121
pages
Français
Ebooks
2021
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Le Silence de Dieu
Roman
Cheick Talibé BALDE
Le silence de Dieu
Roman
INNOV EDITIONS GUINEE
Tous droits réservés
Siège social : Rue Bellevue, à côté du restaurant le Belvédère
Conakry, GUINÉE
E-mail: innoveditionguinee@gmail.com
Tel: (00224) 623 27 61 01
ISBN : 9782492193026
Préface
Pourtant, je n’imaginais pas être le préfacier de ce livre !
La vie est si imprévisible, si incompréhensible, si complexe mais tout de même honnête, serviable et surtout impartiale. Faites ce que vous savez faire, faites-le le plus honnête possible, avec le cœur mais aussi avec l’esprit, la vie vous rendra la monnaie de vos efforts, de votre honnêteté, elle vous rendra ce que vous méritez car, ici-bas, « aucune facture ne restera impayée ».
J’ai lu et relu ce même livre chaque fois avec la même envie, le même sentiment, une sorte de nostalgie envoûtante. Le récit de ce jeune écrivain, Cheick Talibé, m’a fait l’effet réparateur d’un pessimisme irréversible à propos de l’avenir de la littérature en Guinée. À la fin de la lecture de ce livre, j’ai lâché un soupir de soulagement : la relève de la littérature guinéenne est en train de germer. Quelle bonne nouvelle ! Cet auteur au style limpide, fort compréhensible, comique surtout, relate, à cœur ouvert, à la merci de son lecteur, l’histoire fracassante d’une jeune femme mariée dont sa foi en Islam n’est pas des moindres. Myriam Chérif, héroïne de ce roman, est donnée en Mariage à Rachid Chérif, son cousin, comme le veut la coutume de la famille ; mais ce mariage dont personne ne pouvait imaginer le pire, tourne au drame le jour-même de leur nuit de noces. Myriam Chérif, loin de connaître le bonheur espéré, vit un enfer sur terre. Mais fort de sa foi aux prescriptions coranique, elle se tait sur les violences physiques et même psychiques que lui fait subir son mari pour éviter une discorde familiale, asseoir le prestige des Chérifs mais surtout et par-dessus tout, l’obéissance des lois de la religion selon lesquelles la femme doit respect et soumission à son mari. Elle se fie à sa foi, espérant que d’un moment à un autre, Rachid Chérif, son mari finira par l’aimer pour de bon afin que le bonheur revienne. Mais au fil du temps, les choses vont de mal en pis et deviennent salées à son goût. Dieu a-t-il oublié son serviteur ? Pourquoi aurait-Il abandonné froidement celle qui ne vivait que pour Le louer ? Myriam est confuse mais jamais elle ne perdra sa foi. Et comme dans la vie, « Aucune facture ne restera impayée » et que « la vérité est fille du temps », Allah pour qui elle vivait, finit par venir à son secours.
Ce livre est un véritable bréviaire pour toutes celles qui désirent savoir les inconvénients d’un mariage incertain afin de s’y prémunir, mais aussi une thérapie pour toutes celles qui en sont déjà victimes, qu’elles sachent qu’un nouveau jour se lèvera pour panser les blessures qui peinent à se cicatriser.
Sur une autre facette, Cheick Talib, généreux qu’il est, met cette œuvre à la disposition de tous ceux qui sont épris de connaissance, élèves, étudiants, enseignants, éducateurs et parents, afin qu’ils y trouvent les outils nécessaires qui sauront les guider face aux grandes décisions et aux aléas de la vie.
Aux lectrices et aux lecteurs, je vous souhaite une bonne lecture.
Gbamon ZEBELAMOU
Écrivain-biographe
À mon défunt père, Cheick Ahmed Tidiane, et à toutes les femmes victimes de violence domestique .
« Ce que l’homme a le plus d’authentique, c’est sa capacité à créer, se dominer, endurer, se transformer, aimer et dépasser ses propres souffrances. »
Ben Okri
Avertissement
Toute ressemblance à des faits réels ou aux personnages de ce récit, n’est que pure coïncidence, parce que cette histoire est entièrement imaginaire.
Prologue
La famille Chérif était l’une des plus grandes de la ville de Labé ; mais aussi l’une des plus nobles et plus religieuses. Les ancêtres et fondateurs de cette famille s’installèrent à Labé bien avant l’implantation coloniale. Ils virent et vécurent tout du mal des colons. Très attachées à l’Islam, les premières générations des Chérifs avaient réussi à se faire une place honorable dans la ville, et même dans le pays.
Les hommes Chérifs étaient des perles rares que toutes les filles convoitaient : épouser un Chérif était similaire d’un prix Nobel puisque chaque garçon qui naissait dans la ligné était plus beau que le précédent, plus convoité, et même plus signifiant que ses grands frères ; parce qu’il était considéré comme étant la graine neuve, la sève fraîche, la semence de dernière génération. Cette célébrité qu’avaient les hommes de la famille, était tout autant pareille pour les filles : elles valaient plus que de l’or, elles étaient les déesses de la famille, leur beauté dépassait l’explicable ; avec un teint clair , une chevelure à la queue de cheval, elles attiraient l’attention de toute la gente masculine de la ville.
