127
pages
Français
Ebooks
2013
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2013
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Publié par
Date de parution
16 janvier 2013
EAN13
9782894556597
Langue
Français
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Date de parution
16 janvier 2013
EAN13
9782894556597
Langue
Français
DANS LA COLLECTION A DRÉNALINE :
Le parasite , Georges Lafontaine, roman, 2007
Bête noire , Gilles Royal, roman, 2008
Les marionnettistes , tome 1, Bois de justice
Jean Louis Fleury, roman, 2010
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Lafontaine, Georges, 1957-
Le parasite
Comprend des réf. bibliogr.
ISBN 978-2-89 455-264-3
I. Titre.
PS8623.A359P37 2007 C843’.6 C2007-941884-8
PS9623. A359P37 2007
Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Programme d’Aide au Développement de l’Industrie de l’Édition (PADIÉ) ainsi que celle de la SODEC pour nos activités d’édition. Nous remercions le Conseil des Arts du Canada de l’aide accordée à notre programme de publication.
Gouvernement du Québec — Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres — Gestion SODEC
© Guy Saint-Jean Éditeur Inc. 2007
Conception graphique : Christiane Séguin
Révision : Hélène Bard
Dépôt légal — Bibliothèque et Archives nationales du Québec, Bibliothèque et Archives Canada, 2007
ISBN : 978-2-89 455-264-3
ISBN PDF : 978-2-89 455-660-3
ISBN EPUB : 978-2-89 455-659-7
Distribution et diffusion
Amérique : Prologue
France : De Borée
Belgique : La Caravelle S.A.
Suisse : Transat S.A.
Tous droits de traduction et d’adaptation réservés. Toute reproduction d’un extrait quelconque de ce livre par quelque procédé que ce soit, et notamment par photocopie ou microfilm, est strictement interdite sans l’autorisation écrite de l’éditeur.
Guy Saint-Jean Éditeur inc.
3154, boul. Industriel, Laval (Québec) Canada. H7L 4P7. (450) 663-1777.
Courriel : info@saint-jeanediteur.com • Web : www.saint-jeanediteur.com
Guy Saint-Jean Éditeur France
30-32, rue de Lappe, 75 011, Paris, France. 09.50.76.40.28
Courriel : gsj.editeur@free.fr
À la mémoire de mon frère Simon.
Chapitre un
A ssis à la petite table qui meublait sa chambre, l’homme semblait nerveux, anxieux même, comme s’il avait une tâche qu’il ne pouvait remettre sous aucun prétexte. Il ouvrit l’ordinateur portatif qui se trouvait devant lui et appuya sur le bouton actionnant la mise en marche de l’appareil. Pendant que l’écran semblait chercher dans sa mémoire les commandes déclenchant les programmes contenus sur le disque dur, il admirait, les yeux embués de larmes, la toile inachevée accrochée au mur en face. Seul le visage de la femme qui y était représentée semblait complété, forçant le spectateur à admirer sa beauté naturelle. L’ordinateur brisa l’instant de magie par un bip discret indiquant qu’il avait complété sa mise en marche. Sa main fit glisser la souris, pointant la flèche vers le programme de traitement de texte, afin de créer un nouveau document. Lorsque l’écran afficha un message lui suggérant d’entrer un nom pour ce nouveau dossier, il hésita, frottant le lobe de son oreille, comme il le faisait depuis son enfance, chaque fois qu’il avait besoin de se concentrer. Il pensa inscrire Corps orphelin ou Parasite , considérant chacun de ces noms comme représentatif du texte qu’il s’apprêtait à écrire. Il opta pour le second, même si le terme parasite avait une connotation négative qu’il n’appréciait pas. La première page apparut et il posa les doigts sur le clavier.
Je sais que personne ne pourra me croire ni même imaginer qu’une telle chose fut possible. J’ai moi-même de la difficulté à l’admettre, mais ce que je vais vous révéler est la stricte vérité. Si j’ai décidé d’écrire ce journal c’est pour qu’un jour, peut-être, lorsque je serai mort, quelqu’un sache enfin et comprenne ce qui m’est arrivé. Mon nom est Alain Royer. Ceci est mon histoire et je vais vous la raconter.
