Grands boulevards , livre ebook

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Le capitaine Philistin de la Truffonnière, de la PJ, est accusé de meurtre.


Il aurait poignardé en plein Paris, sur le boulevard Montmartre, Laure Piteur, une vieille vedette du septième art dont la carrière doit plus à sa plastique qu’à sa diction.
Évidemment, le flic clame son innocence mais, circule sur toutes les télés une vidéo le montrant la main sur le manche du couteau planté dans le dos de la victime. Et puis il était l’ex-amant de la star.


Tout le monde le croit donc coupable !

Tout le monde sauf Augustin Kerr, détective privé de son état, qui va remuer ciel et terre pour prouver l’innocence de l’officier de police que pourtant il ne porte pas dans son cœur...


Grands boulevards est le deuxième opus des aventures du détective cinéphile, Augustin Kerr. Ce privé a trois passions dans la vie, les femmes – avec une nette préférence pour une très séduisante commissaire de police –, le 7e art – il passe son temps à la cinémathèque –, et les enquêtes alambiquées. Avec Grands boulevards, le voilà bien servi.

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Publié par

Date de parution

24 juin 2022

Nombre de lectures

2

EAN13

9782370472069

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

François Legay
GRANDS BOULEVARDS




À Nathalie Geslin,
(Nous nous sommes tant aimés).


