Recto verso , livre ebook

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2020

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Une nouvelle femme dans sa vie...
Un pirate informatique qui s’intéresse un peu trop à son roman...
Un étranger sans visage qui le suit...
Rien ne va plus pour Thierry !
Quartier Hochelaga-Maisonneuve, Montréal. Un hiver pressé d’arriver. Dans sa routine où se côtoient procrastination et paresse, Thierry rêve de terminer son premier roman, « La Grande Trahison ». Malgré les idées qui foisonnent dans sa tête, la motivation n’est, à son grand dam, pas souvent au rendez-vous. Les bières entre amis, les traditionnelles soirées du hockey et la mobidépendance laissent bien peu d’espace aux séances d’écriture. Puis, une rencontre fortuite bouscule la notion qu’il a du monde qui l’entoure. Le temps perd sa linéarité, la fiction et la réalité se confondent, faisant naître en Thierry des doutes sur sa lucidité.
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Date de parution

28 mai 2020

Nombre de lectures

16

EAN13

9782925049203

Langue

Français

Table des matières
I Rendez-vous à l’Imprimerie 12

II Une drôle de coïncidence 21

III Un réveil agréable 30

IV La chambre du coloc 37

V Le maître des faux-fuyants 47

VI Les détectives de la rue Sainte-Catherine 61

VII Un doux soir de tempête 68

VIII L’intrus 79

IX Encore la tempête 88

X Samedi d’Action de grâces 100

XI Un rendez-vous raté 111

XII Recto ou verso 128

RECTO VERSO

ÉTIENNE DUHAMEL
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Titre: Recto verso: la grande trahison / Étienne Duhamel.
Noms: Duhamel, Étienne, 1974- auteur.
Identifiants: Canadiana (livre imprimé) 20200073591 | Canadiana (livre numérique) 20200073605 | ISBN 9782925049197 (couverture souple) | ISBN 9782925049210 (PDF) | ISBN 9782925049203 (EPUB)
Classification: LCC PS8607.U376294 R43 2020 | CDD C843/.6 dc23

Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada (FLC) ainsi que celle de la SODEC pour nos activités d’édition.


Conception graphique de la couverture: Étienne Duhamel
Direction rédaction: Marie-Louise Legault
© Étienne Duhamel 2020

Dépôt légal – 2020

Bibliothèque et Archives nationales du Québec
Bibliothèque et Archives Canada

Tous droits de traduction et d’adaptation réservés. Toute reproduction d’un extrait de ce livre, par quelque procédé que ce soit, est strictement interdite sans l’autorisation écrite de l’éditeur.

Imprimé et relié au Canada

1 re impression, mai 2020

Je dédie ce livre à Montréal,
une ville qui me fait rêver depuis ma jeunesse
et qui n’a jamais cessé de me fasciner.

I

Rendez-vous à l’Imprimerie

Sur l’écran du téléphone de Thierry, la notification d’un appel entrant interrompit le jeu Post-Apocalypse . Le jeune homme vida ses poumons en s’étirant paresseusement vers le cendrier. Le parfum de Marie-Jeanne, qui envahissait les moindres recoins du salon, formait un nuage vaporeux autour de la lampe sur pied. Il écrasa son joint dans le cimetière de mégots. À l’écran, la photo de Luc Chevalier, veston cravate, flanquée du numéro de son cabinet du centre-ville. Après quelques mots de circonstances, la conversation dévia vers un thème un peu plus sérieux, source d’embarras et d’angoisse pour Thierry.
Pis, le roman? Toujours sur la glace?
Bof, répondit Thierry en lançant un long bâillement pour appuyer son interjection. Tu veux pas le savoir, docteur. Ça stagne.
Toi, t’es gelé comme une balle, non? entendit-il en devinant le sourire du psychologue au bout du fil.
Je viens d’en griller un solide, ouin. Il faut que j’aille pisser, mais je me sens pas trop Ironman , en ce moment.
Tu devrais t’acheter des couches, le grand.
C’est pas bête pantoute comme idée, ça, approuva Thierry pendant que Luc s’esclaffa.
Tout ça pour dire que l’écriture… poursuivit le psy avant que Thierry pousse un rire forcé, suivi d’un soupir. Je pensais écouter ton compte-rendu devant une pinte. Ça avance?
Luc, sérieux, y’a pas grand-chose à raconter. C’est le statu quo… Quo vadis. Alea jacta est.
Amen.
Le silence régna un instant entre les deux amis d’enfance, jusqu’à ce que Luc reprenne en disant:
Sans blague, Thierry, depuis que t’as gagné ton demi-million à Loto-Québec, ta motivation est tombée à plat. T’as écrit combien de pages?
Attends un peu. Primo, le montant, c’était 403 544 dollars. Deuxio, question de faire preuve de transparence, je mentionne les quatre-vingt-quatre cents qui s’ajoutent à ce magot. Et tertio, j’ai écrit une cinquantaine de pages; peut-être même que je tape le soixante…
En un an? lança Luc en laissant entendre un sifflement ironique. Mon pauvre, tu dois être exténué. Et moi qui me plains de travailler soixante heures par semaine!
Exagère pas, quand même.
O.K., cinquante-cinq.
Je parlais pour moi. Pas un an. Onze mois et demi…
L’autodérision, trait de caractère notable de Thierry Charles Mayrand, malgré une légère tendance à affecter une modestie, réussissait toujours à amuser son public, constitué d’amis issus de toutes les étapes de sa vie, de l’école primaire à son dernier emploi, en passant par les scouts, le club de lecture et une unique séance de yoga. Luc faisait partie des collègues du secondaire.
C’est bon, c’est bon. On parlera d’autre chose, alors, mais je te donne six mois pour achever ton chef-d’œuvre.
Marché conclu, doc! On se voit où?
Au nouveau bar du quartier… L’Imprimerie… Tu connais? Rue Ontario, entre de la Salle et Letourneux.
Cool. À sept heures?

