La longue guerre des nègres marrons de Cuba (1796-1852) , livre ebook

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Date de parution

01 janvier 2009

EAN13

9782811102319

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

3 Mo

Alain Yacou
La longue guerre des nègres marrons de Cuba (1796-1852)
CERC - KARTHALA
LA LONGUE GUERRE DES NÈGRES MARRONS À CUBA (1796-1851)
KARTHALAsur Internet : http://www.karthala.com Paiement sécurisé
e Couverture : Gravure duXIXsiècle (collection privée). ¤CERC et Éditions KARTHALA, 2009 ISBN : 978-2-8111-0231-9
Alain Yacou
La longue guerre des nègres marrons à Cuba
(1796-1851)
ÉditionsKARTHALA 22-24, bd Arago 75013 Paris
CERC Université Antilles Guyane
A la mémoire de
José Luciano Franco Julio le Riverend  Noël Salomon
Avant-propos
 Le terme de « contre-plantation » a été inventé avec infiniment de raison par le sociologue Jean Casimir pour désigner le refuge invétéré 1 des nègres marrons . Sans se substituer en rien au terme convenu de « palenque » en espagnol (ou encore « quilombo » au Brésil), havre de liberté, s’il en fut, il vient offrir un substantif plein de sens à ce que les sociologues et les anthropologues ont appelé la « société 2 marronne » ou encore « l’ethnicité marronne » . L’autre avantage du terme est de montrer que l’ « insurgence » nègre – celle des esclaves ruraux, plus particulièrement – a pris deux directions distinctes, voire opposées : la destruction des habitations par le choix des armes ou la construction d’un espace distinctsui generispar le recours à la fuite en bande confinant à une colonisation – officieuse – des terres vierges parallèle à l’occupation – officielle – du foncier née du « système des plantations ». Empressons-nous de remarquer à cet endroit que le phénomène de la fuite des captifs dans les bois, quoique comptable de l’érosion constante du capital en esclaves des habitations sucrières et caféières, plus particulièrement, constitue un élément du discours partagé, « une invitation au dialogue » entre maîtres et esclaves, pour 3 reprendre l’assertion de Martin Lienhard .
1 Jean Casimir, « Estudio de caso, respuestas a los problemas de la esclavitud y de la colonización de Haíti » inAfrica en América Latina. Mexico, Siglo XXI 1977, p. 398. 2 Barbara Kopytoff, « Le développement de l’identité ethnique chez les marrons de la Jamaïque »inMintz Ed., Sydney Esclave=facteur de production, Paris, Bordas 1981, p. 119. 3 Martin Lienhard,Le discours des esclaves de l’Afrique à l’Amérique, Paris, L’Harmattan 2001, p.102.
LA LONGUE GUERRE DES NEGRES MARRONS DE CUBA 8 Force est de constater, partant, qu’à l’altérité radicale qui distingue la démarche du marronnage, s’oppose en son sein, le cas échéant, tout un processus d’ajustement au système des plantations – en somme une tactique toute d’à-propos dans une stratégie de rupture foncière… Bref, comme l’a bien montré Josette Fallope, « le marron 4 devient un élement intégré dans la dynamique sociale » . Allant encore plus loin dans la prospective des sociétés marronnes et l’intellection de leur projet, nous emprunterons d’abord la voie tracée par Fernando Ortiz pour qui les sociétés de marrons ont été un des lieux de manifestation du phénomène qu’il a appelé « neo-culturación », à savoir la création culturelle nouvelle des nègres dans leur parcours d’adaptation dans le Nouveau-Monde.
*  * *
 Loin de nous l’idée de considérer pour autant le grand marronnage – celui des « palenques » – comme un phénomène qui, somme toute, aurait été sans répercussions sur le devenir de la grande île de Cuba, lors même que, pour la période qui nous occupe, sa croissance était liée au développement de l’économie de plantation dans une période que l’historiographie unanime a appelée l’ère des révolutions.
4 Josette Fallope,Esclaves et citoyens, les noirs à la Guadeloupe au XIX° siècle, Pointe-à-Pitre, Société d’histoire de la Guadeloupe 1992, p.215.
Introduction générale
La révolution française n’a fait tout au plus  que légitimer le grand marronnage qui dure ème depuis le XVI siècle dans les Amériques.
Alejo Carpentier, e si L ècle des Lumières Il convient à notre propos de rappeler pour commencer que, lorsque la nouvelle de la fameuse révolte dite de Boukman qui, dans la nuit du 22 août 1791, marquait le début de l’incendie de la colonie française de Saint-Domingue, parvint à Madrid où se trouvait le fondé de pouvoir de la Municipalité de La Havane, Francisco de Arango y Parreño – l’oracle de la plantocratie cubaine –, ce dernier crut non sans raison que l’heure de la félicité des siens avait sonné. Lecteur averti de la célèbreHistoire Philosophique et Politique des Etablissements et du Commerce des Européens dans les deux Mondes, il n’avait pas été sans remarquer la surprenante prédiction de l’abbé Raynal sur le destin de l’île de Cuba « dont la fertilité incroyable de ses terres neuves la mettrait en état de supplanter toutes les nations qui l’ont devancée dans la culture de la canne à sucre… ».
Dès lors, il va tout mettre en œuvre, dans un remarquable plaidoyer pro domo,Le Discours sur l’agriculture de La Havane et les moyens de l’encourager, (1792) pour proroger à l’infini les franchises de libre commerce des esclaves accordées à l’île de Cuba en 1789 et y développer le système de plantations par un renforcement conséquent 1 du régime esclavagiste .
1 Francisco de Arango y Parreño, « Discurso sobre la agricultura de La Habana y medios de fomentarla », in Hortensia Pichardo,Documentos para la historia de Cuba,La Habana, Editorial de Ciencias Cubanas 1971, p.162-197.
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