Nouvelles des aubes tristes et du soleil de novembre , livre ebook

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« Mais, au fond d'elle-même, elle savait que c'était fini, l'aventure des PA, les tours de manège incognito avec ses cavaliers masqués. Le dernier, celui qui tôt le matin, avant de partir au travail, lui avait téléphoné, clôturait un cycle ; en raccrochant, d'ailleurs, elle avait entrevu le signal, celui du temps qui passe, de la sagesse qui vient avec, simplement parce que l'amour quitte la place... C'était sa façon de voir, maintenant. Une nouvelle donne. » Composées d'essais au bonheur et au renoncement, entre douceur et amertume, espérances et illusions, les Nouvelles des aubes tristes et du soleil de novembre s'attachent aux pas d'hommes et de femmes, à leurs attentes et révoltes, envies et bouleversements. Le couple et la famille, l'amour et la sexualité, ou encore le travail et le temps qui passe sont ici les prismes à travers lesquels B. Latapy projette des portraits humains, terriblement humains... le tout au gré d'une écriture acidulée, tendrement ironique.

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Date de parution

04 mars 2016

Nombre de lectures

5

EAN13

9782342049145

Langue

Français

Nouvelles des aubes tristes et du soleil de novembre
Bruno Latapy
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Nouvelles des aubes tristes et du soleil de novembre
 
Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
 
 
 
Précieux amis lecteurs, vous qui m’entourez, dispensez-moi de vos avis : ils sont tellement pertinents qu’il me les faudrait suivre. Pour ma part, j’ai tenté d’obtenir un ensemble qui me satisfasse… Cependant, fort de peu de science et du seul esprit conféré à la naissance, encore qu’heureusement dépourvu de beaucoup d’imagination, je ne puis répondre de rien : le tout pourra paraître élémentaire.
 
 
 
 
« Hommes de l’avenir, souvenez-vous de moi […] »
« Les obus miaulaient, »
« Pendant vos aubes pathétiques […] »
« Pendant le blanc et nocturne novembre […] »
Guillaume Apollinaire
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Première partie. Les aubes tristes. Nouvelles
 
 
 
Notons-le, que les aubes aussi soient mauvaises, que la nuit s’attarde sur nos cœurs, qu’un soleil mal levé retienne sa clarté à l’horizon, que le temps, désempli d’intentions, de nécessités même, ne passe pas ; les crépuscules, tristement représentés, ne sont pas, en définitive, plus regrettables.
L’espoir, au jour qui vient, résistera-t-il aux heures incertaines ?
 
 
 
Nouvelle n° 1. Aucune nouvelle. (Il rebondit, l’événement attendu…)
 
 
 
