Les mondes coloniaux à Paris au XVIIIe siècle Circulation et enchevêtrement des savoirs , livre ebook

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Publié par

Date de parution

01 janvier 2010

EAN13

9782811103804

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

2 Mo

Anjà Bàndàu, Màrcel Dorigny et Rebekkà von Màllinckrodt (Éd.)
Les mondes coloniàux e àPàris àuXVIIIsiècle Circulàtion et enchevêtrement des sàvoirs
KARTHALA
LES MONDES COLONIAUX e À PARIS AU XVIII SIÈCLE
Cet ouvrage est publié avec l’aide de la fondation Gerda Henkel, Düsseldorf (Allemagne)
KARTHALA: http://www.karthala.comsur Internet Paiement sécurisé
Couverture: «Au planteur», tableau sur céramique par Crommer, rue des Petits Carreaux, Paris (photo Jean-Luc Rioult)
©ÉDITIONSKARTHALA, 2010 ISBN : 978-2-8111-0380-4
Anja Bandau, Marcel Dorigny et Reekka v. Mallinckrodt (éd.)
Les mondescoloniaux e àParis auXVIIIsiècle Circulation et enchevêtrement des savoirs
ÉditionsKARTHALA 22-24, oulevard Arago 75013 Paris
Sommaire
MarcelDORIGNY: Avant-propos.......................................................................
AnjaBANDAU/ Rebekka v.MALLINCKRODT: IntrEntre Bicentenaires, 1989-2004oduction : ................
FrançoisREGOURD: Les lieux de savoir et d’expertise colonialeàParis e auXVIIIsièinstitutions et enjeux savantscle : .................
Pierre-YvesLACOUR: La place des colonies dans les collections d’histoire naturelle 1789-1804...........................................
BénédicteSAVOY: «Ojet d’oservation et d’intelligence». La pierre de Rosette entre Paris, Londres et le Caire 1799-1805...
Jean-LucCHAPPEY: Les enjeux d’une anthropologie dans l’ordre des savoirs autour de 1800. Retour sur la Société des Oservateurs de l’Homme..........................................
OttmarETTE: Paris/Berlin : Alexandre von Humoldt, la lierté du voyage et les perspectives d’un concept scientifique relationnel des TransArea Studies....................................
Hans-JürgenLÜSEBRINK: Encyclopédisme parisien et contre-discours non européens :l’Histoire des deux Indes et ses critiques américaines...............................................
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e LES MONDES COLONIAUX À PARIS AU XVIII SIÈCLE
ChristianeKÜCHLERWILLIAMS: Des esprits excités : la subversion des récits de voyage en écrits érotiques.............................................
GertrudLEHNERT: Des « robes à la turque » et autres orientalismes à la mode............................................................................
MarcelDORIGNY: Mirabeau et l’abolition de la traite des Noirs. Genèse d’un discoursnon prononcé.................................
NickNESBITT: Radicaliserlesradicaux:Saint-Domingueet le problème de l’esclavage dans la Révolution.................
Jeremy D.POPKIN: LacirculationdesnouvellesdeSaint-Domingue pendant la Révolution française.......................................
AnjaBANDAU: L’histoire des désastres de Saint-Domingue, ou comment écrire sur les évènements àSaint-DomingueentrelacolonieetParis......................
Les auteurs...............................................................................
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Avant-propos
Paris, chef-lieu de l’Univers ?
Marcel Dorigny
Au début de la Révolution française, Anacharsis Cloots, « baron en Prusse et sans-culotte à Paris», selon ses propres termes, avait lancé avec grand fracas le projet d’uneRépublique universelle du genre humain, dont Paris serait tout naturellement le chef-lieu, le centre tout désigné du monde en train de se construire : « Nous recevons chaque jour sur la Seine qui coule dans le centre des climats, à égale distance du Pôle et de la Ligne, nous recevons, dis-je, des courriers et desavisode Rome et de Dublin, de Lisbonne et de Pétersbourg, de Boston et de Batavia[…] Nous voyons à Paris plaider la cause d’un Persan, d’un Indien, d’un Chinois, d’un Péruvien, d’un Turc, d’un Cafre, d’un Arménien. On y discute les intérêts d’un habi-1 tant des Antipodes…». Paris est alors le «Vatican de la Raison». Vingt années plus tard, à l’apogée de la puissance napoléonienne, le même rêve demeurait bien vivant et Napoléon voulait faire de Paris, centre de l’Empire, laNouvelle Athènes, ou laNouvelle Rome, la ville oùl’univers entier se croiserait pour forger la puissance de la civilisation européenne alors portée à son sommet par la Révolution française et son 2 aboutissement impérial . Selon l’Empereur, alors cloué sur le rocher de
