Les quarante jeunes martyrs de Buta (Burundi 1997) Frères à la vie, à la mort , livre ebook

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Date de parution

01 janvier 2004

Nombre de lectures

0

EAN13

9782845865389

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

Zacharie Bukuru
Les quarante jeunes martyrs de Buta (Burundi 1997)
Frères à la vie, à la mort
LES QUARANTE JEUNES MARTYRS DE BUTA (Burundi 1997)
KARTHALAsur Internet : http://www.karthala.com Paiement sécurisé
Couverture :
« Espoir de paix pour le Burundi ».¤Sérigraphie de l’Ymagier, Abbaye de la Pierre-qui-Vire.
¤Éditions KARTHALA, 2004 ISBN : 2-84586-538-4
Zacharie Bukuru
Les quarante jeunes martyrs de Buta
(Burundi 1997)
Frères à la vie, à la mort
Préface de Jean-Pierre Chrétien
Deuxième édition
Éditions KARTHALA 22-24, boulevard Arago 75013 Paris
Bururi le 5 septembre 2002
Cher père Zacharie,
Les quarante jeunes séminaristes de Buta ont préféré mourir en restant unis plutôt qu’obéir à des assaillants qui leur ordonnaient de se ranger selon qu’ils étaient Hutu ou Tutsi. Des rescapés témoignent avoir entendu, dans la bouche de plusieurs agonisants, cette même prière : « Pardonne-leur, Seigneur, car ils ne savent pas ce qu’ils font ».
Au prix de leur vie, ils ont ainsi démontré qu’une fraternité entre ethnies est possible, rendant par là aux Burundais l’espoir de pouvoir revivre un jour en paix, fruit du pardon et de la réconciliation. C’est pour cela que nous avons construit une église qui est un lieu de rassemblement pour la prière pour cette paix dont nous avons tant besoin. Des jeunes et des moins jeunes, des catholiques et des non-catholiques y viennent nombreux pour partager, parce qu’ils sentent que ces jeunes séminaristes sont des modèles d’humanité accomplie et d’amour total.
Je vous demande d’écrire un récit complet de cet événement dont vous avez été le témoin privilégié. Votre livre permettra de faire connaître davantage ces martyrs de la foi et de la fraternité. Il pourra également contribuer à éveiller d’autres jeunes pour continuer la lutte pour la paix et la réconciliation dans notre pays.
Que Dieu bénisse votre travail.
Monseigneur Bernard Bududira, évêque de Bururi.
Merci à mon père et à ma mère qui m’ont donné la vie et par leur tendresse m’ont révélé la belle image du Père.
Merci à mes anciens élèves qui m’ont appris à devenir père à mon tour par la confiance qu’ils m’ont témoignée.
Aux martyrs de la fraternité
Jean-Thierry Arakaza Bernard Bahifise Gilbert Barinakandi Alain Basile Bayishemeze Sébastien Bitangwanimana Rémy Dusabumukama Robert Dushimirimana Eloi Gahungu Léonidas Gatabazi Willermin Habarugira Pascal Hakizimana Joseph Harerimana J. Marie Kanani Pacifique Kanezere Adronis Manirakiza Jules Matore Longin Mbazumutima Joseph Muhenegeri Jimmy Prudence Murerwa Désiré Ndagijimana
Audace Ndayiragije Pie Ndayitwayeko Emery Ndayumvaneza Alexis Ndikumana Boniface Nduwayo Désiré Nduwimana Egide Niyongabo Protais Niyonkuru Prosper Niyongabo Phocas Nibaruta Prosper Nimubona Diomède Ninganza Patrick Nininahazwe Pasteur Niyungeko Alphonse Ntakiyica P. Claver Ntungwanayo Gédéon Ntunzwenimana Lénine Nzisabira OscarNzisabira Gabriel Sebahene
PRÉFACE
Paroles de Burundais....
Le témoignage de Zacharie Bukuru mérite l’attention à plus d’un titre. Il appelle d’abord le respect pour la souffrance d’un Père qui a littéralement vu périr ses enfants. Le courage de témoigner qui a nourri en fait son désir de s’exprimer a fondé une véritable espérance pour son pays martyrisé depuis plus de dix ans par une guerre civile qui prenait elle-même la suite d’autres tragédies. Il nous rappelle que l’horreur absolue vécue par le Rwanda en 1994 ne doit pas faire oublier le Burundi dont les épreuves, malgré les différences profondes qui séparaient et séparent toujours ces deux pays, se sont enchevêtrées avec les dérives idéologiques et politiques dont son voisin du nord a été le protagoniste essentiel. Mais le Burundi est trop souvent perçu en creux, comme « un autre Rwanda » potentiel ou comme un contrepoint où les Hutu occuperaient ici la place des Tutsi chez le voisin du nord. Bref, le Burundi est dans un angle mort de la politique africaine de la « communauté internationale ». Et il est bel et bien sur un horizon de mort : massacres, surmortalité due à l’effondrement du système de santé performant qui avait été mis en place dans les années 80, déscolarisation, ravages rampants du sida. Encore une fois les médias, prompts à aligner les zéros pour estimer la mortalité au Congo, oublient le Burundi. La tragédie de Buta peut servir de témoignage aussi pour ce pays. Hélas, les exemples de massacres de cette ampleur pourraient être multipliés. Nous avons donné ailleurs un exemple de l’identité des victimes d’une tuerie qui avait eu lieu
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LES QUARANTE JEUNES MARTYRS DE BUTA
