Le Paradoxe du Rêve qui a guidé ma Vie , livre ebook

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Si on parlait du Roman, de Francis LURAIC : ‘Le Paradoxe du Rêve qui a guidé ma Vie’ . . Dans ce roman, il est question de cultiver son jardin,, . . Il est des douleurs qui nous suivent toute une vie,, . . Il est parfois dommage d’attendre d’être au soir de sa vie pour les partager
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Publié par

Date de parution

01 août 2024

Nombre de lectures

2

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

6 Mo

Le paradoxe du rêve qui a
guidé ma vie
Francis Luraic Nombre de mots : 75.927
1
Chapitre I Chapitre II Chapitre III Chapitre IV Chapitre V Chapitre VI Chapitre VII Chapitre VIII Chapitre IX Chapitre X Chapitre XI Chapitre XII Chapitre XIII Chapitre XIV Chapitre XV Chapitre XVI Chapitre XVII
Chapitre XVIII Chapitre XIX Chapitre XX
TABLE DES MATIÈRES
p.4 p.19 p.35 p.41 p.47 p.56 p.62 p.66 p.68 p.77 p.81 p.88 p.97 p.104 p.108 p.112 p.120 p.125 p.128 p.136
Chapitre XXI
Chapitre XXIIChapitre XXIII Chapitre XXIV Chapitre XXVChapitre XXVI Chapitre XXVII Chapitre XXVIII Chapitre XXIX Chapitre XXX
Chapitre XXXI
Chapitre XXXII Chapitre XXXIII Chapitre XXXIV Chapitre XXXV Chapitre XXXVI Chapitre XXXVII Chapitre XXXVIII Chapitre XXXIX Chapitre XXXX Épilogue
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p.142 p.146 p.153 p.156 p.165 p.178 p.184 p.191 p.197 p.202 p.206 p.215 p.220 p.227 p.230 p.238 p.240 p.245 p.247 p.253 p.261
Quelqu’un disait que la Providence était le nom de baptême du Hasard, quelque dévot dira que le Hasard est un sobriquet de la Providence. (Nicolas de Chamfort,Maximes et Pensées, LXII, 1795)
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Chapitre I
J’ai toujours ressenti qu’il y avait une autre dimension à la vie, comme un sentier perdu dans un lieu reculé, qui me mènerait dans un ailleurs inimaginable pour la plupart des gens, mais qui existe pourtant, pour celui qui veut bien se donner la peine de le découvrir. La première manifestation d’un monde au-delà du réel survint lorsque j’étais à l’école maternelle. Tous les enfants autour de moi jouaient dans la cour. Les maîtresses discutaient. Soudain, je m'étais senti seul au milieu du bruit et de l'animation. Les sons s'étaient alors éteints. J'étais en suspension. Mon corps n'était plus moi et je n'étais plus lui. Le monde était un spectacle auquel je n'appartenais plus. J'avais quatre ans à l'époque.  Plus tard, dans notre petite maison cévenole, j'avais vu des boules luminescentes bleues flotter dans l'espace au-dessus des prés, de l'autre côté du ruisseau. Ces choses étaient vivantes, je le savais, et elles me regardaient, elles m’observaient, elles étaient là pour voir si j’étais prêt. Pris de panique, je m'étais réfugié dans ma chambre, j'avais fermé la porte à clef, je m'étais enfoui sous les draps. Ce fut seulement en entendant les pas de mes parents rentrant des courses que j'étais ressorti de ma cachette, pas très à l'aise. Lorsque j’avais sept ans, l’image du Christ dans la maison de ma dame de catéchisme m’avait fait une très forte impression. Son regard d’une bonté insondable avait touché mon âme d’une manière irréversible.L’amour que j’éprouvais à sonégard me distinguait déjà des autres par les pensées qu’il m’inspirait: lorsque mes camarades lui demandaient l’accomplissement de tousleurs vœux, je n’avaispourdésir que d’exprimer la gratitude qui m’habitait. N’avais-je pas tout ce dont j’avais besoin, pendant que les enfants d’Éthiopie agonisaient dans les douleurs de la famine? Les photos qu’on nous avait montrées restaient gravées dans ma
