Le Museum , livre ebook

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2013

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À la suite d’un cataclysme, une spécialiste de l’histoire ancienne se voit forcée d’étudier l’effacement de sa propre civilisation. S’amorce alors une grande enquête, une course contre le sablier. Armée d’un simple fourre-tout et d’un appareil photographique, notre Docteure ès disparition rassemble les clefs pour conjurer un péril pire que tout. Une seule certitude, tout converge vers un étrange sanctuaire: le Museum. Au cours de son périple truffé de lieux imprécis, de personnages bigarrés, de temps confus, elle tente de faire la lumière sur sa destination finale.
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Publié par

Date de parution

03 septembre 2013

Nombre de lectures

1

EAN13

9782764426449

Langue

Français

L i t t é r a t u r e d ’ A m é r i q u e Collection dirigée par Isabelle Longpré
Québec Amérique est fière d’offrir un espace de création aux auteurs émergents ; avec la mention « Première Impression », elle souligne la parution de leur premier livre.
Le Museum
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Legault, Marie-Anne
Le Museum
(Collection Littérature d’Amérique)
Texte en français seulement.
ISBN 978-2-7644-2518-3 (Version imprimée)
ISBN 978-2-7644-2643-2 (PDF)
ISBN 978-2-7644-2644-9 (ePub)
I. Titre. II. Collection : Collection Littérature d’Amérique.
PS8623.E466M87 2013 C843’.6 C2013-941357-X
PS9623.E466M87 2013



Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada pour nos activités d’édition.
Gouvernement du Québec — Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres — Gestion SODEC.
Les Éditions Québec Amérique bénéficient du programme de subvention globale du Conseil des Arts du Canada. Elles tiennent également à remercier la SODEC pour son appui financier.

Québec Amérique
329, rue de la Commune Ouest, 3 e étage
Montréal (Québec) Canada H2Y 2E1
Téléphone : 514 499-3000, télécopieur : 514 499-3010

Dépôt légal : 3 e trimestre 2013
Bibliothèque nationale du Québec
Bibliothèque nationale du Canada

Conception graphique : acapelladesign.com
Mise en pages : Karine Raymond
Révision linguistique : Diane-Monique Daviau et Chantale Landry
Conversion au format ePub : Studio C1C4

Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés

© Éditions Québec Amérique inc., 2013.
quebec-amerique.com
MARIE-ANNE LEGAULT
Le Museum
ROMAN
À ma grand-mère, Simonne Hamel, qui a toujours aimé les livres. Puisse-t-elle lire ces lignes avant la tombée du jour.
PROLOGUE Le Grand Brouillard
Tout avait pourtant commencé si gentiment, oui, une gentille brume.
Le Museum.
Retenez ce mot, retenez-le bien.
Ne l’oubliez pas, non.
Ah ! Faisons les présentations. Car il faut bien se présenter, surtout lorsqu’on n’y voit rien du tout, surtout lorsqu’on n’a rien à voir.
On me connaît comme une jeune femme d’esprit. Une universitaire respectée, oui, une diplômée qualifiée, comme il se doit dans une contrée civilisée. Plus précisément, l’universitaire est historienne, une mémorialiste convaincue. Le passé explique tout, par-dessus tout le présent, … et même l’avenir. Puisqu’en Histoire on aime à se confiner, me spécialise dans l’histoire ancienne. Une « antiquiste », qui s’intéresse surtout à l’effondrement des civilisations (des civilisations anciennes, il va sans dire). S’agit de les ausculter à leur agonie, de formuler quelques diagnostics. Dès mon entrée à la Faculté, on me surnommait l’Ancienne. Un sobriquet pour le moins cocasse, n’étant pas très âgée. Il faut m’appeler Docteure. Tout simplement.
En dehors de la Faculté, l’antiquiste est naturaliste à ses heures, oui, tient à jour un herbier, tient aussi à jour un bestiaire. Une naturaliste qui s’intéresse avant tout aux espèces en voie d’extinction. Il s’agit de les ausculter à leur agonie, de formuler quelques diagnostics. Des plantes et des bêtes anonymes dont vous ne soupçonnez pas l’existence ; un faible pour les êtres minuscules, les bestioles. Il s’agit de les tirer de l’oubli, officieusement, avant qu’elles ne s’effacent, officiellement. Une sorte de secourisme de dernière minute, secourisme le plus souvent stérile, vous en conviendrez. Il est arrivé qu’une espèce s’éteigne sous mes yeux, oui, m’obligeant à marquer sa page d’une croix (bien qu’étant athée, m’en confesse). Puis retourne à mes civilisations, à savoir mes civilisations disparues.
Donc.
Docteure ès disparitions, à la fois antiquiste et naturaliste. Il n’y a pas de contradiction, au contraire. Dans la nature comme dans le temps, il est souvent question d’invasion, d’ensablement, c’est toujours la loi du plus fort. Journaliste en quelque sorte. Journaliste d’hier ou d’aujourd’hui, du pareil au même, oui. Après tout, le présent n’est qu’à un instant du passé. Le devoir de mémoire m’obnubile, il faut publier, tenir registre, comme il se doit dans une contrée civilisée.
Voilà à peu près mon portrait.
Ou plutôt le portrait que l’on pouvait tirer, auparavant.
C’est-à-dire avant le cataclysme.
Ah ! Car précisons-le, un fléau a frappé. Il ne s’agit pas d’un violent séisme, ne s’agit pas d’une épidémie, non. Pas de tempête, ni de pluie diluvienne.
Plutôt un brouillard, le Grand Brouillard.
Une nappe épaisse recouvrant l’ensemble de la géosphère, une brume implantée définitivement et qui enveloppe tout, même les visages, même les regards. Au point d’être condamné à la cécité, oui, une cécité généralisée. Une mélasse indissoluble à troubler jusqu’aux plus brillants des météorologues.
Ainsi le Grand Brouillard gomme les traits, au point où il n’y a plus de portrait possible.
Tout avait pourtant commencé si gentiment, oui, une gentille brume. Une brume légère, sporadique, presque insignifiante. Elle venait et repartait avec la plus grande discrétion, ne laissait aucune trace. À peine pouvait-on la percevoir avant qu’elle ne s’évapore. Et alors qu’un brouillard ordinaire aurait épousé le sol ou la mer, cette brume-là restait aérienne, jouait les funambules, dessinant dans le ciel des volutes translucides. Quelques inspirés crurent à des esprits échappés d’on ne sait où, des mânes brodant des arabesques avant de s’effacer tranquillement. Ces touches volatiles, éparses, défiaient toute logique. Aucun universitaire ne pouvait expliquer leur présence, aucun. Oh, on n’en faisait pas grand cas au début, non, cette petite brume n’effrayait pas. À vrai dire, elle nous faisait même sourire, à vrai dire, elle était même jolie, ne laissant présager de rien. Au début, elle n’effrayait personne, sinon quelques éclairés, sinon quelques illuminés.
Puis lentement les volutes blanches prirent du poids, elles qui déjà revenaient plus souvent. On commença à s’inquiéter, mais sans plus.
Puis la toile du ciel évolua encore. Les touches translucides finirent par s’empâter, oui, les coups de pinceau se firent plus vigoureux. Si bien que la brume, toujours plus consistante, finit par couvrir l’infini d’un voile laiteux.
L’inquiétude se transforma en angoisse.
On mandata des comités, décupla les études, comme il se doit dans une contrée civilisée. En vain. Le plafond de brume se rapprocha de nos têtes, tel un compacteur.
Alors l’angoisse se transforma en effroi.
On s’affola, on tenta de fuir, mais où et à quoi bon ? L’épais voile, toujours plus opaque, toujours plus lourd, toucha bientôt le sol, s’enracina. Le Grand Brouillard s’insinua dans les campagnes comme dans les cités, dans les masures comme dans les académies, s’incrusta dans les corps et dans les âmes, oui, même l’âme des éclairés, même l’âme des illuminés.
Ainsi l’air se figea et avec lui l’humeur et les facultés des bonnes gens. Et lorsqu’il devint clair que l’obscurité serait définitive, le monde vacilla, sombra dans la grande dépression.
Voilà où nous en sommes aujourd’hui, pour en revenir au présent, oui, de l’indicatif. Ce fléau empêche de voir, de lire, de réfléchir, empêche d’avancer, d’explorer, de progresser. Un Grand Brouillard qui noie, avec une cruelle tranquillité. Impossible de lui échapper, vraiment, il touche toutes les latitudes, un pénitencier sans bornes.
On ne voit plus que dans les rêves. Étrangement, il suffit de fermer les yeux pour recouvrer un peu la vue. Mais au réveil on finit par oublier le rêve, ne reste plus que des ombres. Et des mélodies. Car reste toujours la musique ; pour les mélomanes la vie a encore un sens. Ainsi nous errons tels des fantômes à la recherche de quelques notes, d’un peu de clarté. Nous errons, oui, en dépit de nos diplômes. Dans cette nuit incassable les lumières de la science ont bien peu d’utilité. Pas plus que les lumières des églises et des temples, il va de soi.
Me voilà ainsi forcée, antiquiste des extinctions, d’étudier l’effacement de ma propre civilisation, d’ausculter l’agonie de ma propre espèce. Me voilà ainsi forcée, naturaliste et mémorialiste, de nous ajouter au bestiaire, celui des futurs disparus.
Pardonnez ma palilalie, oui, pardonnez cette répétition de mots, de bouts de phrases. Un vilain tic de professeur, un si

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