L’Éthiopie contemporaine , livre ebook

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Date de parution

01 janvier 2007

Nombre de lectures

0

EAN13

9782845867369

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

4 Mo

SOUS LA DIRECTION DE Gérard Prunier
L’Éthiopie contemporaine
CFEE - KARTHALA
L’ÉTHIOPIE CONTEMPOR AINE
Cet ouvrage est publié avec le concours du Service d’action culturelle et de coopération de l’Ambassade de France en Éthiopie et du Centre français des études éthiopiennes.
KARTHALAsur Internet : http://www.karthala.com Paiement sécurisé
Couverture:Peinture d’Anteneh « Goodbye Socialism » (1992) montrant le démontage de la statue de Lénine lors de la chute du régime pro-soviétique du Derg.
© Éditions KARTHALA, 2007 ISBN : 978-2-84586-736-9
SOUS LA DIRECTION DE Gérard Prunier
L’Éthiopie contemporaine
CFEE PO Box 5554 Addis-Abeba
K ARTH AL A 22-24, bd Arago 75013 Paris
Le Centre français des études éthiopiennes est un institut de recherche du ministère français des Affaires étrangères. Établi à Addis-Abeba, sa vocation est de coordonner les recherches françaises et éthiopiennes sur l’Éthiopie et la Corne de l’Afrique dans tous les domaines scientifiques relatifs aux sociétés passées ou présentes. Le Centre français des études éthiopiennes soutient la publication d’ouvrages spécialisés ou de référence et publie la revueLes Annales d’Éthiopie.
Centre français des études éthiopiennes PO Box 5554, Addis-Abeba Éthiopie
Email : cfee@ethionet.et
Introduction
Il en est de certains pays comme de certains personnages historiques, il est difficile de les regarder de front et sans idées préconçues car leur projection mythique a tendance à voiler leur réalité. Tout comme Israël ou le Tibet, l’Éthiopie est un mythe avant d’être une réalité. Beaucoup de gens qui auraient du mal à placer l’Éthiopie sur un planisphère muet ont néanmoins entendu parler des amours bibliques de Salomon et de la Reine de Saba, d’Hailé Sélassié, le petit empereur poids plume qui boxait dans la catégorie des plus grands de ce monde et dont lesRastafariensont fait un Dieu et à l’époque moderne, plus tragiquement, des terribles famines pour lesquelles « Éthiopie » est devenu un synonyme. Trois mille ans d’histoire. L’Arche d’Alliance. Les origines de l’humanité. Treize mois de soleil (slogan inventé par quelqu’un qui n’a jamais passé une sai-son dekeremtà regarder la pluie tomber sans arrêt pendant quatre mois !). Un pays à la dignité biblique mais qui croule sous la misère. Le problème de tous ces clichés c’est la part de vérité qu’ils renfer-ment (sinon ils ne seraient pas devenus des clichés) et la part de vérité qu’ils occultent. Dans le cas de l’Éthiopie les deux sont inextricablement mêlés. Les éthiopianistes, gent extrêmement susceptible et qu’il ne faut en aucun cas confondre avec les africanistes, sont en général profondé-ment irrités par les clichés. Ils ont tort car ils en vivent. A une époque où les travaux de recherche en Afrique ne portent plus guère que sur la pau-vreté, les conflits, le SIDA et les Mutilations Génitales Féminines, l’Éthiopie a conservé un dernier carré d’amoureux dévoués, de savants désintéressés, d’érudits aux connaissances encyclopédiques qui se réunis-sent tous les trois ans pour concélébrer leur foi. La dernière Conférence Internationale d’Études Éthiopiennes qui s’est tenue à Hambourg en juillet 2003 a regroupé près d’un millier de spécialistes de toutes les dis-ciplines venus du monde entier pour communier dans l’objet de leur fas-cination. Et lors de cette conférence le Professeur Siegbert Uhlig a pré-senté le premier volume de ce qui sera un opus magnum, l’Encyclopedia Æthiopica, gigantesque compendium en sept ou huit volumes qui couvrira
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L’ÉTHIOPIE
CONTEMPORAINE
dans le courant des prochaines années la totalité de ce que l’on peut savoir sur l’Éthiopie, ses langues, ses ethnies, ses mythes, sa géographie, ses personnages historiques, ses religions. Quel pays pourrait aujourd’hui se targuer de susciter un tel enthousiasme érudit ? Ceci dit c’est ce succès même qui ouvre un problème ; entre d’une part les guides touristiques qui présentent des prêtres pittoresques dansant à Lalibela, des femmes à plateaux Mursi et le rituel de la nourriture des hyènes aux portes de Harar et d’autre part l’énorme érudition de l’Encyclopedia Æthiopica, où se trouve l’Éthiopie d’aujourd’hui ? On ne saurait vraiment résumer la France contemporaine en juxtaposant l’Encyclopédie de Diderot et D’Alembert au Guide Michelin. Or c’est un peu ce qui se passe dans le cas de l’Éthiopie. Il manque souvent des pas-serelles entre des ouvrages à vocation touristique et un énorme corpus de recherches érudites qui peut