L’ÉPOUSE D’UN HOMME MARIÉ , livre ebook

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« Mon choix à moi est tout fait. Je veux être une seconde. Je veux être l’épouse d’un polygame ou rien. Ça ne m’inspire plus d’attendre qu’un vaillant jeune homme de bonnes intentions se décide à venir m’honorer chez mon père, comme ça ne m’inspire absolument plus qu’il soit jeune, puisque moi, à 29 ans, je suis déjà une presque vieille. Je ne pense pas mettre mes dernières années de jeunesse entre les mains de quelqu’un qui, pour la société, vient tout juste de naître à trente ans : ‘‘ un homme ne vieillit pas. Il est comme du bon vin.’’ Mais une femme, après ses trente ans, doit espérer un miracle de Dieu pour prétendre encore être une épouse. Je n’attendrai rien. J’ai déjà tout donné dans ma vie de célibataire et pour la fin de ma vie de célibattante, je donnerai tout pour ne pas devenir une célibattue.»
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Date de parution

01 avril 2024

Nombre de lectures

154

EAN13

9956429002259

Langue

Français

Jean Germaine Ndjana
L’ÉPOUSE D’UN HOMME MARIÉ Roman
Proximité, Avril 2024
© Éditions Proximité Avril 2024 Yaoundé-Cameroun 237 699 85 95 94/672 72 19 03 editionsproximite@gmail.com ISBN: 9956 429 00225 9
À ma famille, la famille Ndjana, ce n’est que par pudeur que je ne vous dis jamais que je vous aime
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Mon choix à moi est tout fait. Je veux être une seconde. Je veux être l’épouse d’un polygame ou rien. Ça ne m’inspire plus d’attendre qu’un vaillant jeune homme de bonnes intentions se décide à venir m’honorer chez mon père, comme ça ne m’inspire absolument plus qu’il soit jeune, puisque moi, à 29 ans, je suis déjà une presque vieille. Je ne pense pas mettre mes dernières années de jeunesse entre les mains de quelqu’un qui, pour la société, vient tout juste de naître à trente ans : « un homme ne vieillit pas. Il est comme du bon vin. » Mais une femme, après ses trente ans, doit espérer à un miracle de Dieu pour prétendre encore à être une épouse. Je n’attendrai rien. J’ai déjà tout donné dans ma vie de célibataire et pour la n de ma vie de « célibattante », je donnerai tout pour ne pas devenir une « célibattue ».
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LA CÉLIBATAIRE
I
J’entends le bruit de la sirène du lycée. Il est huit heures. C’est le premier jour du baccalauréat. Je suis assise au premier banc. Ce n’est pas la place rêvée pour la plupart des élèves, mais pour moi ça va. J’ai réussi durant toute mon année de terminale à osciller entre un onze sur vingt et un douze sur vingt de moyenne, ce qui ne fait pas de moi une surdouée. Je pense néanmoins en avoir assez dans le ventre pour réussir mon examen. Ce n’est qu’un examen après les autres que je réussirai sans échec. Je n’ai pas trop de raison d’avoir peur. J’ai bien en tête les conseils de ma mère : « Lorsqu’on présente un examen ofciel, on n’est pas trop bavard, les idées peuvent s’enfuir, ne touche pas trop tes camarades ou encore ne les laisse pas trop te toucher. Nombreux sont les sorciers, ne t’attarde pas sur leurs comportements durant l’examen. Il y en a qui pleurent toujours le premier jour disant qu’ils ont d’ores et déjà échoué, ne t’entête pas à aller les consoler. Ce sont des voleurs d’examen. Relis toujours tes copies et surtout n’oublie pas de les coner au Seigneur. » Après ces conseils, on démarrait la prière : « Seigneur, tu sais tout ce que notre famille a déjà vécu ; les souffrances, la détresse, nous les avons surmontées grâce à toi. Tu ne nous as jamais abandonnés devant une épreuve. Je te prie de jeter encore un regard de miséricorde sur nous ce matin. Donne à ta lle, notre lle, la réussite à son examen. Le premier Baccalauréat de cette famille. Seigneur, Tu sais tout ce que les gens
