Régner au Cameroun Le roi-pot , livre ebook

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Date de parution

01 janvier 2009

EAN13

9782811101763

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

2 Mo

Jean-Pierre Warnier
Régner au Cameroun Le Roi-Pot
Recherches internationales
RÉGNER AU CAMEROUN
« Recherches internationales » est une collection du CERI, dirigée par Jean-François Bayart. Elle accueille des essais traitant des mutations du système inter-national et des sociétés politiques, à l’heure de la globalisation. Elle met l’accent sur la donnée fondamentale de notre temps : l’interface entre les relations internationales ou transnationales et les processus internes des sociétés politiques, que peut symboli-ser le fameux ruban de Möbius. Elle propose des analyses inédites et rigoureuses, intellectuellement exigeantes, écrites dans une langue claire, indépendantes des modes et des pouvoirs. Le CERI (Centre d’études et de recherches internationales) est une unité mixte de la Fondation nationale des sciences poli-tiques et du CNRS.
Cet ouvrage a été préparé éditorialement par Judith Burko.
KARTHALA sur internet : http://www.karthala.com Le CERI sur internet : http://www.ceri-sciences-po.org
© Éditions KARTHALA, 2009 ISBN : 978-2-8111-0176-3
Jean-Pierre Warnier
Régner au Cameroun
Le roi-pot
Éditions KARTHALA 22-24, boulevard Arago 75013 PARIS
Carte 1. Les Grassfields du Cameroun
Avant-propos
La gestation de ce livre a duré trente-cinq ans. En Afrique, dit-on, les grossesses peuvent exceptionnellement durer des années. J’ai le sentiment que l’enfant – un roi africain vu sous l’angle du corps royal et de ses matérialités – est né prématuré-ment. Mais dans la recherche, il faut savoir s’arrêter et provo-quer la délivrance. En 2003, au retour de quatre mois dans ce royaume, j’ai décidé d’arrêter les enquêtes et d’écrire. J’ai d’abord écrit cinq chapitres en langue anglaise. Je ferai grâce au lecteur des raisons de ce choix et de son abandon qui s’avéra provisoire. J’ai repris la rédaction en français. La maison d’édi-tion Brill a mordu à l’appât, ce qui m’a conduit à reprendre la rédaction en anglais, parfois en traduisant, parfois non, ayant en tête les collections dans lesquelles chacun des deux textes devait s’inscrire. Après bien des péripéties, je me suis trouvé avec deux faux jumeaux sur les bras, parlant deux langues dif-1 férentes . Il y a des différences sensibles entre les deux. Reste à abandonner la métaphore et à esquisser les circonstances de cette histoire africaine.
1. J-P. Warnier,The Pot-King. The Body and Technologies of Power. Leiden-Boston, Brill, 2007, African Social Studies Series.
6RÉGNER AU CAMEROUN Sources de documentation et d’inspiration
Lors de mes séjours à Mankon, j’ai habité successivement à Azire (1972-1974), Nta’ Aturu (1977-1978) et Ala’a Matu (2002-2003) où j’ai pu me familiariser avec mes voisins et leurs activités. J’ai régulièrement fréquenté le palais et tous les lignages mankon, à l’occasion des événements qui s’y dérou-laient, étant entendu que tout étranger est le bienvenu, à condi-tion qu’il ait quelque chose à apporter, ce que je me suis efforcé de faire sous diverses formes. Les deux premiers séjours ont été accomplis en couple, avec Jacqueline Leroy, dont le soutien financier, les relations sociales féminines et les compétences de linguiste ont contribué à ma recherche et à son inscription dans le royaume mankon. J’ai procédé à des enquêtes généalogiques et ethnogra-phiques systématiques dans les trente-deux lignages mankon, aidé en cela par plusieurs personnes qui assumèrent les rôles aussi ingrats que divers d’interprète, professeur de langue, conseils, chercheurs, assistants – successivement Labah Meungeum,Paul Fongo,Peter Amah,Samuel Tche Tangye,Jo Ngwa’fo,Clement Zuah, Adenumbi Jude Zuah.Au total, j’ai eu des