L’Arménie moderne Histoire des hommes et de la nation , livre ebook

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Date de parution

01 janvier 2008

Nombre de lectures

0

EAN13

9782845868816

Langue

Français

Gérard Libaridian
L’Arménie moderne Histoire des hommes et de la nation
L’ARMÉNIE MODERNE
.
KARTHALA sur internet : http://www.karthala.com
Couverture: Vue de Erevan. Photo Sophie Mousset
© Éditions KARTHALA, 2008 ISBN : 978-2-84586-881-6
Gérard Libaridian
L’Arménie moderne Histoire des hommes et de la nation
Traduit de l’anglais américain par Juliette Minces
Éditions KARTHALA 22-24, boulevard Arago 75013 PARIS
L’arménie dans la région
Introduction
Ce livre ne prétend pas constituer une histoire exhaustive de e l’Arménie, depuis le milieu du XIX siècle jusqu’à aujourd’hui. Il ne prétend pas non plus combler, à lui seul, les lacunes de l’historiographie contemporaine sur le sujet. Il a seulement pour ambition de poser quelques bonnes questions, par l’analyse de certaines perceptions et interprétations de cette histoire. Tant il est vrai que reformuler une question permet souvent de mettre en lumière des faits qu’on tenait pour secondaires, des événements jusque-là oubliés ou encore des processus jugés insignifiants. Et si ce livre, à son tour, conduit d’autres chercheurs à discuter ses analyses et, par là même, à stimuler et enrichir la connaissance de l’histoire arménienne, il aura atteint son but.
Quelques observations préliminaires
Au cours des deux siècles écoulés, où la plupart des Arméniens vivaient dans une patrie divisée entre deux empires concurrents, l’ottoman et le russe, leur caractère collectif changea. e e Au tournant des XIX et XX siècles, les organisations révolu-tionnaires socialisantes (les Hinchakians en 1887 et le Dashnaktsutiune en 1890), rejointes en 1907 par des libéraux non révolutionnaires, les Ramkavars, s’efforcèrent de transfor-
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L’ARMÉNIE MODERNE
mer en une nation moderne un peuple jusque-là assujetti à ses tra-ditions ethno-religieuses. Seule cette évolution pourrait permettre, selon eux, de participer au « progrès » inspiré par la pensée occidentale et de résoudre les problèmes considérables, à la fois économiques et sociaux, que connaissait leur nation. Les inter-actions nouées avec leurs maîtres étrangers, mais aussi avec l’Occident, amenèrent ces partis arméniens à concevoir l’idée d’une nation fondée sur un territoire, ultime attribut du nationa-lisme moderne. La Russie, bien que réticente, en accepta l’issue mais l’empire ottoman finit par rejeter cette idée, même dans son acceptation la plus modeste. Cette transformation fit émerger trois conflits dont les étaie-ments étaient culturels. Le premier se déclara entre la popula-tion urbaine arménienne d’Istanbul et d’autres grandes villes, vivant en grande partie hors de la mère-patrie, et le segment majoritaire essentiellement rural, fait de paysans, d’artisans et de petits commerçants restés dans la patrie historique. Le second conflit opposa parfois les Arméniens ottomans aux Arméniens de Russie. Le troisième concernait la Diaspora ; bien e qu’au XIX siècle, l’idéologie, la stratégie et l’organisation cen-sées apporter le changement aient été élaborées par des Arméniens vivant hors de la patrie historique, quand émergea un État en Arménie orientale, qu’il fût indépendant ou sovié-tique, il mit en question par son existence même les prémices et les bases institutionnelles de la Diaspora, y compris celles qui avaient été acceptées par les partis politiques à l’origine de ce processus de changement. Ce défi s’est souvent manifesté par une opposition politique. Il est clair que la tâche consistant à créer une nation moderne a eu ses revers et n’est pas achevée. Les programmes et les actions des partis engendrèrent des conflits politiques au sein de l’administration politique armé-nienne, au sein des partis politiques mais aussi entre eux. Les dynamiques internes de ces partis et leur interaction avec d’autres institutions dans la communauté ont évidemment affec-té leurs décisions stratégiques. Ces dynamiques ont aussi grave-ment mis à l’épreuve la notion d’unité qu’implique et que recherche une « nation », car les Arméniens constituaient une entité trop petite pour se permettre la désunion et ils étaient trop vulnérables aux manipulations de forces extérieures pour être
INTRODUCTION
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désunis. Les groupes et partis politiques – à l’exception des marxistes d’origine – appelaient de façon quasi rituelle à une unité des plus vagues. Le problème, c’est que la création des partis et des groupes impliquait qu’ils ne confèrent le titre d’adhérents qu’à ceux qui acceptaient les particularités du parti ou du groupe. En ce sens et par définition, l’acte de fonder ou de rejoindre un parti constituait un acte qui, au minimum, sépa-rait de la nation, et souvent la divisait. On ne peut alors éviter quelques questions. Comment s’unit-on tout en se séparant, ou quel parti représentent l’idée ou le pro-gramme autour duquel le reste de la nation devrait s’unir ? Quel est le mécanisme de cette controverse, particulièrement quand on ne peut définir ce qui est en jeu comme de simples différences tactiques mais constitue, au contraire, une vision fondamentale-ment différente, voire opposée, de l’avenir et des stratégies pour la réaliser ? En même temps qu’ils agissaient sur le monde réel, armés de héros et de martyrs, de programmes et d’idéologies, les partis se battaient aussi entre eux, soit pour la pureté idéolo-gique, ou par suite d’une forme d’agression intériorisée. Les menaces plus graves venues du monde extérieur et un accord de base selon lequel les Arméniens réclamaient un meilleur envi-ronnement pour vivre ne réduisaient pas la passion avec laquelle des segments de la population arménienne traitaient des ques-tions telles que comment accéder au progrès et comment réagir à ses succès ou, plus communément, à ses échecs. La création d’un État aurait facilité les réponses, puisqu’un État fournit au moins un cadre dans lequel on peut chercher des réponses à ces questions. Dans la Seconde République (Arménie soviétique, 1920-1991), l’unité fut réalisée par la domination musclée du Parti communiste et l’élimination des autres partis. Bien qu’imparfaites, les Première et Troisième Républiques (1918-1920 et 1991 jusqu’à nos jours, respective-ment) ont adopté des principes démocratiques qui pouvaient fournir un choix aux citoyens de ce pays. Pourtant les trois républiques ont échoué à être acceptées par tous les partis en tant que contexte fondamental susceptible de concilier des visions opposées. La Diaspora, qui se sent forte-ment appartenir à la nation arménienne, n’a pas même essayé de créer une structure qui aurait pu parler légitimement en son
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