Kassola : Chronique d’une fuite dans la nuit , livre ebook

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"Prendre la poudre d’escampette dans la nuit est littéralement la destinée proprement attribuée à Kassola par ses mânes, qui auraient fait de lui un être tout à la fois rusé, prompt à réagir, mais quelques fois vénal. Écrit dans un style intelligible et remarquablement accessible, Chronique d’une fuite dans la nuit peint avec délicatesse et soin les mœurs socioculturelles de la communauté « dii », dans la région de l’Adamaoua, l’arrondisement de Mbé, ce pour le plus grand plaisir des lecteurs. Du haut de son contenu fort intéressant, cet opuscule est taillé à la mesure de tout type de lecteur qui y trouvera à coup sûr son compte, de par les différents intérêts social, didactique et historique qui en ressortent. "
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Publié par

Date de parution

26 décembre 2024

Nombre de lectures

1

EAN13

9789956632756

Langue

Français

Silas Bobbo Siroma dit Bobby Slomas Kassola Chronique d’une fuite dans la nuitGuiguess Editions
Tous droits de reproduction, de traduction et d‟adaptation réservés pour tous les pays. No part of this book may be reproduced in any form by print, photo-print, microfilm or any other means without written permission from the publisher. Titre: Kassola: Chronique d‟une fuite dans la nuitSilas Bobbo Siroma dit Bobby Slomas, 2024 © By Guiguess Editions, 2024 ISBN: 978-9956-632-75-6Infographie et montage: Auteur et Guiguess Creator Intérieur : Mme. Djomeni Foyet, Dr. Teubokbé Désiré, Dr. HADJA BOUSSOURA, M. Arthur NGUIMDO DEUMOUCHE, M. GANDEBE NIGUINA, Dr. BIRWE GODWE Mme. Keumeni Thérèse Vidane, Dr. Mabard Abdias et M. Gaya Esau Photographie de la jaquette : Getty Images et Djomeni Foyet Imprimeur: Ets. DILANE (Yaoundé) DistributeursDILICOM (Distributeur international), : YOUSCRIBE, FNAC, CULTURA, EYROLLES, AMAZON, Librairie Guiguess (Moulvoudaye), Librairie Lambert,…Monographie : 121X 1 P ; 20cm Siège social: Bâtiment blanc en face de l‟hôtel de ville de Moulvoudaye, MoulvoudayeEN- Cameroun Appels et WhatsApp: +237 695 623 027 / +237 651 856 030 Courriel:guiguesseditions@gmail.comSite-Web:www.guiguesseditions.com
Ce livre est une œuvre de pure fiction. Les noms, personnages, lieux et événements mentionnés sont le produit de l'imagination de l'auteur ou sont utilisés de manière fictive. Toute ressemblance avec des personnes réelles, vivantes ou décédées, des événements réels ou des lieux réels est purement fortuite.
À la mémoire :
de mon frère Jean Lamgnalé SIROMA ; des pionniers Norvégiens desœuvres missionnaires en pays dii, dont le Pasteur Flottum et Mlle Ingrid Flack ; de leurs premiers élèves, devenus pour la plupart maîtres d‟écoleet catéchistesavant d‟embrasser d‟autres carrières, dont : Étienne BobboDavid SaboulouBelmont DourmaniAndré Siroma (mon père)Jean MaïgariGaston Pierre DadiMarie AdjiÉlisa Haoua (ma mère)Suzanne Fanta
Et bien d‟autres, dont l‟adhésion spontanée et massiveà «l’école des Blancs» a constitué pour nous une sève récurrente, un immense trésor qui continue, aujourd‟hui, àvivre en nous et autour de nous.
NOTE AU LECTEUR Kassola fut un esprit précurseur de l‟ouverture à la civilisation occidentale, mais il s‟est trouvé mal armé intellectuellement pour le faire. Les Dii disent : "Hèn Taye ka ko, ma do mèn" qu‟on peut rendre par : "Tout ce que Dieu fait est bon", car trois ans après le passage de Kassola et Sogbèn, les premiers élèves, les vrais, de Douzah (avec un certain Panbèg) furent envoyés à Tcholliré.  Et en 1956, une école ouvrit ses portes à Bandjoukry (Vaazine) à 5 km de Douzah, où furent inscrits deux fils du chef de Douzah dont l‟un,Bassaba Iya Emmanuel, curieusement, sera le premier bachelier, licencié et certifié d‟études supérieures du peuple Dii. Kassola exerça plusieurs métiers avant de s‟installer comme menuisier à Meiganga où il mourut, illettré mais éclairé, en 1974. Paix à son âme !
