85
pages
Français
Ebooks
2022
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Publié par
Date de parution
10 avril 2022
Nombre de lectures
4
EAN13
9782384390205
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
1 Mo
À cinquante ans passés, ses trois enfants partis, Annie a soudain besoin d’air, de soleil et de vérité. Sur un coup de tête, elle décide d'aller rendre visite, dans un orphelinat du Burkina Faso, à la petite fille dont elle est la marraine.
Jusqu'où cette brusque envie de soleil la mènera-t-elle ? Aura-t-elle le courage, une fois rentrée en France, de repenser sa vie ?
Premier roman de littérature générale de Pascale Maret, Une brusque envie de soleil est un petit bijou d'humour et de délicatesse.À cinquante ans passés, ses trois enfants partis, Annie a soudain besoin d’air, de soleil et de vérité. Sur un coup de tête, elle décide d'aller rendre visite, dans un orphelinat du Burkina Faso, à la petite fille dont elle est la marraine.
Mêlant comédie sociale et portrait d’une femme en crise, ce roman décrit avec autant d'esprit que de sensibilité le combat entre le poids des renoncements accumulés et la force encore vive des élans du cœur. Une lecture ensoleillée, à faire en toutes saisons.
Pascale Maret est l'autrice d'une vingtaine de romans publiés chez différents éditeurs notamment Thierry Magnier, Milan et Nathan. Ses livres ont reçu de nombreux prix (Prix des Incorruptibles, Prix de la NRP, Prix Jacaranda, Prix Aficion’Ados...), et ont été régulièrement traduits en allemand, espagnol, catalan, néerlandais et birman. Son recueil de nouvelles de littérature générale Aventures en Birmanie, publié aux éditions Kaïlash, lui a valu d'être lauréate de la Bourse Cino del Duca.
Publié par
Date de parution
10 avril 2022
Nombre de lectures
4
EAN13
9782384390205
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
1 Mo
COLLECTION BLANCHE
LITTÉRATURE CONTEMPORAINE
Crédits photographiques : Martino Pietropoli / Unsplash
Composition du livre : Les éditions d’Avallon
Distribution papier : SODIS
Distribution numérique : Immatériel
ISBN papier : 9782384390199
ISBN numérique : 9782384390205
Première édition
Dépôt légal : juin 2022
Éditeur : Les éditions d’Avallon
342 rue du Boulidou
34980 Saint-Clément-de-Rivière
Imprimé en Allemagne par BoD (Norderstedt)
© 2022 Les éditions d’Avallon
Une brusque envie de soleil
Pascale Maret
Une brusque envie de soleil
R O M A N
De la même autrice
Nouvelles
Aventures en Birmanie , Kaïlash éditions, 1998
Romans Ados
Sur l’Orénoque , éditions Thierry Magnier, 2005
Une année douce-amère , éditions Thierry Magnier, 2006
À vos risques et périls , éditions Thierry Magnier, 2007
Le monde attend derrière la porte , éditions Thierry Magnier, 2009
Zone tribale , éditions Thierry Magnier, 2010
Vert jade, rouge sang , éditions Thierry Magnier, 2011
La véritable histoire d’Harrison Travis, hors-la-loi, racontée par lui-même, éditions Thierry Magnier, 2012
Les ailes de la sylphide , éditions Thierry Magnier, 2013
N’y pense plus, tout est bien , éditions Thierry Magnier, 2016
Série « Danser jusqu’aux étoiles »
(en partenariat avec l’Opéra de Paris)
Tome 1, Entrée des artistes , Nathan, 2021
Tome 2, Tous en scène, Nathan, 2021
Tome 3, Corps de ballet , Nathan, 2022
Romans et albums jeunesse
Clones en stock , éditions Milan, 2001
Esclave ! éditions Milan, 2003
L’encrier maudit , éditions Oskar, 2011
L’oiseau arlequin , éditions Thierry Magnier, 2011. Illustrations de Delphine Jacquot
Bon Zigue et Clotaire , éditions Thierry Magnier, 2014
Collection « Les romans du ballet »
(en partenariat avec l’Opéra de Paris) :
La Sylphide, Nathan, 2017
Le Lac des cygnes, Nathan, 2017
Giselle, Nathan, 2018 ,
Casse-Noisette, Nathan, 2018 ,
Don Quichotte, Nathan, 2019
Collection « Les grands albums du ballet »
(en partenariat avec l’Opéra de Paris) :
Le lac des cygnes , Nathan, 2019. Illustrations d’Alexandra Huard
Casse-Noisette , Nathan 2021. Illustrations d’Alexandra Huard
“What I mean, he continued, is that you can have our rooms, and we’ll have yours. We’ll change.”
