Les larmes d'une répudiée , livre ebook

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Date de parution

01 janvier 2023

Nombre de lectures

6

EAN13

9789956632091

Langue

Français

Les larmes d’une répudiéeRoman
Yaya Youssoufa Les larmes d’une répudiéeRoman Guiguess Editions
Guiguess EditionsYAYA YOUSSOUFA Tous droits de représentation, traduction ou reproduction, réservés pour tous les pays. Titre :Les larmes d’une répudiéeISBN :978-9956-632-09-1© Yaya Youssoufa, 2023 By Guiguess Editions, 2023 Couverture :Guiguess ConceptorIntérieur: Mme. Djomeni Foyet, Dr. Teuboké Nestor, Dr. Bamniram Augustin, Mme. Keumeni Thérèse Vidane, Dr. Mabard Abdias et M. Gaya Esau Photographie de la jaquette: Getty Images et Djomeni Foyet Imprimeur :Ets. Feuteng(Yaoundé) Distributeur : Librairie Djabama (Maroua, EN-Cameroun), Librairie Guiguess (Moulvoudaye), Cercle des Amoureux de Lecture de l’Université de Yaoundé I.Monographie: 121X 1 P ; 20cmSiège social: Bâtiment blanc en face de l’hôtel de ville de Moulvoudaye, MoulvoudayeEN- Cameroun Tél: +237 695 623 027 / +237 651 856 030 Courriel:guiguesseditions@gmail.comSite-Web:www.guiguesseditions.wordpress.com
PROLOGUE Répudiée !  Sombre idée ! Lugubre réalité ! Je suis sans honneur ! Je suis la plus honnie ! Femme sans dignité ! Objet rejeté ! Je n’étais qu’une vache à lait! Mes ! Ma faceseins aplatis toute rongée de vieillesse! Mon cœur usé! Mes muscles exténués ! Tous mes plaisirs sont morts et ma dignité ternie! Quel homme m’aimera encore comme une mère aime son enfant ? Quel plaisir pourrai-je encore avoir un de ces jours à vivre cette infamie ? En est-il, une plus malheureuse en la machine ronde ? Les hommes se sont-ils demandé un jour ce que ça fait d’être répudiée? Ont-ils un jour songé à ce qu’ils nous font vivre? Les hommes ont-ils vraiment un cœur? Puisse tous les hommes se souvenir que la femme a une âme ! Oui! Une âme… Une âme très fragile et fébrile, une âme sensible aux peines existentielles, une âme qui vit, une âme jamais disposée à souffrir. Que ces hommes sans cœur aient en horreur la tyrannie exercée sur nos débiles corps ! Que la petite force physique si dérisoire et si précaire que Dieu leur a donnée ne soit pas un outil de persécution ! Qu’ils aient une main légère et un cœur humain chaque fois qu’ils auront cette sordide idée de répudier sans vergogne la mère de leurs enfants! Qu’ils pensent à l’avenir de ces innocentes créatures qui grandiront loin de la chaleur maternelle !
Voilà où je me suis retrouvée après quinze années de mariage. Répudiée ! Chassée ! Laminée ! Bastonnée !
Maudite ! Huée ! Humiliée ! Et pour aller où? Nulle part… Chez ma mère ? Quelle connerie! Elle n’est qu’une répudiée avec un sursis indéfini. Elle n’a pas un chez-soi, elle n’a jamais construit ne serait-ce qu’une cabane pouvant abriter une fourmi… D’ailleurs, comment le pourrions-nous ? Nous ne sommes que des femmes et tout ce qui va avec. Nous ne sommes que des êtres impuissants, des âmes apeurées vivant avec cette implacable idée d’être répudiée et jetée dehors du jour au lendemain tel un vulgaire machin. Nous ne vivons que pour trimer pour nos « maitres » avec leur éternelle ingratitude. Dites-moi, jusqu’où ira cecalvaire ? Jusqu’où ira cette tyrannie? Je vous demande un peu…
Je mène une mourante vie et mon âme abattue se meurt. Nul mets n’excite mon envie et pourtant mon ventre est aplati par la faim. Mon « homme» m’a empoignée et je crois que je n’ai plus rienà faire dans ce monde immonde peuplé d’hommes brutaux qui n’ont aucune considération pour la mère de l’humanité. Mes yeux enflés par ces longs sanglots ne voient plus rien que le trépas. Et si j’appelais cette déesse fidèle ? Que la mort me semble belle à présent ! J’aurais aimé qu’elle vienne me prendre, qu’elle vienne me caresser les cheveux et m’emmener avec elle dans un autre monde loin de ces hommes sans cœur avec qui nos vies sont en chimères transformées. Ce qui me fait le plus mal, c’est le regard de cette foule hypocrite et sarcastique qui ne voit en moi qu’une femme sans considération et sans valeur qui serait incapable de rester dans un foyer. Et mon quartier est un horizon sinistre avec ses maisons d’habitations vétustes. Le jour de la répudiation, il accouche de vieilles sorcières moqueuses de tous ses coins morbides et regarde la femme répudiée avec ses yeux sans pitié.
