Nous sommes à la fin du siècle dernier, un chroniqueur distancié nous raconte la vie de Martial Bonneteau, un petit employé à la quarantaine aigrie, mal mariée à une femme épaisse et acariâtre qu’il n’a jamais pu satisfaire sexuellement, père de deux fils aussi tristes que lui et d’une fille qui se cherche ; Martial est un médiocre qui enfouit dans la routine et le mépris de soi les frustrations d’une existence de clone parmi les clones.Et puis un matin, de micro-événements en micro-événements, un regard dans le métro, un retard au bureau, Martial Bonneteau va légèrement diverger de son chemin quotidien bien tracé, et c’est tout son univers normé qui commence à se lézarder…Soudain livré à un confus désir de vivre, notre anti-héros va connaître bien des mésaventures : d’abord généreusement initié au sexe et au plaisir par une prostituée de la rue St-Denis, il va abattre un par un les murs qui emprisonnait sa vie : retour au foyer, réaction des proches et des collègues, scènes de ménages, hystérie familiale, coaching psychologique… Les scènes d’anthologie se succèdent sur un rythme de comédie ou de théâtre de boulevard, et on rit beaucoup.On rit surtout du portrait au vitriol, presque cynique, que brosse Bordage de nos aliénations ordinaires.Jusqu’à la disparition du clone, où, après l’ironie et l’humour noir, on retrouve l’écrivain qui nous parle mieux que tout autre d’humanité.
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