L’AMOUR ET LA HAINE , livre ebook

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Dans cet ouvrage, Janet explore les concepts d'amour et de haine sous un angle psychologique et philosophique. Il examine comment ces émotions fondamentales influencent le comportement humain, les relations interpersonnelles et la dynamique sociale. Janet était particulièrement intéressé par l'étude des émotions et des troubles psychologiques, cherchant à comprendre comment ces sentiments peuvent conduire à des comportements complexes et parfois contradictoires.
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Date de parution

08 juillet 2024

EAN13

9789920547628

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

Pierre JANET L’AMOURET LA HAINE
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ISBN : 978-9920-547-62-8 Dar Alqalam Alarabi KENITRAMAROC editionqalam@gmail.com
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Première partie LES ÉLÉMENTS  COMPOSANTS  3
Chapitre I Les Sentiments fondamentaux I.Le sentiment du vide. Ce cours estl’application de nos études sur les sentiments à un cas particulier : Les sentiments affectifs. Nous n’avons étudié jusqu’ici les sentiments que d’une manière abstraite et générale. Nous avons analysé notamment l’effort, la fatigue, la joie, la tristesse, le succès, l’échec, etc. Mais ces notions abstraites sur les sentiments ne sont bonnes que dans les libres : elles ne peuvent exister dans le monde réel sans se rapporter à tel ou tel phénomène particulier. Par exemple, le sentiment d’effort se rapportera à tel travail spécial, il sera mêlé à telle conduite ou à telle action, marche, port d’un fardeau, rédaction d’un livre, etc. Une foule de problèmes intéressants seraient ainsi posés par l’application des sentiments fondamentaux aux différentes conduites psychologiques Une étude capitale à faire serait celle des relations entre les objets et les sentiments. Par exemple, on verrait que la joie et la tristesse sont les sentiments qui s’unissent le plus souvent à la propriété. L’étude des objets devrait donc être réunie à celle des sentiments. Les sentiments devraient être aussi examinés dans leurs relations avec la personnalité. La personnalité se développe en effet en grande partie par les sentiments,
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notamment par l’affection, ou l’admiration qu’on a pour 1 soi-même, ce qui n’a rien d’exceptionnel . Cette année, nous nous arrêterons à la combinaison des sentiments avec la personnalité des autres, c’est-à-dire la combinaison des sentiments avec les conduites sociales, puisque celles-ci se composent des relations entre nos propres conduites et la personnalité des autres. Nous aurons donc à étudier deux parties essentielles : d’abord l’étude des sentiments élémentaires eux-mêmes et celle des conduites sociales auxquelles il peuvent se rapporter; en second lieu, l’étude des sentiments affectifs proprement dits, qui résultent des relations entre les sentiments élémentaires et les conduites sociales. Les sentiments se rattachent à quatre groupes fondamentaux : 1L’effort.2La fatigue. 3L’échec, ou tristesse, ou encore angoisse.4Le succès, ou joie, ou encore triomphe. Les conduites sociales que nous examinerons ensuite se rattachent à trois groupes principaux : 1 Les conduites sociales élémentaires, réactions simples correspondant au niveau des animaux. 2conduites sociales moyennes, réactions Les correspondant au niveau moyen des hommes. 1 Cf. notre Cours sur L’évolution psychologique de la personnalité, 1929.  5
3conduites sociales supérieures, morales, Les artistiques, abstraites, etc. Dans ces dernières, le rôle des sentiments est moins important que dans le groupe précédent. Avant d’aborder l’étude des quatre groupes élémentaires de sentiments, je voudrais vous résumer ce que je vous ai dit l’année dernière à propos de ce que j’ai appelé le sentiment du vide, qui correspond précisément à l’absence presque complète de tout sentiment. C’est un sentiment surprenant, fréquent chez les épuisés et les neurasthéniques. On pourrait le définir le sentiment de la perte des sentiments, le sentiment qu’il n’y a pas de sentiment. Les neurasthéniques qui souffrent de ce trouble se plaignent d’abord de ce que leur tête est vide. Ce n’est qu’une métaphore, car on ne peut évidemment pas avoir le sentiment de plein dans la tête. Il s’agit d’un vide moral. Un nuage sépare les objets extérieurs du malade. Il n’aime plus rien et ne déteste plus rien. Il y a un voile entre lui et les choses. Peut-être y a-t-il là tout de même un sentiment, un sentiment de changement. En tous cas, le malade a perdu les sentiments que nous avons tous relativement aux objets : sentiment de satisfaction, sentiment de propriété, sentiment de souffrance. À propos de ce dernier sentiment, il faut avoir bien soin de distinguer la douleur et la souffrance. La douleur est une réaction physique, un acte d’écartement, un geste de retrait, qui peut se faire même dans le coma, sans l’intervention de la consciencemalade qui a le. Le sentiment du vide conserve l’acte physique de la douleur, les réactions à la douleur; mais la souffrance est exclusivement un sentiment, et le vide le supprime.
