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Le célèbre détective Sébastien RENARD est contacté par un jeune électricien cherchant à connaître les circonstances exactes entourant la mort de sa fiancée.
Celle-ci, orpheline, est entrée au service d’un couple de riches Américains qui, s’étant pris d’affection pour elle, a proposé de l’adopter.
Dans les semaines suivantes, la malheureuse a souffert d’une sévère anémie qui a fini par la terrasser.
Un médecin a jugé le décès naturel.
Pourtant, quelques mois plus tard, une autre domestique meurt dans les mêmes conditions.
Bien décidé à découvrir le fin mot de l’histoire, Sébastien RENARD, sous un faux nom, se fait embaucher comme valet dans la funeste demeure...
Sébastien RENARD,
Détective
- 11 -
LES BUVEURS DE SANG
De
Marcel PRIOLLET
* 1 *
Un jeune homme inquiet
Sébastien Renard, le célèbre détective privé, terminait sa consultation.
La porte ouverte du cabinet donna passage à un jeune homme pouvant avoir de vingt-cinq à trente ans.
Tout de suite le policier l'évalua.
Il s'agissait là d'un personnage de condition modeste, un ouvrier probablement.
Ce n'était pas la clientèle ordinaire de son cabinet, et tout de suite cela l'intéressa. Après avoir désigné un siège en face de lui à son visiteur, il attendit que celui-ci commençât sa confession.
Visiblement, le nouveau venu se trouvait impressionné par le décor luxueux du cabinet de l'éminent détective.
Seb Renard, avant de lui adresser la moindre question, le considérait longuement.
Le nouveau venu était un assez joli garçon aux manières franches. Il était vêtu d'un complet gris, d'un chandail bleu et d'une casquette « sport » assortie au costume. Tout cela très propre, brossé, bien tenu.
Évidemment, il se trouvait en face d'un garçon rangé, travailleur, un bon type ?
Ce fut avec sympathie qu'il lui dit :
— N'ayez pas peur, racontez-moi votre petite histoire ?
Le nouveau venu, visiblement déridé par cet accueil aimable, soupira et répondit d'une voix basse :
— Il faut d'abord vous dire que je viens vous avertir d'un cas un peu spécial. Il n'y a rien d'absolu dans le cas qui m'occupe et, à coup sûr, il n'est pas passible d'une enquête de justice.
— Expliquez-vous !
Après une légère pause, le jeune visiteur commença ainsi :
— Je m'appelle Bruno Songor. Je suis d'origine italienne, bien que ma famille, depuis deux générations, réside en France. Resté orphelin tout jeune, je dus gagner ma vie, tout gamin. À présent, je crois, sans me vanter, que je suis un habile ouvrier électricien… Du reste, j'occupe un emploi de surveillant à la maison « Paz et Silva », l'une des premières firmes d'électricité de Paris.
— Je sais !
— Je suis orphelin de père et de mère. Lorsque je vins à Paris, pour exercer mon métier, je n'avais nulle part aucune attache.
« Une année plus tard, c'est-à-dire il y a exactement deux ans, je fis – au cours d'un travail que j'exerçais dans une pension de famille de l'avenue Victor-Hugo – la connaissance d'une des femmes de chambre de la maison. C'était une jolie brunette d'une vingtaine d'années, vive et gaie. Tout de suite nous fûmes en confiance. Comme moi, elle était orpheline, ne se connaissant aucun parent. Ce point semblable lia plus facilement notre amitié naissante.
« Nous décidâmes de nous voir souvent.
« Toutes les semaines, à ses jours de congé, je revoyais Marie. Nous allions dîner ensemble et elle m'amusait de sa verve, de sa gaieté, car c'était un tempérament gai, ça on peut le dire ! Toujours l'esprit à la blague !... Le mot pour rire !... Moi qui ne suis pas d'un caractère joyeux, je me disais : « Lorsque j'aurai chez moi ce petit bout de femme, je ne m'embêterai plus !... Ce sera le soleil tous les jours. »
« Un dimanche, Marie vint me retrouver à notre lieu de rencontre habituel, un petit bar de l'avenue de Wagram qui s'appelait « Le Nénuphar ». Elle semblait plus joyeuse...