E.M. Forster, A room with a view
Première partie
Chapitre 1
— Il y avait quoi au courrier, aujourd’hui ?
Il a parlé sans la regarder, tout occupé qu’il est à inspecter du bout de son couvert à poisson le filet de sole posé dans son assiette, à la recherche d’une éventuelle arête oubliée. Elle l’observe un instant —son visage mince aux traits un peu creusés par l’âge, ses mains soignées, ses gestes élégants, avant de répondre :
— Pas grand-chose : la facture du plombier et un courrier de banque. J’ai préparé le chèque, pour le plombier.
— Ahum !
Il avale sa bouchée avec une légère réticence.
— Combien ?
— 380.
— C’est pas donné, pour deux heures de travail…
Elle a envie de répondre que lui gagne beaucoup plus en deux heures de travail. Au lieu de ça elle ajoute, sans trop savoir pourquoi :
— J’ai reçu une lettre de ma filleule, aussi.
Elle n’avait pas prévu de lui en parler. Elle sait très bien qu’il n’a pas la moindre idée de qui il s’agit, bien qu’elle ait déjà mentionné à plusieurs reprises l’existence de cette enfant. Il demande en effet sans réelle curiosité :
— Tu as une filleule, toi ?
— Tu sais bien, la petite fille que je parraine, dans un orphelinat du Burkina Faso.
— Aah, ça !
Son esprit s’est déjà tourné vers autre chose, tandis qu’il finit soigneusement ses courgettes râpées. Sans doute ses consultations de la journée, et celles qui l’attendent demain. Peut-être son prochain rendez-vous avec Claire, sa maîtresse. Elle ne va pas lui demander « À quoi tu penses ? » Il ne répondrait que par un haussement d’épaules ou, au mieux, un « À rien de spécial ». D‘ailleurs, elle n’a pas vraiment envie de savoir.
Elle se lève pour emporter les deux assiettes à la cuisine et les dépose dans l’évier. Dehors, la nuit est tombée depuis longtemps. Dans le jardin de la résidence, les silhouettes dénudées des arbres se détachent sur le ciel, mais plus bas les massifs sont plongés dans une ombre épaisse. Elle s’efforce de distinguer le feuillage panaché des fusains, le vert tirant sur le jaune des orangers du Mexique, les touffes argentées des lavandes, mais il fait décidément trop sombre pour que la vue du jardin la réconforte. Et puis on est en janvier, et le jardin n’est de toute façon pas très gai.
— Tu voudras un yaourt ? crie-t-elle en direction de la salle à manger. Je t’ai pris des bio à 0 %.
Elle jette un dernier coup d’œil à la fenêtre qu’emplit la froide nuit d’hiver. Elle n’a jamais été une femme de décision, et cela se fait à son insu, mais c’est à cet instant précis que germe en elle l’idée incongrue de partir faire la connaissance de sa filleule, au Burkina Faso.
Chapitre 2
— Mais qu’est-ce que tu veux aller faire dans un orphelinat au fond de l’Afrique ? Si tu tiens à voyager, tu ferais mieux d’aller voir Hortense à Singapour. Elle te l’a proposé.
— Elle est submergée de travail, je ne vais pas aller la déranger.
Hortense l’aurait pourtant bien reçue, par amour filial et parce qu’il est dans sa nature de se montrer irréprochable, ce qui fait d’elle une directrice d’agence bancaire très performante et une fille aînée un peu agaçante.
— Et puis je n’ai pas très envie de faire du shopping à Singapour. Je voudrais me rendre utile.
Il a ce sourire mi-compatissant mi-ironique qui est devenu au fil du temps l’expression faciale la plus gentille qu’il lui destine.
