Après l’orientalisme L’Orient créé par l’Orient , livre ebook

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Publié par

Date de parution

01 janvier 2011

EAN13

9782811105433

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

3 Mo

François Pouillon et Jean-Claude Vatin (éd.)
Après l’orientalisme L’Orient créé par l’Orient
IISMM - KARTHALA
APRÈS L’ORIENTALISME
Cette publication a bénéficié de l’aide du LUCIS (Université de Leyde), de l’Université de Tours, du CHSIM (EHESS), du laboratoire InVisu (CNRS-INHA)
.
KARTHALAsur Internet : http://www.karthala.com Paiement sécurisé
http://dictionnairedesorientalistes.ehess.fr
Illustration de couverture: Ferid Hayder, inspecteur ottoman de la Banque Ottomane à Beyrouth, se rappelle au bon souvenir de Jean Deny (1879-1963), élève-interprète attaché au consulat général de France à Beyrouth de 1904 à 1907, futur professeur de turc et administrateur de l’École des Langues orientales de Paris : « En souvenir d’une joyeuse soirée. Beyrouth, 3 novembre 1906 » (archives privées Jean Deny, avec l’aimable autorisation de Louis Deny).
© ÉDITIONSKARTHALA, 2011 ISBN : 978-2-8111-0543-3
SOUS LA DIRECTION DE François Pouillon et Jean-Claude Vatin en collaboration avec Guy Barthèlemy, Mercedes Volait et François Zabbal
Après l’orientalisme L’Orient créé par l’Orient
Publié avec le concours de l’Institut du Monde Arabe et de l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales
IISMM 96, boulevard Raspail 75006 Paris
KARTHALA 22-24, boulevard Arago 75013 Paris
Remerciements
Ce volume présente une bonne part des contributions au Colloque « L’orienta-lisme et après ? Médiations, appropriations, contestations », dont les séances se sont tenues à Paris, à l’EHESS et à l’Institut du Monde Arabe, les 15, 16 et 17 juin 2011. Pour diverses raisons, principalement de temps et de place, toutes les communi-cations n’ont pu figurer dans ce recueil. Que soient donc particulièrement remer-ciés, pour leur participation à ces journées : Dominique Avon (Université du Maine), Mimoun Aziza (Université de Meknès), Hamit Bozarslan (CETOBAC, EHESS), Zeynep Çelik (New Jersey Institute of Technology), Sihem Debbabi-Missaoui (Université de Tunis), Jilali El Adnani (Université de Rabat), Émilie Francez (Université d’Aix-Marseille), Philippe Gelez (Université Paris IV), José Antonio Gonzalez Alcantud (Université de Grenade), Émilie Goudal (IRMC, Tunis), Clémentine Gutron (MAE, CHSIM), Mohamed-Sghir Janjar (Fondation Abdel-Aziz Al-Saoud, Casablanca), Charlotte Jelidi (IRMC, Tunis), Khaled Kchir (Université de Tunis), Claude Lefébure (CNRS, CHSIM), Jessica Marglin (Université de Princeton), Alain Messaoudi (CHSIM, EHESS), Mohamed Mezzine (Université de Fès), Silvia Naef (Université de Genève), Claire Nicholas (Université de Princeton), M’hamed Oualdi (INALCO), Kapil Raj (EHESS), Sandra Rojo (Université de Grenade), Sarah Sabban (American University of Beirut, Liban), Michèle Sellès Lefranc (CHSIM), Chiara Stefani (Galleria Nazionale d’Arte Moderna e Contemporanea, Rome), Joël Thoraval (CECMC, CNRS-EHESS), Shih-Jen Tsai (CHSIM), Özgür Türesay (Université Galatasaray, Istanbul) ainsi que Lucette Valensi (CHSIM, EHESS). Certaines de ces contributions ont été reprises dans un dossier deQantara, le magazine de l’Institut du Monde Arabe (« L’Orient créé par l’Orient », n° 80, juillet 2011) ; d’autres pourront l’être dans des publications programmées au Maroc, avec la Fondation Al-Saoud (Casablanca) et le Centre Jacques Berque (Rabat), en Tunisie avec l’Institut de Recherches sur le Maghreb Contemporain, aux États-Unis avec l’appui de l’Institute for the Transregional Study of the Contemporary Middle East, North Africa and Central Asia (Princeton).
Cette manifestation a pu être organisée grâce au soutien des institutions suivantes : – L’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, à travers l’aide de la prési-dence ainsi que du Centre d’Histoire Sociale de l’Islam Méditerranéen et de l’Institut d’études de l’Islam et des Sociétés du Monde Musulman ; – Le Centre National de la Recherche Scientifique à travers une subvention de la division Sciences de l’Homme et de la Société ainsi que des unités suivantes : le Centre d’études sur la Chine moderne et contemporaine (CNRS-EHESS), le Centre d’Etudes Turques, Ottomanes, Balkaniques et Centrasiatiques (CNRS-EHESS-Collège de France), le Centre Jacques Berque (CNRS-MAE, Rabat) et l’Institut de Recherche sur le Maghreb Contemporain (CNRS-MAE, Tunis) ; – L’Institut du Monde Arabe ; – L’Institute for the Transregional Study of the Contemporary Middle East, North Africa and Central Asia (Princeton) ; – La Fondation du Roi Abdul-Aziz Al-Saoud pour les Etudes Islamiques et les Sciences Humaines (Casablanca) ; – Le Centre for the Study of Islam and Society de l’Université de Leyde (Hollande) ainsi que les universités de Grenade (Espagne), de Tsukuba (Japon) et la Galleria Nazionale d’Arte Moderna e Contemporanea (Rome). Au-delà de leurs inscriptions institutionnelles, pour leur engagement personnel à soutenir cette entreprise, merci à Élisabeth Allès, Hamit Bozarslan, Léon Buskens (Leyde), Nathalie Clayer, Pierre-Noël Denieuil (Tunis), Baudouin Dupret (Rabat), José Antonio Gonzales Alcantud (Grenade), Bernard Haykel (Princeton), Bernard Heyberger, Mohamed-Sghir Janjar (Casabanca), Claude Lefébure, Mercedes Volait, François Zabbal. Pour l’organisation du colloque, merci à Caroline Chu (EHESS), Xhensila Lachambre (EHESS), Ingrid Perbal (IMA) et Muriel Schilovitz (EHESS). Pour le suivi de la fabrication de l’ouvrage, merci encore à Robert Ageneau, Monique Danet, Marie-Pierre Galleret et Céline Trierweiler, ainsi qu’à Guy Barthèlemy, Marie-Hélène Bayle, Renée Champion, Sylvette Larzul, Emmanuelle Perrin et Lucette Valensi.
PROLOGUE
Après l’orientalisme, l’Orient des Orientaux ?
Dépassements
Jean-Claude VATIN
Nous sommes, en principe, au-delà de l’orientalisme, mais nous n’en finissons pas de payer le passif de sa succession. Toutefois, les perspectives ont changé : nous ne concevons plus le vieil orientalisme comme un fait unitaire et construit à partir des seules productions des écrivains, des artistes et des savants occidentaux. Nous avons appris à différencier l’apport des marins et des explorateurs, des marchands et des ecclésiastiques, des militaires et des politiques, des littérateurs et des peintres, des voyageurs de conditions diverses, des collectionneurs et des amateurs, des pèle-rins et des touristes, des chercheurs, des journalistes, des émigrés et des immigrés. Tous auront participé, depuis l’Europe (et l’Amérique), à la construction d’Orients différenciés, conçus les uns sous l’angle scientifique, les autres du point de vue artistique, d’autres encore en fonction de critères qui empruntent largement aux exigences de l’imaginaire. Ils avaient vocation, selon leur nature, à découvrir les mondes qu’ils observaient ou à les exotiser en leur attribuant des caractères fictifs. Or, nous avons été amenés à réviser nos hypothèses et à juger que les paradigmes d’antan, tels ceux de la domination ou de la sectorisation, de la séparation entre les différentes disciplines qui constituent l’orientalisme, celui des décalages et des disparités (entre visions esthétiques et savantes, nobles et populaires), avaient vécu. Ils ont cédé la place à une conception plus large, impliquant interconnexions, combinaisons et anastomoses. Nous avons, par ailleurs, conscience que ce qui tient lieu depuis un demi-siècle de contre-orientalismes (ou d’anti-orientalismes) présente bien des traits similaires aux pratiques et aux discours des orientalismes passés, en ceci qu’ils sont à la fois
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divers et plus ou moins reliés les uns aux autres par des racines adventives, des transmissions souterraines, par ce que Gilles Deleuze évoquait sous le nom de « rhizomes ». Mais ce qui a peut-être le plus changé, depuis la dénonciation des mœurs antérieures, tient à la réintroduction de ceux que les courants orientalistes traditionnels considéraient, il y a peu encore, à la fois comme dessujets– en l’occurrence des individus soumis à un pouvoir étranger – et comme desobjets d’étude. Il s’agit désormais de redonner aux acteurs orientaux leur part dans les perceptions, les interprétations passées et présentes de leurs milieux, et de prendre en compte leurs propres interventions au sein des dits milieux, ainsi que dans les espaces dialogiques créés à l’occasion entre Orientaux et Occidentaux, et entre Orientaux eux-mêmes. Nous devons donc repenser ces typologies occidentales de l’Orient, en fonction de ces interlocuteurs locaux trop longtemps ignorés ou consi-dérés comme accessoires. Un nouveau chantier est ouvert, qui doit permettre de prendre acte de toute une gamme de réactions et de recréations. Celles-ci incluent tous les objets d’un pseudo-héritage occidental, qui fut selon les cas accepté (partiellement), assimilé ou dépassé, intégré dans des logiques de patrimonialisation et des logiques d’identification, qui fit l’objet tout aussi bien d’emprunts et de réap-propriations que de procès en révision et d’explorations nouvelles, de phénomènes d’occidentalisation mais aussi d’orientalisation. Revenir aujourd’hui sur l’orientalisme et ses critiques, c’est reprendre la construction, l’habillage, l’inventionde plusieurs Orients, « territoires superposés » disait Edward Said, aux frontières imprécises et aux spécificités peu