Un protestantisme africain au XIXe siècle L’implantation du méthodisme en Gold Coast (Ghana) 1835-1874 , livre ebook

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Date de parution

01 janvier 2007

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EAN13

9782845868267

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

2 Mo

Anne Hugon
Un protestantisme e africain auXIXsiècle
L’implantation du méthodisme en Gold Coast (Ghana) 1835-1874
KARTHALA
UN PROTESTANTISME AFRICAIN e AU XIX SIÈCLE
L’IMPLANTATION DU MÉTHODISME EN GOLD COAST (GHANA) 1835-1874
KARTHALAsur Internet : http://www.karthala.com Paiement sécurisé
Couverture :
Portrait de Thomas Birch Freeman (source : Birtwhistle Allen,Thomas Birch Freeman, West African Pioneer, Londres, Cargate Press, 1950).
¤Éditions KARTHALA, 2007 ISBN : 978-2-84586-826-7
Anne Hugon
Un protestantisme e africain auXIXsiècle
L’implantation du méthodisme en Gold Coast (Ghana) 1835-1874
Éditions KARTHALA 22-24, boulevard Arago 75013 Paris
INTRODUCTION GÉNÉRALE
Étude de l’appropriation d’une Église missionnaire
e1 Dans deux ouvrages de la fin duXIXsiècle , Mary Kingsley, explo-ratrice britannique quelque peu iconoclaste, se penchait sur les religions africaines et l’implantation du christianisme, adoptant une position 2 originale pour l’époque : elle accusait les missionnaires de détruire les religions locales et de perturber ainsi gravement des systèmes culturels dont elle s’attachait à démontrer la cohérence, soulignant l’estime qu’il convenait de leur porter. Cette opinion apparaît, d’une certaine façon, en avance sur son temps, puisque de telles critiques allaient être largement développées au moment des indépendances. Dans les années 1960, les Églises issues de missions ont en effet été particulièrement discréditées. Leur implantation, contemporaine de la colonisation, leurs accointances avec les autorités coloniales, leur façon de promouvoir, de pair avec le christianisme, un mode de vie et de pensée occidental : tout les désignait comme agents de l’impérialisme, voire 3 comme fondamentalement étrangères à l’Afrique . À l’inverse, parais-saient réellement africaines les Églises dites indépendantes ou éthio-piennes, généralement nées sans l’entremise de missionnaires étrangers, et stimulées par des « prophètes » africains. La distinction entre Églises missionnaires et Églises prophétiques est à présent amplement remise en cause. D’une part, on a montré que certaines Églises « indépendantes »
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Cf. Kingsley, 1897 et 1898. Même si, comme l’a bien montré Flint, 1963, son point de vue n’était pas unique en son genre, mais partagé par une bonne partie des négociants et hommes d’affaires britanniques commerçant avec l’Afrique occidentale – et par certains auteurs africains de l’époque. Pour une illustration éclatante de cette thèse, cf. Desai, 1962.
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e UN PROTESTANTISME AFRICAIN AU XIX SIÈCLE
4 étaient en fait très liées à des groupes occidentaux . D’autre part, trente ans après la décolonisation, bon nombre d’Églises « missionnaires » ont fait la preuve qu’elles étaient tout à fait intégrées dans le tissu social africain. Enfin, aborder les Églises missionnaires uniquement comme des greffes étrangères ne permet guère de rendre compte des ressorts par lesquels la religion chrétienne a connu le succès que l’on sait dans diverses régions d’Afrique subsaharienne. Or cette question occupe depuis une vingtaine d’années historiens et anthropologues, qui tentent d’analyser les raisons et les modalités de la spectaculaire progression du e e5 christianisme en Afrique auxXIXetXXsiècles . Le présent ouvrage tente d’apporter des éléments de réponse à diverses interrogations, à la fois sur les modes de diffusion du christianisme et ses effets, ainsi que sur les acteurs de cette expansion et leurs motivations. Ces questions sont abordées dans le cadre d’une étude de cas, celle de 6 l’introduction d’une forme de protestantisme en Côte de l’Or au milieu e duXIXsiècle, plus spécifiquement dans la zone