Les villes précoloniales d’Afrique noire , livre ebook

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Date de parution

01 janvier 2008

EAN13

9782811100032

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

6 Mo

John O. Igué
Les villes précoloniales d’Afrique noire
KARTHALA
LES VILLES PRÉCOLONIALES D’AFRIQUE NOIRE
KARTHALAsur Internet : http://www.karthala.com Paiement sécurisé
Couverture :
Détail d’une photographie de Gilbert Albany (1940-2004) sur les villes anciennes du Mali.
¤Éditions KARTHALA, 2008 ISBN : 978-2-8111-0003-2
John O. IGUÉ
Les villes précoloniales d’Afrique noire
Éditions KARTHALA 22-24, boulevard Arago 75013 Paris
Avant-propos
En 1979, nous avons été invité par les autorités de l’École africaine et mauricienne d’architecture et d’urbanisme, dont le siège est à Lomé (Togo), à dispenser un cours sur le thème suivant : l’organisation de l’espace en Afrique noire. Notre embarras fut grand quant à l’orientation qu’il fallait donner à ce thème qui englobe à la fois l’espace agricole, industriel et urbain. Cependant, et compte tenu de la nature de l’école où nous devions donner cet enseignement, nous avons choisi de traiter exclusivement le problème des établissements humains à travers les villes précoloniales et l’habitat rural. Ce choix nous donnerait ainsi l’occasion d’inviter les architectes et les urbanistes en herbe, à puiser les sources de leur inspiration pour les futurs travaux dans les vestiges légués par nos ancêtres. Le cours sur les villes précoloniales a été pour nous une expérience pédagogique à la fois pénible et passionnante. Pénible parce que les informations sur la question, malgré leur abondance, sont d’abord rares à trouver au Togo et au Bénin ; ensuite, lorsqu’elles existent, elles sont si fragmentaires que leur exploitation requiert un travail exceptionnel. Passionnante, parce que le thème en tant que tel, l’est. Cette étude fut une révélation pour nous, parce que nous ne nous attendions pas à une telle ampleur du phénomène urbain avant la conquête européenne. Ainsi, nous nous sommes rendu à l’évidence que l’étude des villes précoloniales mérite plus d’intérêt scientifique. Sur des centaines de titres consacrés à ce sujet, rares sont ceux qui l’abordent de manière globale. Pour tous ceux qui ont trait à ce thème, les études monographiques et régionales ont été les plus abondantes ; cependant, elles n’ont pas la même valeur d’une région à une autre. Par exemple, les villes Yoruba et Haoussa bénéficient d’une impressionnante documentation. Mais lorsqu’on remonte plus loin dans le passé pour aborder les villes de l’époque ancienne et de l’ère médiévale, les infor-mations deviennent fragmentaires. Aussi, certaines villes comme celles fondées sur les axes caravaniers, au contact de la forêt et de la savane,
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LES VILLES PRÉCOLONIALES D’AFRIQUE NOIRE
sont-elles à peine étudiées, en dépit du rôle capital qu’elles ont joué en Afrique occidentale dans le processus d’intégration culturelle et régionale. Certes, Atebubu, Kintampo, Kong et Salaga ont fait l’objet de quelques travaux. Mais ils ont été entrepris de façon isolée, et aucun de ces travaux n’a tenté de présenter ces villes comme le maillon d’une même chaîne, liée par les mêmes dynamismes internes. Compte tenu de toutes ces remarques, nous avons choisi de publier ce travail sur les villes précoloniales comme un manuel de synthèse. Nous disons bien un manuel parce que nous ne défendons aucune thèse. Nous sommes volontairement restés au bilan descriptif. Il ne peut d’ailleurs en être autrement pour le moment compte tenu de notre expérience limitée en la matière, même en ce qui concerne les villes yoruba, thème sur lequel nous nous avons mené quelques recherches. A part ces villes Yoruba qui nous sont plus familières, nous avons participé à trois campagnes de fouilles archéologiques à Tegdaoust (site de l’ancien Awdaghost) avec l’équipe du professeur Jean Devisse lorsque nous étions étudiant à Dakar. Ainsi nous avons visité quelques sites de villes sahélo-sahariennes comme Togba, Walata, Chinguileti, etc. Nous connaissons aussi certaines villes-forts comme Ouidah, Kéta, Cape-Coast, Gorée, etc. Nous avons parcouru, par ailleurs Parakou, Nikki, Djougou, Bobo-Dioulasso, Salaga et Kong dans leur état actuel. C’est sur ces menues expériences et aussi sur un important travail de recherches bibliographiques effectué en Afrique, en France et aux États-Unis d’Amérique que nous nous sommes reposé pour rédiger ce manuel. Il est donc le fruit de ces expériences certes limitées mais enrichies et étayées par un long et rigoureux travail documentaire. Aussi la conception de l’ouvrage est-elle délibérément orientée sur la description de quelques aspects des villes précoloniales, afin qu’elle puisse susciter un intérêt auprès des architectes ou des urbanistes pour un éventuel travail de rénovation de ces sites qui constituent notre héritage historique. Ainsi la troisième partie traitant de la structure et de la morphologie des villes précoloniales insiste sur les palais, les marchés, les places publiques, la conception et la disposition des concessions. A côté de la morphologie, nous avons aussi mis un accent particulier sur les fonctions culturelles des villes traditionnelles. De ces fonctions, trois peuvent orienter et enrichir la réflexion sur la conception et la gestion des villes actuelles : l’art plastique, la littérature d’expression orale et l’intégration nationale. L’art plastique, par sa richesse et son originalité, est l’un des aspects de la culture africaine par lequel les Noirs contribuent à la civilisation universelle.