en juillet 1996 sur la plantation de thé de Teza : c’était des employés, des instituteurs, des femmes, des enfants, même des 1 bébés . Dans ce cas, comme à Buta, les victimes sont en fait les boucs émissaires sacrifiés à des objectifs politiques et à un fantasme racial. Il est frappant d’observer que ces tueries sont toujours accompagnées d’un travail de justification : qu’il s’agisse de ces deux massacres commis par les Forces de défense de la démocratie ou d’autres massacres commis par l’armée gouvernementale, les responsables déclarent chaque fois qu’ils ont attaqué une position militaire ou un groupe armé et ils essaient de faire passer ce mensonge dans les médias internationaux, souvent non sans succès, comme si le sang versé devait être utile à la fois militairement, politiquement et moralement. La négation de l’horreur par sa légitimation. Le cas de Buta, a été de ce point de vue, exemplaire jusqu’aux limites de la décence, puisque le 6 mai 1997, une semaine après le massacre des quarante séminaristes, un site internet implanté en Allemagne,B u r u n d i - B u r e a u , qui bénéficiait d’aides diverses au nom de la défense des « droits de l’homme » et prétendait diffuser depuis Bonn « la vérité » au nom du peuple burundais, a osé sortir un communiqué intitulé : « À Bururi, les écoliers combattent tandis que les soldats fuient ». L’événement était systématiquement travesti, selon la technique de la « propagande en miroir ». Jamais le Père Bukuru ne put obtenir le droit de réponse qu’il avait demandé à cet organe, qui était géré par trois militants burundais du mouvement CNDD (tous de bonne formation catholique) avec l’aide d’une militante allemande de l’antiracisme ! Nous ne voulons pas revenir ici sur cette désinformation écœurante que l’auteur évoque avec une grande pudeur. Elle pose plus généralement la question des dysfonctionnements de la défense des droits de l’homme et de l’expertise « humanitaire » quand ces actions sont totalement déconnectées des réalités vécues par les gens sur le terrain et qu’elles se lient à des groupuscules politiques installés à l’étranger. Cela a aussi été observé souvent dans le cas rwandais, et parfois même au sein des organisations
1. Voir J.-P. Chrétien et M. Mukuri (éds.),Burundi : la fracture identitaire. Logiques de violence et certitudes « ethniques ». (1993-1996), Paris, Karthala, 2002, pp. 123-124.
PRÉFACE
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les plus renommées. Sur les situations du Sud, la parole du Nord est sans cesse convoquée, quelle que soit la nature des informations fournies ainsi de l’extérieur. Rien n’est simple, en Afrique comme ailleurs, et la vérité des situations ne peut être approchée que par un croisement des informations, et d’abord par la précision des faits enregistrés, avant que des interprétations ne soient lancées au gré des opinions. Un des grands mérites de ce livre est de nous faire toucher du doigt les lieux, les paysages, les personnes, les moments, les situations vécues au quotidien. Cet ouvrage est donc plus qu’un mémorial. Il suscite une réflexion sur la dialectique de l’histoire et de la mémoire dans la crise burundaise, sur la nécessité à la fois de se souvenir et de comprendre, de partager les souffrances antagonistes et de discuter de leurs causes. Les conditions mêmes de la mort de ces séminaristes, tués dans un dortoir pour avoir refusé de se plier à un tri ethnique, montrent qu’il ne s’agit pas d’une péripétie, mais du reflet de l’ambiance, de la culture, de l’éducation, qui avaient été forgées depuis des mois dans ce séminaire perdu dans la campagne du Burundi méridional. Ce n’est pas dans la nuit tragique du 29 avril 1997 que ces élèves ont découvert le drame de leur pays, ils y avaient réfléchi. Leur conduite est manifestement le produit de cette maturation. On comprend très bien cet état d’esprit grâce au film qui a été plus tard tourné à Buta par Joachim Gatti sous le titre de Magumecrise ») et diffusé depuis 2002. On y voit(« la comment après la tragédie ces élèves poursuivent entre eux le débat sur l’interprétation de la crise dans laquelle s’est enfoncé leur pays depuis l’indépendance. La discussion n’est pas platement moralisante, réduite à un vœu pieux de réconciliation qui ne s’interrogerait pas sur la responsabilité des acteurs de la vie publique, et comme si le mal n’était qu’un « mystère ». Il s’agit en fait de mettre en perspective les ressorts de la crise et de ne pas confondre à perpétuité le destin commun de populations entières avec les agissements de groupes politiques précis, tant hutu que tutsi. Au Burundi comme au Rwanda, les gens n’ont pas à « demander pardon », au sens où ils seraient collectivement responsables, ils ont d’abord à se retrouver en identifiant les forces et les logiques qui les ont piégés dans la division, la peur et la haine. À ce niveau, l’effort intellectuel et
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