Tout ce que je pourrais vous révéler serait insignifiant et sans intérêt, comme l’est la vie des gens heureux, si mon existence n’avait soudain basculé un soir de juin. Pourtant, cette journée devait être parfaite. L’anniversaire de mon épouse Florence était un événement attendu chaque année et nous en étions à la cinquième célébration ensemble. J’adorais lui faire plaisir. Non, je dirais plutôt que je l’adore, elle. Il y avait si longtemps qu’elle rêvait de cette petite voiture, et avec le succès de mon bureau d’architecte, j’avais maintenant les moyens de m’offrir cette petite folie. Pour elle.
Je me souviens que Florence en avait un jour fait mention à l’époque où j’étais étudiant sans le sou et que nous allions traîner dans les cafés de la rue Saint-Denis, près de la petite chambre où je logeais. Outre les passants que nous observions avec curiosité, nous admirions aussi les voitures. À Montréal, la classe sociale semble déterminée par le véhicule automobile. Les Porche et les BMW rutilantes étaient soigneusement stationnées le long des terrasses à la mode, de manière à susciter l’admiration. Le charme odieusement dispendieux de ces voitures nous laissait indifférents. Mais Florence se pâmait chaque fois qu’une petite MG venait à passer. Elle adorait ces petites voitures fougueuses et avait toujours rêvé d’en posséder une.
— Un jour, j’en aurai une, même s’il s’agit d’une minoune , avait-elle dit.
Alors que j’avais à peine de quoi payer la bière que nous sirotions trop longuement au goût du serveur, je m’étais promis que je réaliserais un jour son rêve. Et l’occasion s’était présentée quelques semaines avant son anniversaire. J’avais fait pas mal de che min depuis l’époque de mes études, où le macaroni était souvent le seul met de mon menu. Notre première année de vie commune avait été heureuse, mais le succès professionnel ne semblait pas suivre l’indice du bonheur conjugal qui nous permettait d’oublier les privations. J’avais péniblement entrepris d’établir un bureau et de constituer une clientèle dans ma ville natale, Maniwaki, où Florence et moi avions décidé de nous installer. En douze mois, je n’avais eu que cinq contrats. Il ne s’agissait en fait que de plans à préparer ou à modifier pour des maisons privées, rien d’important pouvant permettre de me bâtir une réputation. Les futurs propriétaires avaient des idées bien précises sur ce qu’ils voulaient et mon travail consistait seulement à mettre sur papier ce qu’ils souhaitaient y voir. La plupart avaient des goûts aussi douteux qu’inébranlables. Moi qui rêvais de mettre mon esprit créateur au service des autres, ce genre de contrats n’avait rien de bien satisfaisant.
Puis, il y a eu ce projet de construction d’une bibliothèque à Maniwaki. J’avais aperçu l’avis dans le journal local, que le propriétaire du café où je me rendais chaque matin était en train de lire. Je n’avais même pas attendu qu’il dépose le papier et j’en avais déchiré la page contenant l’appel d’offres. L’édifice devait être érigé dans ma ville, à quelques rues de chez moi. Pas question de laisser passer une telle occasion. Et pourtant, je savais que les grosses boîtes d’architectes de Montréal se précipiteraient sur ce contrat potentiel, comme des vautours sur un morceau de viande. Je savais aussi que, par snobisme, les administrateurs locaux choisissaient, la plupart du temps, les firmes de Montréal. Si ça venait de la métropole, ce ne pouvait être que meilleur, croyait-on. Mon premier réflexe avait été de préparer une offre qui soit la plus économique possible. Mais le prix n’était jamais la condition principale dans ce genre de proposition. Les grandes firmes arrachaient les contrats à des prix exorbitants, non parce que leur offre était meilleure, mais seulement parce qu’elles avaient un nom et qu’elles en mettaient plein la vue. Je résolus donc de jouer le tout pour le tout.
Tant qu’à présenter un projet minable qui, de toute façon, serait écarté au profit du clinquant, aussi bien me donner le plaisir de mijoter une présentation telle que j’en aurais rêvé. L’édifice devait être construit en plein centre-ville de Maniwa