95
pages
Français
Ebooks
2021
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Publié par
Date de parution
10 mai 2021
Nombre de lectures
3
EAN13
9782490981106
Langue
Français
Publié par
Date de parution
10 mai 2021
Nombre de lectures
3
EAN13
9782490981106
Langue
Français
Sabir Kadel
ROMMEL RELOADED
Roman
Tous droits réservés
©Estelas Éditions / Under Éditions
11590 Cuxac d’Aude France
estelas.editions@gmail.com
www. JaimeLaLecture.fr
www.estelaseditions.com
ISBN : 9782490981106
« Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon, aux termes des articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle. »
Table des matières
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
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Épopée de Gilgamesh
Chapitre 1
À la radio, Kadhafi se lance dans des philippiques contre Sarkozy. Je ne comprends pas bien l’arabe, à part les quelques termes que tout un chacun connaît comme « jihad », « Allah Akbar » ou encore « choukran » : je reconnus quand même la voix du dirigeant libyen puisque je l’avais souvent entendue par le passé dans les journaux télévisés montrant ses interventions au siège des Nations Unies, et puis le nom de « Sarkozy », étant le même dans toutes les langues, et vu le ton employé, je compris que les harangues contre le président français étaient violentes. On me traduit le reste : en substance, le discours du Colonel portait sur le fait que les « révolutionnaires » étaient des agents d’Al-Qaïda, tout en étant des drogués et des mercenaires, le tout soutenu par l’Occident. Kadhafi avait en effet réussi, par une gymnastique rhétorique qui lui est propre, à réconcilier Ben Laden avec l’Europe. Le discours dura plusieurs minutes avant qu’une secousse due à un énième bombardement ne fît tomber la radio et que l’on se retrouva en même temps dans le noir.
Toutes les personnes dans la pièce allumèrent leurs téléphones portables pour créer un peu de lumière. Je trouvais que cette scène avait quelque chose de poétique, esthétiquement parlant, la lumière de ces portables scintillant comme des lucioles au bruit des bombes. Certains enfants pleuraient, et je sentis une main se poser sur ma jambe et une voix d’homme me dit, dans un anglais approximatif : « Be not afraid ». Je me sentis insulté car j’eus l’impression que pour les personnes présentes, j’avais le même statut que ces enfants qui chialaient. Même s’il est vrai que j’avais peur. Me voilà, moi, insignifiant juriste originaire d’une petite île de l’océan Indien, qui n’avait jamais vu un mort de sa vie avant son séjour ici, jamais entendu la détonation d’une bombe, jamais même posé le pied en Afrique, et je suis là, à Benghazi, ville dont je ne soupçonnais même pas l’existence quelques mois avant et que j’aurais eu peine à orthographier correctement. Et je repensais à ce que disait le Professeur Ian Malcolm dans Jurassic Park au moment où, pour séduire la paléobotaniste blonde, il lui expose la théorie du chaos, et comment les battements d’ailes d’un papillon peuvent apporter une tornade dans une autre moitié du monde. Et mon papillon à moi, c’était la photographie de mon grand-père.
Chapitre 2
On raconte qu’Alexandre le Grand, lors de ses campagnes, avait toujours sur lui un exemplaire de l’ Iliade que lui avait remis, et qu’avait annoté, Aristote en personne. Quel geste plus romantique que celui du plus grand conquérant, emportant avec lui le livre relatant la plus grande épopée, cadeau du plus grand philosophe ? Le romantisme m’a toujours hanté. J’écoutais à longueur de journée le Tristan und Isolde de Wagner, je connaissais des répliques entières de Cyrano de Bergerac , pas les mielleuses qui parlent d’amour. Non, celles ayant trait au panache, et j’avais comme livre de chevet Les Fleurs du mal .
Le romantisme, je le ressentais, je ne le vivais pas. Jusqu’au jour où j’appris l’histoire de mon grand-père, un grand-père que je n’avais jamais connu et dont ma première rencontre avec lui se fit à travers la découverte d’une ancienne photographie jaunie trouvée dans des affaires de famille dans l’ancienne maison qu’habitait mon père : nous étions décidés à la vendre et devions faire le ménage et tandis que je rangeais une vieille boîte, ma curiosité me poussait à voir tout ce qu’elle contenait puisque j’avais été toujours fasciné par la notion de sérendipité, qui est le fait de découvrir autre chose que ce que l’on cherchait au départ. C’est à ce moment-là que je vis la photo d’un homme en uniforme militaire, tenant un fusil à la main et qui prenait la pose, semblant tout fier de lui-même. Je glissai la photo dans ma poche, presque de manière automatique, et continuai avec le déménagement. Plus tard, tandis que j’étais avec mon père chez lui et que je mis la main dans ma poche pour y prendre un mouchoir, je sentis la photo. Je la retirai et la montrai à mon père, lui demandant s’il savait de qui il s’agissait. Après avoir marqué une pause, il lança en créole mauricien : « Ti mo papa sa ! », ce que même en n’étant pas un linguiste chevronné, on l’aura compris, c’était son père.
Il m’expliqua que sur cette photo il est en tenue militaire britannique lorsqu’il s’était engagé durant la Seconde Guerre mondiale. Il faut savoir que mon pays, Maurice, a été britannique jusqu’en 1968, quand elle devint indépendante (du moins en théorie puisque la plus haute instance judiciaire demeure le Conseil Privé de la Reine) et que tout naturellement les Mauriciens qui voulaient apporter leur contribution à l’effort de guerre le firent sous la bannière de l’Union Jack. Je trouvais l’entreprise noble, car contrairement aux autres pays du Commonwealth, Maurice n’a jamais été « envahie » par l’Angleterre étant donné que l’île ne possède pas de populations autochtones et que les premiers habitants étaient des Européens, d’abord les Hollandais, ensuite les Français et finalement les Anglais. Ainsi, on ne pourrait comparer mon grand-père, par exemple, aux tirailleurs sénégalais ou marocains qui, tout de même, décidèrent de combattre l’envahisseur nazi pour le compte d’un pays, la France, qui les avait eux-mêmes envahis.
Mon père me raconta comment le sien s’engagea en quarante dans l’armée britannique et combattit en Afrique du Nord sous Montgomery contre la Deutsches AfrikaKorps . Toutefois, il n’y avait nul enthousiasme dans sa voix et son récit ne fut pas émaillé de gestes abrupts mimant les tirs comme on aurait pu s’y attendre de la part d’un fils fier des faits d’armes de son père. Ce n’est pas parce que mon père désapprouva l’engagement du sien pour des raisons idéologiques, c’est juste parce que, alors que la guerre avait pris fin en quarante-cinq, il ne rentra au pays qu’en mille neuf cent cinquante. En apprenant cela, aussitôt, au lieu de partager le désarroi de mon père, je fus submergé par une émotion intense, un peu sans doute comme celle qui dut s’emparer de Champollion quand il prononça pour la première fois, après un silence de plus de deux mille ans, le nom de Ramsès ! Il me fallait découvrir ce qui s’était passé durant ces cinq mystérieuses années.
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