Les mineurs migrants non accompagnés Un défi pour les pays européens , livre ebook

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L'Europe s'est engagée depuis plusieurs années dans un processus de fermeture des frontières et le refus des aspirants à la migration. Cette politique crée des ondes de choc à l'intérieur des sociétés qui produisent les migrations. Les expulsions régulières, réalisées souvent avec la coopération des polices du sud pour la surveillance des frontières, accroissent le volume d'une population acculée à vivre dans une clandestinité de plus en plus pénalisante.Cette situation touche actuellement un nombre conséquent de mineurs, souvent enfants des rues, confrontés à des situations familiales et sociales défavorables, qui glissent de port en port, de gare en gare, vers l'objectif d'une vie meilleure. Ces gamins migrants, ballotés par la vie, connaissent ainsi des errances longues et chaotiques. Ils sont appelés mineurs migrants non accompagnés. Afin de prendre en compte leur errance, l'Europe a tenté de mettre en forme une législation respectant les directives internes des pays d'accueil et les impératifs des droits de l'enfant.Les textes rassemblés ici sont le résultat d'une recherche portant sur l'Europe et le Maghreb, associant anthropologues, juristes, éducateurs, psychologues qui ont tenté de comprendre la vie de ces adolescents, et d'étudier l'impact des mesures et de la sollicitude dont ils font l'objet. Les auteurs les ont interrogés et regardés vivre de Safi à Casablanca, de Han­naba à Barcelone et Bologne, d'Alger à Marseille. Ils ont ainsi constaté l'émergence d'un nouveau nomadisme touchant des jeunes, parfois très jeunes en perdition dans leur propre pays, qui se heurtent à des règles internationales brisant leurs rêves d'un autre ailleurs.Michel Peraldi, anthropologue, est directeur de recherche CNRS, CADI S/ EHESS, Paris.
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Date de parution