Sud de l’actuel Ghana, 7 soit les régions correspondant aux peuplement fante et ga . Tandis que cet espace est alors travaillé par une influence anglaise croissante, l’intro-duction en son sein de la Wesleyan Methodist Missionary Society (ou WMMS) pose d’emblée le problème de « l’africanisation » d’une Église née en Angleterre. La WMMS, fondée en 1813, fait partie de ces sociétés missionnaires protestantes qui doivent beaucoup au « réveil » évangélique de la fin du e8 XVIIIsiècle . Alors que l’activité prosélyte avait été l’apanage des catho-liques pendant des siècles, les protestants se lançaient à leur tour dans l’entreprise d’évangélisation. Dans ce contexte, en 1835, la WMMS envoyait un premier missionnaire en Gold Coast, à titre expérimental. Cette expérience, concluante aux yeux de ses promoteurs, sera poursuivie jusqu’à ce que l’Église méthodiste y devienne indépendante, en 1961. Pourtant, en 1835, la WMMS n’avait pas de vocation particulière à
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Souvent, ces Églises sont en effet liées à des mouvements religieux étrangers, en particulier nord-américains (cf. Ranger, 1986). Sur l’historiographie de cette question, cf.infra. Les termes de Gold Coast ou de Côte de l’Or sont utilisés indifféremment tout au long de cet ouvrage et correspondent à la zone Sud de l’actuel Ghana, ainsi dénommée par les Britanniques ou les Français avant même que cette région ne devienne colonie de la Couronne d’Angleterre en 1874. L’Asante, où les méthodistes ont vainement tenté de s’implanter durant les années 1840, n’est pas entièrement exclu de cette étude. À plusieurs reprises, cette expérience y est évoquée, mais sans développement spécifique, notamment sur les raisons de son échec. En effet, l’Asante ayant son histoire propre, fort différente de celle des régions côtières, mériterait une étude distincte. Pour un récent travail sur ce royaume, voir Pescheux, 2003. Sur les caractéristiques de ce mouvement, voirinfra, chapitre I.
INTRODUCTION GÉNÉRALE
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évangéliser l’Afrique : sur ce continent, cette mission n’était alors implantée qu’en Sierra Leone. En mandatant un missionnaire en Côte de l’Or, la WMMS répondait en fait à une demande, émanant d’un petit groupe de chrétiens (pas encore méthodistes), essentiellement fante, 9 établis à Cape Coast, au sud de l’actuel Ghana . Ces débuts confèrent à la mission wesleyenne une indéniable originalité, qui pose d’emblée une question de fond : celle de « l’africanisation » de cette Église. Le cas du méthodisme en Côte de l’Or est donc particulièrement éclairant : l’origi-nalité de sa genèse oblige à s’interroger sur la façon dont une mission étrangère peut, beaucoup plus tôt qu’on pouvait le penser, devenir une Église largement africaine. Le cadre chronologique choisi (1835-1874) privilégie l’examen d’une période de relative indépendance. On y observera des changements religieux et des processus de conversion appréhendés en dehors du contexte d’évidente coercition politique caractérisant la période coloniale proprement dite. L’année 1835, marquant l’arrivée du premier mission-naire wesleyen, s’imposait comme date de départ. Et cette étude prend fin au moment où la Côte de l’Or change de statut institutionnel, devenant colonie de la Couronne et perdant donc officiellement, pour près de quatre-vingts ans, son indépendance. Pour autant, à partir de 1835, la montée en puissance de la Grande-Bretagne est telle qu’on ne peut pas vraiment qualifier la période de « précoloniale ». Car pour n’être pas formelle (le « protectorat » britan-nique est plus une situation de fait que de droit), l’influence des Anglais n’en est pas moins déterminante. Il s’agit donc d’une époque hybride, où l’indépendance des États côtiers, non remise en cause dans le principe, est de plus en plus entamée par l’ascendant des Britanniques. En d’autres 10 termes, il s’agit d’une période que l’on peut qualifier deprotocoloniale, qui se caractérise par l’existence de nombreux éléments à l’œuvre dans le régime colonial mais sans qu’ils fassent (encore) système. Ainsi, dans le