AVANT-PROPOS
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La littérature d’expression orale dont l’une des manifestations est la musique, qu’elle soit d’élite ou populaire, a été très privilégiée dans les villes précoloniales et même dans les villes occidentales qui inspirent les nôtres aujourd’hui. Ces dernières possèdent leurs opéras, leurs grandes salles de concerts, de type « Olympia » à Paris et « Universal » à Los Angeles. Le problème d’intégration nationale est celui qui préoccupe les jeunes États indépendants. Dans ce domaine, le rôle des villes est déterminant en tant que creuset. L’analyse que nous avons faite en prenant le monde yoruba comme modèle peut servir de plate-forme de réflexion et de discussion.
Ce travail est le fruit d’une série d’amitiés et de complicités. Il est rédigé en 1980. Malgré l’ancienneté du manuscrit, nous avons jugé utile de le reprendre pour publication en raison de son intérêt et de l’actualité des problèmes traités. Parmi les personnes qui ont joué un rôle déter-minant dans sa réalisation, nous nous faisons le devoir de mentionner : Gbenou Jacques, ancien directeur de la Société de Gestion immobilière du Bénin, pour avoir proposé notre candidature à l’École africaine et mauricienne d’architecture et d’urbanisme (EAMAU). C’est l’occasion de lui adresser tous nos remerciements et lui témoigner notre gratitude pour la confiance qu’il a manifestée à notre égard. Nous tenons également à remercier Messieurs Michel Gbeyéré Sopi et Badebana, alors respectivement directeur et directeur administratif de l’École, pour leur aimable invitation et tout le soutien qu’ils nous ont apporté durant nos différents séjours à Lomé. Nous n’oublierons pas les étudiants de la première, deuxième et troisième promotion de l’EAMAU pour l’intérêt particulier qu’ils ont manifesté à notre enseignement. Ce sont eux qui nous ont suggéré l’idée d’améliorer ce cours pour en faire un manuel. Nous espérons que cette étude ne trahira pas les différents débats que ce cours a suscités tout au long des années scolaires 1979-1980 et 1981. Enfin, nous adressons notre sincère gratitude à notre ancien secrétaire particulier, Monsieur Remy Ahouanmenou pour les soins particuliers qu’il a mis pour la dactylographie de notre manuscrit parfois difficile à déchiffrer. Dans la série, il faudrait également faire une mention spéciale à notre fils, Olufèmi Arnaud pour la reprise du manuscrit en vue de sa publi-cation, et à Alex Servais Afouda, chargé de recherche au Laboratoire d’analyse régionale et d’expertise sociale (LARES), qui a consacré une partie de son temps à la lecture des épreuves de cet ouvrage.
Cotonou, le 14 décembre 2004
Introduction
La tradition est profondément établie que le phénomène urbain en 1 Afrique noire procède essentiellement du fait colonial . Aussi vouloir parler de villes précoloniales devient-il une entreprise délicate, parce que tendant à lutter contre une vérité désormais acceptée par une grande majorité de personnes. La question fondamentale qu’il faudrait tout de même se poser est de savoir pourquoi la plupart des écrits sur les villes africaines nient aux Africains une tradition urbaine. La réponse à notre avis tient à deux constats. Premièrement, la mécon-naissance des faits historiques par ceux qui parlent du phénomène urbain en Afrique. Deuxièmement, le refus, quand même ils connaissent bien l’histoire, d’accorder le statut de villes aux agglomérations qui ont favo-risé la gestation culturelle, politique et économique des sociétés africaines avant leur prise en charge par la colonisation. Pourtant, à la lumière d’importants travaux menés par des historiens 2 avertis , l’Afrique précoloniale, du moins dans sa partie occidentale, a été plus riche en villes qu’actuellement en dépit du rôle joué par la colo-nisation dans le processus d’urbanisation. Par exemple, l’Empire du Mali
1.
2.
e Chabot G. et Beaujeu-Garnier J.,Traité de géographie de urbaine, Colin, 3 éd., 1963, p. 94. e Derruau M.,Précis de Géographie humaine, Colin, 4 éd., p. 508-516. George P.,Précis de Géographie humaine, PUF, 1961, etc. Mauny R.,Tableau géographique de l’Afrique de l’Ouest au Moyen Age, IFAN-DAKAR, 1961. Thomassey P., Note sur la géographie et l’habitat de la région de Kombi-Saleh, Bulletin de l’IFAN, 1951. Robert D. et Devisse J.,Tegdaoust I, recherche sur Aoudaghost, Arts et Métiers Graphiques, Paris, 1970. Monteil Ch., Une cité soudanaise : Djenné, métropole du Delta central, Soc. Edit. Géo. Marit., 1932. Cissoko S.M.,Tombouctou et l’Empire Songhay, Nouvelles Éditions Africaines, Dakar, 1975, etc.
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