PARCOURS , livre ebook

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N'kongon Pogban est un instituteur dont la dévotion à Bacchus est sans commune mesure. Il épouse Mignampo et désire obsessionnellement avoir un enfant de sexe masculin. La naissance de Kitchabien, après huit grossesses, apaise quelques tensions dans le foyer. Pogban voit, en la naissance de ce garçon, un espoir, celui qui l'extirpera de sa condition de pauvreté. Cependant, très tôt, Kitchabien se passionne presque exclusivement pour le dessin et intègre l'école des Beaux Arts, ce qu'accepte difficilement Pogban. Celui-ci est sommé de quitter la maison familiale. Il élit domicile chez les parents de Ghislain, un ami de classe. Kitchabien fait de brillantes études supérieures aux Beaux Arts d'Abidjan et bénéficie d'une bourse d'études de perfectionnement aux Beaux-arts de Genève, en Suisse. Kitchabien reviendra-t-il pour Krôgnon, jeune fille rencontrée quelques années plus tôt au village, libre de toute attache et de tout engagement ? Arrivera-t-il à parfaire ses rapports avec son père ? La peinture arrivera-t- elle à nourrir véritablement Kitchabien et sa famille? Découvrons le parcours rocambolesque de N'Kongon Kitchabien dans Parcours de Camara Nangala.
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Publié par

