56
pages
Français
Ebooks
2009
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Publié par
Date de parution
01 décembre 2009
Nombre de lectures
256
EAN13
9782296690417
Langue
Français
Larmes amères
Evelyne Winkler
Larmes amères
Fin de vie : l'ultime partage
© L'Harmattan, 2009
5-7, rue de l'Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-10758-8
EAN : 9782296107588
Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
A Daniele et Luc,
avec ma profonde gratitude
et mon affection
A ma filleule, tendrement.
« Ecrire, c’est aussi ne pas parler. C’est se taire.
C’est hurler sans bruit ».
Marguerite Duras.
Noël 2003.
Elle ne veut pas que je vienne.
N’a rien préparé.
C’est la première fois.
J’y vais.
Elle me dit que ce sera sans doute son dernier Noël.
Vieillie.
Enflée.
Boursouflée.
Ne prend pas ses médicaments.
S’endort, assise, devant la télévision.
Courbée.
Fragile, le dos droit qui s’arrondit sur le canapé.
Lasse.
Elle passe le 26 décembre chez les filles aînées : elles vont La décorer comme un sapin de Noël.
Des vêtements avec des épaulettes.
En mousse, les épaulettes.
De fausses perles blanches, pour faire bon genre.
Il faut qu’Elle soit présentable aux yeux des voisins.
Se fabriquer la mère qu’elles pourront.
Elle n’aime que les robes tabliers…
Je suis invitée le 26 chez la sœur de mon père, chez qui Elle téléphone en milieu d’après midi pour s’enquérir de la composition du menu, et dire que Son état ne s’améliore guère.
Je suis surprise : n’est- Elle point chez les filles aînées ?
Elle leur a dit qu’Elle ne se sentait pas bien, et, partant, ces dernières ne sont pas venues La chercher.
Ni La voir.
Inquiétude de La savoir seule.
Elle est soucieuse de savoir ce que la tante a fait à manger.
Elle veut les détails. Je Lui raconte.
J’insiste pour qu’Elle téléphone à un médecin.
Elle répond qu’Elle ne veut rien savoir.
J’indique que je vais appeler un docteur.
L’envoyer chez Elle.
Elle hurle au téléphone.
Ne veut rien savoir.
Je consulte la tante.
« Elle est assez grande ».
Oui, la petite fille exilée de Croatie en pleine guerre… devenue esclave… dans une ferme allemande… est assez grande…
Je La rappelle en fin d’après-midi.
Elle ne va guère mieux, semble-t-il.
Je consulte l’amie médecin qui vient me chercher chez la tante.
« Peut-être vaudrait-il mieux repasser chez Elle, avant de repartir pour P. ? »
« Tu as fait ce qu’il fallait, Elle est assez grande », répond l’amie médecin.
Nous rentrons.
Je sais, je sens qu’Elle veut mourir.
Ventre noué.
Lassitude infinie.
Ne plus La porter.
Fin de l’emprise.
Plus d’énergie.
Vidée.
Vide en -dedans.
Je vis les heures qui suivent dans l’attente de Sa mort.
Janvier 2004.
Je compose Son numéro depuis une cabine téléphonique.
Peur au ventre.
La voix de l’une des filles aînées à l’autre bout du fil, qui dit qu’Elle a été hospitalisée en réanimation.