114
pages
Français
Ebooks
2023
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Publié par
Date de parution
26 mai 2023
Nombre de lectures
0
EAN13
9782925229179
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
4 Mo
Publié par
Date de parution
26 mai 2023
EAN13
9782925229179
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
4 Mo
Titre
Christal Card
Le retour d’Elia
Couverture réalisée par © Tom Nessy
Dédicace
À Jean-Yves,
Sans ton aide précieuse, ce rêve ne serait pas devenu réalité.
Merci du fond du cœur.
Avis de non-responsabilité
Les événements relatés dans cet ouvrage sont de la fiction et toute ressemblance avec des personnages ou des évènements ayant réellement existé est fortuite.
Les sujets traités dans cet ouvrage sont sensibles, et ne sont pas appropriés pour tous les lecteurs. Nous recommandons la lecture de cet ouvrage à un public avertis de 18 ans et plus uniquement.
Les éditions Dreams Workshop General Partnership ainsi que l’auteure ne peuvent être tenus responsables des préjudices causés par la lecture de cet ouvrage.
Merci, et bonne lecture!
CHAPITRE 1
Ania
Ania, du haut de ses dix ans, patiente dans le hall d’entrée attendant que sa mère finisse de rassembler ses affaires. Assise sur sa valise, elle broie du noir.
La veille à l’école, elle disait adieu à ses amies. Elle était rentrée chez elle avec les yeux inondés de larmes.
Quelques mois plus tôt, la nouvelle tombait ; avec sa maman, elle partait vivre en France. C’en était fini de son pays de naissance : la Russie. Les raisons de ce changement radical lui avaient été relatées sans qu’elle en comprenne l’intégralité. Elle avait retenu qu’une vie formidable les attendait avec un homme rencontré par l’intermédiaire d’une agence.
Comment sa mère peut-elle en être certaine ? Elle connaît pas plus que sa fille cet endroit !
On ne demande pas l’avis d’Ania qui doit juste en subir les conséquences. Bien sûr qu’elle souhaite voir sa mère heureuse, car, malgré son jeune âge, elle avait assisté, au domicile, à des scènes d’une violence inouïe. Les coups et les injures pleuvaient constamment dans l’enceinte du logement... Depuis le départ de son père du foyer familial, Ania pensait que sa mère devait en être soulagée, apparemment, elle s’était trompée, vu son envie de repartir de zéro.
Le bruit des pas pressés de sa maman semble amplifié par les murs maintenant vides de tout objet. Ania avait prié toute la nuit pour qu’un incident quelconque vienne contrarier les plans prédéfinis. Cependant, plus les minutes s’égrènent et plus ses espoirs s’amenuisent.
Tout inquiète Ania dans ce pays où elle ne maîtrise pas la langue. Va-t-elle arriver à s’intégrer dans un nouvel environnement ? Une impression de partir pour la lune s’insinue dans son esprit.
Elle serre sur sa poitrine son ours en peluche, histoire d’y trouver un peu de réconfort, tout en s’imprégnant une dernière fois des odeurs familières des lieux.
— Allez debout, Ania ! Nous allons finir par rater notre bus pour l’aéroport, s’exclame sa mère, les joues en feu.
Appuyée sur la poignée de son énorme valise à roulettes, cette dernière s’impatiente. Ses doigts s’agitent inconsciemment sur le plastique de l’anse.
Sa mère, blonde aux yeux vairons, un teint de porcelaine, la silhouette longiligne, ne laisse personne indifférent. Les passants se montrent souvent intrigués par la différence de couleur de ses iris, ce qui a le don d’embarrasser Ania.
— Maman, je ne veux pas partir ! tente-t-elle de protester au bord des larmes.
Sa maman s’agenouille pour se positionner à sa hauteur, apposant les mains sur ses épaules frêles.
— Je t’ai déjà expliqué de quoi il en retournait. Je comprends que tu t’inquiètes, c’est un grand bouleversement pour nous deux. Je suis persuadée que le meilleur nous attend, il ne peut pas en être autrement. Tu me fais confiance ?
Ania hoche imperceptiblement la tête, juste pour lui faire plaisir, certaine que sa maman lui ment. Elle se redresse à contrecœur, traînant des pieds sur le parquet élimé.
Après une descente des escaliers des plus difficiles, chargées comme des mulets, sa mère tape à la porte de la loge de la concierge, sise au rez-de-chaussée, afin de lui remettre les clefs de l’appartement.
Madame Baranov est une femme bien en chair, joviale, à la peau striée de rides profondes. Ses années de travail au sein de l’immeuble l’avaient voûtée à tout jamais à force d’en lessiver les moindres recoins. Malgré les douleurs qui doivent la rappeler à l’ordre à chaque instant, un sourire sincère s’affiche en permanence sur ses lèvres charnues. Toujours prête à vous rendre service, elle n’a pas d’égal pour ravir les enfants des logements avec des friandises ou des gâteaux. Elle fait office de grand-mère de substitution.
— Vous voilà sur le départ ! dit-elle en les apercevant.
Elle n’essaie en rien de cacher son chagrin de les voir déménager.
— Effectivement, c’est le grand jour, répond la maman excitée au possible, à l’inverse d’Ania qui examine ses pieds.
Madame Baranov sentant la peine de la petite fille, s’accroupit au prix d’un effort surhumain. Ses rotules protestent en émettant un craquement insupportable.
