’un seul regard de son œil trop bleu.
Puis Vladimir arriva avec son escorte.
Vladimir et ses boucles d’or pâle, qui ondulèrent sous la bise dès qu’il retira son bonnet de douce fourrure neigeuse. Vladimir, à la taille élancée et au visage aussi touchant que celui du Christ.
Assise sur le pas de sa porte, Vassilissa mélangeait des couleurs pour donner la teinte de l’or à une méchante mixture huileuse quand une paire de bottes s’imposa dans son champ de vision. D’excellente qualité, elles étaient ornées d’éperon d’argent. Les yeux de Vassilissa remontèrent le long de jambes nerveuses jusqu’au manteau rouge à col de fourrure blanc, et ce visage…
Seigneur…
Sa vue se troubla.
Vassilissa qui n’avait même pas versé une larme quand la louve l’avait défigurée essuya vivement ses yeux et s’étonna de trouver sa manche mouillée. Et quand l’homme lui adressa la parole, elle eut l’impression que son âme s’était réfugiée dans ses veines pour les enflammer.
L’étranger lui dit qu’il était le plus jeune fils du Tsar et qu’il devait trouver et tuer Baba Yaga. À ce seul nom, les rudes cosaques qui l’accompagnaient se signèrent. La terrible sorcière, à la sinistre renommée, semait la terreur depuis trop longtemps à travers les steppes et les villages. Vladimir avait pour devoir de mettre fin à ses exactions comme le ferait un bon seigneur. Il supplia Vassilissa la Très Belle de lui vendre son icône la plus magnifique pour le protéger de la sorcière. Il était venu trouver l’artiste, car sa réputation avait atteint l’immense Moskva et il avait pu lui-même admirer le tracé délicat de ses images pieuses.
Vassilissa se leva et fit signe au prince Vladimir d’attendre sous le doux soleil d’hiver qui caressait cette chevelure d’or pur. Elle s’enferma dans son atelier à la recherche de ses œuvres les plus réussies, celles aux couleurs les plus rares, qu’elle comptait vendre au grand Monastère de Kiev. Quand elle revint auprès du bel étranger, elle tenait une pleine brassée de petites plaques de frêne et de tilleul peintes à l’effigie de la Vierge, du Christ, des anges et des saints. Elle les étala sur son perron comme une marchande ambulante et d’un geste, invita le tsarévitch à choisir.
Vladimir s’agenouilla pour mieux admirer les œuvres d’art. Les yeux trop bleus de Vassilissa coururent des mains fines au nez droit, allèrent des joues pâles aux lèvres ourlées. Elle prit soudain conscience de ses propres ongles jaunes incrustés de peinture, de sa lippe gercée, de sa taille ramassée de crapaud prêt à bondir, et pour la première fois, la cicatrice profonde à son visage la répugna. Les compliments de Vladimir sur ses dons de peintre ne lui semblaient qu’une façon aimable de détourner l’attention de sa physionomie ingrate.
Il choisit une petite plaquette dorée représentant Marie et son enfant.
« Elle a tes yeux. »
Elle n’oublierait jamais ce compliment.
Il souhaita payer l’icône. Affolée, elle secoua la tête. Non, non, c’était un cadeau ! Il œuvrait au nom de Dieu pour détruire le Mal. Vladimir ne l’écouta pas. Il lui donna trois pièces d’or.
« Si je meurs, cet argent ne me servira plus à rien. Si je tue Baba Yaga, tu l’auras bien mérité. »
Sur ces mots, il partit, entouré de ses cosaques.
Les villageois félicitèrent la Très Belle. Tous prièrent avec ferveur pour la victoire du Prince Vladimir. La Baba Yaga ne rôdait pas souvent aux abords de leur village, mais on racontait qu’en période de famine ou d’épidémie, elle poussait ses rapines de chair fraîche jusqu’ici. Il était de notoriété qu’elle avait établi son aire dans la forêt millénaire qui étendait son enclave de branches torturées au pied des montagnes de l’Oural. On chuchotait qu’elle aimait sucer le sang des petits garçons et des aimables jeunes hommes.
Vassilissa pria aussi, avec une fièvre qui ne lui était pas coutumière. Et une fois chez elle, l’esprit hanté par le beau visage du tsarévitch, elle fit fondre une à une les pièces d’or offertes par le prince. Durant trois jours et trois nuits, elle travailla à son chef d’œuvre, ne dormant point et touchant à peine aux repas que lui apportait sa vieille mère. Rien ne put la détourner de son labeur.
Au matin du quatrième jour, des lamentations la tirèrent hors de son atelier, un pinceau encore entre les doigts. Une foule en pleurs se tordait les mains autour d’un cheval blanc couvert de plaies. Vassilissa reconnut la monture de Vladimir à son harnais de cuir et à sa selle cosaque peinte de rouge et d’argent. Pendant que ses concitoyens tentaient de calmer la bête folle de terreur, la Très Belle rentra chez elle, regarda l’icône qu’elle avait confectionnée avec tant de soins et estima qu’elle était terminée. Elle revêtit ses fourrures les plus chaudes, se coiffa de sa chapka en lièvre, réunit tous ses épieux en tilleul utilisés pour la chasse au loup et les glissa dans un carquois suspendu à sa ceinture. Ces préparatifs achevés, elle sella son vieux cheval et abandonna son village sans un mot à personne, l’icône serrée dans sa main droite. Elle força sa monture à galoper une journée et une nuit entière, sans quitter des yeux les montagnes de l’Oural.
Elle croisa le soleil dans son ciel pâle quand elle arriva en vue de la forêt aux branches torturées. Son cheval épuisé s’effondra et resta couché sur le flanc en reniflant. Vassilissa donna des coups de pied à la pauvre bête. Peine perdue. Elle ramassa son sac de vivres et ses épieux et reprit son chemin sans un regard en arrière.
À mesure qu’elle approcha l’orée sombre, elle entendit de plus en plus distinctement le grincement d’archets brisés sur des cordes distendues. Les arbres raclaient leurs longs bras desséchés les uns contre les autres pour se réchauffer et nul oiseau n’accordait son chant à ces instruments funèbres. Une sueur glacée transit l’échine de la voyageuse.
La lumière hivernale ne parvenait pas à égayer la noirceur de la forêt. Vassilissa s’arrêta pour fabriquer des torches avec des épieux, de la ficelle et de vieux chiffons imbibés d’huile. Elle en alluma une avec son briquet et avança lentement vers les arbres. La neige durcie s’enfonçait à peine sous ses bottes. Le vent n’avait pu effacer les traces gravées par les chevaux du cortège de Vladimir. La jeune femme suivit les croissants des sabots. Quand elle pénétra dans la forêt, le soleil n’avait laissé derrière lui qu’un amoncellement de nuages roses. Le crépuscule teintait la neige d’une ombre indigo. Le murmure du vent dans les ramures des arbres ressemblait aux chuchotements de conspirateurs.
La voilà, elle approche. La chasseuse.
Vassilissa serra les dents qui s’entrechoquaient déjà de peur et agita bravement sa torche. La flamme lécha quelques branches qui se recroquevillèrent comme des limaces au contact du sel. Les yeux étrécis, la jeune femme considéra ces sentinelles végétales avec défiance. N’obtenant plus d’autre réaction que des grincements légers sous les caresses de la bise, elle reprit son chemin, à peine rassérénée. L’entrelacs des branches au-dessus de sa tête se resserra

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