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mémoire ; elles nourrissaient une compassion qui ne vacillait pas et me poussait toujours plus loin dans mes aspirations à mettre fin à la souffrance d’autrui.La vie à l’école primaire m’avait donnéoccasions de lui maintes montrer ma dévotion : untel avait oublié son goûter, je partageais le mien avec le malheureux affamé ; un autre avait souffert entre les mains de camarades, je le réconfortais ; si je gagnais aux billes, je ne manquais jamais de rendre au vaincu une partie de ses pertes. Celam’avait du reste valu un coup de pied monumental dans le ventre un jour où j’avais voléau secours d’une fille qu’une bande de garçons: interprétantharcelaient et raillaient mon intervention comme une tentative de me joindre à ses bourreaux pour la persécuter, la victime m’avaitfrappéde plein fouet dans l’abdomen.Cet incident n’avait en rien affecté ma volonté toujours croissante de me tourner vers Dieu. Après tout, le martyren’avait-il pas souvent été le lot de ceux qui s’étaient consacrés au service du divin, comme je l’avais appris dans mes livres d’histoiparfois la peurre ? Bien que m’étreignait à l’idée des supplicesqu’avaient subis les chrétiens des premiers temps, je ne pouvais renier ma vocation: elle était en moi, elle n’avait jamais faibli et elle voulait grandir.  Maferveur pour la catéchèse n’avait que décuplé lorsque ma nouvelle dame de catéchisme nous avait raconté son histoire :  Chez moi, je mets toujours un couvert pour le pauvre, au cas quelqu’un viendrait frapper à la porte. Un jour, un homme s’est présenté chez moi: c’était un clochard. Il avait un regard fascinant, et pendant le repas, il n’apas parlé pratiquement . J’étais impressionnée par sa prestance et la manière dont il vivait le silence. Il venait à peine de partir quand je me suis aperçuequ’il avait laissésa besace derrière lui, juste à côté de la chaise où il s’était assis. Je me suis précipitée dehors pour la lui rendre, mais en sortant, sur la grande avenue, j’aieu beau regarder autour de moi, dans tous les sens,il n’était plus là. Il avait disparu.
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 Cette histoire laissa une profonde impression sur moi. Il y avait donc des êtres qui pouvaient ainsi disparaître comme ils étaient apparus ? J’étais fasciné par cette idée. Viendraient-ils un jour me voir aussi ?  Malgré toutes ces expériences extraordinaires, je demeurais tout de même un petit garçon qui grandissait entre ses deux parents.  Je ressentais une tendresse toute particulière pour mon père que je voyais peu mais qui lorsqu’il avait le temps ne manquaitde jamais s’occuper de moi.En hiver, sur la petite colline au-dessus de notre maison, nous allions observer l'étoile du Berger, la Grande Ourse et la Petite Ourse, et nos silences plus que tout racontaient l'amour qui nous unissait. Nos excursions se finissaient toujours dans la cuisine. Il faisait bouillir du lait. J'y ajoutais du chocolat en poudre, y laissais tomber deux sucres, et je touillais le tout avec beaucoup de soin. J'avais un plaisir très intense à écouter le frottement de la cuiller sur le bord intérieur de la tasse. Nous nous regardions dans les yeux, et sur nos lèvres s'imprimait un sourire.  Malheureusement, notre bonheur ne dura pas.J’avais presque onze ans et Noël approchait. Plein d’une ferveur religieuse qui m’habitait régulièrement àcette époque de l’année, seul dans ma chambre, j’avais fait le serment à Dieu de tout lui sacrifier pour le servir. Je n'avais pas imaginé un seul instant dans mon esprit d'enfant qu'en prononçant ces mots, la vie de mon père pût être en jeu, car pour moi mes parents faisaient partie intégrante de mon existence, et l'idée de les voir disparaître ne m'avait jamais effleuré. La réponse divine m'avait foudroyé autant par sa rapidité que par sa brutalité.  La veille de son accident, maman m'avait dit que j'avais été bien sage et bien gentil et que le Père Noël, elle n'en doutait pas, m'apporterait de beaux cadeaux. Je n'y croyais plus, elle le savait, mais elle parlait comme ça. Nous aurions dû faire les courses le jour suivant. Le soir, j'étais revenu de l'école comme à l'accoutumée. J'avais abaissé la poignée pour entrer. Il faisait sombre à l'intérieur. Maman était sortie de la cuisine, le visage encore
