La guerre m’a surprise à Beyrouth , livre ebook

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Date de parution

01 janvier 2010

EAN13

9782811104061

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

Carmen Boustani
La guerre mÈa surprise à Beyrouth Récit
LA GUERRE M’A SURPRISE À BEYROUTH
KARTHALAsur Internet : http://www.karthala.com Paiement sécurisé
Couverture : Tableau de Jean Khalifé,Femmes sous les bombes, collection particulière.
Éditions KARTHALA, 2010 ISBN : 978-2-8111-0406-1
Carmen Boustani
La guerre m’a surprise à Beyrouth
Récit
ÉditionsKARTHALA 22-24, bd Arago 75013 Paris
DU MÊME AUTEUR
L’Écriture-corps chez Colette, Paris, LHarmattan, 2002. Effets du féminin : variations narratives franco-phones, Paris, Karthala, 2003, prix France-Liban, 2004. Aux frontières des deux genres: en hommageà Andrée Chedid, Paris, Karthala, 2006. Des femmes et de lécriture(codir. Edmond Jouve), Paris, Karthala, 2006. Deconstruction of the concept of masculinity and patriarchy in the contemporary society(dir.et al.), Beyrouth, Bahissat, livreXII, 2006-2007. Oralité et gestualité : la différence homme/femme dans le roman francophone, Paris, Karthala, 2009.
À Françoise
6
LA GUERRE M’A SURPRISE ÀBEYROUTH
Lexistence na guère dintérêt que dans les journées où la poussière des réalités est mêlée de sable magique.
Marcel Proust,Àla recherche du temps perdu, Bibliothèque deLa Pléiade, t. II, 1954.
Beyrouth Elle est mille fois morte, mille fois revécue Beyrouth des cents palais, et Béryte de pierres Où lon vient de partout ériger des statues Qui font crier les hommes et font crier les guerres.
Nadia Tuéni, Liban : 20 poèmes pour un amour Œuvres poétiques complètes,Dar-An-Nahar,1986.
LA GUERRE M’A SURPRISE ÀBEYROUTH
7
La guerre ma surpriseàBeyrouth en ce mois de juillet 2006. Mon monde se réduitàun ordinateur, seule fenêtre qui me lie aux autres, sous la menace dune coupure du courant.
Je vis avec des mots venus de toutes parts, qui minterrogent sur mon état et létat de mon pays. Des mots-flash que faufilent les courriels :«guerre », «destructions »,«nouvelles »,«inquiétudes »,«pense àtoi »,«jespère que tu esàlabri »,«amitié et sym-pathie ». Ils viennent de Francine, Antoun, Judith, Lamia, Catherine, Octave, Nathalie, Michel, Ahmed et bien dautres. Ces mots me renvoientàdes visages amis ouàdes visages déjàlointains dans le souvenir. Tout se déroule sur ce petit écran : linterroger devient une des occupations de ma vie de recluse. Invasion de pensées, de paroles de solidarité, de réconfort, qui me protèune forteresse degent : lamitié. Les tout derniers mots, avant que je ne ferme lécran, lancésàtoute volée, vont inélucta-blement sabattre sur lexpression« àbientôt », qui ralentit sa chute, amortissant un peu son écho, tôt, tô,ôôôôôôôô. « Àbientôvient adoucir lt » approche de la fin du message, comme un dernier espoir de sortir dune guerre qui ne respecte pas les règles de la guerre.
8
LA GUERRE M’A SURPRISE ÀBEYROUTH
À bientôt : voilàcomme un espoir de la vie sur la mort, de la paix sur la guerre. Peu de temps a suffi après la réception des mails pour que je ressente la douleur d’être une Libanaise parmi les autres, menacée dans ce qui compte pour elle plus quelle-même, sa patrie, son travail, ses amours. Je vis en ce moment, toute pareilleànimporte quelle autre femme de ce pays.
1
Un raid aérien de larmée israélienne quadrille de nouveau le ciel de mon quartier : limmeuble est secoué. Lappartement bouge dans tous les sens. Je suis jetée au sol. Les portes de mon armoire souvrent brusquement : des piles de tee-shirts de couleur, des sacs en cuir et des carrés en soie jonchent le parquet. Quelques livres dégringolent de létagère. Une fois que tout est rentré dans le silence, je rassemble mes forces, je me lève et colle machinalement, monœil aux persiennes de la baie vitrée de ma chambre. Je suis bouleverséeàla vue du quartieràmoitié détruit par les bombardements de cette nuit. Les mots me manquent... Lampleur de la destruction dépasse celle des séismes et des tsunamis que les médias nous ont montrés ces derniers temps.Àcette diffé-rence près que la guerre est le résultat de la volonté délibérée des hommes. Je chercheàrepérer, de ma fenêtre, le petit épicier du coin et son sourire spontané, la boulangère, et son accueil chaleureux lorsque je passais prendre une mankouchéau thym, le coiffeuràlallure légère, un peu artiste, et le libraire toujours attentifàgarder mon courrier de presse étrangère ou locale. Tout ce petit monde a disparu sous les matraques de laviation
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