LES JACARANDAS DE LAFAYETTE , livre ebook

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2023

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Mais pour Farès , il est autrement plus agréable de déambuler sur le tapis formé plus loin , dans l'avenue de la liberté ou dans l'avenue Alain Savary par exemple, par les petites clochettes bleues que les jacarandas parsèment sur le sol au printemps. Ces arbres exotiques aux feuilles dentelées et finement ciselées, venus d'ailleurs, d'Amérique du Sud, admirés par Farès et par tous les riverains, se sont bien acclimatés à la Tunisie, ils portent aussi le nom original et bien mérité de «flamboyants», car ils deviennent en effet en cette saison un véritable plaisir pour les yeux quand ils se parent de fleurs d'un bleu lavande, embellissant et égayant les rues parfois banales dans lesquelles ils poussent par cette splendide floraison, visible de loin, à la belle couleur issue d'un mariage heureux de rouge et de bleu, et leur donnant un cachet particulier ....
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Publié par

Date de parution

01 janvier 2023

EAN13

9789938077438

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

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NAÏMA AMINE
LES JACARANDAS DE LAFAYETTE ROMAN Arabesques 2023
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Roman :Les Jacarandas de LafayetteAuteure :Naïma AmineTous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservésà l’éditeur©ARABESQUES EDITIONS Première édition 2023 ISBN : 978-9938-07-743-8er 5Rue 20 Mars 1956, 1 étage bureau n° 3, Bab Saâdoun 1005 www.editionsarabesques.com E-mail : editionsarabesques.tunis@gmail.com Photo de couverture : ©Une vue de l'Avenue de la Liberté avec jacarandas en fleurs, Tunis, Tunisie, 26 mai 2004. Avec nos remerciements à Yoshisato MINAGAWA, Nakano-ku, Tokyo, JAPON 4
«Celui qui cueille une fleur dérange une étoile». Théodore Monod Quand un arbre est arraché, C’est tout un monde qui avec lui disparaît.Naïma Amine
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I TUNIS, CENTRE-VILLE LAFAYETTE Au centre-ville de Tunis se trouve un quartier qui a été construit à l’époque coloniale et qui a donc une histoire et un passé récents, c’est Lafayette; quartier nommé ainsi en hommage au général français épris de liberté ayant participé à la guerre d’indépendance des colonies anglaises e d’Amérique à la fin du XCe nom s'est tellementVIII siècle. bien ancré dans la mémoire collectivequ’il aété maintenu après l’indépendance de la Tunisie, lié d’ailleurs à celui de liberté. Il n’y a pas destatue de la Liberté dans le quartier Lafayette, mais comme pour faire un petit coucou quand même à cette statue si lointaine de New York, la rue qui se trouve dans le prolongement de l’avenue de Paris s’appelle maintenant « Avenue de la Liberté ». Les grandes artères avoisinantes: l’avenue Habib Bourguiba et l’avenue Farhat Hached par exemple, portent quant à elles le nom des principaux artisans de l’indépendancerécemment acquise, d’autres celui de personnalités étrangères ayant contribué à combattre le colonialisme dans leur pays : Léopold Sédar
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Senghor, Patrice Lumumba, Gandhi, ou ayant essayé d’aider à établir la paix en Afrique, comme Dag Hammarskjöld. C’est là qu’habite Farès. Il a dix-sept ans, cette année est importante pour lui,étant donné qu’elle est l’année du bac.Il est attaché à ce quartier d’une part parce qu’il y est né et d’autre part en raison de son originalité.Lafayette a gardé en effet des empreintes de ce passé récent, qui sont bien visibles à travers le style architectural des constructions. Car ce qui caractérise ce lieu, c’est que parfois, au détour d’une rue ou d’une ruelle, on tombe sur quelques beaux bâtiments e e construits entre la fin du XIX et le début du XX siècle, à l’époque du protectorat français donc. Par leur architecture particulière, mêlant différents styles : style empire et style orientalisant, art