Qu'allons-nous faire des agapanthes? , livre ebook

icon

104

pages

icon

Français

icon

Ebooks

2014

Écrit par

Publié par

Lire un extrait
Lire un extrait

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne En savoir plus

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
icon

104

pages

icon

Français

icon

Ebooks

2014

Lire un extrait
Lire un extrait

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne En savoir plus

Cette année-là, au détour d'un été pluvieux à souhait, un curieux phénomène s'est produit dans Paris. Peut-être aussi dans d'autres villes, mais je n'ai pas encore enquêté là-dessus, j'ai assez à faire avec ce mystère parisien. Il y a encore quelques mois, je pouvais tourner à gauche dans ma rue, ou à droite, faire un petit nombre d'enjambées à gauche ou un petit trot à droite, je me retrouvais face à une horloge qui n'était que rarement en arrêt maladie. Sur le quai, ou sur la place, je levais la tête vers la garante du temps – pas celle du temps qu'il fait, celle du temps qui passe. Eh bien, en ce jour de septembre, les pendules avaient disparu! Le curieux, l'étrangement poétique... voici ce qui semble guider et motiver les nouvelles de D. Diatkine qui fait souffler en elles un doux vent de fantaisie... Aussi y est-il question, entre autres, de la disparition des horloges parisiennes, d'un fascinant crocodile derrière une vitrine, d'un intrigant mendiant à la mise changeante, ou encore de sibyllines missives, au fil de ces récits qui conjuguent légèreté, discrète poésie et étonnante fabulation... et qui se savourent comme autant de petites friandises littéraires.
Voir icon arrow

Publié par

Date de parution

27 mars 2014

Nombre de lectures

14

EAN13

9782342020854

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

2 Mo

Qu'allons-nous faire des agapanthes ?
Denise Diatkine Qu'allons-nous faire des agapanthes ?
Publibook
Retrouvez notre catalogue sur le site des Éditions Publibook : http://www.publibook.com Ce texte publié par les Éditions Publibook est protégé par les lois et traités internationaux relatifs aux droits d’auteur. Son impression sur papier est strictement réservée à l’acquéreur et limitée à son usage personnel. Toute autre reproduction ou copie, par quelque procédé que ce soit, constituerait une contrefaçon et serait passible des sanctions prévues par les textes susvisés et notamment le Code français de la propriété intellectuelle et les conventions internationales en vigueur sur la protection des droits d’auteur. Éditions Publibook 14, rue des Volontaires 75015 PARIS – France Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55 IDDN.FR.010.0119258.000.R.P.2013.030.31500 Cet ouvrage a fait l’objet d’une première publication aux Éditions Publibook en 2014
Chercheurs La neige est tombée depuis le petit matin, la bise du nord s’est levée. C’est un hiver qui ressemble à l’hiver, on en avait perdu l’habitude. Tout porte à croire qu’il n’y aura personne sur la place du Marché tant le froid est pénible, inattendu, les trottoirs enneigés, les caniveaux gelés. Surprise ! Il y a du monde, les chalands comme les vendeurs sont là, à peine frigorifiés, leurs marchandises soigneusement protégées. Le marchand de chapkas, lui, arbore pour une fois un large sourire : les hommes comme les femmes se pressent à son étalage, habituellement déserté. À peine achetés, ces bonnets donnent à ceux qui les portent une bonne dizaine de centimètres en plus, et la place Maubert prend un petit air de steppe de l’Asie centrale… « Salut à toi, Boro-dine ! » dirait le vendeur, s’il le connaissait. L’âme candide, Augustin Lemasseur erre sur le marché tout en regardant attentivement ce qui s’y passe. Augustin est instituteur dans uneZEP et content de l’être. Il n’est jamais las de ce travail qui demande tant de patience, tou-jours à recommencer. Les enfants peuvent être si attachants parfois. Mais il se rêve en Daniel Pennac, an-cien instituteur deZEPlui, un écrivain dont il a comme aimé la famille Malaussène à Belleville, et surtoutCha-grin d’école. Il n’est pas question qu’il se lance dans un roman, mais il a déjà écrit un petit recueil de poèmes. Ce qu’il cherche, il se doute bien qu’il ne le trouvera pas sur le marché, car ce qu’il cherche c’est un éditeur. En
9
tout cas, c’est ce que Sophie, sa femme, lui a dit ce matin en le voyant partir comme tous les samedis : — Par ce froid, aucun éditeur ne se risque à mettre le nez dehors, lui a-t-elle répété, ils sont bien connus pour leur frilosité, et préfèrent rester au chaud dans leurs bu-reaux cadenassés avec de solides serrures, les pieds sur le radiateur, et peu enclins à la poésie. Et de toute façon, ils ne font pas leur marché. N’oublie pas ta casquette, a-t-elle cru bon d’ajouter, d’ailleurs sans espoir d’être entendue. Augustin commence sa déambulation au travers du marché. Il aime cet endroit si vivant où il trouve parfois des idées de poèmes. Il est sensible au soin avec lequel ces gens disposent leurs étalages tout en couleurs. Le pittores-que éphémère de ces étalages lui évoque, en plus modeste, des scènes de tableaux flamands. Surtout aujourd’hui, sous le ciel bas et la lumière froide de l’hiver… Alors, à défaut d’éditeurs, il cherche des éclairs d’émotion dans les re-gards qui s’entrecroisent. Ce qu’il aime aussi beaucoup le samedi, ce sont les saxophonistes américains qui jouent du country aux ac-cents déchirants, mais aujourd’hui personne ne songe à faire de la musique par ce froid. En constatant leur ab-sence, il pense même à rentrer chez lui, lorsque soudain il entend quelqu’un crier : « Schubert ! » Il se retourne. Une vieille femme vêtue d’un manteau un peu mince pour la saison, mais emmitouflée dans un vaste châle à franges, une capuche en plastique transparent sur la tête, les pieds dans de grosses chaussures informes, crie d’une voix à la fois angoissée et furieuse : « Schu-bert ! Schubert ! » Et Augustin finit par comprendre qu’elle appelle son chien. Cet appel résonne comme un coup de cymbales dans le corps d’Augustin, l’homme qui se promène en quête d’émotions. Ce n’est pasLe Voyage d’hiverque cette voix évoque, encore que ce serait tout à fait justifié, non, ce e sont les quatre premières notes de la5 Symphoniede Bee-
10
Voir icon more
Alternate Text