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disent de moi. Ferme la bouche de tous ces médisants ; qu’ils ne jubilent point de ma chute ; qu’ils ne disent : Ah qu’a donc fait Son Dieu pour elle? En toi, j’ai foi, prouve encore ta puissance. Amen » En chœur : « Amen ». Après dix « Pater Noster » et dix « Ave Maria », je ne pouvais être que conante. Mes deux sœurs aînées allaitantes m’ont souhaité « bonne chance ». J’ai embrassé mes neveux et je suis partie. Le chauffeur m’attendait à l’extérieur depuis déjà quinze minutes. Il était six heures et trente minutes. Papa ne voulait absolument pas que son « dernier espoir » arrive en retard à l’examen et ne soit recalé pour cela. Mama faisait déjà de lui le responsable des échecs de mes aînées qui étaient tombées enceintes la même année. La plus grande Sylvia, en classe de Seconde et sans même avoir pu décrocher son BEPC. Elle avait demandé à Papa de l’inscrire quand même en Seconde bien que n’ayant pas non plus obtenu la note annuelle nécessaire pour être admise en classe supérieure. Malgré ses huit de moyenne, Papa avait pu « négocier » auprès du surveillant de l’école qui avait accepté. Papa avait d’ailleurs dit : « Vu ce qu’on leur paye dans les collèges privés, il est quasiment impossible qu’il diseNon. L’enseignement est le seul domaine où les agents du service privé sont encore plus mal payés que ceux du public. » Il en riait. La deuxième née, Claudia, était tombée enceinte durant la même année en classe de troisième. Elle n’avait aucun goût pour les études et passait ses journées à l’école, collée à son aînée. Pour une petite de Troisième, elle n’appréciait que la compagnie des élèves des classes de Première et Terminale qui le lui rendaient
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bien. Il faut dire qu’elle était gâtée par la nature. Elle avait la peau très claire comme elle sait leur plaire aux hommes et une poitrine assez généreuse pour son âge. Elle a beaucoup hérité de Maman. Claudia avait son amoureux en classe de terminale. Un enfant de diplomate, le plus populaire de l’école. Il était surtout populaire auprès des lles qui n’avaient d’yeux que pour lui. En classe de Terminale littéraire sans avoir réussi son probatoire, il disait se préparer à la présentation d’un Baccalauréat à l’étranger où il n’était pas obligatoire d’avoir un probatoire. C’était une pratique populaire et quasiment commune. La plupart des élèves en difculté allaient présenter le Baccalauréat dans un pays voisin. Je voyais ce jeune homme venir chercher ma sœur tous les week-ends dans son propre véhicule, offert par son père. Ma sœur en était folle et parlait de lui tout le temps : « Christian Abena, c’est mon homme. On va se marier un jour… — À quel âge ? Est-ce que tu sais qu’il n’a que vingt-deux ans ? lui répondais-je. Il aura un travail à quel âge, vu son niveau scolaire ? Et puis tu crois que Papa va te laisser te marier avant d’avoir ton Baccalauréat ? — Il va accepter. Quand Christian aura son Bac… — Ah ! Parce que tu crois qu’on partage le Bac chez nos voisins? Quelqu’un qui fait sept/huit de moyenne. — Tamboul de Terminale C avait les mêmes notes l’année dernière et il a réussi. — Tu as vu son nom sur la liste ? Vous êtes naïfs ! 1 Il est allé àmbenget il vous a dit qu’il a réussi. Qu’est-ce que vous en savez ? 1. Europe ou tous les pays développés.
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— En tout cas, on se parle sur Facebook, et il m’a fait savoir qu’il est à l’université de Paris, il a même lmé le campus. Ma sœur, comme la plupart des jeunes de notre génération, était attachée au paraître. Les réseaux sociaux et leur ction. Qui y était laid ? Qui y souffrait ? Personne. Encore moins nous, la génération des petits de riches que nous étions donnait tout pour clinquer et pour se faire voir. Le phénomène était tellement populaire que même ceux qui n’étaient pas nantis se créaient des images. — Tu es si sûre de toi, Clau ? — Oui ! Lorsque Christian aura son Bac, son père a dit qu’il va le mettre à l’école d’administration. Tu crois quoi ? Hein ? Tu as devant toi la femme d’un gouverneur. — Et toi, tu seras qui ? — La femme du gouverneur. Mama est qui ? N’est-elle pas la femme d’un cadre de la Société nationale de pétrole ? Moi aussi je suis belle. — Maman et toi vous avez la même vie ? Elle, son père, l’a abandonnée et Mamie n’avait pas les moyens de payer l’école. Donc tu veux aussi que ton mari ait plein de maîtresses. — Je m’en fous de ça. Tous les hommes sont indèles. Et puis, quoi qu’il arrive, je vais hériter de ma part des biens de Papa. Laisse-moi tranquille ! Tu es ma petite sœur. Tu connais quoi de la vie ? Ce n’est pas parce que tu es allée plus vite à l’école que moi que tu vas me parler n’importe comment ! Les parents t’ont déjà prévenue plusieurs fois. Tu es en terminale, mais tes aînées restent tes aînées. Fais tes choses de gamine.
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