Pour qu'il fasse plus beau , livre ebook

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Iskander n'avait jamais cessé de revivre cette scène si courte, mais tellement forte et psychiquement accablante. Il la traversait désormais, en homme brisé, anéanti et désespéré à la prison civile de Mornaguia, accusé du meurtre de sa femme avec préméditation. En attendant son procès, il tournait en boucle cette séquence poignante, à chaque instant, au fond de sa cellule, qui sentait la moisissure, les excréments, la transpiration nauséabonde et le spectre omniprésent de la Covid-19 en ce mois caniculaire d'août 2020. Une cellule qu'il occupait avec huit autres codétenus entassés, comme du bétail, sans la moindre intimité, plongés dans un quotidien d'une grisaille insupportable.
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Date de parution

01 janvier 2024

EAN13

9789938077742

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

2
Atef Gadhoumi
Pour qu’il fasse plus beau… Roman ARABESQUES 20243
Livre : Pour qu’il fasse plus beau… Auteur : Atef Gadhoumi Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés à l’éditeur ©ARABESQUES EDITIONS Première édition ISBN :978-9938-07-774-2 er 5Rue 20 Mars 1956, 1 étage bureau n° 3, BabSaâdoun 1005 www.arabesques-editions.net E-mail :editionsarabesques.tunis@gmail.com4
À ma mère…
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Je suis la plaie et le couteau ! Je suis le soufflet et la joue ! Je suis les membres et la roue, Et la victime et le bourreau ! Charles Baudelaire
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Prologue uand elles vinrent lui rendre visite, Iskander se lança, séance tenante, dans une Qespèce de plaidoirie éprouvante. Il livrait, le cœur battant, son ultime défense, la plus exigeante et la plus sincère, à l’adresse d’un jury hors norme : ses deux filles. — Hélas, regretta-t-il, il m'est arrivé de lui confier mes beaux souvenirs et les plus douloureux, mes secrets les plus enfouis et même mes rêves fantasmagoriques. Elles se regardaient et le fixaient des yeux. Interrogatives et non soupçonneuses, elles l'incitaient à continuer. — Par faiblesse, confiance ou les deux, je lui ai toujours ouvert mon cœur, je l’avoue… Les mots lui échappèrent. Il commença à bafouiller. Un silence pesant se faisait ressentir... — Elle les avait usurpées et utilisées, toutes mes confidences, à mauvais escient... toutes... contre moi. Les détournant toutes, en injures, parjures et violences... physiques et morales... envers moi, reprit-il. Elles se taisaient et il lui avait semblé qu'elles avaient hoché la tête en guise d'approbation. Il enchaîna confiant. — Je lui ai tout donné, cédant à ses désirs fous et à ses moindres caprices, mais elle en voulait toujours plus, beaucoup plus, et même ce que j’avais de plus précieux : vous et mon âme. Sa voix s’éteignit. — Sa réponse, reprit-il, était infiniment démesurée et excessivement violente. Elle était prompte à l'attaque, que dis-je ? à l'agression délibérée, jusqu'à ce que mort s'ensuive… Il s’arrêta pour reprendre son souffle coupé.
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— Elle me balançait en plein visage sans aucun répit, impitoyablement, mes échecs, mes douleurs et mes cicatrices indélébiles, continua-t-il comme poussé par les regards affectueux, ceux de ses filles... — Jamais, mes combats improbables, les sacrifices consentis et mes victoires arrachées, tout comme les vôtres d'ailleurs, ne furent salués ni même mentionnés par votre mère tout au long de sa vie… Oui, elle méritait la... Il entendit leurs sanglots étouffés. Il se ressaisit. — Ce qui lui est arrivé... n'est que justice, mais suis-je pour autant... !? — L'assassin... murmuraient-elles. — Le justicier, ce n'est que justice rendue, je le crie haut et fort... rétorqua-t-il sèchement. Elles baissèrent la tête et fuirent son regard. « Avait-il avoué ? » se demandèrent-elles. — Je vous comprends, mes filles. Je comprends votre désarroi… lança-t-il à mi-voix de derrière le parloir. Dans un silence dénué de remords, il se tut. Elles n'étaient plus là. C’était leur jugement, leur dure sentence. Et pourtant, la vérité entière et douloureuse leur échappait. La voici, à présent. **************  Iskander n'avait jamais cessé de revivre cette scène si courte, mais tellement forte et psychiquement accablante. Il la traversait désormais en homme brisé, anéanti et désespéré à la prison civile de Mornaguia, accusé du meurtre de sa femme avec préméditation.  En attendant son procès, il tournait en boucle cette séquence poignante, à chaque instant, au fond de sa cellule qui
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