126
pages
Français
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2010
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Publié par
Date de parution
01 janvier 2010
Nombre de lectures
5
EAN13
9782896111084
Langue
Français
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01 janvier 2010
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5
EAN13
9782896111084
Langue
Français
Table des matières Une Buick pour Mackenzie Prologue 1 La blancheur apaisante… 2 Musée du Commerce-de-la-Fourrure-à-Lachine 3 Rêve à la Rousse 4 Les coureurs des bois 5 Le scribe… 6 Les frères ennemis 7 Le mois de novembre 8 Vers les rapides de Sainte-Anne et la rivière des Outaouais 9 Sur la route, un premier Voyageur 10 De North Bay à Sault-Sainte-Marie 11 Le but à atteindre 12 Goulets d’étranglement 13 Canada – USA : un universitaire, prise 1 14 Le père, le fils 15 Un universitaire, prise 2, sur fond de motel à Wawa 16 Pukaskwa 17 Sur la route, un deuxième Voyageur 18 Lumières 19 Les engagés 20 La blessure 21 Old Fort William 22 Fort Frances 23 Un enfant sous la galerie 24 Kay-Nah-Chi-Way-Nung 25 L’Être marqué 26 La survie 27 Les lettres non reçues 28 Le père, le fils, prise 2 29 Sur la route, un troisième Voyageur 30 Toutes les larmes du monde 31 Une autre lettre sur fond de nation métisse 32 Le Pas, La Ronge, sur fond de flammes pour hommes en voyage d’affaires 33 MYSTIQUE CHARNELLE 34 Fort Chipewyan 35 Les ruines 36 Fort Edmonton et Syncrude Gallery 37 Les Rocheuses 38 Le chemin qui tourne en rond 39 Bella Coola 40 Fort Langley et l’arrière-petite-fille de Voyageurs 41 Vancouver la mutante Remerciements Bibliographie
Jacques Couture
Une Buick pour Mackenzie
RÉCIT DE L’INTÉRIEUR Sur les traces d’Alexander Mackenzie du poste de traite de fourrures de Lachine au Québec jusqu’à Bella Coola en Colombie-Britannique Tous droits réservés. © 2009 Jacques Couture © Éditions des Plaines, 2009
Aucune partie de ce livre ne peut être reproduite ou transmise sous aucune forme ou par quelque moyen électronique ou mécanique que ce soit, par photocopie, par enregistrement ou par quelque forme d’entreposage d’information ou système de recouvrement, sans la permission écrite de l’éditeur.
Les Éditions des Plaines remercient le conseil des Arts du Canada et le Conseil des arts du Manitoba du soutien accordé dans le cadre des subventions globales aux éditeurs et reconnaissent l’aide financière du ministère du Patrimoine canadien (Padié) et du ministère de la Culture, Patrimoine et Tourisme du Manitoba, pour leurs activités d’édition.
CATALOGAGE AVANT PUBLICATION DE BIBLIOTHÈQUE ET ARCHIVES Canada Une Buick pour Mackenzie / Jacques Couture. ISBN 978-2-89611-046-9 1. Mackenzie, Alexander, Sir, 1764-1820--Romans, nouvelles, etc. I.Titre. PS8605.O92125B84 2009 C843’.6 C2009-903771-8 Éditions des Plaines C.P. 123 Saint-Boniface (Manitoba) R2H 3B4 • www.plaines.ca Édition : Huguette le Gall et Laurent Poliquin. Publication : Joanne Therrien Conception de la couverture et mise en page : relish design studio
Dépôt légal, 3e trimestre 2009 : Bibliothèque nationale du Canada, Bibliothèque provinciale du Manitoba et Bibliothèque nationale du Québec.
Sur un rocher de Bella Coola sur la côte du Pacifique, il est inscrit : « Alexander Mackenzie, From Canada by land, July 28, 1793 »
« J’ai fait de plus loin que moi un voyage abracadabrant il y a longtemps que je ne m’étais pas revu me voici en moi comme un homme dans une maison qui s’est faite en son absence je te salue, silence je ne suis pas revenu pour revenir je suis arrivé à ce qui commence » Gaston Miron, L’homme rapaillé
« Les Métis aujourd’hui parlent peu de cette époque… Avec la mondialisation, on assiste à un autre métissage, un métissage planétaire. Dans deux cents ans, toute la planète va être métissée. »
Réal Bérard, peintre franco-manitobain. « — Pourquoi écrivez-vous ces livres? — C’est la forme que prend la prière en moi. » Pat Conroy, Saison noire À Arnaud, mon voyageur de fils À mon amoureuse Le Canada d’est en ouest
Prologue
PARTIR EST POUR moi le plus cruel des arrachements et le plus puissant stimulant que je connaisse.