entretiens et des rencontres plus ou moins suivis avec au moins cent cinquante personnes – hommes et femmes – dont il ne serait guère significatif de donner les noms. Je tiens cepen-dant à mentionner celles et ceux avec qui j’ai plus particulière-ment travaillé ou noué des amitiés que le grand âge et la mort ont trop souvent interrompu. Voici leurs noms, suivis entre parenthèses de celui de leur lignage : Ntso’ Tse Za (Ala’a Akuma), Tse Ndi (Ala’a Akuma), Tawa (Ala’a Anye Fru), Nguti Anye (Bakworo), Akeunji (Bakworo), Awa’ Aku (alias Markus Njoya), Ambrose, Nkwenti Tamandam, Ngwatom, Agnes Kyen (tous de Makwu Shwiri), Felix Akuma Ntumna (Matru Fon), Labinda (Ba Ntsu Alam), Moti (Mande Beusong), Awasom Mandzen (Mandzen), Avwontom, Anye Akombo et Wa Nkyi Wara (Maso’ beuAla’a Takingeu), Mu Meulu’ (Maso’ beuTue Fon), Atso’o Tingo et son fils Peter Ade Atso’o (beuDzong beuTingo’), Ndifo Mbi (Nta’ Mbeung), Zama Shwe (Nto’fi), Jonathan Ndifomukong (Banong).
AVANT-PROPOS7 Le roi Ngwa’fo des Mankon et son entourage (Maafo, Tabeufo,Mr. Charles, Lukas Tumasang,Christopher Zama, Sylvester Ndenge) n’ont ménagé ni leur temps ni leur peine pour me faire une place et veiller à mon bien-être et à ma sécu-rité. Ils sont, directement ou indirectement, à l’origine du pré-sent ouvrage. L’hospitalité des Mankon est allée bien au-delà de ce que justifie une enquête ethnographique. Elle m’a permis de me lier d’amitié jusqu’à ce jour avec les familles de Awa’ Aku, Clement Zua’ et Ambrose Ngu. En amont de ma recherche dans la province de Bamenda, je dois à Elizabeth Chilver d’avoir établi une relation de confiance avec lefonde Mankon, et de m’avoir introduit auprès de lui par l’intermédiaire de Igor Kopytoff, professeur d’anthropologie à l’université de Pennsylvanie, qui fut mon directeur de recherche. Quiconque est familiarisé avec les ouvrages de ce dernier en verra la marque sur mon propre travail. Elizabeth Chilver, Claude Tardits, Richard et Joyce Dillon, Bertrand Masquelier, Ian Fowler, Christraud Geary, Charles-Henri Pradelles de Latour, Mike Rowlands, Nicolas Argenti, Séverin Cécile Abega, Francis Beng Nyamnjoh, et bien d’autres, à quelque degré, ont été des interlocuteurs compétents, généreux et parfois exigeants, qui m’ont permis d’accumuler documenta-tion, hypothèses et vérifications. En 1977-1978, j’ai visité tous les royaumes et chefferies du plateau de Bamenda, entre la plaine de Ndop et les Ngi, sur le rebord occidental des Grassfields. Au cours des années sui-vantes, j’ai étendu mes recherches sur la métallurgie vers le nord, jusqu’à Wum et We afin de me documenter sur les réseaux d’échange et la structure de l’espace géopolitique des Grassfields. Là encore, j’ai recueilli des données de première main grâce à de nombreuses aides locales. Je prenais en cela le relais de Mike Rowlands qui, à partir de 1976, est venu me rejoindre pour effectuer des recherches dans la région de Bamenda sur laquelle mes travaux antérieurs et l’amitié de Philip Burnham avaient attiré son attention. Depuis cette date, nous n’avons cessé d’échanger notes de terrain, éléments d’ana-lyse et de documentation. En ce qui concerne les archives (à Buea, Bamenda, Kaduna, Basel, Yaoundé) que j’ai consultées, et celles qui sont restées
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RÉGNER AU CAMEROUN