À leur beauté angélique et leur profond attachement à la religion, s’ajoutait la fortune qu’ils possédaient. Les Chérifs étaient riches, mais énormément riche. É tant des travailleurs, ils se procurèrent des terres partout dans la ville dès leur arrivée à Labé. Ils cultivaient la terre et elle les rendait riche en retour. Sur la quasi-totalité des périphéries de Labé, ils avaient des champs et des plantations. Plus le temps passait, plus leur implantation prenait de l’ampleur tant en travaillant la terre qu’en faisant du commerce. Ils étaient stratégiques et pleins de vie. Ils s’entraidaient et cela faisait leur force majeure. C’était les lions de la ville et tout le monde parlait d’eux dans tous les coins de la ville et même en dehors.
Leur célébrité et leur puissance s’amplifiaient de telle sorte qu’ils prirent une décision peu raisonnable : Puisqu’ils étaient nombreux ; ils interdirent ou du moins bannirent toute union maritale d’une de leurs descendances avec une personne étrangère. Cette décision était selon eux, une façon de conserver la pureté de leur ligné, mais c’était aussi une politique de protection contre les ennemies extérieures. Dans leur vie, c’était la famille avant tout ; la famille rien que la famille… Les Chérifs s’investirent alors dans l’éducation de leurs enfants, en leur enseignant des valeurs familiales et religieuses ; pour qu’ils grandissent en sachant que rien ne compte plus qu’Allah et la famille.
Chapitre premier
Noces noires
Cette nuit-là, Myriam Chérif allait pour la première fois coucher avec un homme. C’était sa nuit de noce et elle était là, allongée sur le lit au matelas soyeux en train d’attendre son cousin Rachid Chérif, désormais devenu son époux. Enveloppée dans son ensemble d’habit blanc, elle avait les sentiments mitigés : de la peur, de la curiosité, du désir et de la joie. À quoi ressemblerait sa première nuit d’amour ? Il y avait toutes sortes d’images qui rodaient dans sa tête.
Ses sœurs qui s’étaient mariées bien avant elle, lui confiaient de temps en temps leurs vies intimes, surtout leur première nuit avec leurs époux respectifs. Certaines d’entre elles contaient leurs expériences avec une intensité à en lire le plaisir qu’elles y gagnaient ; tandis que les autres parlaient toujours de l’horreur que c’était de se sentir dominé par un mâle. Myriam, depuis son adolescence, rêvait toujours de ce moment qui la lierait à jamais avec son époux, celui qu’Allah aura choisi pour elle.
Son mariage, comme tous les mariages dans la famille d’ailleurs, était purement religieux. Elle était élevée dans la religion et en avait appris l’importance. Elle ne savait que peu du monde extérieur, le monde nouveau qui, selon son père, sombrait dans le chaos avec la modernisation. Myriam accomplissait ses prières à la lettre sans en omettre une seule, sauf en ses périodes d’impureté. Elle savait depuis son bas âge à qui elle était prise. Elle savait aussi à l’avance, comment devait se passer son mariage même si au fond, elle aurait aimé qu’il soit assez mouvementé et adapté à son goût. Mais cette envie n’était pour elle qu’une tentation, un piège que lui tendait Satan pour la détourner de sa foi et de son respect envers Allah. Alors, à chaque fois qu’elle accomplissait une prière, elle levait les mains vers le ciel et priait, en disant, les yeux fermés : « Oh toi mon seigneur, mon Dieu, mon protecteur. Toi qui sait ce qui se cache en chacun de nous, toi qui nous connait plus que nous ne nous connaissons, guide-moi vers le chemin de la droiture et éloigne-moi de la perdition. » . Elle répétait cette prière de façon permanente depuis qu’elle comprit que le Dieu de l’enfer faisait tout pour la dérouter.
Son mariage s’était alors déroulé dans la plus ordinaires des façons. Dans une famille aussi conservatrice que celle des Chérifs, la répétition des événements n’était en rien chose ennuyeuse.
Alors elle attendait encore et encore à se demander si Rachid ne s’était pas égaré en chemin. Sur l’horloge qui lui faisait face, elle lisait vingt une heures et demie et la patience commençait à être longue pour elle. Par la vitre indiscrète de la fenêtre, elle pouvait voir la lune qui dansait passionnément dans le ciel. L’étoffe blanche transparente qui servait de rideau, se laissait transpercer par les fins rayons lumineux que dégageait la lune. L’incandescence atterrissait timidement sur la partie inférieure de son corps, illuminait ses pieds, et irriguait une bonne partie de ses rondeurs.
Elle attendait.
Au bout de trente minutes, la porte s’ouvrit derrière elle et le parfum de Rachid irrita ses narines. Elle sentait le stress remonter à la surface, mais resta immobile. Elle écoutait les mouvements qu’émettaient Rachid tout en devinant ce qui se tramait derrière elle : Lorsq