01 janvier 2013

Nombre de lectures

0

EAN13

9782811110918

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

2 Mo

Michel Peraldi (éd.)
Les mineurs migrants non accompagnés
Un défi pour les pays européens
Questions d’enfances
LES MINEURS MIGRANTS NON ACCOMPAGNÉS
Visitez notre site : www.karthala.com Paiement sécurisé
Éditions KARTHALA, 2013 ISBN : 978-2-8111-1091-8
Michel Peraldi (éd.)
Les mineurs migrants non accompagnés
Un défi pour les pays européens
Éditions KARTHALA 22-24, bd Arago 75013 Paris
Cet ouvrage est le résultat de l’école de formation «Mineurs d’ici et d’ailleurs. Formation d’opérateurs, chercheurs et adminis-trateurs pour une nouvelle approche dans la prise en charge des Mineurs Migrants Non Accompagnés» (www.minorimigranti.org) réalisée le 24-27septembre 2012àRabat par l’ONG italienne Cooperazione Internazionale Sud Sud, en partenariat avec l’École de Gouvernance et d’Économie de Rabat, dans le cadre d’un projet de coopération cofinancépar la Commission européenne et avec l’appui du Département fédéral des Affaires étrangères (Direction du Développement et de la Coopération) de la Confédération suisse.
Le contenu de la publication relève de la seule responsabilitéde l’ONGCooperazione Internazionale Sud Sudet des auteurs et ne peut aucunement être considérécomme reflétant le point de vue de l’Union européenne ni du Département fédéral des Affaires étrangères de la Confédération suisse.
Cooperazione Internazionale Sud Sud (CISS)est une Organisation non gouvernementale baséeàPalerme (Italie), active depuis 1985 dans une vingtaine de pays sur plusieurs domaines de la solidaritéinternationale : développement rural, enfance margi-nalisée, migrations, ressources environnementales et patrimoine culturel (www.cissong.org).
Introduction
Michel PERALDI
À la fin des annéune nouvelle des 90, énomination, « migrant mineur non accompagné », fait son apparition dans la littérature et sur les scènes de l’action administrative européenne ayant la charge de la définition et du traitement des populations migrantes. Cette expression apparaît dans des notes, des articles de revues juridiques, des brochures de la « littérature grise»interne aux institutions, mais aussi dans des colloques, des séminaires, y 1 compris avec participation scientifique . En somme, cette dénomi-nation fait son apparition dans cette sphère discursive que l’on peut qualifier de préadministrative ou préjuridique, où s’élaborent les arguments et les constructions idéologiques qui précèdent la production strictement juridique, réservée aux instances judi-2 ciaires .
1.
2.
Voir les deux rapports de Senovilla Hernandez D. : (juillet 2005) « Le traitement des MEI en France et en Espagne. Brève référence aux e modèles allemand et italien (2 rencontre jeunes et sociétés en Europe, Marseille, octobre 2005)»La situation et le; (septembre 2007) « traitement des mineursétrangers non accompagnés en Europe. Résumé des résultats d’uneétude comparée de six pays : Allemagne, Belgique, Espagne, France, Italie et Royaume-Uni». Sur les modalités de formation de la pensée politique européenne, même sur un thème apparemment très différent du nôtre, on lira avec intérêt le travail de Marchetti D. (dir.), 2004,En quête d’Europe.
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LES MINEURS MIGRANTS NON ACCOMPAGNÉS
Il est important d’insister sur le fait que la notion prend force d’existence dans cette antichambre où se préparent les lois, non par sa pertinence ou sa force descriptive, mais tout simplement par sa récurrence et sa circulation, de colloque en séminaire, de brochure en notes internes, parfois avec unécho dans les médias locaux, nationaux et internationaux, ou des revues spécialisées, loin de la description réaliste et argumentée d’un phénomène social. Dans un contexte politique et social occidental, les termes de « mineurs migrants non accompagnés» évoquent en effet un peu plus qu’une catégorie juridique, une situation d’alerte sociale relative à desécarts envers une norme dominante. Lorsque la grande majoritédes enfants sont scolarisés et vivent dans un contexte familial où tutelle parentale et institutionnelle assurent à l’enfant un cadre social protecteur, ceux quiéchappent, ou sortent de ce cadre, sont à la fois relativement rares, visibles et assez fragiles pour donner à penser les formes d’un désarroi comme les formes d’une assistance. Un mineur, (ce qui signifie en Europe un enfant, institutionnellement et socialement défini comme tel, c’est-à-dire partageant l’essentiel de son temps et de sa vie entre l’école et le cadre familial), non accompagné(c’est-à-dire justement privé de cette tutelle et protection, institutionnelle ou familiale, qu’il soit d’ailleurs migrant ou pas), s’identifie aisément comme un cas singulier, rare, donc immédiatement susceptible d’une identifi-cation et d’un traitement. En somme, et même si l’on sait que les catégories administratives ne servent pas à décrire mais à traiter, les « noms»peuvent avoir une certaine capacitéà désigner une population réelle, intelligible à chacun. Mais qu’en est-il de la même catégorie dans des sociétés et des pays où le statut institutionnel et social de l’enfance est radicale-ment différent comme l’avancent avec clairvoyance certains anthropologues (Hashim I. et Thorsen D., 2011 ; Castle S. et 3 Diarra A., 2003) ? Que signifie le statut de « mineur»lorsqu’une
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Médias européens et médiatisation de l’Europe, Rennes, Presses universitaires de Rennes. Dans l’introduction de leur travail sur les migrations d’enfants en Afrique, Hashim I. et Thorsen D. expriment des questionnements et des doutes que tout chercheur confrontéà cette problématique, peut
INTRODUCTION
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minoritédes enfants seulement sont scolarisés, lorsqu’un grand nombre d’enfants travaillent ou sont intégrés, d’une manière ou d’une autre, à la sphèreéconomique, lorsque la pauvretéet la déshérence sociale brouillent les lignes et les frontières entre vie familiale et vie des rues ? Que signifie encore « non accompagné » dans des contextes sociaux, familiaux, où les régimes de tutelle sont distendus, car peu d’institutions viennent concurrencer ou relayer les défaillances de la tutelle parentale, tandis que la tutelle familiale peut prendre, elle aussi, des formes complexes, plurielles, loin du cercle parental de type européQuid, par exemple, desen ? « grands frères», des oncles et tantes, quid même des régimes de dépendance et de placement que vivent pas mal d’enfants africains pauvres, confiés à des parents mêmeéloignés, à des « patrons», à des « maîtres»comme dans certaines confréries musulmanes (mourides) ? Enfin, et ce n’est pas la moindre des incertitudes de la catémigrergorie, que signifie « »dans un cadre géopolitique marquépar la clôture des destinations historiques de migration, l’Europe notamment, et la restriction des conditions de mobilité léJ.et Segatti A.,A., 2002 ; Streiff Fenart gale (Bribosia E. et Rea 2012), par la multiplication des tentatives et deséchecs et, enfin, par l’absence claire de « finalité »professionnelle dans les mobilités ? Rien en somme n’est donc plus faussementévident que l’appa-rition de cette catégorie, juridico-politique, presque spontanée, de « mineurs migrants non accompagnés». Car, au-delà des