Pourquoi ai-je choisi Vincent ?
Je suis intelligente (ils le disent tous) et dotée d’un physique consommable (ce qu’ils voient d’abord), c’est-à-dire grande, mince, blonde de cheveux, de peau très claire, avec des seins petits mais pointus. Il y a juste ce gros pif, plié au milieu, partant d’un côté, puis de l’autre, et écrasé au sommet, comme s’il avait été frappé par un maillet, une fois latéralement, une autre sur le dessus ; c’est le mien depuis la naissance.
Je suis volontaire, sportive et accessible, acceptant les parties à deux avec un mec, dès seize ans, les aimant bien.
J’en ai quarante et un. Autrement, j’apprécie le business  ; en Belgique on parle plusieurs langues, dont le franglais, sans remords.
Je suis née à Waterloo, commune résidentielle au sud de Bruxelles. Pour nous, les Belges, ce nom n’est pas avant tout une référence historique ; nous n’avons pas la hantise d’un désastre merdique, ni le souvenir d’un monument à la gloire du train ; en 1814, nous étions des deux côtés, et sans doute sommes-nous devenus depuis résolument modestes.
Après ma sortie de l’institut de commerce, basé dans la capitale, j’ai passé quinze ans dans les télécoms à vendre du réseau et des abonnements ; j’ai ensuite créé ma boîte de conseil en marketing, « monopersonnel » comme monoparental – ce que j’aurais pu envisager aussi…
Vincent est ingénieur, diplômé d’une grande école scientifique française, parmi celles qui garantissent à l’élu un emploi quoi qu’il advienne, qui le rendent intelligent pour la vie : puisque le candidat a pu trouver la solution du problème de maths entortillé cette année-là par un prof surdoué et rigolard, réussi à tricoter à l’endroit et à l’envers l’explication du syllogisme à trois balles proposé les années paires, en citant Descartes et Pascal (les géomètres), à vingt ans, il est paré pour les plus hautes charges, avec leurs bénéfices, dominant par la grâce du parchemin la classe laborieuse, quelque sensibles que soient ses qualités.
En Belgique, on soutient les efforts et on accompagne les progrès, on écoute les souhaits et on tempère les ardeurs : ceux qui le peuvent atteignent leur but, à la vitesse de leurs moyens. Le tri des talents est plus tranquille et, au final, la qualité professionnelle n’est pas davantage prise en défaut qu’ailleurs – mais nous n’avons pas hérité des usages en vigueur à la cour de Louis XIV…
J’ai épousé Vincent parce que j’y croyais encore, aux diplômes de la grande nation voisine, mais surtout pour son physique. La femelle choisit son mâle afin qu’il l’engrosse, tout le monde le dit : les écrivains, les biologistes, les éthologues, les gardiens de zoo… Un mètre quatre-vingt-treize, les épaules en rapport, brun (en Belgique, le sud est un espoir) : l’accouplement était prometteur, cet homme me seyait pour la saillie.
J’espérais aussi un service trois pièces (ma grand-mère maternelle le désignait ainsi) de qualité. J’en avais vu, touché du bout des doigts, senti vibrer en moi : j’appréciais aussi l’appareillage. Certaines mollissent après la danse, moi c’était après le squash ; une bonne partie à se renvoyer la balle, à s’échauffer, se frôler, à transpirer, et on poursuit autrement entre les draps d’un lit. « Il n’y a pas de rapport sexuel », a dit un psychanalyste qui avait dû faire une école d’ingénieur ; il plaisantait : il y a bien contact d’organes excitants et union très intériorisée… Voilà justement mon problème avec Vincent : mettre en équation ce qui relève de la sensation ou du sentiment.
Ma faiblesse, c’est que, rapidement, je ne résiste plus : des lèvres sur le front, le haut de la joue, ou alors effleurées, celles des deux, un geste équivoque, un baiser prolongé, une main par-dessus le vêtement, sur un sein, une cuisse, la possibilité qu’elle soit au contact de la peau, sur une bosse, un creux, et je me laisse emporter. Ils le savaient, se le disaient.
C’est peut-être mon père qui m’a mise sur la voie ; il préférait sa seconde fille, douce, mignonne physiquement, bien proportionnée, dotée d’une jolie poitrine (je n’en ai pas beaucoup) et d’un nez retroussé. J’ai dû chercher l’amour au dehors, celui d’hommes qui me regardent. Combien ? Un certain nombre… Pas n’importe comment, avec des interruptions, en général avec préméditation, mais régulièrement.
Arrivée à Paris, mutée par mon employeur, éloignée de ma bande habituelle, je ne connaissais personne. Je me suis un peu calmée ; j’ai pu voir venir… À une soirée professionnelle, j’ai rencontré Vincent.
Comme beaucoup d’ingénieurs de son temps, il avait évolué vers la finance, le montage de start-up , les recapitalisations, les fusions et acquisitions, le M & A (le merger and acquisition dans sa belle langue naturelle), les effets de levier, etc.
Le soir même, il m’a montré le sien. Très à l’aise, sur ce plan-là aussi, il en était assez fier ; rapide, presque brutal, il a éjaculé d’abondance… Il pouvait me faire des fils. (J’en ai toujours voulu deux.)
Nous les avons faits, péniblement, car je ne suis pas large de bassin. Les deux sont sortis à droite du nombril, mais le deuxième a failli être étouffé. Les médecins ont déclenché toutes les procédures d’alerte ; la veille, j’avais été transférée en ambulance, gyrophares et sirènes en mode non-stop, dans une clinique spécialisée.
Ils vont bien ; j’ai une large cicatrice sur le bide.
En tant que mâle reproducteur, je recommande le cheptel des grandes écoles françaises, promesse de la transmission de quelques neurones opérationnels. Il reste à choisir parmi la race un exemplaire de bonne taille, sans défaut physique majeur, et bien appareillé – la preuve du dernier caractère demande une certaine ouverture en cours de sélection.
Finalement mes deux fils sont grands pour leur âge ; cependant, ils ne démontrent pas d’aptitudes particulières en classe, à l’étonnement de leur géniteur qui en fait une cause absolue. Son père était artisan électricien ; il est avéré le fait que le courant va en s’intensifiant, sans jamais plus baisser.
Les télécoms, c’est tendance, mais ça s’allonge et se replie, ça embauche et recycle. Il y a deux ans, j’ai tout largué, me suis fait licencier et ai reçu un pactole – trente-cinq mille euros – ; j’ai créé ma boîte, de conseil en marketing. Je travaille chez moi, avec une ligne internet et un ordinateur chinois ; j’ai installé mon bureau dans la buanderie attenante à la cuisine, où j’ai déplacé le lave-linge.
J’ai déjà des clients : une PME centenaire de fabrication de peinture sise à Auxerre, un éditeur de livres d’art dans le 20 e  arrondissement de Paris, une société en constitution dont l’objet est la croissanterie en distributeur automatique (pour compléter la machine à café) et ma coiffeuse en bas de la rue…
Me revoilà ! Très occupée ces deux dernières semaines : le boulot, les enfants et le boulet (Vincent).
Mes garçons m’enchantent… L’aîné, à sept ans, joue au rugby ; pour son anniversaire, le cadet m’a demandé s’il pouvait inviter une fille. De beaux petits mecs, je dis !
Leur père, moins… Fils unique et adoré, il me prend pour un substitut contractuel de sa mère, ou bien pour sa secrétaire. « J’ai oublié mes clés ; tu seras là pour m’ouvrir ce soir ? » me demande-t-il au téléphone à peine arrivé à son bureau. Ou bien : « Pense à envoyer le chèque de l’assurance de l’appartement. La quittance est sur la table de l’entrée. » J’ouvre, je pense, il m’assomme.
Il a un trop-plein de copains qu’il faut recevoir pour un verre, à toute heure, avec des cacahuètes, des petits fours Picard, du whisky ; ils s’incrustent et parlent de n’importe quoi. Le samedi, il faut les inviter à dîner : davantage de surgelés et du vin.
Les affaires tournent : j’ai un nouveau client qui fait dans la publicité sur les séparateurs de tapis roulants de caisses de supermarchés et sur les sacs payants en toile plastique et je suis bien placée pour une mission proposée par une entreprise de menuiserie basée dans l’Aveyron qui ch

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