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baigné de larmes, les yeux rouges d'avoir pleuré. J'étais demeuré immobile. Elle m'avait enlevé le cartable du dos, chose qu'elle n'avait plus faite depuis longtemps. Elle m'avait poussé doucement par l'épaule jusqu'à la porte du salon encore entrebâillée, et puis nous nous étions assis. Elle n'osait pas me regarder. Ses mains crispées sur son mouchoir, elle avait finalement levé la tête. Papa ne reviendra pas ce soir, m'avait-elle dit. Papa ne reviendra jamais.  Ces paroles m'étaient tombées dessus comme un grand bruit méchant. Elle n'avait pas eu besoin de m'expliquer. J'avais compris tout seul. Elle avait éclaté en sanglots, et plus rien n'avait existé autour d'elle. Ce jour-là, elle s'était drapée dans un linceul. Elle était partie pour le rejoindre là où il se trouvait. Elle s’était coupée du monde des vivants pour aller s’enterrer avec lui. Désormais, elle n'était là que pour me faire à manger et laver mes vêtements. De retour à l'école, la maîtresse et les autres enfants m’avaient parlé d'une voix différente. On aurait dit qu'ils avaient peur. Leurs airs consternés me dérangeaient. Quelquefois, j'entendais des gens chuchoter. Le cœur me battait fort dans la poitrine mais je ne disais rien. La mort de mon père avait semé le trouble dans mon esprit, et encore plus le sermentqui l’avait précédée. Dieu m'avait pris au-delà de ce que je croyais pouvoir donner, et la question de savoir pourquoi j'avais fait une telle promesse m’avait rempli d'un sentiment aigu de culpabilité. La confusion m'avait envahi. Je m'étais retrouvé pétrifié par la violence du coup qu'il m’avaitassené. Mon cœur avait saigné.À la suite du tragique événement, j'étais souvent resté prostré sur mon lit, ne pouvant échapper à l’angoisse qui m’habitait. Qu’avais-je donc fait pour qu’il me mît à l’épreuve d’une manière si terrible? J'en avais parlé au prêtre de notre paroisse. Il m'avait assuré que Dieu serait toujours à mes côtés pour prendre soin de moi, que dans son amour immense, lui-même avait offert sa vie pour le salut des hommes, et qu'il était mieux que quiconque en mesure de
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comprendre ma souffrance. Il m'avait expliqué que parfois le Père Éternel semblait tout prendre de ses serviteurs les plus méritants dans le but d’éprouver l’amour qu’ils proclamaient avoir pour lui. Je l'avais écouté d'une oreille attentive, pesant chaque mot qu'il prononçait comme une vérité nouvelle qui se manifestait à moi : celle de la toute-puissance divine. Une fois passé le choc de la perte, je m'étais claustré dans le silence de mon effroi, écrabouillé par le pouvoir que Dieu avait sur moi. Dans la solitude où me laissait ma mère, j'avais fait de l'église mon lieu de prédilection. J'y allais chaque samedi pour la messe, arrivant toujours bien à l'avance car je voulais que Dieu me vît, me sentît, me connût, comme je voulais le voir, le sentir, le connaître. Dans la pénombre du lieu sacré qui m'accueillait de sa tranquillité, j’explorais ma blessure. Je n'entendais pas Dieu, il ne me parlait pas, mais je voyais son visage désolé d'affliction dans les traits de Jésus sur la Croix. Il était là, sa chair sculptée dans le bois. N'y avait-il pas d'autre chemin que la douleur pour atteindre la grâce divine ?  Depuis l'accident, plus aucune atmosphère de fête n'avait jamais reparu dans ma vie. Ma mère avait acheté un petit sapin en plastique, et nous faisions toujours la crèche, mais nous ne parlions plus. Dans notre nouvel appartement à Nîmes, tout était propre et bien rangé, et les décorations de Noël avec mes affaires personnelles étaient tout ce qu'il
restait de notre ancienne maison dans les Cévennes. Elle avait vendu tout ce qu'elle avait pu. Elle avait donné aux œuvres charitables ce que personne n'avait voulu acheter. Le reste était parti aux ordures. Elle avait fait ça dans un silence qui n'attendait aucune approbation. Elle n'avait rien épargné, même pas mon mobilier.  Alors que je la regardais qui s'affairait ainsi, elle m'avait dit : Nous sommes pauvres maintenant.  Je n'avais rien répondu à cela. Il n'y avait plus qu'à accepter.  ÀPâques, la sœur de ma mère était venue nous voir. Les choses s'étaient mal passées. Elles n'avaient pas cessé de se disputer, ma tante