hors de ma portée (en particulier Potzdam), j’ai donné les infor-2 mations voulues dans ma thèse de doctorat ès-lettres . Ayant enseigné à l’université de Yaoundé de 1979 à 1985 grâce au doyen Martin Njeuma qui fit appel aux services de Jacqueline Leroy et de moi-même au titre de la Coopération française, j’ai été en contact avec de nombreux étudiants origi-naires des Grassfields. Enseigner est un des meilleurs moyens d’apprendre. Deux de mes anciens étudiants, le très regretté Dieudonné Miaffo, et Francis Beng Nyamnjoh, professeur de sociologie au Botswana puis directeur des publications du CODESRIA à Dakar, sont devenus mes mentors et des proches dont l’amitié a été le meilleur garant de la pertinence de mon travail. L’Institut des sciences humaines du Cameroun m’a offert un cadre de recherche institutionnel, des contacts interdis-ciplinaires et des sources de financement. Revenu en France après plus de quinze ans de séjour à l’étranger, j’ai été accueilli par Jean-François Bayart dans ses séminaires au CERI. Son talent d’animateur, sa générosité, sa créativité dans la recherche, ses exégèses des écrits de Michel Foucault ont imprimé leur trace sur chaque page du présent ouvrage. Parallèlement, j’en suis venu à élaborer une approche de la culture matérielle au sein d’un groupe de travail fondé par plusieurs étudiants et étudiantes, et que deux de ses membres fondateurs – Marie-Pierre Julien et Céline Rosselin – baptisè-rent « Matière à Penser » (MàP). Céline Rosselin a été la pre-mière à infléchir les travaux du groupe dans le sens d’une prise en compte de la dynamique des corps et des choses, dans ce qu’elle appelait l’approche « dynamique instrumentale ». Le « MàP » – groupe spontanément autogestionnaire – m’est une constante source d’idées, d’hypothèses, de références théoriques et de critiques constructives. Le mécanisme déclencheur consti-tué par les lectures en commun de Mauss, Schilder et Parlebas, en particulier, fut mis au point par lui. Je tiens à exprimer ma gratitude envers les premiers visiteurs de l’ouvrage lorsqu’il était encore en chantier sous les titres de « roi-pot » ou « roi-peau », en particulier François Hoarau,
2. J-P. Warnier, « Sociologie du Bamenda pré-colonial », thèse de docto-rat ès-lettres, université Paris-X-Nanterre, 1983, pp. 609-626.
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Marie-Pierre Julien, Céline Rosselin, Serge Tisseron, Zaki Strougo, et un lecteur anonyme et bilieux d’une maison d’édi-tion à laquelle j’avais soumis prématurément mon projet qui, contrairement à tous les usages, mais pour mon bénéfice, a annoté le manuscrit qui lui était confié. Ceux-là ont essuyé les plâtres et se sont risqués dans les échafaudages et les tas de gra-vats. Ils m’ont permis, par leurs commentaires critiques, de remédier aux pires défauts de conception, d’architecture et de finition de l’ouvrage, de sorte que ceux qui demeurent sont entièrement de mon fait. Enfin, que Delphine Roubert soit remerciée pour avoir mis au net les figures, et Judith Burko pour son travail éditorial incomparable.
La langue mankon et sa transcription
Le mankon est une langue bantoue à tons et à classes nomi-nales. Sa morphologie et sa grammaire, d’une grande com-3 plexité, ont été étudiées par la linguiste Jacqueline Leroy . La phonologie des consonnes diffère selon que celles-ci sont en position initiale, ou en positions intervocalique et finale, ce qui donne plusieurs tableaux qu’on trouvera dans le dernier ouvrage 4 de Jacqueline Leroy . Les consonnes phonologiques connaissent des réalisations phonétiques parfois déconcertantes, de sorte qu’il n’est pas possible de s’en tenir à une orthographe stricte-ment phonologique. Le « Mankon Language Committee » (MALACO) a reconnu la difficulté et a proposé un alphabet orthographique mis au point en collaboration avec des lin-guistes professionnels. Cet alphabet, qui opère un compromis entre phonétique et phonologie, est en usage dans les publica-tions du Comité, comme l’agenda annuel. J’aurais souhaité adopter cet alphabet sans altérations, s’il ne comprenait des
3. J. Leroy,Morphologie et classes nominales en mankon (Cameroun), Paris, SELAF, 1977 ;Le Mankon. Langue bantoue des Grassfields (Province Nord-Ouest du Cameroun), Louvain-Paris, Peeters, 2007. 4.Ibid., pp. 31-36.
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