354
pages
Français
Ebooks
2012
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Publié par
Date de parution
20 juin 2012
Nombre de lectures
420
EAN13
9782820607966
Langue
Français
Publié par
Date de parution
20 juin 2012
Nombre de lectures
420
EAN13
9782820607966
Langue
Français
Dracula
Bram Stoker
1897
Collection « Les classiques YouScribe »
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Suivez-noussur :
ISBN 978-2-8206-0796-6
Comment ces documents ont été classés les uns à la suite desautres, c’est ce que leur lecture rendra clair. Tout le superflu aété éliminé, afin qu’une histoire qui contrevient à tout ce que lacroyance juge possible de nos jours s’impose comme une réalité pureet simple. Il ne s’y trouve, du début jusqu’à la fin, aucunedéposition où la mémoire ait été susceptible de se fourvoyer, cartous les récits retenus sont contemporains des faits qu’ilsdécrivent, et sont rapportés du point de vue de ceux qui les ontécrits et dans les limites de leurs connaissances.
L’invité de Dracula
[Note - Première partie du journal deJonathan Harker publiée en dehors de l’édition originale.]
Lorsque je partis en excursion, un beau soleililluminait Munich, et l’air était rempli de cette joie particulièreau début de l’été. La voiture s’ébranlait déjà lorsque Herr Delbrück (le patron de l’hôtel des Quatre Saisons oùj’étais descendu) accourut pour me souhaiter une promenadeagréable ; puis, la main toujours sur la portière, ils’adressa au cocher :
– Et, surtout, soyez de retour avant lesoir, n’est-ce pas ? Pour le moment, il fait beau, mais cevent du nord pourrait bien finir, malgré tout, par nous amener unorage. Il est vrai qu’il est inutile de vous recommander laprudence : vous savez aussi bien que moi qu’il ne faut pass’attarder en chemin cette nuit !
Il avait souri en disant ces derniersmots.
– Ja, mein Herr , fit Johann d’unair entendu et, touchant de deux doigts son chapeau, il fit partirles chevaux à toute vitesse.
Lorsque nous fûmes sortis de la ville, je luifis signe d’arrêter, et lui demandai aussitôt :
– Dites-moi, Johann, pourquoi le patrona-t-il parlé ainsi de la nuit prochaine ?
En se signant, il me réponditbrièvement :
– Walpurgis Nacht !
Puis, de sa poche, il tira sa montre – uneancienne montre allemande, en argent et de la grosseur d’unnavet ; il la consulta en fronçant les sourcils, et haussalégèrement les épaules dans un mouvement de contrariété.
Je compris que c’était là sa façon deprotester assez respectueusement contre ce retard inutile, et je melaissai retomber au fond de la voiture. Aussitôt, il se remit enroute à vive allure, comme s’il voulait regagner le temps perdu. Detemps à autre, les chevaux relevaient brusquement la tête etreniflaient – on eût dit qu’une odeur ou l’autre qu’eux seulspercevaient leur inspirait quelque crainte. Et chaque fois que jeles voyais ainsi effrayés, moi-même, assez inquiet, je regardais lepaysage autour de moi. La route était battue des vents, car nousmontions une côte depuis un bon moment et parvenions sur unplateau. Peu après, je vis un chemin par lequel, apparemment, on nepassait pas souvent et qui, me semblait-il, s’enfonçait vers unevallée étroite. J’eus fort envie de le prendre et, même au risqued’importuner Johann, je lui criai à nouveau d’arrêter et je luiexpliquai alors que j’aimerais descendre par ce chemin. Cherchanttoutes sortes de prétextes, il dit que c’était impossible – et ilse signa plusieurs fois tandis qu’il parlait. Ma curiositééveillée, je lui posai de nombreuses questions. Il y réponditévasivement et en consultant sa montre à tout instant – en guise deprotestation. À la fin, je n’y tins plus.
– Johann, lui dis-je, je veux descendrepar ce chemin. Je ne vous oblige pas à m’accompagner ; mais jevoudrais savoir pourquoi vous ne voulez pas le prendre.
Pour toute réponse, d’un bond rapide, il sautadu siège. Une fois à terre, il joignit les mains, me supplia de nepas m’enfoncer dans ce chemin. Il mêlait à son allemand assez demots anglais pour que je le comprenne. Il me semblait toujoursqu’il allait me dire quelque chose – dont la seule idée sans aucundoute l’effrayait -, mais, à chaque fois, il se ressaisissait etrépétait simplement en faisant le signe de la croix :
– Walpurgis Nacht ! WalpurgisNacht !