1. Jean-Baptiste, dit Anacharsis, Cloots,Bases constitutionnelles de la République universelle du genre humain, 18 février 1793, dans Anarchis Cloots,901779-14ovéritulannoseriritsÉc,Éditions Champs Libre, Paris, 1979. 2. Sur cet aspect de la politique napoléonienne, voir Jean-Claude Bonnet (dir.),L’Empire des Muses, Napoléon, les Arts et les Lettres, Paris,Éditions Belin, 2004, 487 p. (voir en particulier la troisième partie,La Nouvelle Rome.
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MARCEL DORIGNY
Sainte-Hélène,silerêvenesestpastotalement réalisé, ce fut faute de temps :«Si le ciel m’eût accordéquelques années, assurément j’aurais 3 fait de Paris la capitale de l’univers…» Le propos de l’ouvrage collectif publié ici n’est certes pas de débattre du bien fondé de cette prétention – portée par deux personnages aussi différents que Cloots et Napoléon – de faire de Paris la capitale du monde, mais de mettre en évidence une convergence de pratiques cultu-relles, scientifiques, littéraires, politiques – et bien évidement économi-ques – qui firent de Paris un des lieux-clés où pouvait se lire au grand jour le résultat tangible de la domination de l’Europe sur les autres parties du monde. Le fait colonial, entre les années 1760 et les années 1830, s’exposait et se discutait principalement à Paris. Le temps des philosophes puis celui de la Révolution furent ainsi le moment où la capitale française vit converger vers elle de multiples signes tangibles venus des mondes coloniaux ; elle fut alors une sorte de chambre d’écho des controverses savantes, des intenses débats sur la légitimité de la traite négrière et de l’esclavage colonial, débats portés à leur paroxysme avec la Révolution de Saint-Domingue, l’abolition révolutionnaire de l’esclavage et, plus e encore, la naissance d’Haïti au tout début duXIXsiècle ; les modes coloniales, tout comme la constitution des premières grandes collections botaniques et zoologiques et les échos des découvertes archéologiques égyptiennes, mirent le public au contact de ces mondes lointains connus jusqu’alors à travers des récits de voyages plus ou moins authentiques. La multiplicité des modalités de la présence des mondes coloniaux dans le Paris de ces décennies n’a pu manquer de provoquer des influences croisées entre cultures européennes des Lumières et apports venus des horizons les plus divers. L’interférence entre les regards des Européens qui témoignent à leur retour de leurs lointaines expériences – tout comme ceux des « colonisés»présents à Paris – a incontestablement été un ferment actif de l’émergence d’une nouvelle vision du monde chez les Français les plus ouverts aux « bruits du monde»qui venaient jusqu’à eux. Le cosmopolitisme encore largement livresque et théorique des Lumières est dès lors confronté aux intrusions multiples des modes, des sciences et des arts venus de cet ailleurs colonial qui peut parfois se lire jusque dans les rues de Paris. Mais, si Paris fut bien le creuset où les « sciences coloniales»venaient se mêler et s’entrecroiser, il y eut aussi rivalités et complémentarités entre les grandes métropoles européennes, à un moment historique où bien peu remettaient en cause la supériorité de l’Europe sur les autres continents. L’eurocentrisme, légitimement rejeté aujourd’hui, ne faisait
3.Le Mémorial de Sainte Hélène, Paris, Gallimard, collection La Pléiade, 1956, t.1, p. 403.
AVANT-PROPOS
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guère débat en dehors de quelques esprits critiquescomme le fit Diderot dans des textes devenus fameux ; dans ce contexte, l’afflux à Paris des produits coloniaux, des plantes exotiques, des échantillons et des spéci-mens les plus étonnants aux yeux des Européens ne pouvait que confor-ter cette vision d’une capitale française érigée en « centre du monde»et surtout en foyer de diffusion des Lumières occidentales sur le reste de la planète. L’enchevêtrement des réseaux coloniaux semblait converger vers Paris, pour repartir vers les horizons nouveaux de l’expansion euro-péenne qui n’en était qu’à ses prémices en cette période charnière entre le siècle des Lumières et des Révolutions et celui de la révolution indus-trielle et des dernières conquêtes coloniales.
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