Sous le soleil de Satan , livre ebook

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LE CLASSIQUE SULFUREUX


Dans ce chef-d’œuvre du XXe siècle, Georges Bernanos dépeint Mouchette et l’abbé Donissan dans leur lutte contre le mal, contre Satan. Le diable semble mener les personnages comme des marionnettes mais sauront-ils lui résister ? Pourquoi Mouchette a-t-elle tué l’homme qui la séduisait ? Comment l’abbé pense-t-il la sauver ? Ce roman agit comme un manifeste pour l’œuvre entière de Bernanos. Sous le soleil de Satan montre l’humanité broyée par le doute et le mal.


Le Soleil de Satan a été adapté au cinéma par Maurice Pialat en 1987, et a reçu la Palme d'or du Festival de Cannes avec dans les rôles principaux Gérard Depardieu et Sandrine Bonnaire.


Georges Bernanos (1888-1948), a écrit quelques unes des œuvres majeures de la France littéraire du XXe siècle. On lui doit Sous le soleil de Satan, Les Grands cimetières sous la lune ou encore La France contre les robots.


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Date de parution

19 août 2016

Nombre de lectures

7

EAN13

9791027804122

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

GEORGES BERNANOS
SOUS LE SOLEIL DE SATAN
P réface de Sébastien Lapaque
Le Castor Astral
SOUS LE SOLEIL EXACTEMENT
« Vous aurez en France cinq cents lecteurs. Vous venez trop tôt ou trop tard », prédit Daniel Halévy à Georges Bernanos en 1926, au moment où Sous le soleil de Satan s’apprêtait à paraître en librairie. C’était l’année où André Gide publiait Les Faux-Monnayeurs , André Malraux La Tentation de l’Occident et Blaise Cendrars Moravagine . Qui pouvait imaginer qu’un roman planté dans les paysages nocturnes du Boulonnais pouvait avoir du succès ? Comment croire que cette histoire mettant en scène une jeune femme broyée par le désespoir et un curé traqué par le diable ferait un triomphe dans la France des années folles ? Son auteur était un inconnu de trente-huit ans, père de famille, qui avait combattu tout au long de la Première Guerre mondiale dans un régiment de cavalerie et travaillait comme inspecteur dans une compagnie d’assurances. Il avait commencé son livre au lendemain de l’armistice de 1918 et en avait composé une grande partie au hasard des hôtels et des wagons de chemin de fer durant ses tournées dans l’est de la France.
Louis, Émile, Clément, Georges Bernanos, né le 20 février 1888 à Paris, n’avait ni l’étoffe, ni surtout l’ambition d’un gendelettre . Il ne l’aura d’ailleurs jamais. « Je ne suis pas un écrivain, écrira-t-il dans la préface des Grands Cimetières sous la lune . La seule vue d’une feuille de papier blanc me harasse l’âme. L’espèce de recueillement physique que m’impose un tel travail m’est si odieux que je l’évite autant que je puis. (…) J’écris dans les salles de cafés ainsi que dans les wagons de chemin de fer, pour ne pas être dupe de créatures imaginaires, pour retrouver d’un regard jeté sur l’inconnu qui passe, la juste mesure de la joie et de la douleur. »
La joie et la douleur : dès le premier de ses huit romans, Georges Bernanos a mis en scène les modalités les plus radicales de la condition humaine. C’est ce qui a stupéfié les lecteurs de 1926 – ils ne furent pas cinq cents, il furent cent mille –, c’est ce qui stupéfait ceux d’aujourd’hui. Il est impossible de lire Sous le soleil de Satan sans voir immédiatement que l’écriture de ce livre enveloppé de ténèbres procéda à la fois d’une nécessité intime, d’une aventure intérieure et d’hallucinations familières – sans trucages, sans tricheries et sans les artifices narratifs qu’une pratique soutenue du « métier » littéraire permet de maîtriser à la longue. D’un point de vue strictement formel, on peut d’ailleurs soutenir que c’est un roman mal bâti, avec trois parties cousues les unes aux autres de manière étrange et de longues digressions qui déséquilibrent le récit. On peut toujours. La déconstruction des chefs-d’œuvre est un exercice dans lequel excellent certains cancres savants. Ils vous expliquent que la fin de La Chartreuse de Parme est trop rapide, que les discussions politiques dans L’Éducation sentimentale sont trop nombreuses ou qu’il y a trop de ducs dans À la recherche du temps perdu.