— Ania ! Veux-tu venir me faire un câlin ?
Elle n’a pas le temps de finir sa phrase que l’enfant se jette à son cou en sanglotant.
— Ce n’est rien Ania ! Ne pleure pas ! dit-elle, essayant de la calmer en lui caressant ses cheveux couleur des blés.
— Ta maman ne prendrait pas le risque de partir pour autre chose qu’un avenir meilleur.
Tout en formulant cette dernière phrase, la concierge sonde la mère d’Ania dans l’espoir d’en avoir la certitude. Le doute s’immisce dans son esprit quand elle la voit blêmir. Madame Baranov se reconcentre sur Ania qui continuait à s’effondrer.
— J’espère sincèrement que tu me donneras de tes nouvelles, Ania ! Ta maman a mon numéro de téléphone et tu connais déjà mon adresse, au cas où les communications soient hors de prix. Regarde-moi, la supplie-t-elle tout en la repoussant avec délicatesse.
Les yeux rougis d’Ania lui brisent le cœur. Une boule s’est formée au fond de sa gorge, elle fait tout son possible pour retenir à son tour ses larmes. Madame Baranov l’embrasse sur le front avant de lui demander son aide pour se redresser, ce qui a le mérite de sortir l’enfant de son chagrin. Elles ne sont pas trop de deux pour relever la vieille dame qui grimace de douleur.
***
Son arrivée à l’aéroport représente une première épreuve, le début d’une longue série. Une marée humaine s’engouffre dans l’enceinte du bâtiment sans prendre garde aux autres voyageurs. Sa mère lui tient fermement la main de peur qu’une bousculade ne les sépare.
Le bruit ambiant est à la limite du supportable. Les gens hurlent pour se faire entendre de leurs accompagnants. Les annonces énumérant l’heure d’embarquement se succèdent sans interruption, rajoutant ainsi un fond sonore dépassant largement la frontière des décibels acceptables pour l’oreille humaine.
Une halte devant le panneau d’affichage des départs leur indique la direction à suivre. Avec ses petites jambes, Ania se retrouve obligée de trottiner pour se caler à l’empressement de sa mère. Les formalités d’enregistrements accomplies leur permettent de ne plus avoir à traîner derrière elles leur valise. Ania se montre soulagée quand l’hôtesse l’informe que son ours en peluche pourra l’accompagner dans l’avion.
La tête lui tourne à force d’arpenter le dédale de couloirs et d’escalators sans fin. La fatigue s’installe, de plus en plus pressante. Elle souhaite au plus profond d’elle rentrer dans le cocon protecteur de son appartement.
Sa mère ne lui a pas adressé la parole depuis les adieux à Madame Baranov. Lui en veut-elle de s’être épanchée ainsi ?
La salle d’embarquement pleine à craquer ne leur donne pas l’occasion de profiter d’un siège pour se délasser. Appuyées toutes les deux contre une cloison, elles observent les autres passagers. Elles se trouvent en présence d’un échantillon hétéroclite d’humains. Une multitude de nationalités rassemblées dans un même endroit aboutit à un panel de couleurs et d’aspects physiques incroyables. Du teint le plus clair au plus sombre, des yeux bridés ou en amande, des grands comme des petits, des vieux, des jeunes, des curieux, des bavards ou des anxieux… Une source de divertissement qui leur permet de s’occuper l’esprit.
Ania focalisée sur son environnement tressaille quand sa mère pose une main sur le sommet de son crâne.
— Tu vas bien, Ania ?
Pour toute réponse, la petite fille hausse les épaules.
— As-tu peur de prendre l’avion ? Rajoute la maman.
La question panique Ania ! Trop absorbée par tous ces chamboulements, elle n’a pas songé un seul instant qu’elle devait embarquer dans un engin de métal censé voler.
Oh ! Crotte ! Je vais mourir dans peu de temps ! Et c’est ma propre mère qui m’y entraîne !
Des frissons lui parcourent l’échine à l’évocation de cette pensée. Elle recule, prête à s’enfuir, elle ne réussit qu’à se cogner violemment contre le mur.
— Ania ! Que t’arrive-t-il ? Tu es toute pâle ! Ma chérie, tu ne te sens pas bien ?
Sa mère se penche, l’encerclant de ses bras. Se sentant prise au piège, Ania gesticule dans tous les sens pour s’en extirper. Son teint vire au rouge pivoine sous l’effort. Puis, elle la fusille du regard.
— Lâche-moi, crache-t-elle en direction de sa mère. Je ne veux pas monter dans cet avion !
— Veux-tu bien te calmer ? lui ordonne-t-elle en essayant de garder son sang-froid pour ne pas attiser la curiosité malsaine des autres voyageurs qui s’en délectent déjà. Je ne comprends en rien ton comportement ! Si tu m’expliquais pour commencer ce qui te chagrine ! Prends une grande inspiration avant, pour faire redescendre la pression, et une fois apaisée, nous en discuterons !
Elle n’a à aucun moment lâché sa fille de peur de devoir lui courir après dans tout l’aéroport. Elle se sent démunie face à la situation. Jamais Ania n’avait eu une telle attitude. Douceur et gentillesse représentent les qualités qui la décrivent au quotidien. La maman assiste pour la toute première fois à une scène d’une par