décourager le néophyte. C’est dans cet esprit que le présent ouvrage a été conçu avec ses dix-neuf chapitres écrits par vingt auteurs tant éthiopiens qu’étrangers (il y a des chapitres à auteurs multiples et certains auteurs ont écrit plusieurs chapitres). Nous avons pensé qu’il y avait place pour un ouvrage plus modeste qui essaierait de faire comprendre le pays concret qu’est l’Éthiopie d’aujourd’hui, au-delà du pittoresque et en deçà du mythe. Destiné au voyageur cultivé, à l’étu-diant, au diplomate arrivant en poste, au journaliste que le tourbillon de l’actualité renvoie soudain avec une pointe d’angoisse à un passé dont il ignore souvent presque tout, ce livre a pour ambition de présenter un tour d’horizon global de l’Éthiopie contemporaine. C’est pourquoi nous avons délibérément choisi de ne pas remonter historiquement avant 1855, date de naissance de l’Éthiopie moderne, tout en donnant cependant dans la bibliographie à la fin de l’ouvrage des pistes à ceux que le passé plus lointain intéresserait. Les villes, les populations, l’économie, le problème de la sécurité alimentaire, la révolution, le déchirant problème érythréen et aussi ces éléments beaucoup plus anciens mais qui frappent le regard du voyageur d’aujourd’hui comme l’énigmatique écriture éthiopienne où la prégnance massive d’une Église souvent décrite à tort comme « orthodoxe », chacun de ces thèmes est abordé ici. Nous espérons que ceux qui ne connaissent pas encore l’Éthiopie commenceront ici à apprendre à l’aimer et que ceux qui la connaissent déjà y trouveront peut-être de quoi appro-fondir certains des domaines qui ne sont pas de leur spécialité. Sur le plan technique, précisons un point de détail qui irritera peut-être les puristes. Nous n’avons pas succombé à la tentation de « l’orthographe savante » qui nous aurait amené à écrireŠäwapour la province du Choa ettäwahädopour désigner l’église monophysite. La langue amharique s’écrit avec un système syllabaire complexe que décrit le Professeur Berhanou Abebe au chapitre 9 et il n’y a pas d’équivalences directes pos-sibles avec l’alphabet latin. Il a fallu inventer des systèmes phonétiques
INTRODUCTION
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spécifiques pour retranscrire les sons amhariques avec précision et fidélité. Très utiles aux linguistes et aux spécialistes de certaines autres disciplines (géographes, botanistes) qui requièrent des désignations fines pour les mots qu’ils utilisent, ces systèmes de transcription ont tendance à dérou-ter le lecteur non spécialiste. Nous leur avons préféré une orthographe en alphabet latin aussi proche que possible de la réalité phonétique sans pour autant désarçonner le lecteur.
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L’espace géographique éthiopien
Un monde de fortes densités rurales
BEZOUNESHTAMRUet Jean-Pierre RAISON
L’Éthiopie est l’une de ces terres suscitant mythes et superlatifs ; le berceau de l’humanité, le toit de l’Afrique, le plus vieil État africain, la montagne la plus peuplée au monde, une terre sainte ; cette dimension quasi mystique la rapproche d’États comme le Tibet tandis que la faim et la sécheresse qui sont aussi des clichés contemporains l’assimileraient plus au Sahel dont elle ne fait pourtant pas partie. L’une des caractéris-tiques les plus particulières de l’Éthiopie est son fort peuplement monta-gnard ; qui connaît l’Afrique de l’Est n’est pas étonné par ce fait, mais l’étendue des fortes densités, s’exprimant sur une grande variété écolo-gique, est ici plus frappante. Ce fort peuplement est celui des campagnes et représente 84 % des Éthiopiens pour un total de 71 millions d’habitants (CSA, 2004), le poids économique du monde rural est aussi important et couvre 41,8 % du PIB (Banque Mondiale, 2004), la quasi-totalité des exportations demeurent agricoles avec notamment le café et les peaux qui couvrent 50 % des rentrées de devises (CSA,op. cit.). L’appréhension de la géographie de l’Éthiopie peut donc débuter par quelques faits simples : un pays très peuplé (au troisième rang de l’Afrique derrière le Nigeria et l’Égypte), un peuplement d’altitude dans la majeure partie de son territoire et dépendant pour une partie importante des ressources de l’économie rurale. Il convient aussi de souligner d’emblée que la croissance démo-graphique, l’émiettement continuel des exploitations et le manque de réponses politiques globales ont entraîné depuis plusieurs décennies une crise rurale sur laquelle les sécheresses jettent périodiquement des coups de projecteur dramatiques. Avec ces données de départ, nous tenterons de brosser un tableau, for-cément incomplet, de la géographie contemporaine de l’Éthiopie. Nous
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