Cette activité s’apparente au désossage du boucher. Elle n’a pas notre faveur. Des chefs-d’œuvre, nous suggérons un autre usage : les ouvrir comme s’ils venaient de nous arriver, sans nom d’auteur . Cette discipline intellectuelle permet d’éviter d’être piégé par sa tradition, comme le fut André Gide en son temps. Longtemps après la parution de Sous le soleil de Satan , à un ami qui lui demandait pourquoi il avait refusé de lire ce roman, il fit cette réponse effarante : « C’est la même chose que Balzac et que Barbey, et cette chose m’est étrangère. » Gide en son préjugé : l’idée selon laquelle il y a trop de ducs chez Proust venait déjà de lui. Aux noms de Balzac et de Barbey, il aurait dû ajouter celui de Bloy. Le carré eût été complet.
À notre tour, ne nous laissons pas piéger. Oublions ce que nous savons, ou croyons savoir de Georges Bernanos, oublions les considérations du Lagarde & Michard sur les zécrivains-catholiques , oublions même le film de Maurice Pialat – sinon Sandrine Bonnaire en Mouchette, si sensible et si juste. Ouvrons ce roman comme si l’encre bleue du jeune écrivain de 1926 et ses calligraphies appliquées sur ses petits cahiers d’écolier n’avaient pas encore séché. Et laissons nous hanter par ce grondement sourd, ce lyrisme intérieur, cette extraordinaire puissance imaginative : « Voici l’heure du soir qu’aima P.-J. Toulet. Voici l’horizon qui se défait – un grand nuage d’ivoire au couchant et, du zénith au sol, le ciel crépusculaire, la solitude immense, déjà glacée – plein d’un silence liquide. Voici l’heure du poète qui distillait la vie dans son cœur, pour en extraire l’essence secrète, empoisonnée, embaumée… » On tient là mieux qu’un style : une voix. C’est évidemment cette voix qui stupéfia les premiers lecteurs de Sous le soleil de Satan en 1926.
Dans une lettre écrite à Georges Bernanos deux ans plus tard, Antonin Artaud a résumé le sentiment général. Ce qu’il écrit de L’Imposture , le deuxième roman de Bernanos, aurait pu être écrit à propos de Sous le soleil de Satan : « Rarement chose ou homme ne m’a fait sentir la domination du malheur, rarement j’ai vu l’impasse d’une destinée farcie de fiel et de larmes, coincée de douleurs inutiles et noires comme dans ces pages dont le pouvoir hallucinatoire n’est rien à côté de ce suintement de désespoir qu’elles dégagent. Je ne sais si je suis pour vous un réprouvé mais en tout cas vous êtes pour moi un frère en désolante lucidité.1 »
Tout est dit. Il ne reste plus qu’à éprouver à son tour la désolante lucidité de Bernanos en lisant Sous le soleil de Satan . Je ne résumerais pas l’histoire, ce serait priver ceux qui découvrent ce livre du plaisir de le dévorer comme un roman policier, en se demandant : « Qui a fait le coup ? » Le diable ou le bon Dieu ? C’est toute la question du livre, jusqu’à cette scène incroyable, dans la dernière partie, où l’abbé Donissan tente de faire un miracle en ressuscitant un enfant mort. Qu’est-ce qui pourrait lui donner cette force surnaturelle : la haine ou l’amour ? Ce dilemme est mis en scène par Bernanos de manière grandiose. Auparavant, le face-à-face entre Mouchette, que le mensonge et le mal ont rendu extérieure à elle-même, et l’abbé Donissan, qui pour sauver Mouchette du néant doit en affronter à la fois le désespoir et le diable, oblige le lecteur à remonter à la source mystérieuse où tout se noue : l’angoisse et la foi, le rire et les larmes, la douleur et la joie. « La terrible domination du malheur » est quelque chose de terrifiant chez Bernanos. Par là, il arrive à sa littérature de sentir le fagot : on peut reprocher au romancier de faire sonner les grandes orgues avec certaine complaisance, pas d’avoir voulu faire de la littérature édifiante. L’auteur de La Joie était un catholique qui écrivait des romans – on trouve dans le Soleil une matière mystique et théologique dynamitée de l’intérieur –, mais il n’a jamais revendiqué la qualification d’« écrivain catholique ». Au moment où il s’imposait comme une façon de Dostoïevski à la française, des écrivains tels que Paul Bourget, Henry Bordeaux et René Bazin publiaient à Paris de la « littérature du salut » en flux tendu. Georges Bernanos ne fut pas des leurs. Il a rarement bénéficié de l’approbation des curés – et cela ne s’est pas arrangé avec les fonctionnaires de Dieu spécialisés dans la pastorale sociale apparus après Vatican II. Pour un curé démocrate, Bernanos est trop janséniste. Mais ce qu’il a contre lui du point de vue de la stricte orthodoxie catholique, il l’a pour lui d’un point de vue romanesque : il accorde au diable une puissance redoutable.
Par là, Satan fait un excellent personnage de roman noir, un « Invaincu » toujours prêt à repartir à l’assaut des âmes – sans répit, jusqu’à la fin des Temps.

