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Français
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2023
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Publié par
Date de parution
01 mars 2023
Nombre de lectures
932
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
4 Mo
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01 mars 2023
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Français
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4 Mo
Anzata OUATTARA
Safora
Une vie de tribulationsSafora Une vie de tribulations
Dépôt légal : n°18338 du 09 février 2022
ème2 édition octobre 2022Remerciements
À Dieu Tout-Puissant, merci pour le souffle de vie.
À ma mère, repose en paix.
55PRÉFACE
e roman est une merveilleuse leçon de vie
qu’Anzata nous livre sur un ton de confidence.CIl nous parle de la vie d’une jeune femme qui,
face aux difficultés de la vie, a décidé de privilégier le
travail comme secret de réussite. Mais, dans sa noble
quête, elle fera une rencontre qui bouleversera toutes
ses espérances. Ce choix ne sera pas sans
conséquences même s’il a été guidé par l’amour.
L’héroïne d’Anzata Ouattara peut se confondre
avec chacune d’entre nous, femmes compétentes,
femmes de valeurs. À elle-même d’abord parce qu’il
est vrai que toute œuvre relate quelque peu la vie
de son auteur. Je la connais très bien pour savoir
qu’elle partage avec Safora cette grande générosité
et ce courage à toute épreuve. À vous aussi, lectrices
et lecteurs, qui êtes tentés de porter un jugement de
valeur sur la vie de Safora pour la blâmer ou, au
contraire, pour la soutenir dans les épreuves qu’elle
a endurées. Quel que soit le côté où votre cœur
pen7chera, sachez qu’en chacun ou chacune de vous,
existe un Sidy ou une Safora en puissance, balloté
par les aléas de la vie. Que leurs destins nous
servent de leçons !
J’ai lu les différents tomes de Les Coups de la vie. Je
les ai aimés aussi bien les uns que les autres. J’ai
beaucoup apprécié Altiné…mon unique péché. Je
constate que cette œuvre-ci, Safora, même si elle
reste fidèle à la thématique préférée de l’auteure,
est pleine de maturité, tant dans le traitement du
thème que dans la qualité de l’écriture. Ce n’est pas
étonnant quand on sait qu’Anzata Ouattara est
membre du Compendium des Compétences
Féminines de Côte d’Ivoire (COCOFCI), un programme
de valorisation des compétences féminines, qui
regorge de femmes de talents.
Je souhaite vivement que cet ouvrage de qualité
vous procure autant de plaisir qu’il m’en a procuré.
Euphrasie KOUASSI YAO
8CHAPITRE 1
ette année encore, les pluies diluviennes
régnaient sur la capitale, paralysant toute ac-Ctivité. Les maisons les plus vulnérables
subissaient, comme en pareilles circonstances, leur
courroux. Pis, elles arrachaient d'innocentes vies
humaines sous le regard des autorités toujours
accusées de laxisme. Aucun quartier n'était épargné,
même ceux des plus nantis.
À Attécoubé, mon lieu de résidence, les risques dus
aux intempéries étaient visibles. Chaque année, à la
même période, c'est avec angoisse que nous
vaquions à nos occupations. En effet, ces déluges
pouvaient surgir de nulle part et semer peine et désarroi
dans tout le quartier.
9Safora Une vie de tribulations
Le gouvernement, par la voix des autorités
municipales, intima l'ordre aux habitants des zones à risque
de déguerpir. Mais où aller ? La plupart d’entre nous
n’avions nulle part où aller, tout simplement parce
que nous étions indigents. La Côte d’Ivoire était pour
nous une terre d’accueil en laquelle nous fondions
beaucoup d’espoirs.
Attécoubé fut la commune qui nous avait ouvert les
bras pour le coût accessible du loyer. Certes, nous
étions conscients des dangers que nous courions
avec ces maisons en matériaux de récupération
construites sur des pentes ou des terrains à haut
risque mais où trouver un abri à la portée de notre
bourse ? Nous étions donc prêts à braver tout ordre
de déguerpissement, d'où qu'il viendrait. C'était cela
notre tragique destin. Trop de questions se
bousculaient dans ma petite tête quand je voyais le cirque
auquel se livraient les autorités, chaque année, à la
même période. Je préférais cependant me concentrer
sur mon gagne-pain : le commerce d’articles divers en
compagnie de mes amies aux feux tricolores et aux
carrefours les plus animés de la capitale, Abidjan.
Sanatha, Aliman et moi avions pour activité la
vente de parapluies et de serviettes quand arrivait
la saison des pluies. Le paradoxe, c'est qu'autant que
cette période de l’année menaçait nos pauvres vies,
10Safora Une vie de tribulations
autant elle était le moment propice pour gagner
notre pitance. Notre quartier de prédilection était le
Plateau, la cité des affaires. Dès notre arrivée, nous
nous dispersions dans ses rues pour ne pas nous
marcher sur les pieds. Mais, le soir venu, nous nous
retrouvions pour faire le point de la journée.
* *
*
Ce jour-là, un mardi après-midi, les voitures
circulaient au ralenti. Le ciel, sombre, obligeait les
automobilistes à allumer les phares de leurs véhicules. La
pluie, d’une forte intensité, nous poussa, mes amies
et moi, à nous abriter près d’une entreprise, dans le
box des vigiles. Nous eûmes droit à cette faveur
grâce à Inoussa, l’un des vigiles, qui me faisait la
cour. Il pleuvait des cordes et, bien que ce fût l’heure
de la descente, nous ne voyions personne dans les
rues. De notre abri, nous imaginions l’état dans
lequel nous trouverions notre maison à notre retour.