C’est toujours comme ça : avant chaque embarquement, et ils furent nombreux, je me mets à trembler. Mon amoureuse note scrupuleusement toutes les contradictions, toutes les impatiences : le prévisible perd pied. Les « laisse-moi tranquille » fusent. l’irrépressible travail de sabotage des amarres suit son cours. Adieu fiancée, adieu fils bien-aimé. Je dérive déjà. Tous mes fantômes en profitent et se donnent rendez-vous; les voilà qui investissent le territoire de la nuit. Tous les soirs, je leur organise des vigiles, et les pas feutrés dans la cage qu’est devenu l’appartement se comptent par cent. un tigre irascible guette les aurores rassurantes pour que s’évaporent les peurs limbiques qui peuplent les recoins de ces nuits de gestation.
Partir. Éternel va-et-vient, marée entre les rivages du dedans et l’appel du large. Profonde déchirure par où les fluides entrent et sortent au gré d’un mouvement impalpable, puis se croisent et se métissent. Un échange ininterrompu entre le dedans, le chaud, le connu et le dehors, l’improvisation, la découverte. La dialectique, celle qui intègre les polarités, celle qui opère seulement lors des retours, semble tout à coup avoir sombré dans l’oubli après une seule gorgée bue à la source du léthé : avant tout périple, les banques mnémoniques sont neutralisées par l’enzyme des départs.
Je m’attable dans le silence. Je distille à la plume dans un cahier tout neuf un liquide noir qui monte du geyser implacable provenant des eaux souterraines mille fois millénaires. Old Faithful jaillit toujours en forme de mots bouillonnants. Cure thermale en d’autres termes.
Les livres sont là : une histoire du Canada et un ouvrage sur les routes de la traite des fourrures en amérique du nord. Les cartes routières aussi. avec obsession, le trajet se redessine d’heure en heure. Le calendrier des réservations d’hôtel est mémorisé. Les musées à visiter s’alignent. Les rendez-vous avec les conservateurs sont annotés de questions.
Hier, les gens d’avis au centre-ville de Montréal ont préparé la Buick century et me l’ont remise avec un sourire en coin : un abandon à l’aéroport de Vancouver dans trois semaines leur a semblé un acte de démence précoce, ou encore une automutilation masochiste méticuleusement programmée. Ils m’ont rappelé que la compagnie Boeing avait aidé les frères Wright à perfectionner leur invention depuis un siècle… l’aigle et le renard n’ont pas la même relation au territoire.
Je pars demain, avec pour objectif de rouler six cents kilomètres par jour en moyenne.
◊ ◊ ◊
DANS LA CHAMBRE que mon fils a désertée, un autre adolescent — attardé celui-là — dort du sommeil du juste : il ronfle doucement. Brian est conservateur au site de old Fort William de Thunder Bay en ontario, un fabuleux centre d’interprétation de la période de la traite des fourrures au Canada aux XViii e et XiX e siècles. Trente-cinq ans, barbu, cheveux longs noués, trapu et athlétique, il a inconsciemment pris l’allure de cette part de lui qui est associée à son bagage génétique de Voyageur : son arrière-grand-mère est une Hébert-Martin du Québec. Brian doit m’accompagner durant cette traversée du territoire au cours de laquelle nous repasserons sur les traces d’alexander Mackenzie, le premier Blanc à avoir atteint les côtes du Pacifique à l’été de 1793 en traversant l’amérique du nord. Durant les étés 1991, 1992 et 1993, Brian a refait le trajet en canot de Montréal à Bella coola avec d’autres étudiants de l’université lakehead de Thunder Bay dans le cadre des activités du bicentenaire de cette traversée historique.
Je suis allé le cueillir à l’aéroport Montréal-trudeau cet après-midi.
Je m’apprête à écrire un récit qui se voudra le compte rendu de notre virée transcanadienne sur plus de huit mille kilomètres. Durant ces longues heures de route, nous disposerons de tout le temps nécessaire pour laisser notre imagination errer; nous nous mettrons dans la peau d’alexander Mackenzie en 1793. C’est probablement la meilleure façon de sentir ce que cet explorateur et ses six Voyageurs ont vécu sur une période de deux ans et un parcours de cinq mille kilomètres en canot et à pied dans ce qui était alors terra incognita.
J’ai peur. Le sentiment d’imposture me gagne, car je ne suis pas historien. J’ai la gorge nouée par l’ampleur de la tâche. Mais j’ai signé à ma manière un contrat de Voyageur. Et je l’honorerai au péril de ma vie. Le contresignataire de ce contrat est un producteur télé de saintBoniface au Manitoba. Le hasard, qui n’existe pas, a placé cet être un peu bourru, plutôt sensible et particulièrement éclairé