Sang de Séville , livre ebook

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Le commissaire spécial de la Brigade des Recherches ROMBAL, alias « Le brigadier gris », est envoyé en Espagne, à Séville, afin de retrouver la trace d’Omer Duval, un jeune peintre, neveu d’un Sénateur.


ROMBAL, arrivé sur place en pleine Semaine Sainte, va être confronté à une autre culture, à d’autres mœurs, et, surtout, à la réticence et à l’inaction des autorités.


Très vite, plus que la Féria ou les processions, c’est le bidonville d’Amaté qui attise sa curiosité, une zone de non-droit abritant des milliers de Sud-Américains. Ces laissés pour compte sont sous la coupe de El Estudiante, un homme faisant office, à la fois, de chef et de porte-parole...

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Nombre de lectures

1

EAN13

9791070037805

Langue

Français

COMMISSAIRE ROMBAL


SANG DE SÉVILLE

Par
E. L. RICHARD
I

— Qu'est-ce que c'est que l' Homme de pierre ? demanda Rombal.
— Monsieur le Commissaire, c'est une boîte, comme on dit à Montmartre. On y danse, y boit et, entre deux parties, une attraction ! C'est l' Homme de pierre, à cause du nom de la rue, vous savez, qui donne dans la Alameda de Hércules…
— Omer Duval y fréquentait ?
— Je vous crois ! Il y dessinait tout le temps, à cause qu'une « poule » lui avait tapé dans l'œil… Après l'affaire, on a fermé la boîte. Ça a rouvert voilà dix, quinze jours seulement…
— On m'attendait, quoi !
— Non ! C'est à cause de la Semaine Sainte qui va commencer et de la Féria (1) .
— Bon ! On ira ce soir, Pablo !
— Bien patron ! Je vous prends à l'hôtel ? À quelle heure ?
— À quelle heure ça commence ? À 9 heures ?
— Nous sommes à Séville ! 'ttention ! À les onze !
— Bien !
Rombal, assis à la Perlita, le bar de l'Ayuntamiento, à l'entrée de la rue de las Sierpes, regardait le soir d'avril descendre doucement sur la Giralda. Il savourait un vieux Xérès et fumait un Canarias, car les Havane commençaient à être hors d'atteinte.
— Tout de même, ce que c'est que le hasard ! se disait-il. Parce que je baragouine un peu d'espagnol !... Et avec ça, le secrétaire général du Ministère de l'Intérieur a été gentil !
« C'est vous Rombal, qu'on appelait le brigadier gris ? Vous venez de la brigade des voitures, avait dit ce monsieur. Mais vous aviez le goût du métier ; on vous a versé aux Recherches… Maintenant, vous êtes Commissaire spécial... C'est bien pour cela que je vous ai fait appeler. Asseyez-vous ! »
Et, pour la première fois de sa vie, ce vieux Rombal s'était mis dans un fauteuil pour parler à un grand patron.
« Il s'agit d'une disparition. Ça ne vous étonne pas ! avait repris le Secrétaire général. C'est votre spécialité. Hein ? Le neveu d'un sénateur, un jeune peintre, Omer Duval, s'est rendu à Séville pour une semaine. Il voulait voir Zurbaran, Murillo et surtout Valdès Leal chez eux. Sa famille, depuis un an, n'a plus de nouvelles de lui. Nous avons demandé au Consulat de faire faire des recherches. Ça n'a rien donné.
« Notez que c'est là peut-être un enfantillage ; il est possible que le jeune homme soit tout simplement installé dans un village du sud où il peint et aime, où il oublie dans des fantaisies romanesques la banalité confortable de sa petite province française… Il y a cependant une raison qui nous oblige à participer à l'inquiétude de son oncle… Son oncle est le chef d'un groupe important de la Haute Assemblée. Nous avons, en plus, de l'estime pour son caractère. Il faut lui être agréable. Rendez-lui son neveu – ou donnez-lui des apaisements…
« Allez le saluer avant de partir ! Tenez-moi au courant de vos démarches. Mais, attention ! Pas d'histoire avec la police espagnole ! Pas d'incident diplomatique surtout ! La situation politique de l'Europe… Etc., etc. Et puis que ce soit aussi un voyage agréable pour vous ! Vous êtes garçon ?... »