réductibles à un unique système comparatif. C’est se coltiner avec des histoires séparées et « enchevêtrées » pour citer encore Said. Autant de lieux, autant d’histoires, autant de récits, de rencontres et confrontation (encounters) avec des sous-ensembles orientaux, autant de productions historiographiques relevant d’expériences précolo-niales, coloniales, post-coloniales, de compétitions commerciales, d’affrontements guerriers, de confrontations culturelles, autant de chronologies plus souvent paral-lèles que sécantes. C’est encore faire le bilan d’écoles de pensée, de formations linguistiques, européennes pour l’essentiel, aux intérêts décalés dans le temps, aux méthodes propres et concentrées sur l’étude de sociétés et de territoires inscrits dans leur sphère de dépendance ou d’influence : hollandaise en Indonésie, britannique en Inde, française au Maghreb, pour ne citer que les plus visibles. C’est reprendre la litanie des travaux savants et moins savants, depuis le premier congrès des orienta-listes de 1873 à Paris. Passer aux étapes du contre-orientalisme, divisé lui-même en tendances et en courants, conduit à affronter d’autres types de diversités. Les regards portés par les orientalistes sur l’Orient pluriel ont fait l’objet de multiples entreprises de dénoncia-tion au nom de leur collusion avec le colonialisme comme de réappropriations nationales, tant à l’Est qu’à l’Ouest, dans les anciens empires comme dans les ex-colonies. Dans les années 1960-1970, un tiers-mondisme dominant, célébré à Bandung dès avril 1955, avait accompagné les dernières décolonisations d’impor-tance. Peu après, ce qui n’était encore que condamnations politiques aboutissait à la
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mise en cause des écrits à vocation ou prétention scientifique, considérés comme génétiquement marqués par la situation et le rapport de dépendance où se trouvaient placés les espaces et les populations étudiés. Et c’est en Europe même, en Grande-1 Bretagne et en France , presque au même moment, 1970-1980, que la critique rétrospective des productions coloniales s’est fait entendre puis a été systématisée. Une nouvelle génération de chercheurs, d’origine occidentale mais aussi orientale, s’est alors attachée à la relecture d’œuvres plus ou moins entachées du péché originel colonial.Orientalism(1978) marquera cette génération, tout autant sinon plus que celle qui suivra.
Élargissement
Autour des années 1990, ce fut aux filières de formation, aux systèmes et aux modes d’enseignement occidentaux de subir le contrecoup des désenchantements, des déconstructions et des retours critiques. En Amérique du Nord, lesarea studies ont perdu une grande partie de leur légitimité, au bénéfice desgender studies, des cultural studies. On y parle depost-colonialet desubaltern studies. En Europe (et en France tout particulièrement), les grandes et nobles disciplines (philologie, linguistique, histoire des civilisations et quelques pans de l’archéologie, entre autres) sont apparues en retrait, devant l’urgence de comprendre les sociétés du Proche, du Moyen et de l’Extrême-Orient. Les sciences sociales (sociologues et politistes en tête) se sont trouvées propulsées sur le devant de la scène, même si l’anthropologie et la géographie restent encore marquées du sceau infamant de la colonisation passée. Depuis deux décennies, on a l’impression de piétiner dans l’après-saidisme. Impression fausse, si l’on en juge par une vaste littérature touchant les études post-2 coloniales et par un débat qui dépasse largement les affrontements franco-français . Le débat donc ne se limite pas à des empoignades entre écoles et chapelles, entre les héritiers présomptifs de Said et ses contradicteurs. 3 Du côté anglo-saxon, la moisson est encore plus large . On y traite depost-colo-nial predicament, depost-orientalismou encore d’invention of decolonization.
1. Avant que le phénomène ne gagne les États-Unis. 2. Voir les textes, contradictoires, de Jean-François Bayard,Les études post-coloniales.Un carnaval académique, Paris, Karthala, 2010, et d’Achille Mbembeet al.,Ruptures postcoloniales. Les nouveaux visages de la société française, Paris, La Découverte, 2010. 3. Cf. Carol Breckenridge & Peter van der Veer (eds),Orientalism and the Post-colonial Predicament, U. of Pennsilvania Press, 1993 ; Partha Chatterjee (ed.),Texts of Power: Emerging Disciplines in Colonial Bengal, Minneapolis, University of Minnesota Press, 1995 ; Fred Dallmayr, Beyond Orientalism: Essays on Cross Cultural Encounter, Albany, State University of New York Press, 1996 ; Richard King,Orientalism and Religion. Postcolonial Theory and the Mystic East, Londres,
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