Passion d’Algérie Chroniques de tourments et d’obsessions , livre ebook

194

pages

Français

Ebooks

2006

Écrit par
Badra Moutassem-Mimouni

Publié par
Karthala éditions

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2006

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Publié par

Karthala éditions

Date de parution

01 janvier 2006

Nombre de lectures

EAN13

9782845867409

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

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Karthala éditions

Date de parution

01 janvier 2006

Nombre de lectures

EAN13

9782845867409

Langue

Français

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1 Mo

Badra Moutassem-Mimouni

Passion d’Algérie

Chroniques de tourments et d’obsessions

KARTHALA

PASSION DÁALGÉRIE

KARTHALAsur Internet : http://www.karthala.com Paiement sécurisé

Couverture :

Porte dÁentrée du palais Aquarelle de Andrée du

Bruce, Alger, Parc, Coll. part.

Éditions KARTHALA, 2006 ISBN : 2-84586-740-9

Badra Moutassem-Mimouni

Passion dÁAlgérie

Chroniques de tourments et dÁobsessions

Éditions KARTHALA 22-24, boulevard Arago 75013 Paris

Avant-prooppooss

J’ai toujours voulu écrire mon histoire, mon Algérie. J’ai commencé mon premier romanàseize ou dix-sept ans. Oh juste quelques pages imprégnées des innombrables romans que j’avalais tous les joursà cette époque. Mais mon inspiration a peu duré, alors je l’ai caché en espérant le terminer un jour. Je l’ai relu quelques années plus tard et je l’ai trouvé si mauvais que je l’ai déchiré et jeté. Emportée par la vie professionnelle et familiale, j’ai continuéày penser par intermittence, mais sans trop y croire, mais je savais qu’un jour ce désir reviendrait. Les années quatre-vingt-dix, avec l’horreur qui les a caractérisé, ont été le catalyseur. J’ai commencéà faire assez régulièrement des insomnies au cours desquelles je ressassais les événements du passé et le seul remède pour moi était d’écrire. Parfois je mettais un carnet sous mon oreiller et quand je me réveillais j’écrivais les phrases clés qui me parais-saient très bien tournées tant que j’étais au lit, car dès que je me levais et que je voulais coucher sur papier les belles phrases que je tissais dans ma tête, pfftt elles disparaissaient et il ne restait que des phrases plates et insipides. Mais un jour j’ai ressenti

PASSION DÂALGÉRIE

lebesoin d’écrire vraiment et alors là, je ne pouvais presque plus m’arrêter.Àregarder ce qui se passait dans le pays, j’avais l’impression d’être revenu dans la dachra persécutée. Je ne comprenais plus ce qui se passait dans mon Algérie, je ne comprenais pas que des fils ou petits-fils de chouhada et d’anciens moud-jahidin se soient transformés en assassins, en des-tructeurs. Il fallait que j’exprime ce qui me torturait et m’oppressait. C’est comme si les événements actuels étaient la répétition de l’ancien cauchemar qui m’obsédait.Écrire le premier récit a été un besoin vital pour exorciser mes propres démons, mes angoisses enfouies, mes souffrances et celles des miens. Le premier récit est avant tout autobiogra-phique même s’il est un peu romancé. C’est un témoignage. Les victimes des crimes et carnages perpétrés par les puissances coloniales n’ont pas assez témoigné, parfois par pudeur, parfois par peur qu’on ne les croit pas ou simplement pour tenter de garder les lèvres de la blessure jointes : parler risquait de les ouvrir et de laisser la lave de la douleur s’écouler librement et risquer de brûler le peu de chairs intactes. Que l’État français glorifie «l’œuvre utile de la colonisation » plus de quarante ans plus tard est inquiétantàplus d’un titre cela implique un manque de respect pour les Algériens et pour l’Algérie martyrisés, mais également pour les Français qui ont vu leur vie détruite par les répressions, la torture, les exactions, cela implique également que rien n’est fini et que tout peut recommencé pour un prétexte ou un autre (il suffit de voir ce qui se passe en Afghanistan, en Irak, en Palestine et ce qui risque de se passer pour la Syrie, l’Iran, etc. ! ?).

AVANT-PROPOS

Ledeuxième récit s’est imposéàmoi au moment oùj’avais presque fini le premier. Je n’aurais jamais écrit délibérément un texte aussi violent, j’ai toujours eu peur de la violence. En 2001, un groupe de voyageurs–une famille dans un véhicule de type express et un minibus–venant de Mostagenem et de Mohammadia allantàMascara par la route du barrage furent assassinés et le feu mis aux deux véhicules. Malgré la peur de passer par cette route difficile et peu fréquentée, mon mari et moi étionsà Mohammadia : plutôt que d’aller jusqu’àSig, nous avons emprunté cette route plus par paresse que par bravade. Arrivésàl’emplacement décrit par les jour-naux, mon mari m’a montré les traces de cendres «c’est làqu’ils les ont massacrés ! ». J’ai regardé le paysage, j’ai frémi en disant une prière dans mon cœur.Àpartir de ce moment j’ai été obsédée par des images de la famille massacrée. Je voyais dans ma tête des personnes, je ressentais leur douleur et j’ai senti qu’ils fallait que j’écrive leur histoire ! Dès mon retouràOran, j’ai commencéàécrire sans relâche, parfois comme en état de transe. Je n’arrivais pasà m’arrêter. Je pense que les deux situations étaient si comparables que j’avais du malàémerger de l’un ou l’autre récit.Àtrente ans d’intervalles presque jour pour jour : ces deux femmes sont confrontéesà l’horreur etàl’abjection humaines, et pour les mêmes raisons : le pouvoir. Sur le coup, je ne pensaisàrien, juste écrire, me libérer, dormir ! Mais plus tard j’ai rationalisé en me disant que peut-être, si les personnes de ma géné-ration avaient parlé des horreurs qu’elles ont vécues, les années quatre-vingt-dix auraient été différentes. Peut-être que les choses auraient été mieux perçues

PASSION DÂALGÉRIE

par nos enfants et petits-enfants et qu’ils n’auraient pas osé profaner l’Algérie des deux millions de morts par les armes mais aussi par la misère, la malnu-trition, les maladies ? ! Peut-être que si nous n’avions pas laissé le terrainàla langue de bois de politi-cards, nous aurions mieux préservé notre trésor, c’est-à? !-dire la liberté, la fraternité, la solidarité Peut-être...

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