Sous le déluge du Pouvoir , livre ebook

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Quand on a l'habitude de manier le pouvoir avec une seule main, il faut s'attendre à un revers beaucoup plus atroce. Comme le vent, le pouvoir ne prévient personne : il choisit juste sa victime. Entre abus, méfiance, complot, manipulation et vengeance monsieur Zan, illustre homme politique arrive à se hisser au sommet du pouvoir. Contre toute attente, il arrive à se tailler la part du lion dans une société purement hostile. Son éloquence, son leadership et son amour pour le travail feront de lui la cheville ouvrière de la classe politique de son pays. La hauteur et la grandeur de son poste ne l'empêcheront pas de trainer cependant dans les abysses de la turpitude. Il suffit d'une rencontre pour que tout bascule. Que faire quand le pire arrive malgré notre pouvoir ? Comment échapper à ce monde noir rempli de trappes ? A quoi ça sert de gagner ce monde quand on perd notre âme ? Monsieur Zan arrivera-t-il à sortir la tête de l'eau ? La vie du pouvoir est une cohorte de vicissitude et de mystère qu'on ne maîtrise jamais.
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Date de parution

19 octobre 2021

Nombre de lectures

202

EAN13

9782492228070

Langue

Français

Claude-Marcel ABOLY
Sous le déluge du Pouvoir
Roman
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C’était un jour comme les autres depuis les vacances. Niambey et sa tante Mohako revenaient du champ avec des cuvettes pleines de fagots et de pitances pour passer une agréable fin de semaine. Il faisait très bon vivre à Famiensou leur village; les enfants se vautraient dans le sable et s’adonnaient à chaque fois aux jeux de cache-cache mieux connu sous le nom de ‘’solé-molé’’ en terre d’Eburnea, le pays des braves hommes.
Les soirs, c’était avec empressement que les enfants écoutaient les contes de la forêt, de la savane, les mythes et les légendes des ancêtres africains qui avaient faits de grands exploits. Ils terminaient leurs séances de conte et bien entendu d’art oratoire par des danses rythmées, embaumées de cadences vraiment fortes. C’était une vie paisible, avec cette belle civilisation qui de nos jours tend à disparaitre.
Il est de vérité quasi-irréfutable que la civilisation occidentale était le miroir de tous les hommes, voire de toutes les
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civilisations ; cependant, force est de reconnaitre que la civilisation africaine était de celles qui n’avaient point besoin de description, de propagande, de peinture ni d’une connaissance approximative mais plutôt d’une initiation, du rythme, du savoir-faire, de la pure sagesse, et de la philosophie encore pure, brute et intarissable.
Habituellement, après ces moments de distraction, d’éducation et d’initiation dirigés par le vétéran Djanougba,les tout-petits rentraient à la maison, contentsd’avoir appris une histoire ou une leçon de plus que ceux qui n’avaient pas voulu effectuer le déplacement. Ils étaient dès le lendemain matin les sages de leur petit groupe d'amis.
La petite Niambey aimait beaucoup écouter les contes et les histoirescomme d’habitude, elle avait participé à lade ses aïeux et séance de conte de Djanougba.Chaque fois qu’elle revenait, elle essayait de discuter de certains points avec sa tante qui à son tour se délectait des récits de cette petite de seize ans qui raisonnait déjà comme une adulte. Mohako aimait profondément sa nièce ; celle-ci était la fille de sa petite sœur Ablan.
Ablan était mariée à un baron, c’est-à-dire un riche homme d’affaires, avec qui ellevivait à la capitale depuis treize ans. Elle se rendait rarement au village, d’ailleurs en treize annéeselle y était venue seulement à trois reprises. Par contre, elle prenait la peine 3
d’approvisionner sa première fille et sa grande sœuren vêtement, en nourriture et en bricoles.
Comme Niambey ne connaissses deux petites sœurs,ait pas fruit du mariage de sa mère avec le baron Zan, Mohako envoya une lettreà Ablan pour l’informer qu'elle viendra passer les vacances chez elle.Depuis l’annonce de ce projet de voyage à la capitale pour voir sa famille, la petite Niambey exultait en son for intérieur. Elle ne cessait de montrer sa joie et son enchantement.
Cette nuit-là,après l’école africaine comme l’appelaient les enfants qui écoutaient Djanougba avec dévouement et sympathie, tante Mohako décida de s’entretenir avec sa nièce :
-
