162
pages
Français
Ebooks
2014
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Publié par
Date de parution
29 octobre 2014
Nombre de lectures
6
EAN13
9782764427385
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
3 Mo
Publié par
Date de parution
29 octobre 2014
Nombre de lectures
6
EAN13
9782764427385
Langue
Français
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3 Mo
Du même auteur
La Saga Alford, Tome 1 – Le Déserteur , Éditions Québec Amérique, 2013.
La Saga Alford, Tome 2 – Le Défricheur , Éditions Québec Amérique, 2013.
La Vengeance des Dieux , Art Global Publishers, 1999.
Titres parus en langue anglaise :
Alford Saga
The Deserter, Book One , McArthur and Company, 2010.
The Survivor, Book Two , McArthur and Company, 2011.
The Pioneer, Book Three , McArthur and Company, 2011.
The Pilgrim, Book Four , McArthur and Company, 2012.
The Chaplain, Book Five , Createspace, 2013.
The Gunner, Book Six , Red Deer Press, 2014.
High Hopes : Coming of Age at Mid-Century (co-authored by Michael Ballantyne), ECW Press, 1999.
Projet dirigé par Myriam Caron Belzile
Traduction : Danielle E. Cyr
Conception graphique : Sara Tétreault
Mise en pages : Andréa Joseph [pagexpress@videotron.ca]
Révision linguistique : Isabelle Pauzé et Chantale Landry
Illustration en couverture et carte à l’intérieur : Anouk Noël
Carte en couverture : M13999.1 | Impression | Carte de la ville de Montréal montrant le pont Victoria © Musée McCord
Québec Amérique
329, rue de la Commune Ouest, 3 e étage
Montréal (Québec) Canada H2Y 2E1
Téléphone : 514 499-3000, télécopieur : 514 499-3010
Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada pour nos activités d’édition.
Nous remercions le Conseil des arts du Canada de son soutien. L’an dernier, le Conseil a investi 157 millions de dollars pour mettre de l’art dans la vie des Canadiennes et des Canadiens de tout le pays.
Nous tenons également à remercier la SODEC pour son appui financier. G ou vernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – Gestion SODEC.
Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Programme national de traduction pour l’édition du livre, une initiative de la Feuille de route pour les langues officielles du Canada 2013-2018 : éducation, immigration, communautés , pour nos activités de traduction.
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nation ales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Almond, Paul
[Pioneer. Français]
Les bâtisseurs
(Saga Alford ; t. 3)
(Tous continents)
Traduction de : The pioneer.
ISBN 978-2-7644-2515-2 (Version imprimée)
ISBN 978-2-7644-2737-8 (PDF)
ISBN 978-2-7644-2738-5 (ePub)
I. Cyr, Danielle E. II. Titre. III. Titre : Pioneer. Français. IV. Collection : Almond, Paul. Saga Alford ; t. 3. V. Collection : Tous continents.
PS8601. L56P5614 2014 C813’. 6 C2014-941802-7
PS9601. L56P5614 2014
Dépôt légal : 4 e trimestre 201 4
Bibliothèque nationale du Québec
Bibliothèque nationale du Canada
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés
© Éditions Québec Amérique inc ., 201 4.
quebec-amerique.com
Titre original : The Pioneer © Paul Almond , 2011.
Paul Almond
Traduction de Danielle E. Cyr
Saga Alford – Tome 3
À Joan, comme toujours
Chapitre 1
1853
J ames Alford recula sa chaise pour mieux observer son épouse. Catherine, debout près de l’âtre, versait une tasse de thé à sa mère, maintenant octogénaire. Leurs yeux se croisèrent un instant. James devinait le souci dans le regard las de sa femme : ses yeux et son visage tant aimés, marqués par le froid des longs hivers et les étés de dur labeur, étaient ravagés d’inquiétude.
Il ne faut pas s’en faire, dit-il pour la rassurer, Jim a juste décidé de travailler plus tard, c’est tout.
Mais ses mots sonnaient creux. Le benjamin de leurs enfants et seul héritier manquait à l’appel. James marqua une pause, puis se leva.
Je vais aller jeter un coup d’œil.
Catherine acquiesça :
Bonne idée.
Malgré ses cheveux devenus d’un blanc de neige, elle paraissait encore aussi solide que le roc. Elle déposa la tasse de thé près de sa mère, qui était, comme à son habitude, assise droite comme un « i » dans sa chaise.
Tout va bien aller, insista James.
Il enfila son manteau d’étoffe épaisse, coiffa son large chapeau et sortit par la porte de derrière.
Jim a jamais manqué un souper, lui lança Catherine à travers la porte.
Puis, elle s’affaira à débarrasser la longue table de pin qui trônait devant l’âtre au centre de la pièce.