I KASSOLA lança ses chiens vers la rivière Ti-Gbang asséchée. Le feu allumé par les chasseurs avait décimé la savane environnante et s‟était maintenant concentrédans la petite forêt-galerie qui longeait le cours d‟eau, où l‟herbe était plus touffue et un peu plus verte. Dès le lever du jour, les hommes chassaient au feu de brousse, abattant impitoyablement les animaux affolés et aveuglés par la fumée : la chasse apparaissait ici comme le sport par excellence,activité de l‟expressionde la bravoure et de l‟adresse.Kassola était un bon chasseur, malgré son peu de goût pour l‟effort. Son flair infaillible lui avait commandé de se réserver cette partie de la savane, en amont de Ti-Gbang. Ses chiens furetèrent çà et là, et par quatre fois, le jeune homme enfonça sa lance dans le fourré, au milieu des arbustes incandescents et des craquements du feu sur l‟herbe sèche. Par quatre fois, il trouva un hérisson au bout de sa sagaie. Et estimant que sa moisson était suffisante, Kassola poussa un cri de joie et prit le chemin du village, sans se préoccuper de ses compagnons. Quand les autres chasseurs eurent fini de fouiller tous les moindres coins et recoins de cette savane dévastée par le feu, ils se rassemblèrent en un lieu connu de tous pour comptabiliser les prises de chacun, s‟assurer que personne n‟était ni blessé, ni absent, et si les chiens étaient tous là. Ils se rendirent rapidementcompte de l‟absence de Kassola, mais cela n‟étonna personne: le jeune homme n‟avait pas pour habitude d‟attendre la fin d‟une partie de chasse pour regagner levillage. Bien que conscients de cette facheuse manie qu‟avait leur compagnon de chasse, deux de ses amis firent quand même un grand tour dans les environs, soufflant dans leur corne le signal de rassemblement. Puis les chasseurs, après avoir contribué aux parts de la chefferie en fonction des prises de chacun, se mirent lourdement en route. Ils étaient contents de leur journée, les chasseurs, car les repas seraient de vrais régals ce soir dans chaque foyer, contrairement àl‟ordinaire quotidien.
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* * * KASSOLA s‟ennuyaitfermement dans ce village qui l‟avait vu naître et grandir. Il n‟allait jamais au champ avec ses parents, estimant que sa place était ailleurs, dans un bureau par exemple. Le jeune homme se sentait une attirance particulière pour la Mission Protestante Norvégienne, pour son école et ses enseignants, son église et son cérémonial de culte. Il admirait ces hommes de sa race, qui avait accédé à l‟instruction des blancs, devenant maîtresd‟école, moniteurs agricoles et catéchistes. Ces hommes de sa race n‟apparaissaient-ils pas comme revêtus d‟une aura particulièreEux que les ? populations avaient fini par désigner par le vocable flatteur de nassaa-dii, « blanc-noir », pour exprimer l‟idée que sous leur peau de Noirs, ils étaient des Blancs, se situant presquau même niveau que les Missionnaires Norvégiens. Quand il ne passait pas son temps à rôder dans le village derrière les femmes d‟autrui, Kassola se cachait près des salles de classe pour écouter les enseignements dispensés aux élèves et glaner quelques mots en français. Oui vraiment, Kassola aurait voulu, de toute son âme, être de la caste de ces Noirs qui avaient accédé à la dignité de Blanc. C‟est pourquoi le travail de la terre lui paraissait comme dégradant et abrutissant. Ce jour là, en entrant dans le village par le quartier Gaa-Oud, Kassola vit Naa-Zaï, la fille de compagnie de Naa-Dome, la jeune et dernière épouse en date du chef de Mboeu. Naa-Zaï sortait de la grande case-vestibule de Baa-Mbog. Il se porta rapidement à son niveau et avant même que la jeune femme ne se rende compte de sa présence, il commença, comme à son habitude, à chaquefois qu‟il voyait le moindre pagne ou foulard, à l‟assener de questions. Que fais-tu donc toute seule ici ? Où as-tu laissé celle dont tu as la charge de soustraire à mes yeux ? Je ne veux pas être vue en ta compagnie, Kassola. On pourrait penser que jete sers d‟intermédiaire. Passe ton chemin, s‟il te plaît ! lui implora la jeune femme. Kassola, malgré le danger réel qu‟il y avait, tant pour lui que pour Naa-Zaï, à être vus ensemble, insista : Naa-Zaï, je ne veux ni ne cherche à te causer des ennuis.Mais pour l‟amour du ciel, fais-moi rencontrer Naa-Dome. Je vais devenir fou !