L’idée de partir est plutôt un soulagement pour moi car ma vie n’a été jusque-là qu’un enclos infernal. Ma plus grande et atroce inquiétude, c’est mes enfants. Que deviendront-ils si loin de moi ? Et que deviendrai-je si loin
d’eux? Ils sont tout ce que j’ai de plus cher et de plus beau dans ce monde cruel et injuste. Ils sont si jeunes, si beaux, si dynamiques, si enthousiastes… Ils sont pleins d’avenir mais leur cruel de père n’a pas de cœur. Hélas! Il a abrégé leur avenir pour assouvir son instinct de maitre dominateur.
Ô ma belle Fatima ! Que tu vas me manquer ! Te voilà si belle et éblouissante, si fraiche et frêle, si souriante et innocente… Une débile créature qui vivra désormais loin de la chaleur et de la tendresse maternelles si indispensables à l’épanouissent de tout être humain. Elle n’a que sept ans, elle allait à l’école et ses maîtres étaient contents. Dieu aurait-il eu tort de créer la femme? Dieu l’a créée mais l’homme en fait ce qu’il veut selon ses fantaisies. Pendant son jeune âge, c’est à son père qu’appartient sa vie; grande, c’est à son mari d’en faire ce que bon lui semble. Dans cet état d’esprit où je me trouve, une folle envie de me suicider étrangle mes pensées. Quoi ? Me suicider ? Et si toutes les victimes de ces injustices sociales décident d’en faire autant, n’est-ce pas là une forme de lâcheté ? Un instant, je me dis : pourquoi ne pas raconter cette histoire sur du papier ? Pourquoi ne pas dire à haute et intelligible voix ce que je ressens ? Pourquoi ne pas écrire tout ce que j’ai vécu pour en arriver là? D’ailleurs, je ne suis pas la seule victime de ces injustices dans mon pays et dans mon sahel natal, aucun comptable ne peut dénombrer avec exactitude le nombre de ces femmes embastillées qui seront plus tard répudiées et jetées comme des vêtements usés. Mais quoi écrire? Qu’est-ce qu’une âme si déprimée peut dire et qui vaille la peine d’être dit? Mais puisque j’ai le moyen d’écrire, pourquoi ne pas? Peut-être, ce que j’écris ici, trouvera un écho favorable ailleurs. Il faut donc que je parle, il faut que nous rompions ce silence funeste, il faut que nous fassions fi de ce mutisme avant qu’il ne soit tard… Dieu aussi sait à quel point ces hommes nous font souffrir et je crois qu’il nous comprendra; je sais qu’il n’aime pas
nous voir souffrir c’est pourquoi il nous a sculptées avec la plus grande finesse du monde.
Ces cris aigus, ces complaintes amères, cet appel désespéré, ces griefs formulés à l’endroit de l’Époux,ne sont rien d’autre que les larmes d’une répudiée. Oui! L’état d’esprit chamboulé d’une femme victime d’une injustice sociale qui fait que la gente féminine soit persécutée et malmenée. Elle était jeune, belle, fraiche, éblouissante, frêle, tendre, fine, candide… De par son nom, on voyait la tendresse, la douceur, la finesse, la délicatesse et la souplesse. Elle, c’est Yasmine et comme cette fleur, elle était d’une beauté rocambolesque. Mais comme cette fleur qui brille le matin et fane le soir, sa beauté aussi, a été éphémère, ses rêves une chimère et sa vie amère. Elle m’a conté son histoire; je la trouve assez touchante qu’elle vaille la peine d’être contée. Voici donc l’histoire de ma très chère amie Yasmine.
I
Lavie d’antan
Elle n’avait que quatorze ans. Elle rayonnait de beauté. Elle allait même à l’école et en était très fière. Mais le fait d’être née dans une partie du globe terrestre où la femme est ostracisée, fait d’elle le spectre de la misère. Elle sera engrenée dans un système où tout est déjà façonné et où l’ordre des choses demeure.-J’aimerais aller à l’école, j’aimerais être bien instruite, j’aimerais épouser un homme qui saurait assouvir ma soif de vivre, un homme qui me ferait vivre les délices de l’amour, un homme avec qui je ferais une de ces ballades romantiques dans ces jardins édéniques réservés aux âmes qui s’aiment, un homme avec qui je pourrais rire et blaguer, un homme qui, pour tel ou tel autre projet, me demanderait mon avis, un homme qui saurait me réprimander quand j’ai tort et qui saurait m’écouter quand j’ai à dire… Se prêtait la belle Yasmine à des rêveries chimériques. Un jour, alors qu’elle rentrait des classes toute flétrie de beauté malgré la fatigue, elle trouva sa maman, sa charmante génitrice assise sur une natte, le regard figé et hagard, égrainant soigneusement son chapelet, invoquant, glorifiant le Très Haut comme pour mettre son âme en
9
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