***

Thierry marchait d’un pas distrait le long de la rue Desjardins, cap sur l’Imprimerie. Avant son départ, encore un de ces appels bizarres sur sa ligne fixe, service inutile et archaïque inclus dans son forfait Internet. Cela survenait de plus en plus fréquemment, ces derniers temps. À l’autre bout du fil, l’interlocuteur semblait chercher en vain ses mots et finissait toujours par lui raccrocher au nez.
Il faisait nuit depuis longtemps en cette mi-novembre où l’hiver avait cru bon devancer son arrivée d’un mois ou deux, occurrence aussi irritante que des connaissances qui se pointent à un souper vingt minutes avant l’heure convenue et qui s’installent confortablement dans le salon en lançant des commentaires caustiques sur la lenteur du service après avoir exigé mojitos et grignotines.
En cours de route, Thierry croisa une femme noire qui ressemblait au bonhomme Michelin, emmitouflée, selon son calcul, sous une dizaine de couches de vêtements. Il l’enviait de ne pas se préoccuper de l’esthétique au point de sacrifier son apparence. Une balle rebondissant contre une fenêtre dans une ruelle le sortit de ses réflexions.
Frileux! Va chercher! Va chercher, mon pitou! cria un homme à un husky tout enjoué, non sans entraîner une grimace sarcastique de Thierry, pour qui le nom de l’animal de compagnie seyait si bien à ce moment.
Passé la Confiserie, le souffle glacé de Montréal lui mordit les oreilles. Il voûta les épaules, tandis qu’un juron se perdit dans les sifflements du vent.
Luc avait peut-être raison. Son apathie de la dernière année lui permettait certainement de prétendre au titre de procrastinateur par excellence de Montréal, ou à tout le moins, de lutter pour le podium. Difficile de s’en cacher, la cagnotte gagnée à Loto-Québec avait freiné ses ardeurs d’auteur en herbe. Deux premiers prix à des concours en ligne, une ébauche de près de deux cents pages d’un roman à première vue prometteur, et il s’était cru en droit de se proclamer écrivain. Célibataire endurci, il ne s’était jamais servi de ce titre escamoté pour tenter de séduire la gent féminine, hormis Marie-Jeanne, déjà si fidèle. Les choses devaient changer.
«La peur de l’échec», alléguait avec défaitisme Thierry, pourtant fier de ses réussites littéraires, aussi négligeables fussent-elles, dans les conversations où Luc l’interrogeait de son œil inquisiteur sur les raisons de sa tergiversation.
Force était d’admettre que depuis l’encaissement du chèque de Loto-Québec, il y avait bel et bien du sable dans l’engrenage. D’auteur en devenir, il s’était transformé en spécialiste du taponnage. Toutes les excuses étaient bonnes pour retarder d’une heure, d’une journée ou d’une quinzaine une séance d’écriture en bonne et due forme. En revanche, il consacrait un temps fou à jouer sur son téléphone, à regarder des vidéos futiles sur Internet, à acheter des romans qu’il consommait lentement et à fixer le plafond en rêvant d’une entrevue à Tout le monde en parle , où on vanterait ses talents de narrateur. Luc, en fin psychologue qu’il était, saurait peut-être lui insuffler une nouvelle dose d’énergie qui le sortirait de son marasme.
Devant le stationnement de Vidéotron, une rafale le ramena à la réalité du temps. Le cœur lui sauta dans la poitrine à la vue d’un étranger, qui se tenait à deux pas de lui. Appuyé contre un arbre dans la lueur d’un lampadaire, l̵

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