Tu sais ma chérie, demain tu iras à la capitale rejoindre ta mère et tes petites sœurs. Elles sont très gentilles, je parie. Toi aussi tu es une fille superbe et très brillante. Alors, une fois là-bas respecte son mari, ton beau-père. Je ne sais pas si ta maman a eu l’occasion de lui parler concrètement de toi, mais je pense qu’il saura t’accepter et t’aimer comme il se doit. Pour ce qui est des enfants, ne t’en fait surtout pas, elles ne te connaissent surtout pas, mais on dit toujours que les enfants sont saints et pleins de bonté donc n’aie pas peur, vous ferez connaissance et elles t’accepteront fort bien.
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La petite Niambey écouta attentivement sa tante avant de répondre :
-
-
Ma très chère maman, sache que je me suis promise de toujours respecter tes désirs, d’écouter tes conseils et d’être une bonne enfant, comme tu me l’as toujours recommandé. J’irai passer les vacances à la capitale avecun peu de peine parce que je n’aime pas te laisser toute seule ; toutefois comme c’est toiqui souhaite que je voyage pour rencontrer le reste de ma famille et en profiter pour connaitre la capitale dont tout le monde rêve, alors je le ferai sans hésiter. J’espère seulement qu’avec ma mère tout se passera bien comme avec toi ici. Ne t’inquiètesurtout de rien mon atomoli. Tout ira bien ; je suis même certaine que tu voudras y retourner pour les vacances à venir.
L’échange prit ainsi fin. Elles entrèrent se coucher pour se reposer après cette journée de dur labeur. Dès le troisième chant du coq, Mohako se réveilla, apprêta en quelques minutes les affaires de Niambey avant de la réveillerpour qu’elle prenne sa douche. Une fois tout ceci terminé, elle irait prendre le car.
La petite Niambey quid’habituden’aimait pas du tout abandonner son sommeil, avait cette fois-là doublé d’ardeur pour se 5
réveiller d’un coup. Elle courut ensuite prendre sa douche. Déjà à seize ans, elle révélait la beauté d’une jeune femme d’une vingtaine d’année. Niambey était une fille de teint cacao, sa peau basanée qui n’était troublée par aucune imperfection faisait pâlir de jalousie certaines jeunes filles du village déjà accros aux produits de beauté. À son âge, sa chevelure, aussi noire que le jais, s’écoulait en cascade sur des épaules carrées. Son sourire,comme l’affirmait sa tante, était le reflet même de celui de sa mère, Ablan, à qui on enviait les secrets de beauté. Aprèss’être rendue propre, Niambey se mit devant le miroir pour s’embellir un peu. Quelque temps après avoir appliqué du beurre de cacao sur son visage, elle, toute endimanchée, était prête pour le départ sur la capitale.
Accompagnée à la gare routière par sa tante, Il était quasiment six heures quand elle emprunta le car; très peu nombreuse étaient ses amies qui la virent partir pour Sikatin, la capitale. Cette grande ville, tout le monde en rêvait. Elle était problématique et bouillonnante de vicissitudes.
Au bout de sept heures de route, la petite de Famiensou était à la gare routière du quartier commercial de la capitale. Dans ce quartier, grouillaient tous les vendeurs et vendeuses, les démunis. Il y avait également des délinquants et des escrocs qui étaient toujours aux aguets. Presque chaque jour, les populations dénonçaient un
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nouveau cas d’assassinat commis par les délinquants juvéniles qui rôdaient dans les fumoirs et carrefours de cette zone.
En effet, depuis un certain moment, Sikatin était devenu exagérément dangereuse vu que ces enfants, des bandits qui avaient pour la plupart entre sept et dix-sept ans, ne tardaient pas à sortir des armesblanches. C’était généralement des machettes, des gourdins, des haches, des faucilles et des couteaux. Ils s’en servaient pour accomplir leurs sales besognes. Leur mode opératoire, une barbarie sans nom, consistait à attaquer les habitants en pleine journée, surtout à des heures ou chacun essayait de vaquer au mieux à ses activités pour recueillir de part et d’autre sa pitance journalière. Les riverains ne s’imaginaient plus vivre autrement que dans la peur, alors même qu’il existait dans le pays une institution chargée de la sécurité nationale. Aucune mesure drastique n’était prise pour mettre hors d’état de nuire ces enfants à la fois victimes et bourreaux.
C’était justement pour toutes ces raisons qu’Ablan, grande dame au foyer dont la beauté et la prestance faisaient la fierté de son mari, sortait toujours accompagnéed’un garde du corps qui faisait aussi office de chauffeur. Ce Matin-là, elle s’était endimanchée comme sa fille l’avait fait avant son départ.La cause, elle décida d’aller récupérer sonainée dès qu’elle arriverait. Elle ne voulait pas