nouveau et art déco, et décorée de moulures, de colonnettes, de balconnets, de frises, de zelliges, de mosaïques, ces immeubles contribuent à donner à certaines rues un cachet plaisant, tout en interrompant l’uniformité caractérisant les bâtisses récentes. En effet, alors qu’une construction moderne dédiée à l’habitation se différencie souvent peu extérieurement d’une administration, ces constructions, avec leurs détails ornementaux, ont tantôt un petit air de Paris, tantôt un petit air de Florence (l’Ambassade de France) ou même de Vienne. Architectes, ingénieurs, artisans, souvent issus de la communauté italienne, la plus importante communauté européenne sous le protectorat, ont rivalisé de talent pour les embellir en sculptant sur les façades des motifs floraux et végétaux, ou parfois des personnages et des créatures mythologiques : Persée, Méduse, Pégase, Atlas, Amour et Psyché, et des scènes tirées de la mythologie, comme « Le 8
Jugement de Pâris ». Ils ont visiblement pris du plaisir à créer leurs œuvres en suivant la mode en vogue dans l’architecture.Curieux de nature, Farès aime se promener dans son quartier ou dans ses alentours, il en arpente régulièrement les rues avec plaisir et en connaît bien les coins et les recoins. Il en emprunte parfois les petites ruelles adjacentes, plus paisibles, autant pour trouver un peu de calme en s’éloignant du bruit des voitures et de l’odeur envahissante d’essence dégagée par les véhicules, que pour visiter des immeubles abandonnés. Car ces constructions qui contribuent à embellir le quartier et à lui donner un cachet particulier ne sont pas toutes en bon état: certaines d’entre elles sont en effet peu ou pas entretenues, d’autres sont laissées à l’abandon, livrées au pillage, leurs escaliers sont délabrés, leurs zelliges arrachés. Il y a même des petits joyaux, des éléments remarquables, comme notamment les cariatides de la rue du Luxembourg auxquelles les passants pressés et les fonctionnaires affairés ne prêtent nulle attention. Insensibles à leur originalité et ignorant leur valeur artistique, les hommes installés dans les cafés des alentours ne s’y intéressent pas non plus, trop occupés qu’ils sontà jouer aux cartes et aux dominos ou à discuter football, noyés dans des nuages de tabac. Un jour viendra, c’est sûr, où ces statues en auront assez de soutenir les balcons des immeubles délaissés et en ruines et laisseront tout tomber. Il arrive à Farèsd’entrer par curiosité dans une de ces habitations délabrées dans l’espoir d’y découvrir un élément architectural ou décoratif original pour le croquer, suivant
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en cela la consigne de ses professeurs de dessin ou d’histoire, qui ont sensibilisé leurs élèves à la beauté et à l’originalité de ces lieux,tout en leur signalant qu’ils faisaient partie intégrante du patrimoine tunisien. Farès tombe alors sur des belles reliques du passé, que ce soit sur une magnifique porte d’un ascenseur désaffecté ou sur une rampe d’escalier en fer forgé minutieusement décorée d’instruments de musique et d’autres motifs. Il aime s’imaginer la vie qui y régnait, il entend même des voix et des cris d’enfants, des rires, des appels et des chansons. Mais cela pourrait aussi venird’une télévision du voisinage branchée sur la RAI Uno, se dit-il,parce qu’il se méfiede sa trop fertile imagination... Parfois, au hasard de ses pérégrinations dans ces immeubles abandonnés, il fait des rencontres plus ou moins bizarres : il tombe sur des couples clandestins essayant de passer inaperçus en se cachant dans les cages d’escalier, sur des clochards, sur des ivrognes ou sur La Muette, une prostituée qui squatte un rez-de-chaussée délaissé et qui a beaucoup de clients, dont certains très chics,justement parce qu’elle ne parle pas sans doute, et également parce qu’elle leur évite d’aller jusqu’à l’impasse Sidi Abdallah Gech. Cependant, Farès y a aussi fait une rencontre bien sympathique.
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