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Voirinfra, chapitre II. Il me semble que cette notion correspond bien à la situation politique de la Côte de l’Or des années 1830 à 1874. Mais elle peut s’appliquer à d’autres régions – auquel cas il convient de déterminer à quelle époque il faut l’appliquer. On peut constater par ailleurs que ce terme n’est pas pertinent pour toutes les régions : certaines régions ont pu passer directement d’une situation précoloniale à une situation coloniale (ainsi de nombreuses zones intérieures, notamment en Afrique occidentale française). Sans doute faut-il aussi cesser de raisonner schémati-quement en termes « d’avant » et « d’ap rès » la colonisation, comme si celle-ci représentait à la foisla césure de l’histoire africaine et une véritable rupture (cf. Goerg, 1991). Néanmoins, dans le cas de la Côte de l’Or, avec l’échec de la Confédération fante en 1873, la date de l’annexion constitue bien une charnière signifiante.
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e UN PROTESTANTISME AFRICAIN AU XIX SIÈCLE
cas présent, l’ascendant des futurs colonisateurs sur les systèmes judi-ciaires locaux annonce – mais ne fait qu’annoncer – le pouvoir judiciaire 11 réel dont ils disposeront une fois la colonisation établie . Ainsi, la période considérée ici (1835-1874) constitue, certes, une ère limitée. Elle voit néanmoins d’importantes évolutions, tant en Grande-Bretagne (d’où continuent à arriver des missionnaires) qu’en Côte de l’Or. Si bien que l’implantation du méthodisme, qui constitue l’un de ces changements, advient dans un contexte lui-même mouvant. L’ambition de cette étude est précisément de rendre compte de ces transformations générales tout en restant centrée sur la question de l’innovation religieuse.
Matériaux de recherche
Bien que les archives de la WMMS, déposées à la School of Oriental 12 and African Studies (SOAS) de Londres , soient des documents bien 13 connus des historiens , ils ont été exploités ici dans une perspective particulière : celle d’une histoire sociale et culturelle des stratégies d’évangélisation et des modalités de diffusion du méthodisme, thèmes pour lesquels les correspondances ont fourni un matériau précieux. Tel est le cas de la correspondance ordinaire des missionnaires à destination 14 des autorités de la WMMS en Grande-Bretagne , regroupée dans la série
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Voirinfra, chapitre I. Les documents originaux de la WMMS sont conservées à la SOAS et peuvent être achetés sous forme de microfiches. Par ailleurs, les archives ne sont pas com-plètes : de nombreux journaux de missionnaires ont disparu, certaines lettres sont manquantes, ainsi que plusieurs rapports annuels ; fréquemment, on doit recons-tituer le contenu des lettres en provenance de Londres (dont beaucoup ont disparu), grâce aux réponses envoyées par les missionnaires depuis Cape Coast. Enfin, les documents sont parfois endommagés, d’où certains passages illisibles. Cette remarque ne concerne pas exclusivement les historiens de la religion ; nombre d’auteurs écrivant sur l’économie, la société, l’éducation ou les évolutions culturelles se sont penchés sur ces archives (par exemple Foster, 1965 ; Kaplow, 1971 ; ou encore Wilks, 1975). Par ailleurs, un mémoire de maîtrise détaillant de façon assez complète les documents non publiés de la WMMS relatifs au Ghana se trouve à la SOAS ; cf. Agyei, n.d. C’est, de loin, le corpus le plus important, puisque les missionnaires, censés écrire au moins quatre fois par an à leurs employeurs, pouvaient correspondre avec eux à chaque fois qu’ils en avaient besoin. Les lettres sont adressées soit au « Committee », organe de décision collectif de la WMMS, soit au secrétaire responsable de la section Afrique. La différence n’étant pas absolument capitale entre les deux destinataires, il ne m’a pas semblé nécessaire d’alourdir les notes de bas de page en signalant à qui était destinée chaque lettre citée ou évoquée. Aussi
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