Une famille sans histoire , livre ebook

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Jean-Paul est à la retraite. Il a gagné beaucoup d’argent, mais au prix d’efforts qui lui ont fait perdre le sourire. Alors qu’il est en train de déjeuner avec sa femme, le téléphone se met à sonner. Certainement l’un de ses deux enfants qui n’ont jamais réussi à s’autonomiser. Mais au bout du fil, c’est un revenant. Alain, son frère, avec qui il a coupé les ponts plus depuis trente ans, s’est décidé à renouer contact avec lui : en effet, il semblerait que leur père ait décidé de dilapider tout son argent. Mais derrière les apparences, quelles vérités éclateront au grand jour ?
Quel lien existe-t-il entre tous ces couteaux retrouvés dans la cave du patriarche, et la maladie d’Alzheimer de sa femme ?
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Date de parution

30 janvier 2015

Nombre de lectures

0

EAN13

9782363154392

Langue

Français

TABLE DES MATIÈRES UNE FAMILLE SANS HISTOIRES VOUS AVEZ AIMÉ CETTE NOUVELLE ?VOUS AIMEREZ SANS DOUTE… MON PROCHAIN ROMAN POUR S’ÉVADER…AU PLUS PRÈS DE SOI-MÊME POUR LA LIBERTÉ POUR ALLER MIEUX TOUT CHARLIE DROITS D’AUTEUR

 
UNE FAMILLE SANS HISTOIRES
 
 
Il n’était pas encore 13 h lorsque la sonnerie du téléphone retentit dans le hall. Sa femme, la soixantaine, le visage un peu ridé, blonde, cheveux ondulés jusqu’aux épaules, pleine d’élégance dans son pull en cachemire rose pâle, soupira :
— Qui c’est encore, à une heure pareille ? C’est encore les gamins ! Ils peuvent pas appeler à des horaires convenables ?
— Laisse sonner, ils nous font chier… grommela-t-il en se reversant un verre de vin. On est à table.
Elle plongea ses grands yeux gris vert, qu’elle avait pris la peine de surligner, une heure avant, d’un léger trait au crayon et d’une coloration des cils au mascara, dans le regard noir de son mari. Depuis combien d’années ne répondait-il plus au téléphone ? Était-ce elle, qui avait instauré cette habitude dans leur couple ?
Elle se leva de sa chaise.
— Ils vont rappeler dans deux minutes… Autant décrocher tout de suite !
Il leva les yeux au ciel et dodelina la tête. C’était toujours pareil. Pour râler, Catherine était toujours la première, mais pour faire preuve d’un peu de cohérence, là, par contre, il lui restait vraiment des progrès à faire.
— Allô ? l’entendit-il prononcer.
Allez, les paris étaient ouverts. Qui donc pouvait avoir besoin d’eux, aujourd’hui ? Leur fille Charlotte ? Quel boulet, celle-là ! Toujours un prétexte à se plaindre de quelque chose, toujours dépassée par les événements, même pas fichue de s’occuper correctement de ses trois gosses sans avoir un service à demander à sa mère… Évidemment, son mari n’était jamais là, mais après tout, c’était bien elle qui l’avait choisi, non ? Quelle idée, de se marier avec un représentant commercial toujours en déplacement à l’autre bout du monde ! Pff. Qu’est-ce qui lui arrivait encore, cette fois-ci ? Besoin de leur refourguer ses sales mioches mal élevés pour une escapade shopping entre copines ? Elle était si prévisible…
Ou alors c’était son frangin Benoît, l’éternel ado ? Il leur faisait la totale, celui-là : incapable de déboucher un siphon d’évier, de percer un trou dans un mur pour y glisser la cheville adéquate, de s’alimenter autrement que par des plats préparés bourrés de sucres ou d’autres saloperies, inapte au bon usage des machines à laver, du repassage, rebelle farouche de l’évacuation des poubelles… Toujours planté devant un écran, à perdre son temps sur internet ou devant des émissions de télé-réalité sans aucun intérêt. Une loque, parfaitement immature, inapte à construire quoi que ce soit dans sa vie et collectionneur de relations sans lendemain… L’aimant des poufs. Dès qu’il y en avait une dans un rayon de cinq cents mètres, elle était pour lui. Et ce con avait encore la naïveté de croire que ses parents n’en savaient rien ! Pourtant, dans les petites villes, tout le monde sait tout. Il aurait dû finir par s’en rendre compte, quand même, que les gens ont des yeux, que les murs ont des oreilles, et que les femmes qui papotent pendant des heures dans les supermarchés, ce n’est jamais pour parler de la météo !
 