Sébastien L APAQUE
À Robert Vallery-Radot
qui lut le premier ce livre et l’aima.
G. B.
PROLOGUE
HISTOIRE DE MOUCHETTE
I.
Voici l’heure du soir qu’aima P.J. Toulet. Voici l’horizon qui se défait – un grand nuage d’ivoire au couchant et, du zénith au sol, le ciel crépusculaire, la solitude immense, déjà glacée –, plein d’un silence liquide… Voici l’heure du poète qui distillait la vie dans son cœur, pour en extraire l’essence secrète, embaumée, empoisonnée.
Déjà la troupe humaine remue dans l’ombre, aux mille bras, aux mille bouches ; déjà le boulevard déferle et resplendit… Et lui, accoudé à la table de marbre, regardait monter la nuit, comme un lis.

Voici l’heure où commence l’histoire de Germaine Malorthy, du bourg de Terninques, en Artois. Son père était un de ces Malorthy du Boulonnais qui sont une dynastie de meuniers et de minotiers, tous gens de même farine, à faire d’un sac de blé bonne mesure, mais larges en affaires, et bien vivants. Malorthy le père vint le premier s’établir à Campagne, s’y maria et, laissant le blé pour l’orge, fit de la politique et de la bière, l’une et l’autre assez mauvaises. Les minotiers de Dœuvres et de Marquise le tinrent dès lors pour un fou dangereux, qui finirait sur la paille, après avoir déshonoré des commerçants qui n’avaient jamais rien demandé à personne qu’un honnête profit. « Nous sommes libéraux de père en fils », disaient-ils, voulant exprimer par là qu’ils restaient des négociants irréprochables… Car le doctrinaire en révolte, dont le temps s’amuse avec une profonde ironie, ne fait souche que de gens paisibles. La postérité spirituelle de Blanqui a peuplé l’enregistrement, et les sacristies sont encombrées de celle de Lamennais.
Le village de Campagne a deux seigneurs. L’officier de santé Gallet, nourri du bréviaire Raspail, député de l’arrondissement. Des hauteurs où son destin l’a placé, il contemple encore avec mélancolie le paradis perdu de la vie bourgeoise, sa petite ville obscure, et le salon familial de reps vert où son néant s’est enflé. Il croit honnêtement mettre en péril l’ordre social et la propriété, il le déplore et, se taisant ou s’abstenant toujours, il espère

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