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 Les accents sincères de Kassola firent del‟impression sur Naa-Zaï : elle ressentit quelque chose proche de la sympathie pour le jeune homme. Tout le village connaissait l‟histoire de Kassola et de Naa-Dome. Les deux jeunes gens avaient grandi ensemble et s‟étaient pris d‟un amour fou l‟un pour l‟autre.Et Kassola avait cru mourir quand le descendant de Mboeu-Mboeu et de Pan-Hou (1) avait jeté son dévolu sur Naa-Dome. Et depuis qu‟elle était mariée, le jeune homme prenait le risque d‟envoyer entremetteurs après entremetteurs auprès de la jeune reine. En effet,loin de le pousser à la résignation, ce mariage n‟avait fait que raviver la flamme de Kassola pour Naa-Dome, au-delà de toute raison. Mais le chef aimait la petite reine, à tel point que le village avait fini par la surnommerCarte d’Identité, car elle était, dans le palais,l‟objet de toutes les attentions, toujours aux petits soins, très proche du souverain. Elle était à ce point proche de son royal époux que les mauvaises langues ne se génèrent pas pour dire que la réalité du pouvoir dans le canton était entre ses mains douces et fragiles.  Naa-Zaï eut alors pitié de Kassola, cet amoureux désespéré. N‟était-elle pas elle-même, et à cause des rigueurs du protocole du palais, obligée de se cacher pour voir le garçon qu‟elle aimait? Je vois que tu reviens de la chasse, Kassola ! fit-elle avec un petit sourire. Pose-moi la moitié de ta prise parterre et je t‟accorde une entrevue de quelques minutes. Toute ma prise, s‟il le faut, Naa-Zaï! s‟écriaKassola. Je ne suis pas de ceux qui profitent des autres. La moitié suffira. Et après avoir jeté un coup d‟œil rapide autour d‟eux, elle ajouta, comme sous le sceau du secret : La petite reine est là-dedans, sous le manguier. Mais ne va pas passer une éternité avec elle, sa mère ne va pas tarder à rentrer.  Kassola ne se le fit pas répéter. Il déposa sa besace de chasseur dans la case-vestibule et pénétra doucement dans la concession de Baa-Mbog, le père de la petite reine. Elle était assise sous le manguier, occupée à arranger ses cheveux. Salut à toi, ôCarte d’Identité!  La jeune reine sursauta ;
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Oh Kassola, tu m‟as fait peur ! Mais est-ce un nom ça, Carte d’Identi? Excuse-moi Naa-Dome. Je suis toujours troublé quand je te vois ! Menteur, va ! Et la belle Halimatou, où la mets-tu dans tes troubles ? Il se raconte que vous êtes inséparables. C‟est beau l‟amour, n‟est-ce pas ? Tout ça, c‟est rien que des calomnies, Naa-Dome. Tu sais comment les gens peuvent être méchants ! Tiens, viens donc ce soir chez moi, à la faveur de la fête, et tu verras si Halimatou a élu domicile dans ma garçonnière. Si cette rumeur persiste, c‟est qu‟il y a du vrai dedans. Et puis quoi ? Tu me prends pour une gourde ? Et si tu m‟invites chez toi, n‟est-ce pas parce que Halimatou est en voyage ? Elle le regarda droit dans les yeux. choses !Tu vois que je suis au courant de bien de Kassola baissa la tête, mais ne désarma pas. Ecoute, Naa-Dome je t‟expliquerai tout cesoir. Il faut que je me sauve : on ne doit pas nous voir ensemble, c‟est trop dangereux. Naa-Dome se mit à rire doucement. Tu veux le miel, mais tu as peur des abeilles ! Je me sauve. À ce soir, quand la danse aura commencé sur la place des fêtes. Et avant que la jeune femme n‟eût pu placer un mot, Kassola était déjà ressorti de la concession de Baa-Mbog.  Naa-Zaï était toujours devant la grande case-vestibule, montant la garde. Merci, Naa-Zaï ! fit Kassola, sincère. Je te le revaudrai au centuple un jour. Il n‟y a pas de quoi, Kassola! C‟est avecdélectation et le sentiment d‟avoir fait une bonne action que je dégusterai tes hérissions. Kassola s‟en alla, délesté de deux hérissons mais heureux, et le cœuren fête, tandis que Naa-Zaï rejoignait la petite reine toujours assise sous le manguier. C‟est toi qui ….
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