Jean-Paul venait de fêter ses soixante-quatre ans. Il avait beau avoir troqué ses semaines de cinquante heures contre un nouveau programme de vie fait d’indépendance et de liberté, depuis ces quatre dernières années, il ne parvenait toujours pas à acquérir le recul suffisant pour leur trouver des qualités, à ses deux gamins.
— Oui, c’est moi… répondit-elle encore.
Ah ? Non, ce n’étaient pas les enfants. Si cela avait été le cas, Catherine aurait plutôt dit « Ah coucou comment ça va ? », comme ça, d’une seule traite et sans ponctuation, sur un ton très hypocrite en montant exagérément dans les aigus.
Il se retourna vers elle, et ressentit aussitôt son malaise. Qui était-ce ?
— Il est à côté de moi. Je te le passe.
Elle lui tendit le combiné sans fil avec une main sur la partie microphone.
— C’est Alain.
— Alain qui ?
— Alain ton frère…
— Hein ?
— Bah réponds ! Qu’est-ce que tu veux que je te dise, moi ?
Alain et Jean-Paul ne se voyaient plus depuis plus de trente ans. Il leur arrivait parfois de se croiser, en voiture ou bien sur le trottoir, mais lorsque cela se produisait, l’un des deux trouvait toujours un moyen pour éviter l’autre. La dernière fois, ils s’étaient croisés sur le seuil du hall d’entrée de leurs parents. Alain, qui n’avait sans doute pas encore été informé du changement de voiture de son grand frère, n’avait sans doute pas prêté attention à ce 4x4 flambant neuf sur le parking de la résidence. Après s’être annoncé à l’interphone, il s’était engouffré dans le hall d’un pas pressé, comme à son habitude. Aussitôt qu’on lui avait annoncé l’arrivée de son frère, Jean-Paul avait bondi de sa chaise pour enfiler sa veste.
— Vous ne pouvez pas passer votre vie à vous fuir comme ça, tous les deux, bon sang ! lui avait reproché son père. Vous ne pouvez pas vous expliquer une bonne fois pour toutes ? C’est malheureux, ça, tout de même ! J’ai deux fils, et ils ne se parlent même pas !
— Oh écoute, ça va, hein ? Tu sais très bien ce que j’en pense.
— Sois prudent sur la route, en tout cas ! lui avait chuchoté sa mère en essayant de calmer le jeu.
Ils avaient ouvert la porte, face à Alain qui arrivait déjà sur le paillasson. Un instant, les deux frangins étaient restés là, pétrifiés et se faisant face, à se jauger sans pouvoir rien dire. Alain, la bouche ouverte, et Jean-Paul l’air fautif. Et puis Alain avait rompu le silence :
— Ah, t’es là, toi ?
Jean-Paul ne lui avait pas fait la bise. Il ne lui avait pas serré la main non plus. Il avait juste répondu :
— Rassure-toi, je me casse. La voie est libre.
Il s’était engouffré dans l’ascenseur avant que les portes ne se referment, et il avait mis plus de trois mois avant de retourner chez ses parents.
C’était une douzaine d’années plus tôt.
Et voilà qu’Alain avait soudain décroché le téléphone pour l’appeler ? Qu’était-il arrivé ? Quelque chose avait dû arriver au vieux. Ou bien… À qui ? À la belle-sœur ? De toute façon, qu’est-ce que cela aurait changé ? Après toutes ces années, n’étaient-ils pas devenus des étrangers, tous ?
— C’est moi ! fit-il sèchement en s’emparant du combiné. Qu’est-ce que tu veux ?
— Désolé de te déranger… J’t’appelle parce que je crois qu’on a un souci… T’es au courant de tout ce que dépense le vieux, toi ? Parce que j’ai l’impression qu’il commence à complètement perdre la boule. T’as rien remarqué, toi ?
Jean-Paul n’en croyait pas ses oreilles. Ah, c’était donc ça ? Son frangin s’inquiétait pour son héritage ? Quel minable !
— Je l’ai vu dans sa cave, ce matin. Tu verrais le bordel qu’il y a entassé… Plein de colis même pas ouverts.

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