La construction du discours colonial L’empire français aux XIXe et XXe siècles , livre ebook

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Publié par

Date de parution

01 janvier 2009

EAN13

9782811100926

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

2 Mo

SOUS LA DIRECTION DE Oissila Saaïdia et Laurick Zerbini
La construction du discours colonial e e L’empire français auxXIXetXXsiècles
KARTHALA
LA CONSTRUCTION
DU DISCOURS COLONIAL
KARTHALAsur internetf: http://www.karthala.com
e Couverture : Masque Baoulé, Côte d’Ivoire, dernier quart duXXsiècle, bois, peinture, L. 80 cm, collection privée.
© Éditions Karthala, 2009 ISBN : 978-2-8111-0092-6
SOUS LA DIRECTION DE Oissila Saaïdia et Laurick Zerbini
La construction du discours colonial
e e L’empire français auxXIXetXXsiècles
Éditions Karthala 22-24, boulevard Arago 75013 Paris
Cette publication est réalisée avec le concours de l’IUFM d’Alsace, de l’Université Jean Moulin Lyon 3, du Conseil Régional de Rhône-Alpes et de l’UMR 5190 LARHRA-Équipe RESEA
Remerciements
Nous tenons à remercier Bernard Hours, Responsable de l’équipe RESEA du LARHRA/UMR pour avoir été le premier à soutenir notre projet, Ber-nard Botiveau, IREMAM/MMSH Aix-en-Provence, Bertrand Clavez, Université Lumière Lyon 2, Danielle Maurice, EHESS-CEA, pour leurs relectures, leurs conseils avisés, leurs regards critiques et leurs grandes disponibilités.
Nous exprimons également toute notre gratitude et notre reconnais-sance à Guy Tosatto, directeur du Musée de Grenoble, Danielle Bal, con-servatrice au Musée de Grenoble, Michèle Dunand, directrice du Muséum d’histoire naturelle de la Rochelle et Élise Patole-Edoumba, assistante du conservateur au Muséum d’histoire naturelle de La Rochelle.
Introduction
Oissila SAAÏDIA
Histoire coloniale, histoire de la colonisation, histoire du fait colonial, autant d’expressions pour désigner tout un pan d’une histoire plurielle, complexe et évolutive tant dans sa perception que dans son écriture. C’est de cette diversité que le livre entend rendre compte selon un segment spécifique qui est celui de l’historiographie et en croisant deux disciplines que sont l’histoire de l’art et l’histoire. Le propos vise à retracer l’évolu-tion de la production scientifique sur ces questions jusqu’à nos jours, à s’interroger sur les concepts hérités de problématiques dépassées et à ouvrir ainsi les perspectives vers de nouvelles pistes de recherche. L’ap-proche privilégiée, plus globale que locale, ne consiste pas tant à présenter des études de cas qu’à réfléchir sur des notions évolutives dans le temps et l’espace, puis de tenter un bilan de la recherche aujourd’hui. Il n’est donc pas question de dresser un catalogue exhaustif des productions, mais d’une part, de tenter de repérer les travaux représentatifs et, d’autre part, de livrer une réflexion sur ces discours ; en d’autres termes, en proposer une approche problématisée. e e Le cadre chronologique retenu est celui desXIXetXXsiècles – soit la seconde grande vague de l’expansion coloniale – du point de vue de la production des discours. Ainsi, la chronologie des faits rapportés peut être e antérieure auXIX, comme par exemple, la thématique de l’art dogon ou de l’art khmer. Le choix de s’intéresser aux discours sur l’art atteste de la pluralité des entrées pour aborder la colonisation. De plus, les arts restent un des lieux privilégiés où peut s’observer la réception et la production des discours car, si la dimension artistique peut sembler,a priori, neutre, elle n’est que le reflet, elle aussi, de constructions mentales. Par ailleurs, la question coloniale renvoie à des enjeux qui ne sont pas uniquement internes à la communauté des historiens de l’art et des histo-riens, mais bien à l’ensemble de la société avec un historien qui se retrouve dans une fonction sociale qui reste à affirmer. En effet, le fait colonial a fait l’objet de débats qui loin d’être terminés se réactivent selon des moda-lités complexes. Jamais le hiatus n’a semblé aussi grand entre la demande de mémoire et l’offre d’histoire. En revanche, dans la communauté scien-tifique, le consensus sur les méthodes et les finalités du travail est acquis. Mais les historiens ne sont pas les seuls, et ne l’ont jamais été, à proposer
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LA CONSTRUCTION DU DISCOURS COLONIAL
des discours sur la colonisation. C’est pourquoi cette introduction se pro-pose de présenter les grandes lignes de l’évolution du discours colonial pour, dans un second temps, interroger, selon plusieurs thématiques, les différentes zones de l’empire.
Rétrospective historique
On peut,grosso modo, déceler trois grandes phases dans la construction e des discours. DuXIXsiècle jusqu’aux années 1950, la colonisation, tant au sein de la population que dans l’écrasante majorité des discours, apparaît comme une évidence. On assiste ensuite à la mise en place de discours qui oscillent entre le procès d’intention et la volonté d’investir de nouvelles pistes de travail ce jusqu’au début des années 1980. Depuis, un certain tournant est décelable dans bien des travaux dont la scientificité reste le dénominateur commun.