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Retenez donc que le vide supprime le sentiment de la souffrance, mais conserve l’acte de la douleur.Le sentiment du vide est souvent accompagné du sentiment de la perte de l’intérêt, qui normalement remplit toute notre vie, qui est la cause de toutes nos perceptions. Quelquefois il y a seulement la diminution de l’intérêt sans sa disparition totale. L’objet paraît alors lointain, petit, étrange. Pourquoi étrange? C’est que l’objet n’est plus accompagné des sentiments que nous ajoutons toujours aux objets et qui y sont étroitement mêlés. Et au dernier stade, l’objet devient irréel.L’affection pour le moi, l’intérêt qu’on porte à soi-même, disparaît avec l’apparition du sentiment de vide. D’où les suicides fréquents chez ces malades: la peur de la mort, c’est-à-dire l’amour de soi, ou le goût des choses ont tous disparu. Dans une de mes observations, un malade était atteint d’un délire où il se croyait mort, tout en étant parfaitement vivant: c’est qu’il avait perdu l’amour, la haine, l’intérêt, et cela d’une façon totale, absolue. Un autre malade devenait invisible : que voulait-il dire par là et pourquoi s’en plaignaitVoici-il ? l’explication: les déprimés veulent qu’on s’occupe d’eux, désirent intéresser les autres; s’ils ne se sentent pas intéressants, importants, ils considèrent qu’ils ont cessé d’exister, d’être visibles.Et ce qu’ils pensent d’eux, ils le transforment immédiatement en réalité : ils sont invisibles. Les phénomènes de la transposition de la personne, de son extériorisation, se rapprochent de ceux qui précèdent : le malade se croit en dehors de son corps, il contemple son propre corps, il se regarde vivre. Comment et pourquoi a-t-il cette conduite ? Le sentiment du vide, qui donne une perception des actes sans les sentiments qui les accompagnent, l’explique fort bien: L’homme qui se  7
trouve en proie à ce sentiment et qui s’observe cependant comme tous les hommes, ne peut donc se contempler que de l’extérieur, il y a extériorisation.Le souvenir dépourvu de sentiment, le souvenir qui semble très ancien, sans date précise, est aussi très fréquent. Nous avons passé rapidement en revue les principales manifestations du sentiment du vide. Comment expliquer ce phénomène de l’absence de sentiment?Peut-on l’expliquer, comme on l’a tenté, par la disparition des sensations? Non : toutes les sensations élémentaires subsistent parfaitement. Peut-on l’expliquer par la perte des sentiments relatifs au corps propre? Non : le malade conserve le sens musculaire et le sens du mouvement. Peut-on l’expliquer par l’existence de troubles viscéraux, troubles de la respiration, de la circulation, de la digestion? Non, le malade a bien ses sensations viscérales normales: il sent qu’il respire, que son cœur bat qu’il est gêné par un besoin naturel. Qu’est-ce qui peut donc bien manquer dans le sentiment du vide? Ce qui manque, c’est l’action: le malade est inactif, n’a envie de rien faire. Il y a chez lui certaines opérations psychologiques qui ont disparu, qui ne peuvent plus se faire. Toute conduite psychologique se compose de deux catégories de phénomènes: d’une part, les actes primaires déterminés par le monde extérieur, (tel l’acte de retirer la main sous la sensation d’une brûlure); d’autre part, de  8
nombreux phénomènes secondaires, ceux que Sherrington appelait des réflexes proprioceptifs, par opposition aux réflexes extéroceptifs. Ce sont des phénomènes déterminés dans le sujets lui-même. Tous les sentiments sont ainsi des réflexes proprioceptifs qui s’ajoutent à l’action primaire, élémentaire, pour modifier, l’activer, la ralentir, l’arrêter momentanément ou définitivement. Ce qui manque dans le sentiment du vide, ce sont justement ces phénomènes secondaires. L’examen des malades atteints du sentiment du vide met donc en relief l’existence des phénomènes secondaires chez les hommes normaux et nous introduit naturellement dans l’étude des sentiments. Dans la prochaine leçon, nous verrons les sentiments qui se rattachent au premier groupe: celui de l’effort.____
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II.Le sentiment de l’effortPermettez-moi de vous rappeler une comparaison que nous avons faite souvent, entre un être vivants et un automobiles. L’automobile se compose de deux mécanismes : 1 Un mécanisme moteur, nécessaire, fondamental; mais qui, seul, est inutilisable. 2mécanisme accessoire se ramenant à quatre Un fonctions principales : accélération, freinage, recul, arrêt. Ce sont les appareils qui permettent d’user utilement et pratiquement de l’automobile. Si l’arrêt est définitif, il est accompagné de la décharge du mécanisme. Dans l’être vivant, il y a de même quatre régulations principales: le sentiment de l’effort, correspondant à l’accélération, le sentiment de la fatigue correspondant au freinage, le sentiment de souffrance ou d’angoisse qui correspond au recul, enfin le sentiment de la jouissance qui correspond à l’arrêt avec décharge. Ces sentiments jouent un grand rôle dans la vie sociale, et par suite dans les conduites sociales qui en résultent. L’effort est un sentiment qui a beaucoup préoccupé les psychologues à partir du dix-huitième siècle, notamment Régis, Cabanis, et surtout Maine de Biran, le philosophe de l’effort. Maine de Biran présente l’effort d’un point de vue métaphysique qui s’explique mal car, en réalité, l’effort est une action comme les autres, aussi mystérieuse que les autres, mais pas davantage.
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