1
Si au bon temps de Bouillon de culture , Bernard Pivot m’avait demandé quel est le son ou le bruit que je préfère, j’aurais sans conteste répondu : celui que fait une femme quand elle marche avec des talons hauts.
Bruit indescriptible, il claque sur le sol, mais son écho est une caresse qui reste en apesanteur. Balancé sur un rythme régulier de trois noires pour une croche, ni la taille ni le poids de son interprète ne semblent altérer l’efficacité mélodique qui envoûte immédiatement l’auditeur connaisseur. Le claquement du talon aiguille, qu’il soit exécuté sur du parquet, sur du carrelage ou sur le bitume, ravage aussi bien les cœurs que les couilles, mais surtout il emporte avec lui celui qui l’entend.
Il y a des invitations qui ne se refusent pas et ma voisine de palier serait sûrement surprise d’apprendre que, tous les matins, je pars en voyage avec elle.
Il y a très peu de locataires dans mon immeuble et, si je n’ai pas de déplaisir à en connaître certains, j’ai l’immense chance de n’avoir jamais rencontré la voisine aux talons hauts. J’aurais trop peur d’être déçu. Trop peur de lui trouver une absence de charme ou de lui découvrir un air arrogant de pétasse assumé. Bref, trop peur qu’à cause d’une raison x ou y, elle brise le lien qui nous relie. Lien dont elle ignore tout, ce qui me permet de croire en sa pérennité.
Depuis qu’elle a emménagé, il y a deux mois, je suis donc troublé par cette femme, forcément sublime, que je n’ai jamais vue, mais que j’ai eu le temps d’imaginer en jean, en tailleur, en jupe avec des collants, des bas, ou jambes nues. Des longues jambes parce qu’elle est grande. Et elle est châtain. Et, de l’automne au printemps, elle porte un imperméable bleu marine. Et… Et c’est tout. Je n’ai pas encore trouvé le reste. Pour l’instant. Mais ça va venir. À force de l’écouter marcher…
Tous les matins, je fais sonner mon portable cinq minutes avant qu’elle sorte de chez elle pour partir travailler. Fort heureusement, elle a des horaires de bureau. Cinq minutes, c’est le temps qu’il me faut pour émerger du sommeil et m’installer convenablement en position assise, le dos bien calé contre mes deux oreillers.
Et puis, j’attends.
Et puis, j’entends…
Il y a d’abord le bruit des clefs qui tournent dans la serrure. Puis un léger grincement de porte qui s’ouvre. Puis les premiers claquements des talons sur le sol quand elle prend possession du palier. Puis la porte qu’elle referme et qui claque, qui me gifle pour finir de me réveiller. Puis à nouveau le bruit des clefs qui tournent dans la serrure. Et enfin… ses pas qui résonnent dans le couloir. Un martèlement qui, je n’ose pas dire m’enivre, mais il y a de ça.
À ceux qui trouveront que je me contente de peu, qui railleront un bonheur qui ne dure que le temps de quelques enjambées, qui ne manqueront pas de souligner la vitesse avec laquelle elle descend l’escalier, je répondrai, moi qui aime à voir la vie du bon côté, que j’ai la chance d’habiter un immeuble sans ascenseur et que j’ai donc deux étages pour l’entendre s’emballer. Elle descend vite, c’est vrai. Ce n’est pas qu’elle soit en retard, c’est qu’elle est pressée.
Pressée de quoi ? D’aller travailler ? Non, comme toutes les jolies femmes, elle est pressée d’être vue, regardée, désirée, bref, elle est pressée d’entrer dans la vie.
Bien sûr, je pourrais lui en vouloir d’abréger un moment déjà si fugace. Mais ça serait un crime de gâcher l’instant pour s’abandonner à la colère. Il y a mieux à faire. Respirer. La respirer. Tandis qu’elle dévale, qu’elle remplit le silence, le féminise, le rend magique comme un décolleté ou une épaule dénudée.
Et mon pauvre cœur exalté qui ne sait plus si son battement est sans danger. Est-il en hypertension ou tout simplement excité ? Pas facile de savoir où on en est quand on reste sur place tout en étant entraîné… Jusqu’à la porte d’entrée. Qui sonne la fin du tumulte puisque je l’entends se refermer.
Essoufflé, j’ai encore un espoir. Un espoir bien naïf. Un espoir d’homme quand une femme marche sur ses pensées. Celui qu’elle ait oublié quelque chose et qu’elle soit obligée de remonter. Mais ça n’arrive jamais. Alors, petit à petit, je me résigne, je me lève, je prends une douche, je prépare le café et j’allume la télé.
Sans faire de mauvais jeux de mots, la vie d’un détective privé n’est pas de tout repos quand il est privé de boulot. Trouver à s’occuper n’est pas une mince affaire quand il n’y a pas d’affaires. J’exerce une profession désertée et désertique depuis qu’on peut divorcer sans avoir besoin de compromettre son conjoint. Ça fait gagner un temps fou, il faut bien le reconnaître. L’époque de la reconversion dans l’espionnage industriel est passée de mode, elle aussi. Enfin, de méthode. Désormais, pour ce genre de job on engage plus volontiers un informaticien qu’un privé. Quant à retrouver des personnes portées disparues… À l’heure d’Internet, si on ne les retrouve pas, c’est qu’elles ont réellement disparu !
Moi, vous ne me connaissez peut-être pas encore (à moins que vous ayez lu le précédent opus, lequel s’intitulait Les deux pieds dedans ! 1 ), je m’appelle Augustin Kerr et si j’ai choisi ce métier c’est beaucoup par fidélité à mon enfance.
Quand j’étais petit et qu’on me demandait ce que j’aimerais faire plus tard, je répondais : héros de roman. De roman de gare, s’entend. Histoire de partir en voyage de temps en temps.
Le cadavre sans queue ni tête , L’assassin n’habite plus ici , Le mystère du téléphone jaune , autant d’aventures qui, gamin, j’en étais sûr, m’attendaient pour quand je serais grand. La passion des enquêtes, je l’ai toujours eue. Je passais des journées entières à jouer au détective qui résout toutes les énigmes, ne m’accordant des pauses que pour rêver à l’âge où je pourrais le faire en vrai.
Naturellement, depuis j’ai appris à déchanter, car la réalité n’est jamais conforme à la vision idéalisée qu’on s’est construite, mais je ne regrette pas mon choix. Et puis de toute façon, question de faire autre chose, je n’ai jamais su quoi ni comment ni pourquoi. Et surtout, je n’en ai jamais eu l’envie.
Parmi les mauvais côtés de la réalité, il y a celui de passer son temps à attendre le client. Là, je ne compte plus en jours, mais en semaines, alors ça commence à faire long…
Eh bien ce matin, non seulement le client s’est pointé, mais en plus il m’est apparu avant d’arriver.
Imaginez que vous allumiez votre télé – chaîne d’information en continu puisqu’on est au XXI e  siècle – et que vous découvriez une vidéo amateur, réalisée par un quidam, dans laquelle on peut voir un type tenant à la main un couteau alors que celui-ci est planté dans le dos d’une vieille star de ciné nommée Laure Piteur.
D’après le bandeau qui défile, ça s’est passé un peu plus tôt dans la matinée, en pleine rue, je dirais même en plein boulevard puisque c’était sur le boulevard Montmartre.
J’en reste comme deux ronds de flan, car l’homme qui tient le couteau, je le connais. Ou peut-être devrais-je dire : je croyais le connaître ? À peine ai-je le temps de me demander ce qui a bien pu lui passer par la tête pour poignarder une vedette du septième art devant la France entière, qu’on sonne à ma porte.
J’ouvre. C’est la police. Le capitaine Philistin de la Truffonnière.
— Ça alors, quelle surprise ! Justement, je viens de vous voir à la télé…
Et le malheureux policier se met à pleurer.
 