Je voulus un peu discuter, mais allez doncdiscuter quand vous ne comprenez pas la langue de votreinterlocuteur ! Il garda l’avantage sur moi, car bien qu’ils’appliquât chaque fois à utiliser les quelques mots d’anglaisqu’il connaissait, il finissait toujours par s’exciter et par seremettre à parler allemand – et, invariablement alors, il regardaitsa montre pour me faire comprendre ce que j’avais à comprendre. Leschevaux aussi devenaient impatients et ils reniflèrent ànouveau ; voyant cela, l’homme blêmit, regarda tout autour delui, l’air épouvanté et, soudain, saisissant les brides, conduisitles chevaux à quelques mètres de là. Je le suivis et lui demandaice qui le poussait soudain à quitter l’endroit où nous nous étionsd’abord arrêtés. Il se signa, me montra l’endroit en question, fitencore avancer sa voiture vers la route opposée et, enfin, le doigttendu vers une croix qui se trouvait là, me dit, d’abord enallemand puis dans son mauvais anglais :
– C’est là qu’on a enterré celui quis’est tué.
Je me souvins alors de la coutume ancienne quivoulait qu’on enterrât les suicidés à proximité des carrefours.
– Ah oui ! fis-je, un suicidé…Intéressant… Mais il m’était toujours impossible de comprendrepourquoi les chevaux avaient été pris de frayeur.
Tandis que nous parlions de la sorte, nousparvint de très loin un cri qui tenait à la fois du jappement et del’aboiement ; de très loin, certes, mais les chevaux semontraient maintenant véritablement affolés, et Johann eut toutesles difficultés du monde à les apaiser. Il se retourna vers moi, etme dit, la voix tremblante :
– On croirait entendre un loup, etpourtant il n’y a plus de loups ici.
– Ah non ? Et il y a longtemps queles loups n’approchent plus de la ville ?
– Très, très longtemps, du moins auprintemps et en été ; mais on les a revus parfois… avec laneige.
Il caressait ses chevaux, essayant toujours deles calmer, lorsque le soleil fut caché par de gros nuages sombresqui, en quelques instants, envahirent le ciel. Presque en mêmetemps un vent froid souffla – ou plutôt il y eut une seule boufféede vent froid qui ne devait être somme toute qu’un signe précurseurcar le soleil, bientôt, brilla à nouveau. La main en visière,Johann examina l’horizon, puis me dit :
– Tempête de neige ; nous l’auronsavant longtemps. Une fois de plus, il regarda l’heure, puis, tenantplus fermement les rênes, car assurément la nervosité des chevauxpouvait lui faire redouter le pire, il remonta sur le siège commesi le moment était venu de reprendre la route.
Quant à moi, je voulais encore qu’ilm’expliquât quelque chose.
– Où mène donc cette petite route quevous refusez de prendre ? lui demandai-je. À quel endroitarrive-t-on ?
Il se signa, marmonna une prière entre lesdents, puis se contenta de me répondre :
– Il est interdit d’y aller.
– Interdit d’aller où ?
– Mais au village.
– Ah ! il y a un village,là-bas ?
– Non, non. Il y a des siècles quepersonne n’y vit plus.
– Pourtant vous parliez d’unvillage ?
– Oui, il y en avait un.
– Qu’est-il devenu ?
Là-dessus, il se lança dans une longuehistoire où l’allemand se mêlait à l’anglais dans un langage siembrouillé que je le suivais difficilement, on s’en doute ; jecrus comprendre cependant qu’autrefois – il y avait de cela descentaines et des centaines d’années – des hommes étaient morts dansce village, y avaient été enterrés ; puis on avait entendu desbruits sous la terre, et lorsqu’on avait ouvert leurs tombes, ceshommes – et ces femmes -étaient apparus pleins de vie, un sangvermeil colorant leurs lèvres. Aussi, afin de sauver leurs vies (etsurtout leurs âmes, ajouta Johann en se signant), les habitantss’enfuirent vers d’autres villages où les vivants vivaient et oùles morts étaient des morts et non pas des… et non pas quelquechose d’autre. Le cocher, évidemment, avait été sur le point deprononcer certains mots et, à la dernière seconde, il en avait étélui-même épouvanté. Tandis qu’il poursuivait son récit, ils’excitait de plus en plus.