Ici, il est question de monopole et d'idéologie. Lorsqu'une structure financière investit dans un sport, c'est pour qu'il soit le meilleur et le plus rentable possible, financièrement et politiquement. Quitte à détruire d'autres pratiques concurrentes et à les reprendre ensuite sous leur coupe, par charité capitalistique. À l'image du rugby qui copie et se rattache mécaniquement au modèle du foot. Tu vois alors pourquoi IFC s'est mis à décrédibiliser le basket – et à moindre mesure le hand et le volley. Parce que rien ne doit exister autour d'eux. À plus forte raison que ce sport de gonzesses a commencé à marcher sur leurs plates-bandes en s'opposant sur l'éthique. Chez eux, ont-ils affirmé, pas de triches flagrantes, de joueurs et de supporters admirateurs du fascisme, mais plus de justice dans les règles et moins de violence. En continuant ainsi, ils commençaient à être potentiellement dangereux. Parler foot, c'est de moins en moins parler sport... et l'on voit les frontières entre lui, la politique, l'économie et l'idéologie perdre en imperméabilité... Un état de fait dont s'empare D. Brkic pour construire un roman d'anticipation qui sonde les pans les moins chatoyants et attractifs du milieu... Manipulations des masses, concurrences acharnées et destructrices, loges secrètes, conspirations... c'est bel et bien dans un monde de requins cyniques, et pour certains jusqu'au-boutistes, que nous immerge, à travers la figure de Domenn, le romancier... le tout pour un thriller qui nous renvoie, avec intelligence, à notre propre rapport à un sport qui n'a plus rien d'anodin.
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