Les yeux globuleux, le pif en coque de navire, des cheveux noirs plaqués comme les plumes sur le cul d’un corbeau, le teint spongieux et dégoulinant d’une biscotte sauvée in extremis d’un bol de café, Philistin de la Truffonnière, la Truffe pour les intimes, ne parvient pas à quitter des yeux l’écran de la télé sur lequel son nom et son image semblent avoir conquis une place privilégiée dans le joyeux monde des actualités anxiogènes (pléonasme). Car il a déjà été identifié, mon vieil ennemi, et plus personne n’ignore son blase.
Je le lorgne du coin de l’œil et, franchement, même avec la preuve qui tourne en boucle sur mon petit écran (je n’ai ni la place ni les moyens d’avoir un grand), j’ai peine à croire qu’il ait abandonné le prestige de la flicaille pour embrasser la carrière de meurtrier. Ça me semble aussi réaliste qu’une victoire de la France à l’Eurovision.
Vous vous dîtes sûrement que j’ai bien foi en l’humanité, car enfin saint Thomas a été convaincu pour moins que ça et, quand on voit les images, il y a peu de place pour le doute tant elles paraissent sans équivoque. Et très franchement, ça serait n’importe qui d’autre, je sacrifierais mon Livret de développement durable pour le jouer gagnant sans hésitation. Mais là… la Truffe assassin ? Je serais bien en mal de vous dire pourquoi je n’y crois pas, mais je n’y crois pas. Disons qu’il y a des trucs incroyables et que ça en fait partie. Pourtant, Philistin n’est pas quelqu’un pour qui j’éprouve de la sympathie. Encore moins de l’estime. À cause de nos professions respectives, nous nous croisons souvent et ce n’est pas le grand amour.
Normalement, j’ai toujours un stock de vannes toutes prêtes à lui balancer à ce pied nickelé. La plupart sur son physique. Comme quoi il a le charisme d’une pompe à vélo ou la beauté d’un grumeau.
J’aime bien aussi lui rappeler que je l’ai vu se tirer une balle dans le pied ou que j’étais présent la fois où il a interrogé pendant vingt minutes un témoin avant de s’apercevoir que le gus était sourd et muet.
Mais là, même s’il a l’air aussi tarte que d’habitude, je ne me vois vraiment pas me payer sa fiole. D’ailleurs, il n’en profiterait pas comme il faut. À quoi ça servirait que je me foute de sa gueule s’il est trop préoccupé pour que ça ne lui fasse pas plus d’effet qu’une blague Carambar ?
Par déformation professionnelle, celle

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