Influences juives en Afrique Repères historiques et discours idéologiques , livre ebook

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Date de parution

01 janvier 2009

EAN13

9782811102203

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

2 Mo

INFLUENCES JUIVES EN AFRIQUE
KARTHALAsur Internet : http://www.karthala.com Paiement sécurisé Couverture : Joseph, Marie et l’enfant Jésus fuyant vers l’Égypte, accompagnés d’un jeune homme portant les bagages et la nourriture pour la route. 6Calendrier œcuménique égyptien, 1985. Archives Kerkinactie.¤Éditions KARTHALA, 2009 ISBN : 978-2-8111-0220-3
Jaap van Slageren
Influences juives en Afrique
Repères historiques et discours idéologiques
Éditions KARTHALA22-24, bd Arago 75013 Paris
Remerciements  Au terme de ce travail, je saisis l’occasion qui m’est donnée de jeter un regard rétrospectif sur mes contacts avec l’Afrique. D’abord comme pasteur missionnaire et historien en Afrique. Puis, après ma retraite, comme coauteur du livreHistoire du christianisme au Cameroun(CLE-Karthala, 2005).  De fait, le projet du présent livre remonte à la mémoire joyeuse de la connaissance de l’Afrique, de son histoire, de sa culture mais aussi de son accessibilité, qui m’a permis d’exercer mon service au sein de l’Église évangélique du Cameroun (EEC), commencé en 1963, et ensuite de ses sources chré-tiennes, tant littéraires qu’orales, qui, dans ces dernières années, m’ont conduit à des recherches et réflexions œcuméniques.  Ce livre se base surtout sur les données historiques dans le domaine de la mémoire et de la recherche juives, dont on trouve des échos dans la culture africaine. Depuis que mes amis africains m’ont mis sur la trace de ces souvenirs, ce sujet n’a jamais cessé d’absorber mon esprit. Tout au long de cet ouvrage je porte une attention particulière aux réflexions africaines faites à ce propos. Des sources d’inspiration juive, qui s’étendent des origines jusqu’à nos jours, m’ont conduit dans des recherches fascinantes, tout autant africaines que juives, portant toutes deux sur la substance même de l’Afrique.  Ma gratitude n’ira pas moins aussi vers ceux qui ont bien voulu lire le premier texte, faire des remarques sur certains passages et donner leurs observations sur l’ensemble du travail. C’est ainsi que Riemer Roukema, professeur du Nouveau Testament et de l’histoire de l’Église primitive à Kampen, a bien voulu scruter le premier chapitre sur la situation de la terre sainte
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INFLUENCES JUIVES ENAFRIQUE
au début de l’ère chrétienne, que Rudolf Boon, professeur émérite des sciences liturgiques de l’Université Libre d’Amsterdam, m’a orienté vers des sources juives peu connues, qu’Arsène Aubert, Père spiritain, a bien voulu développer et approfondir mes premières pages sur le missionnaire juif-catholique Libermann, que Rinse Reeling Brouwer, professeur de dogmatique à Kampen, a porté son regard sur les parties doctrinaires du texte, que Otto Kroesen, professeur d’éthique à Delft, a pris la peine d’examiner les aspects philosophiques de l’exposé, que Jean-François Zorn, professeur de missiologie à Montpellier, a clarifié les moments missiologiques de certains récits, que Hans Ucko, responsable du programme Relations et Dialogue du Conseil Œcuménique des Églises, a pris le temps de corriger certains détails sur les rencontres judéo-chrétiennes en Afrique et que Mgr Chidi D. Isizoh, Nigérian résidant au Vatican, m’a aidé à approfondir les idées anthropologiques dans cette recherche du patrimoine juif en Afrique.  Je remercie aussi les bibliothécaires de l’Université de Théologie protestante de Kampen, de l’Église protestante unie des Pays-Bas à Utrecht, du Département évangélique français d’action apostolique (DEFAP) à Paris et du Séminaire des Missions des Pères spiritains de Paris de m’avoir aidé à trouver des documents historiques, des illustrations et des photographies.  Ce livre n’aurait pu voir le jour sans le soutien d’Eric Manhaeghe, directeur deSpiritus, revue d’expériences et recherches missionnaires, qui a relu le texte et l’a mis en bon français. Je ne saurais oublier non plus le travail méticuleux de Maurice Cheza, professeur émérite à la Faculté de théologie de l’Université catholique de Louvain, qui a nettoyé le texte de ses dernières imperfections.  Je dédie ce livre à ma femme, Zwaantje Sassen, qui m’a laissé le temps de mener à bien ce projet et qui, avec sa connaissance et sa grande sensibilité pour la cause juive, m’a encouragé à poursuivre ma propre pensée, à regarder le sujet de ma recherche de mes propres yeux et à le façonner de mes propres mots. Zwolle, fête de Pâques 2009