* * *

C'est ainsi que Rombal avait pris le train à la gare d'Orsay, un jour, à 11 h 30, et qu'il avait, quarante-huit heures après, touché à Séville.
Le Consul de France était un homme aimable, mais réservé à tel point qu'il laissait stupéfait le commissaire, pourtant accoutumé aux réticences officielles. Malgré ses titres, malgré les documents qu'il présenta, Rombal n'obtint rien du diplomate qui, d'ailleurs, ne savait rien d'Omer Duval et n'en désirait rien savoir. Les Affaires Étrangères l'avaient bien invité en effet à s'y intéresser. Il s'en était remis tout simplement à la police espagnole.
Il fallait bien le dire, aucune plainte formelle n'avait été formulée et l'affaire était demeurée dans les cartons de la police sévillane.
— M. Rombal, avait dit en finissant leur première conversation ce consul modèle, les Affaires m'ont demandé des renseignements sur un jeune peintre, celui qui vous intéresse. Qui était-il ? Je n'en sais rien. Je ne l'ai point vu. Il a négligé le Consulat. On n'ignore pas qu'il a passé quelque temps à l' Hôtel Roma, place du Duc-de-la-Victoire, qu'il l'a quitté un matin, abandonnant ses bagages, sa palette et des toiles à peine ébauchées. Nous n'en savons rien de plus. J'ajoute qu'aucun fait nouveau ne s'est produit depuis lors. Certes, il faudrait un miracle pour que je découvre, moi ou mes services, la retraite de ce jeune écervelé. Mon personnel est, vous le savez peut-être, réduit au minimum par suite des économies budgétaires. Je n'ai qu'un secrétaire et un chancelier. Celui-ci est un Espagnol, qui a appris le français à Barcelone. J'ajouterai qu'un ami de cercle, un ancien capitaine de carabineros parfois se charge pour moi de quelques démarches dans les administrations… Je suis donc impuissant ou presque. Au surplus, je suis tenu à une très grande prudence. La situation de l'Europe, vous comprenez !... Vous connaissez le mot d'ordre : pas d'histoire, surtout !...
« Venez dîner ce soir avec le capitaine Orgaz. Vous en saurez autant que nous et vous rendrez compte assez promptement de la vanité de toute recherche dans une ville aussi secrète, aussi capricieuse, aussi mêlée que Séville.
Rombal était de fort mauvaise humeur après ce discours. Non seulement ce Consul ne l'aiderait pas, mais il l'empêcherait d'entreprendre un travail sérieux de recherche.
Les bureaux du Consulat quittés, il avait respiré mieux. L'air bleu se balançait au-dessus d'une ville nerveuse, fardée et qui devait séduire un Parisien.
— Hôtel Roma ! dit-il au chauffeur !
— Plaza del Duque de la Victoria ?
— Si !


(1) Foire de Séville où l'on vend des chevaux, des mulets, des ânes. C'est l'occasion d'une fête foraine et de courses de toros. [Retour]
II
 
Les castagnettes préludèrent ; cela ressemblait au bruit d'une source coulant sur un lit de cailloux ; puis ce fut le trot d'un cheval sur le pavé d'une ruelle. Cela s'éloigna, crût à nouveau, fut assourdissant et métallique, et l'orchestre attaqua un fandango.
Rosario Montes apparut alors au milieu de la piste et dansa dans un silence à peine troublé par les Olé ! des connaisseurs.
Elle était longue, souple, une peau de lune, des cheveux obscurs ; sa bouche rouge et de nacre évoquait vraiment la grenade entrouverte du poète.
Rombal, ébahi d'être là, lui policier parisien, dans ce dancing des bas-fonds de Séville, regardait cette image...

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