Date de parution

06 mars 2023

Nombre de lectures

96

EAN13

9782493100030

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

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PARCOURS
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CAMARA Nangala
PARCOURS Roman
Les Éditions Calebasse28 B.P. 1227 Abidjan 28 e-mail : leseditionscalebasse@yahoo.com (Côte d’Ivoire)
PARCOURS MARS 2023_Mise en page 1 09/03/2023 09:03 Page 4
© Les Éditions Calebasse, Abidjan, 2023 ISBN : 978-2-493100-03-0
Toute reproduction interdite sous peine de poursuites judiciaires.
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À FANRAMAN Craihin Flora Infinie reconnaissance pour l’indéfectible soutien dans cette marche de plus en plus laborieuse, mais ô combien exaltante !
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CHAPITRE PREMIER Il fait un temps splendide, ce matin. Il me plairait bien de prendre un bon bol d’air. J’hésite entre passer la journée, allongé sur la plage, et me perdre dans les allées d’un jardin à respirer les senteurs des fleurs. Je choisis finalement la deuxième option, car, pour rallier les bords de l’Océan Atlantique, je dois traverser la ville d’Abidjan. C’est une agglomération tentaculaire fort réputée pour ses embouteillages monstres. Il m’est, en revanche, facile d’accéder au Parc National du Banco.  Le site est quasiment désert. Nous sommes en milieu de semaine. Je suis un des rares promeneurs solitaires à sillonner les pistes sous le regard bienveillant de vénérables arbres centenaires. Ils me donnent l’impression de se tendre les bras dans une harmonie que seul le Créateur de la terre et des cieux comprend. Mes poumons s’emplissent d’air pur qui m’apaise. Je me sens libéré des tensions accumulées pendant plusieurs semaines. J’ai la sensation d’avoir débarqué sur une autre planète. La flore libère ses innombrables parfums pour accompagner la naissance de l’aube. Les papillons sortent de l’engourdissement nocturne. Ils se livrent à leur exercice favori. J’entends au loin des cris de chimpanzés ou de gorilles qui se répondent en écho. Je suis bercé par les chants des oiseaux qui se déroulent comme un poème au long cours. Je me sens dans mon élément. Je me sens bien. Je suis ému aux larmes. J’aime cette douceur et cette tranquillité qui traduisent la majesté de la forêt. Les souvenirs se bousculent dans mon esprit, chaque fois que je suis dans cet état d’extase. L’heure me paraît propice à a confidence.
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* * *  Je me nomme Kitchabien , entendez littéralement: c’est difficile à trouver. Vous comprendrez bientôt pourquoi. Vous avez peut-être entendu parler de moi à travers un roman. Un jeune auteur, du nom de Krys-Rosay, a tracé ma vie à grands traits à l’image de l’esquisse, à main levée, de l’œuvre d’un peintre. Mon père est le dernier né d’une fratrie qui comptait six éléments. Il fut le seul scolarisé. Ses parents le jugeaient inapte aux durs travaux champêtres, car il naquit maigrichon, contrairement à ses frères et sœurs. À l’époque de mon père, les meilleurs titulaires du certificat d’études primaires étaient destinés à l’enseignement. Il ne dérogea pas à la règle. Il enseigna effectivement pendant quelques années. Mes grands-parents n’étaient pas favorables à l’idée de le voir s’éloigner de la famille.  Mon père fit ses premiers pas d’enseignant à l’École Primaire de la Mission Catholique de Katiola. Il louait un petit appartement de deux pièces dans un quartier tout proche de son lieu de travail. L’ameublement était des plus sommaires. Un lit fait de quatre planches, d’un sommier et d’un matelas rembourré d’herbes occupait la chambre. D’énormes clous fichés dans le mur lui permettaient d’accrocher ses vêtements. Quatre chaises basses pliantes, un guéridon, une table et deux chaises meublaient le salon. Un fût de deux cents litres était coincé derrière la porte. Mon père le faisait remplir tous les dimanches par les femmes du voisinage.  Mon père était une tête de mule. Il eut maille à partir avec ses supérieurs hiérarchiques. Il y avait deux raisons à son attitude. Primo, en tant que petit dernier de la fratrie, ses grandes sœurs l’avaient gâté. Elles lui passaient tous ses caprices. Secundo, il s’était mis très tôt à l’alcool. Chacune de ses journées commençait par une bonne cuite. Il buvait à midi, au sortir de la classe. Il passait la soirée en compagnie de buveurs impénitents. Il regagnait son domicile, tard dans la nuit, à l’image d’un navire à la dérive, et s’effondrait dans son lit. Il sombrait dans un sommeil semi-comateux jusqu’aux premières lueurs du jour suivant. Il ne dessaoulait guère pendant les trêves dominicales. Ce
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mode de vie impactait négativement son travail. Il accusait régulièrement du retard dans l’exécution des tâches pédagogiques qui lui incombaient.  Les grandes sœurs de mon père s’inquiétaient de le voir dilapider ainsi son salaire d’enseignant à s’enivrer. Elles imaginèrent qu’il se conduisait de la sorte, parce qu’il n’avait aucune responsabilité familiale. Elles conçurent donc le projet de lui trouver une femme. Elles jetèrent leur dévolu sur une famille bien établie dans le village depuis des générations. Elles y dénichèrent, dans la kyrielle de jeunes filles, une adolescente d’une quinzaine d’années, pudique, discrète et respectueuse. La perle rare, qui eut leur faveur, s’appelait Mignampo, c’est-à-dire : Qu’ai-je fait ? Celle-ci avait l’allure altière d’un roseau, de longs cheveux nattés avec finesse et une silhouette divinement proportionnée. Son regard était pétillant de vie. Son sourire timide lui conférait un charme discret et irrésistible. Sa peau couleur d’ébène rehaussait merveilleusement son apparence physique.  Les grandes sœurs de mon père espéraient que la présence de la belle Mignampo à ses côtés l’eût aidé à se ressaisir et à reprendre en main sa vie. Elles engagèrent les démarches selon les règles de l’art. Il fallut plusieurs mois de tractations aux parents de Mignampo pour présenter l’arbre généalogique du prétendant et tenter de convaincre la grande famille de ce que ce dernier était un bon parti. Les réunions succédèrent aux réunions, tant objections et réticences étaient nombreuses. Principale raison de ces blocages, l’addiction de mon père à l’alcool. Un des oncles de Mignampo fit observer avec finesse qu’on guérit d’une maladie, mais jamais d’une mauvaise habitude.  Les grandes sœurs de mon père donnèrent l’assurance qu’il eût changé d’attitude, une fois placé face à ses responsabilités de chef du foyer. L’une d’elles fit valoir que le ruisseau ne court pas droit, parce qu’il va seul. Elles bataillèrent tant et si bien que leurs contradicteurs finirent par se rendre à leurs arguments. La dot fut constituée dans le strict respect de la tradition.  En ce temps, pas vraiment lointain, elle avait un caractère purement symbolique. Le matérialisme outrancier n’avait pas encore corrompu
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les mentalités. Le mariage représentait, à cette époque, une alliance entre deux familles. Il était de bonne politique de bien choisir ses alliés. On revendiquait autant d’influence qu’on en comptait de qualité dans la communauté.  La date du mariage fut fixée. Les tantes maternelles de Mignampo lui enseignèrent, pendant plusieurs mois, comment tenir son foyer. Elles insistèrent lourdement sur la disposition coutumière selon laquelle une femme devait obéissance à son mari.  Le mariage fut célébré. Il y eut, pendant trois jours, à boire et à manger à profusion au village. Plusieurs danses égayèrent la population. Certaines furent commandées de localités parfois lointaines.  L’espoir caressé par mes tantes fut – hélas ! – déçu, car mon père ne changea pas d’un iota son mode de vie. Mignampo passait seule ses journées. Il débarquait à des heures indues, escorté par des compagnons d’ivrognerie. Il exigeait qu’elle fît à manger, alors qu’elle ne disposait ni de légumes, ni de viande, ni de poisson ! Elle dérangeait, en de telles circonstances, ses voisines auprès desquelles elle quemandait le nécessaire pour accommoder, à la va-vite, un repas.  Les relations entre mon père et sa hiérarchie se dégradaient jour après jour. Il lui était notamment reproché de se présenter en état d’ébriété devant les écoliers qu’il avait la responsabilité d’éduquer. Il lui arrivait même de s’oublier dans quelque gargote, alors qu’il était attendu pour participer à une réunion pédagogique. Mon père préféra abandonner l’enseignement. Il descendit à Abidjan en quête d’embauche. Il espérait dégoter un emploi moins contraignant.  Mon père emprunta le train. Il lui avait été conseillé de descendre à la gare d’Adjamé. Il arriva à destination, alors que la nuit avait jeté son voile sur la ville. Il aborda le premier homme sur lequel il tomba. Celui-ci se montra très aimable. Il le conduisit dans une cour où habitaient des ressortissants de sa région d’origine. Il fut accueilli selon les règles de l’hospitalité. La maison comportait trois pièces. Les enfants furent priés de céder leur chambre. Ils eussent dormi avec ceux de la famille voisine durant le séjour de l’étranger. Mon père passa la
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