La colonisation
: une évidence
Dans un contexte d’européocentrisme triomphant, l’Europe part à la conquête du monde. Pour la France, le discours colonial ne se structure formellement qu’après la perte des provinces de l’Est alors que la produc-tion issue du terrain s’est déjà constituée. Les raisons invoquées pour justi-fier les conquêtes outre-mer sont multiples et variées. Arguments écono-miques, politiques ou culturels : tout est propice à légitimer l’expansion coloniale. Certes, les motivations coloniales n’ont pas conquis l’ensemble de la population à la veille de la Première Guerre mondiale. Extrêmes droites comme extrêmes gauches sont hostiles à l’aventure coloniale pour des motifs très différents. Les premiers redoutent une diversion qui fasse perdre de vue la ligne bleue des Vosges, tandis que les seconds n’y voient qu’une manifestation du capitalisme. La situation change à l’issue du premier conflit mondial dans la mesure où le débat se déplace. La question n’est plus de savoir si la colonisation est un bien, mais de savoir comment la mener. Des divergences apparais-sent sur les modalités de sa mise en application. Pourtant, les anticolonia-listes apparaissent alors, à plus d’un titre, comme marginaux au sein d’une opinion publique gagnée dans son ensemble à la cause coloniale (cf. le grand succès rencontré par l’Exposition coloniale de 1931 et l’échec de la contre exposition). Dans cette période quels sont les discours sur la colonisation ? Un pre-mier constat s’impose : si la documentation écrite est importante, la part qui incombe aux historiens et aux historiens de l’art « professionnels » – dans le sens où ils se réfèrent aux méthodes scientifiques en vigueur dans
e e L’EMPIRE FRANÇAIS AU XIX ET XX SIÈCLES
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leurs disciplines – est moindre. Certes, il est toujours possible de se référer à l’incontournableHistoire des colonies françaises et de l’expansion de la France dans le mondeen six volumes (1929-1933) de Gabriel Hanotaux et d’Alfred Martineau qui devient pour un peu plus d’un demi-siècle la réfé-rence en matière d’histoire coloniale. Cependant, si les exceptions existent et conduisent à nuancer le propos, dans leur écrasante majorité les univer-sitaires métropolitains ont peu contribué à l’édification de cette histoire de la colonisation. En effet, les auteurs de l’importante production coloniale se comptent surtout dans les rangs des hommes de terrain (diplomates, administrateurs coloniaux, militaires, religieux etc.). Quant à leurs produc-tions, elles s’apparentent davantage à l’ethnographie et à l’ethnologie qu’à l’histoire dont ils n’utilisent pas les méthodes. Les discours, dans leur majorité, livrent une véritable apologie non pas tant du système que des résultats « bénéfiques » obtenus par la colonisation. La littérature coloniale ne manque pas de souligner l’importance des progrès dans beaucoup de domaines : technique, médical, éducatif etc. Le mythe du fardeau de l’homme blanc, constitué à la fin du siècle, ne cesse de s’étoffer : la mission civili-satrice est loin de n’être que pur cynisme. La conscience est vive, chez certains, de contribuer à conduire ces populations vers un mieux être. C’est pourquoi, afin de ne pas verser dans l’anachronisme et le procès d’inten-tion, il n’est pas question de dresser d’acte d’accusation de la production coloniale, mais d’en établir les grandes lignes. Certes, elle était idéolo-gique sans en avoir conscience, partiale et incomplète. En effet, elle privi-légiait le temps de la conquête, les faits d’armes, l’histoire diplomatique en Europe autour des questions de l’expansion coloniale et, bien évidemment, « l’œuvre civilisatrice ». La fin de la seconde guerre mondiale semble sonner le glas du « bon temps des colonies ». Avec l’ère des décolonisations, la pluralité des dis-cours, qui a toujours existé, se déplace cette fois au profit des pourfendeurs de la colonisation. Dès les années 1950, le succès de l’anticolonialisme s’affirme dans les milieux académiques, faisant ainsi écho aux positions prises, entre autres, par Charles-André Julien au lendemain du second conflit mondial.
Entre mauvaise conscience et critique
Dans le cas français, le choc de la guerre d’Algérie y est pour beau-coup. Dans les années 1960, l’histoire anti-coloniale se constitue et parti-cipe du discours tiers-mondiste qui se développe. Un discours profondé-ment marqué par la pensée marxiste livre une autre lecture de l’histoire de la colonisation et pose la question du retard économique des pays du Sud. L’une des explications majeures avancées puise ses sources dans le système colonial qui, en appauvrissant les pays colonisés, serait à l’origine de la richesse des pays du Nord. La période est à la dénonciation et aumea culpaqui en découle. Il serait d’ailleurs intéressant de faire le parallèle
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