— Parce que tu penses que ça peut être utile d’apprendre à tricoter à des gamines africaines ?
— À broder, je vais leur apprendre à broder.
— Ah, pardon, à broder…ça change tout !
Elle est enceinte d’Hortense et doit rester au repos. Elle s’est mise au point de croix.
— Qu’est-ce que tu fais ?
— C’est pour la chambre du bébé. Un abécédaire.
Il hausse les épaules avec une indulgence amusée.
—Tu veux lui apprendre l’alphabet dès le berceau, c’est ça ?
— Ne te moque pas de moi ! C’est juste pour m’occuper les doigts, je trouve le temps long, tu sais.
Il lui pose un baiser dans le cou.
— C’est joli, en tout cas.
Il hausse les épaules avec une condescendance moqueuse.
— Enfin, si tu en as envie, je ne t’empêche pas d’y aller. Tu prévois de partir à Pâques, c’est ça ?
De moqueur, son sourire se fait satisfait. Il en profitera certainement pour emmener Claire en week-end prolongé. À Vienne, ou Londres. Elle a envie de lui dire qu’elle n’est pas dupe. Mais à quoi bon ? La première fois qu’elle s’est aperçue qu’il la trompait, peu après la naissance d’Hortense, elle lui a fait la grande scène de l’épouse bafouée et s’est effondrée dans ses bras dès qu’il lui a demandé pardon en lui jurant que ce n’était qu’une passade sans lendemain et que ça n’arriverait plus. En réalité, c’était déjà arrivé et cela arriverait encore, la laissant chaque fois un peu plus désabusée. Son mari est un homme séduisant, et séducteur, qui a multiplié les conquêtes avant de la connaître : elle a été naïve de croire qu’il lui resterait fidèle toute une vie. Elle doit reconnaître cependant qu’il a toujours maintenu les apparences, menant ses petites histoires avec discrétion et la traitant avec passablement d’égards. Ils partagent l’appartement — mais pas la chambre —, les repas et une indifférence courtoise. Au fond, Claire, elle s’en fiche. Elle ne lui envie pas le week-end prolongé à Vienne. Ou Londres. Elle, elle va aller en Afrique.
Chapitre 3
Elle a bu la petite bouteille de vin proposée avec le plateau-repas et regardé trois films à la suite, si bien que l’espace autour d’elle vibre d’étrange façon lorsqu’elle franchit la porte de l’avion et met le pied sur la passerelle. Elle a l’impression, non pas de sortir à l’air libre, mais de pénétrer dans une pièce surchauffée. Le soleil brûle la peau bien qu’il ne soit plus au zénith et, au-dessous d’elle, le goudron du tarmac paraît liquéfié. Après la grisaille et le froid du misérable printemps parisien, elle en a le souffle coupé et se laisse glisser avec une légère sensation de vertige dans le bain de lumière et de chaleur.
Le flot des passagers se dirige à pied vers les bâtiments de l’aéroport. Elle suit le mouvement, tâchant de prendre l’air aussi dégagé que les autres : Ouagadougou n’est pas une destination touristique et les voyageurs, qu’ils soient blancs ou noirs, paraissent tous connaître les lieux. L’attente des bagages devant le tapis roulant lui parait interminable. Interminable aussi le passage à la douane où un policier vérifie son passeport avec une méticulosité exaspérante tandis qu’elle essaie de contrôler l’angoisse stupide qui l’envahit : et s’il y avait eu un malentendu ? Si personne n’était là pour l’attendre ?
La douane franchie, plusieurs hommes se ruent vers elle et tentent de la dessaisir de son chariot à bagages tout en criant : « Taxi, taxi ! » d’un air plus menaçant qu’engageant. « Non, non, merci ! » Elle se cramponne à son chariot et balaie d’un regard affolé les affichettes brandies par une rangée d’hommes à l’allure plus débonnaire : « M. Baktaoui… Dr Courson… MM. Lepage et Schutter… Splendid hôtel… M. et Mme Nicholson… Anne Colbert… non, Annie Colbert ». Évidemment, ils se sont fiés à son passeport.
— Je vous présente Anne, dit Patrice. Anne, mes parents.
— Enchantée de vous rencontrer enfin, Anne, dit madam