Le vieil homme, à la haute stature un peu efflanquée par l’âge, s’élança d’un pas rapide sur le sentier des vaches menant en haut de la colline, la moustache en bataille. Il avançait à longues enjambées, ne jetant qu’un rapide coup d’œil à la ferme qu’il avait, au cours des années et au prix d’un dur labeur, arrachée à l’épaisse forêt. Sa maison, avec ses murs impeccablement blanchis à la chaux, son toit goudronné et sa cuisine d’été construite quelques années auparavant, avait fière allure. Il avait donné la terre adjacente en cadeau de mariage à sa fille aînée, Mariah, lorsqu’elle avait épousé Thomas Byers ; au-delà de la ferme du couple se trouvait celle de John, l’aîné de ses trois fils, avec sa maison et sa grange. Malheureusement, le jeune homme les avait quittés depuis dix ans déjà, emporté avant la trentaine par une diphtérie. Au bas de la falaise, la baie des Chaleurs scintillait encore sous les feux du soleil couchant.
James franchit le sommet de la colline et s’engagea sur la plaine plus au nord. Ses longues foulées ne trahissaient rien de son âge : soixante-dix ans passés, une longue vie pour un Gaspésien sur une péninsule battue par les tempêtes du golfe du Saint-Laurent. Le cœur serré, il traversa un premier champ, défriché plu s de trente ans auparavant, lorsqu’il avait obtenu la concession officielle de sa terre, en 1819.
Le splish-splash de l’énorme roue à aubes résonnait dans le Vallon. Heureusement, on avait enfin mis à profit l’énergie du ruisseau ! Quatre ans plus tôt, Harvey Manderson avait acheté de James la terre bordant le ruisseau du côté est et y avait construit un moulin à farine. Une vraie bénédiction pour Catherine et les autres femmes de cette communauté qui allait en grandissant. Lorsque James était arrivé sur les lieux, il y avait de cela environ quarante ans, seuls les Mi’gmaqs connaissaient l’existence du ruisseau. Ils l’avaient nommé Shegouac, ce qui signifiait « endroit vide », probablement parce que les saumons ne fréquentaient pas le torrent. James, au contraire, y avait vu une source d’eau potable pour les humains et le bétail, ainsi qu’un endroit propice à la construction éventuelle d’un moulin. C’est ce qui l’avait décidé à s’installer à ses abords.
Les ornières creusées par les charrettes à bœufs ralentissaient sa marche. Bientôt, les tempêtes de neige confineraient humains et animaux à l’intérieur des habitations et des granges durant des mois. Une autre année tirait à sa fin. Fallait-il qu’elle se termine par un nouveau désastre ? James s’efforça de chasser les images qui l’assaillaient : une blessure de hache d’où jaillissait le sang, le corps de Jim écrasé sous un tronc d’arbre… Non ! Rien de la sorte ne pouvait être arrivé à son benjamin – il ne faisait sans doute que s’attarder à sa besogne, souhaitant tout simplement terminer de défricher un nouveau pâturage.
Jim hériterait de la ferme ; il n’y avait aucun doute à cet égard. James l’avait d’abord destinée à son aîné, John. Mais un jour, il y avait de cela dix ans, John s’était plaint d’un mal de gorge. Cela n’avait pas paru inquiétant de prime abord : marié et père de trois enfants, il n’avait pas encore trente ans et il resplendissait de santé. Ce même jour, il avait aidé son père à finir de rentrer les dernières balles d’avoine. Pourtant, Catherine s’était méfiée dès l’apparition des symptômes fatidiques. La fiè vre s’était en effet mise à monter et John avait eu des difficultés de plus en plus grandes à avaler. Il était vite devenu clair pour son entourage qu’on faisait face à un cas de diphtérie, cette terrible maladie qu’on appelait « le baiser de la mort » pour éviter de la nommer par son nom.
Sans doute à cause du sang mi’gmaq hérité de sa mère, Magwès, la première épouse de James, John n’avait pas développé de résistance aux maladies des colons Blancs. Catherine était demeurée à son chevet nuit et jour. James n’avait fait que tourner en rond dans la grande cuisine. Et il s’était ensuite mis à prier. Peu importe où il se trouvait et ce qu’il avait à faire, il avait prié sans arrêt : dans la grange, au bord de la falaise et dans le champ qu’il devait labourer. Il priait à voix haute, mais aussi en silence, partout et sans cesse. John avait éprouvé de plus en plus de difficulté à déglutir, jusqu’au matin, où il s’était mis à râler : « J’étouffe ! Seigneur, aidez-moi ! Je peux plus respirer. » La mort l’avait emporté presque aussitôt et John avait été enterré à Paspébiac, où se trouvait le cimetière le plus proche. On avait marqué sa tombe d’une simple croix de bois qui, au bout de dix ans, avait déjà commencé à se désagréger sous ce climat sauvage.
Tous les autres enfants de James étaient mariés et dispersés le long de la côte, sur des fermes dont ils étaient propriétaires, sauf Hannah, la plus jeune des filles, et Jim, le benjamin. Ce dernier, maintenant âgé de dix-neuf ans, restait le seul à pouvoir hériter du vieux Homestead , en assurant ainsi la pérennité.
Et voilà que, fait exceptionnel, le jeune homme manquait à l’appel pour souper. Allait-il lui aussi être emporté par la Grande Faucheuse, qui frappait au hasard, coupant indifféremment le fil des vies de nouveau-nés, de vieillards ou, pire encore, de jeunes hommes dans la fleur de l’âge ? À cette idée, James fut secoué d’un frisson et pressa le pas.
Un cri lui fit lever les yeux. En haut de