Introduction  Alors qu’en Occident on entend fréquemment parler de civilisation « judéo-chrétienne », le continent africain semble exempt de traces juives. Néanmoins, après la déportation du e peuple juif auVI siècle avant J.-C. à Babylone, la très grande majorité des juifs réside dans l’ancien monde hellénistique (Égypte), dans l’empire parthe, plus tard aussi en Occident romain. Dans l’Antiquité, l’Afrique du Nord et ensuite l’Afrique du Sud ont hébergé des juifs, mais il est vrai que l’Afrique d’aujourd’hui ne compte que peu de juifs. Et on n’y trouve par conséquent guère les formes d’antisémitisme que l’on rencontre en Europe. La mémoire de la Shoah pèse lourdement sur les consciences européennes, mais occasionne aussi des rencontres entre juifs et chrétiens devant les monuments érigés en mémoire des victimes. Dans une même ambiance sont organisés les multiples colloques juifs-chrétiens pour étudier le problème de l’antisémitisme, tant latent que virulent, qui a dominé l’histoire européenne.  Sur le plan théologique, le dernier demi-siècle a certainement vu un immense changement dans les attitudes chrétiennes envers les juifs et le judaïsme. Citons seulement ici l’exemple des délibérations pendant le Concile Vatican II, donnant lieu en 1965 à la publication deNostra Aetate, qui rompait avec la doctrine officielle selon laquelle les juifs étaient rejetés par Dieu et responsables du meurtre du Fils de Dieu. Mais soulignons aussi la remarque du rabbin Eric Yoffie faite dans un milieu catholique d’Amérique du Nord :
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INFLUENCES JUIVES ENAFRIQUE
Pour que l’histoire d’Esaü, qui rattache la tradition juive à Rome, et de Jacob, qui est pris pour Israël, débutée en conflit, s’achève dans la paix, il y a encore toute une éducation religieuse à faire. Je veux dire qu’il faut que les catholiques éduquent les catholiques sur les juifs, et que les juifs éduquent 1 les juifs sur les catholiques .  Dans ce contexte, Yoffie mentionnait aussi l’antisémitisme comme étant en un certain sens intrinsèque à la religion chré-tienne. Et par ce défaut, celle-ci n’a pas seulement commis « un péché contre Dieu », mais s’est aussi privée du précieux avan-tage d’exister et de grandir sous la garde d’Israël.  Le judaïsme et la négritude sont par ailleurs tous les deux marqués par la souffrance. La terre de l’Afrique livrée à la conquête impérialiste rappelle la terre d’Israël submergée par les Babyloniens et les Assyriens avant eux. Les cultures africaines en danger de disparition face aux monothéismes chrétien et musulman ressemblent à la culture juive avec ses Midrash et Talmud injuriés par la grande majorité des chrétiens occidentaux. La souffrance était aussi symbolisée par la couleur de la peau de l’homme africain. La peau blanche de l’Occidental, au contraire, renvoie à la blancheur, c’est-à-dire la pureté et la propreté, mais on a inventé pour frapper le juif, qui était blanc, la race sémite. Ensuite, la pensée africaine et le comportement juif ont souvent été jugés semblables et leur destin est à bien des égards concor-dant : les Africains furent longtemps vus comme prélogiques, primitifs, infantiles et les juifs comme des gens pervers, fourbes, 2 hypocrites (pharisiens) .  Dans cet ouvrage, nous ne voulons pas trop insister sur ces aspects douloureux de l’histoire. Nous voulons au contraire mettre l’accent sur les côtés positifs des influences juives sur
1. Discours du rabbin Eric Yoffie, à Assumption Collège, Worcester (Massachusetts, États-Unis),Avancées et tensions dans les relations judéo-catholiques : pour aller plus loin, Documentation Catholique, 15 oct. 2000, n° 2234. 2. Armand Abécassis, préface de Gabriel Attias et Gaston-Paul Effa,Le Juif et l’Africain, double offrande, Rocher, Monaco, 2003, p. 9-10.
INTRODUCTION
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l’Afrique, en l’occurrence l’Afrique chrétienne.Grâce aux mou-vements migratoires des tribus et des familles juives dans les terres d’Afrique, le continent africain est jonché d’outils histo-riques, de documents écrits et de pierres attestant des traces juives qui ont influencé la civilisation des hommes de ce continent. L’Afrique et le Noir ont une place évidente dans les textes de la Bible, du Talmud et du Midrash. Dans l’Antiquité, les commu-nautés juives en Afrique étaient partie prenante de l’émergence du christianisme en Afrique. Dans les temps modernes, des missionnaires d’origine juive ou des missionnaires piétistes, imprégnés de convictions et de pratiques juives, ont créé une atmosphère favorable au sujet du secret du peuple juif en Afrique. Il s’agit ici d’une histoire d’interconnexion religieuse et culturelle, restée longtemps inaperçue, mais que les juifs et les chrétiens d’Afrique sont en train de découvrir. Tous ces éléments forment pour ainsi dire le collier de perles que je m’engage ici à faire briller : le christianisme africain, plus que le christianisme européen, se fonde en dernier ressort sur le judaïsme.  En effet, la théologie africaine à la recherche de l’identité chrétienne africaine trouve son inspiration dans le Premier (l’Ancien) Testament, qui, par ses images, proverbes, histoires et son style de vie sociale et communautaire, reflète, par plus d’une manière, l’Afrique et son peuple. Et dans des Psaumes, comme le Psaume 87 (Le Seigneur a fondé Sion sur les montagnes saintes… Je mentionne Rahav et Babylone qui me connaissent. Certes, c’est en Philistine, à Tyr ou en Nubie, que tel homme est né… ils dansent et ils chantent « Toutes mes sources sont en 3 toi ») , l’Afrique est au centre de Sion. L’Afrique est située dans 4 le cœur même de Jérusalem .  Malheureusement, il n’a pas été possible de faire des recherches dans les différents lieux d’Afrique cités dans cet ouvrage. Ne disposant pas de sources premières, j’ai dû me servir des données d’ordre secondaire et parfois tertiaire. Ce 3. Nous citons ici, comme aussi plus loin, la Bible selon la Traduction Œcuménique (TOB). 4. Jean Halpérin et Hans Ucko (eds),Worlds of Memory and Wisdom, COE, Genève, 2005, p. 3-7.
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