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prendre le risque de la laisser patienter ne serait-ce que pour deux minutes. L’attente pouvait être dangereuse pour la petite. Heureusement, elle arriva au bon moment, à l’instant même où le car emprunté par sa fille gara. Ce fut avec joie, enthousiasme et empressement qu’elles se serrèrent dans les bras,l’une blottie contrel’autre. À la suite de cette salutation assez chaleureuse et hospitalière, Ablan lui souhaita la bienvenue. « Mets les affaires de ma princesse dans le coffre de la voiture », ordonna-t-elle à son chauffeur. Les vendeurs, les transporteurs, la ribambelle de passagers et même les chefs de gare, ne quittèrent point du regard la merveilleuse voiture qui venait de garer pour de surcroit venir chercher une petite villageoise.C’était une très belle Mercedes noire, avec des vitres teintées et un intérieur tout en cuir. On sentait le confort jaillir du carrosse. Elle appartenait à Zan, le grand homme d’affaires qui avait bâti sa fortune dansla politique. Comme il est de notoriété publique en Afrique, la politique vaut mille fois mieux qu’un gisement de pétrole. Il le disait d’ailleurs pour chahuter : « le pétrole prend du temps avant de produire de l’argent et du pouvoir, mais avec la politique on peut se remplir les poches à la minute». La politique est donc devenue le sport continental par excellence, pratiqué à grande échelle par tous les africains, les alphabétisés comme les non-alphabétisés.Ainsi, c’est sans surprise que le flambeau de la politique a éclairé les lanternes de la vie de M. Zan. 8
Sa notoriété se fit grâce à sa maitrise parfaite de la parole, du dialogue, des contours de la parole et surtout grâce à son aura de leader. Haranguer la foule était un plaisir pour lui. Il se délectait de la parole ! Il aimait affirmer qu’il était allé à l’école des maitres langagiers. C’est même de lui que nous tenons l’adage : «Toute parole qui sort de la bouche d’un homme doit être comme un être humain ; propre et prêt à séduire ». Il va même plus loin en disant : « La vie et la mort se trouvent entre les lignes de la parole. Alors que les intentions de celui qui parle soient bonnes car la vie et la mort sont suspendues à ses lèvres ». Il avait raison. La preuve, quand Niambey monta dans la voiture, une jeune fille qui vendait des livres affirma ceci : « Le bolide est venue chercher une servante venue du village ». Une vieille femme qui entendit cela donna l’information à son groupe d’amis en disant à son tour : « On dit c’est une servante venu d’un pays limitrophe. La femme l'a achetée avec ceux qui l'ont fait venir. ». Au fur et à mesure que cette information avait couru,elle s’était métamorphosée. En plus, tous diffusaient ces ragots avec assurance, faisant croire tantôt que Niambey en avait parlé au convoyeur ou qu’Ablan lesavait affirmés dans une discussion avec son chauffeur. Ce fut donc sous les regards curieux, envieux et accusateurs des occupants de la garequ’ils rentrèrent chez eux.
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La voiture et la demeure de monsieur Zan étaient du même standing. La maison familiale se dressait tel un manoir, isolée sur un vaste terrain essentiellement entouré de verdure. La route qui mène à la propriété était bordée d’arbres en pleine floraison, on reconnaissait principalement parmi ceux-ci les flamboyants dont les belles fleurs rouges donnaient à ce lieu un aspect féerique. En approchant de la maison, on apercevait déjà une magnifique piscine en forme de dauphin, creusée à même le sol d’une terrasse en marbre et en dalle de granit dont la couleur anthracite renvoyait à l’aspect chic et épuré de la décoration intérieure. A travers celle-ci, on s’en rendait compte dès les premiers pas dans la maison. Elle avait été faite par des professionnels qui, pour rappeler la richesse et l’élégance des maitres
des lieux, avaient misé sur des luminaires parsemant les pièces et des
fleurs dont le doux parfum embaumait l’air.
A l’intérieur de cette demeure se trouvaientles deux enfants issus de l’union sacrée de Mr Zan etsa femme Ablan, mieux connue sous le nom de Mme Zan.L'une d'entre elles s’appelait Mossia. Elle était la benjamine.Toute fine, au teint d’ébène, elle gardait religieusement ses cheveux courts. Âgée seulement de neuf ans, elle était taciturne. Elle avait un amour fou pour la technologie et les calculs. Elle passait tout son temps à chercher des informations sur les nouvelles inventions. Contrairement à sa sœur,
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