ressentir. Ils tiennent en fait en trois questions : qu’est-ce qu’un « mineur», sachant que l’on n’aévidemment pas la même maturiténi la même autonomie au cœur de l’Afrique rurale subsaharienne pauvre, aux périphéries des villes tentaculaires africaines ou dans les banlieues européQu’est-ce que migrer, même lorsqu’on est un enfant,ennes ? sachant qu’il est très différent de « partir à l’aventure»seul ou de partir pour rejoindre des parents ayant déjà migré, par exemple, ou de partir « appelé »par un intermédiaire ou un patron ? Enfin, qu’est-ce qu’être ou non « accompagné », et plus fondamentalement qu’est-ce qu’un « parent», sachant que le modèle de la famille cellulaire européenne n’a pas encore l’universalitéque lui attribuentde factoles définitions insti-tutionnelles ? Bref, s’il est avéréqu’il y a des enfants qui migrent seuls (children’s independent migration), cette migration est loin de se coller au modèle bureaucratique d’un voyage à haut risque de « mineurs non accompagnés».
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LES MINEURS MIGRANTS NON ACCOMPAGNÉS
flottements catégoriels, même les modalités de signalement et d’alerte sont problématiques. En effet, hors de cette sphère et de cet espace public, pour l’essentiel internes aux «policies makers» européens, quelques associations locales, en France, en Espagne, en Italie se sont préoccupées de la présence de jeunes mineurs marocains, albanais, roumains, algériens, en errance dans les rues des villes, souvent dans desétats de délabrements physiques et mentaux inquiétants. ÀMarseille, par exemple, toujours au début des années 90, se constitue une association « Jeunes Errants», à bien deségards pionnière. Leséducateurs qui la créent sont alertés par des juges pour enfants, préoccupés par la situation de jeunesétrangers qu’ils voient de plus en plus régulièrement impliqués dans des actes de délinquances et dont, pour les plus lucides des juges concernés, ils mesurent l’état d’abandon et de délabrement, en même temps que le vide institutionnel qui rend impossible toute prise en charge de ces jeunes aux conditions normales du droit social et pénal français. Des initiatives à peu près identiques se créent en Espagne, notamment à Barcelone qui, comme Marseille, est un port en liaison régulière avec le Maghreb, d’où ces jeunes pour la plupart sont originaires. Ces jeunes se ressemblent, quels que soient leurs pays d’origine, en ce qu’ils ont eu des scolarités minimales ou intermittentes, sont sous l’emprise quasi permanente de produits psychotropes ou de médicaments anesthésiants. Ceux qu’il m’avaitétédonnéde rencontrer à Marseille dans les années 90étaientétonnamment polis et respectueux des adultes, timides, sans aucune de ces attitudes de défi ou d’arrogance qui caractérisent à l’époque ceux qu’on appelle les « jeunes de banlieue». Ils vivent en bandes ou en groupes de pairs, reproduisant des fraternités où un grand protège un « petit». Leurs corps sont régulièrement marqués de profondes scarifications qu’ils s’infligent, sur les bras, les cuisses, le ventre, parfois même pendant les entretiens. Mais nulle part il est avéréqu’ils puissent être très nombreux, d’autant qu’il s’agit d’une population très mobile, fluide.Àlire la presse de l’époque et les témoignages des acteurs de l’action associative, ils sont rarement plus d’une ou deux centaines à la fois
INTRODUCTION
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dans les rues des villes citées. Le nombre des mineurs demandeurs d’asile est estimé000 paraujourd’hui à un peu plus de 15 FRONTEX; quant au nombre des « autres»mineurs migrants, il est évidemment très difficile à seulement l’estimer. D’abord, comme toutes les migrations clandestines, ces mineurs sont la part la plus mobile et volatile des flux migrants et, pour cette raison, difficiles à quantifier, mais plus encore pour cette catégorie de personnes, particulièrement difficile à identifier et nommer. Il est donc impos-sible de mesurer, ni même d’estimer un phénomène qui ne prend qu’une visibilitéintermittente, soit lorsqu’il est pris dans les filets des dispositifs de contrôle et de surveillance, soit lorsqu’il est captif de lieux urbains singuliers où les « gamins»trouvent à la fois refuge et visibilité. Dans ces deux cas, c’est par centaines, plus que par milliers, que se comptent les individus susceptibles de corres-pondre au profil institutionnel tracé. Quelques centaines de gamins par an qui hantent les rues de Barcelone, Marseille, Paris (un millier de jeunes pris en charge en 2009), Gênes ou Naples, quelques centaines encore qui chaque année font l’objet de mesures de rétention ou d’expulsion (500 par exemple pour la seule zone de rétention de Roissy en France). Il ne s’agitévidemment pas ici de sous-estimer un phénomène problématique, crucial même au regard des misères et des dysfonctionnements qu’il engendre, des crises qu’il signale, mais c’est l’objet des recherches rassemblées ici que de les prendre au sérieux. Par contre, au regard de la relative faiblesse des effectifs concernés, pourquoi une telle mobilisation institutionnelle autour de ce phénomène ? Pourquoi plus précisé-ment une telle inflation juridico-institutionnelle en Europe ? De sorte que, saufévidemment à pratiquer des amalgames assimilant tous les jeunes,étrangers ou pas, en difficulté, « traînant»dans les rues, commettant de petits actes de délin-quance et régulièrement sous l’emprise de psychotropes à des « mineurs migrants», il n’y a pas là de quoi parler d’invasion, de prolifération ou de phénomène en croissance exponentielle... C’est tout le contraste avec la littérature administrative qui cite des chiffres très importants, parlant régulièrement de plusieurs dizaines
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