En effet, ce studio d’environ huit mètres carrés,
construit en dur, mais dont les murs étaient fissurés
par endroits du fait de l’humidité, menaçait de
s'effondrer à la moindre intempérie. Chaque fois qu’il
pleuvait, nous nous attendions à ce que les gouttes
11Safora Une vie de tribulations
transpercent les tôles disjointes. Combien de fois
n’avons-nous pas projeté de quitter cet endroit ?
Cependant, les moyens faisant défaut, cela restait un
projet permanent.
Ce soir-là, le tonnerre grondait si fort que j’étais prête
à solliciter la clémence d’Inoussa pour qu’il nous
autorise à dormir dans son box. Le risque était trop grand
pour nous de sortir sous cette pluie battante. J’étais
plongée dans mes pensées quand j’aperçus le
conducteur d’un véhicule 4x4 nous faire de grands signes.
- Inoussa, regarde ! Ce monsieur dans la voiture te
fait des signes, il veut sûrement te parler,
l’interpellai-je.
- Oui, c’est le patron de l’entreprise en face, me
répondit-il.
Puis, s’étant muni de son imperméable, il se dirigea
en courant vers lui. L’homme lui parla. Ensuite, il
rebroussa chemin.
- Les filles, ce monsieur souhaite acheter un
parapluie. Il a un rendez-vous important, lança-t-il, avant
de reprendre sa place, l’air un peu boudeur.
Sanatha et Alima me regardèrent puis se mirent à
rire.
- Mais pourquoi riez-vous ? leur demandai-je.
12Safora Une vie de tribulations
- Non, rien, marmonnèrent-elles, pouffant à
nouveau de rire. Nous étions prêtes à parier que tu
n’hésiterais pas à braver la pluie pour quelques sous.
- Eh bien, pas aujourd’hui ! J’ai pris un coup de
froid en voulant absolument écouler la totalité de ma
marchandise. Je vous prie de ne pas faire attendre
le client.
Sanatha s’abrita alors sous un parapluie, prit un
autre puis courut vers le véhicule du client.
Au moment de lui remettre le parapluie, le tonnerre
gronda et une décharge de foudre la fit sursauter.
Le parapluie s’échappa de sa main et tomba.
Je decidai alors d’aller à son secours avec un autre
parapluie et des serviettes. Mais, dès mon arrivée,
Sanatha courut se refugier dans le box. Le client
insista pour que je monte à bord de son véhicule.
- Mademoiselle, je m’en voudrais si vous tombiez
malade par ma faute. Montez, s’il vous plaît !
Je n’avais pas du tout l’intention de lui obéir.
J’espérais juste remettre le parapluie, recupérer mon
argent et partir. Mais le client n’était pas en train de
me le remettre. Il m’invitait plutôt à monter quand le
tonnerre gronda à nouveau, suivi d’éclairs.
13Safora Une vie de tribulations
J'ignore comment cela s’est déroulé mais par la
suite, en un clin d'œil, je me retrouvai dans la voiture,
tremblante comme une feuille morte. Je jetai un
regard apeuré sur mon hôte. Même si j'ignorais ses
secrètes intentions, je préférai mille fois être dans cette
voiture à ce moment précis que dehors.
Aussitôt, il ordonna à son chauffeur de démarrer.
J'étais inquiète et, même si je l'avais voulu, je n'aurais
pu prononcer aucune parole. L'homme ayant
remarqué mon trouble essaya de me rassurer :
- Ne vous en faites pas ! Je reviens vous déposer
tout à l'heure quand le temps se sera amélioré.
Je ne sais pas si cela me rassura mais je décidai de
m'abandonner à la providence. Je ne comprenais
vraiment pas pourquoi cet inconnu tenait tant à
m’avoir auprès de lui. Quelques minutes plus tard,
le véhicule stationna devant un immeuble. Avant de
descendre, il vérifia ses documents, se parfuma, se
peigna les cheveux, ajusta sa cravate puis me
demanda, un petit sourire aux lèvres : « Mademoiselle,
trouvez-vous que je présente bien ? Vous savez, ces
Blancs-là font attention à tout : la ponctualité, l’allure
et l’authenticité des documents, avant de faire des
affaires avec vous. Si je leur demande de reporter le
rendez-vous à cause du temps, ils diront que je ne suis pas
vraiment intéressé par le projet ».
14Safora Une vie de tribulations
J’étais toujours tétanisée comme si on m’avait
droguée. L’homme disait tellement de choses à la fois
que je dus lui exprimer mon ras-le-bol.
- Monsieur, déposez-moi là où vous m’avez prise !
Au lieu d’en être offusqué, il se mit à rire, ayant
enfin compris mon embarras. Puis il me répondit à
son tour.
- Je m’en voudrai de t’abandonner à un si mauvais
temps. Dis-moi par contre, pourquoi au lieu
d’étudier, tu vends dans la rue ?
Je ne voulais pas répondre à cette question, encore
moins raconter ma vie à un inconnu. D’ailleurs,
qu’est-ce que cela pouvait lui faire de savoir
pourquoi je n’étudiais pas ? Soudain, mon vis-à-vis se
désintéressa de moi comme si la réponse à sa question
lui importait désormais peu. Il descendit de la
voiture, documents bien enfouis dans sa serviette et
parapluie en main. Je le suivis des yeux jusqu'à ce qu'il
disparût dans le bâtiment.
Je tremblais de tout mon corps car j’avais très froid.
Malgré la pluie, la climatisation du véhicule était
restée en marche. Je jetai enfin un coup d’œil autour
de moi pour en admirer le confort ; j’en fus é