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proférant des « mais enfin Marie, tu ne peux pas rester comme ça ». Ma mère, exaspérée, lui avait rétorqué qu’elle pouvait s'en aller. En partant, ma tante avait lancé : Tu n'as pas honte de traiter ton enfant de cette manière ?  Puis elle m’avait dit: Jean-Christophe, je suis désolée pour toi.  Je ne l'avais plus jamais revue depuis.  À mon entrée au collège, la situation n'avait fait qu'empirer. Maman avait atteint les sommets de l'absence cérébrale. Sa dépression s'était accentuée. Le médecin lui avait prescrit des antidépresseurs. Elle se cachait pour les prendre, mais elle laissait les boîtes sur la table. De toute façon, j’avais remarqué les plaquettes vides dans la poubelle. Une fois, je lui avais demandé pourquoi elle les prenait. Elle m'avait répondu : C'est pour m'aider à aller mieux.  Mais moi, je n’y croyais pas. Elle avait des sourires qui n'en étaient pas. L'éclat de son regard n'avait pas retrouvé la joie. Elle ne dormait que peu. Je le voyais aux énormes anneaux noirs qui cerclaient ses yeux. Les somnifères étaient devenus ses compagnons, ses plats brûlés les miens. Comme j'en avais assez, je m'étais mis à la cuisine. Le riz, les pâtes, les pommes de terre étaient mes valeurs les plus sûres. C'était facile à faire, et cela rassasiait mes appétits d'adolescent en pleine croissance. Parfois, emmitouflée dans sa robe de chambre, elle m'apportait un flan qu'elle avait préparé pour moi. C'était sa séance de mea-culpa. Malgré tout, je lui étais reconnaissant de ce rare geste maternel. Je n'avais aucune idée de comment préparer ce genre de pâtisserie. C’est à cette époque-là que le harcèlement scolaire dont j’étais la victime avait atteint son paroxysme. Certains de mes camarades me regardaient d'un air narquois et ricanaient à mon passage. J'étais une proie facile. Ils le savaient. Les deux plus horribles avaient toujours le coup d'œil
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pour voir quand mes habits étaient mal repassés. Eh, chiffon, me disaient-ils. T'es pas trop chiffonné ?  Cela les faisait rire d'un rire méchant. Je voyais dans leurs yeux le plaisir qu'ils avaient à remuer toutes mes douleurs cachées. Quelquefois, ils allaient même plus loin. Ils me talonnaient à la sortie du collège et criaient : T'en as pas marre d'être fatigué comme ça ?  Un jour, ils m'avaient suivi à cinq. Ils m'avaient coincé contre le grillage d'unemaison en construction. L’un d’euxme tordait le bras gauche. Un autre garçon m'écrasait le pied droit, et un troisième m'avait jeté à la figure : Pourquoi tu vas pas te pendre ?  Quand ils m'avaient lâché, les quatre autres en un chorus furieux s'étaient mis à hurler en marchant derrière moi : Pourquoi tu vas pas te pendre ? Pourquoi tu vas pas te pendre ?  Je m'étais éloigné, la tête vers le bas, écrabouillé d'une rage impuissante. Je n'arrivais plus à rien dire. Je n'arrivais plus à rien faire. Je n'avais plus qu'une chose en tête. J'avais envie de m'enfuir. J'avais envie de courir. J'avais envie de partir. Je m’étais alors recroquevillé sur moi-même, et m’étais tourné vers l’Éternel, afin qu’il me donnât force et courage de demeurer fidèle à l’idéal que je mettais fixé, celui de le servir, quel qu’en serait le prix. Me sentant isolé et incompris, je ne communiquais mes angoisses à personne. J’accueillais cette solitude d’une manière inquiète mais volontaire. Je m’étais promis de ne jamais dévier du chemin sur lequel je m’étais engagé. Pourtant parfois, le doute me rongeait. La souffrance m’inquiétait, me tourmentait. Je ne parvenais pas à comprendre en quoi elle était nécessaire, ni pourquoi Dieu n’agissait pas pour sauver ceux qui lui montraient leur dévouement. À ces moments d’incertitude, la peur du vide me hantait. J’allais alors vagabonder dans les quartiers avoisinants, me réfugiant
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