26
pages
Français
Ebooks
2014
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Publié par
Date de parution
16 juillet 2014
Nombre de lectures
8
EAN13
9782919550876
Langue
Français
À l'équinoxe de printemps, tous les dix ans, arrive le jour de Jéricho, le moment où tout vampire doit se nourrir abondement pour ne pas perdre en puissance. Ladainian, organisé, suit un plan bien rodé : il profite des guerres de gang pour passer inaperçu durant cette période délicate. Mais cette année, le Duc a décidé de gérer lui-même les festivités, mettant en péril la machine bien huilée du vieux vampire. Une erreur qui fera date dans l'histoire des vampires de Chicago.
Publié par
Date de parution
16 juillet 2014
Nombre de lectures
8
EAN13
9782919550876
Langue
Français
Lydie Blaizot
Éditions du Petit Caveau - Collection Sang%Numérique
Salutations sanguinaires à tous ! Je suis Van Crypting, la mascotte des éditions du Petit Caveau. La nouvelle version de cet epub a été testée sur la plupart des appareils et logiciels en vogue sur le marché français. Cependant, notre équipe vampirique a constaté que l'Epub reader de Firefox n'affiche pas les polices personnalisées. Avec Kindle, vous devez activer les polices /fontes de l'éditeur dans le panneau des polices.
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I'm going away, to a world unknown
I'm going away, to a world unknown
I'm worried now, but I won't be worried long
Charley Patton
Down the dirt road blues
Chicago, 19 mars 2009
Un silence sépulcral régnait dans la salle principale du Willie's. Les lumières tamisées ne parvenaient pas à réchauffer l'atmosphère de plomb, les banquettes de cuir rouge désœuvrées, les tables désertées, la scène où les instruments attendaient en silence le bon vouloir de leurs propriétaires. Même les employés travaillaient avec légèreté, dosant chacun de leur geste, comme s'ils risquaient de bousculer un édifice fragile : Catherine, la serveuse, passait le balai à reluire les parquets tandis qu'Eddie, le barman, essuyait ses verres avec méticulosité. À intervalles réguliers, ils jetaient un coup d'œil inquiet vers la seule table occupée du bar, avant de se détourner avec un soupir d'angoisse. Figé dans une posture digne du penseur de Rodin, Ladainian Abernaker, leur patron, fixait le vide de son regard sombre. Dans sa main droite, une cigarette finissait de se consumer, prête à lui brûler la peau. Il ne semblait pourtant pas disposé à l'écraser dans le cendrier tout proche où trônait Ezequiel, l'air boudeur. Agacé par cette inactivité trop longue à son goût, le corbeau croassa bruyamment en battant des ailes. Son maître se décida enfin à sortir de sa rêverie et lui grattouilla le cou d'un air pensif. Le volatile pencha la tête sur le côté, heureux, et en profita pour réclamer des cacahouètes. Ladainian se débarrassa de son mégot avant d'obtempérer.
— Dans deux jours, c'est Jéricho, bougonna-t-il pour lui-même. Catherine abandonna aussitôt sa tâche ménagère et s'approcha en douceur. Elle adopta un ton rassurant, désireuse d'alléger ce moment difficile.
— Vous commencez à être habitué, boss. Tout va bien se passer.
— L'habitude, ma grande... la routine, voilà bien le danger.
La serveuse ne sut que répondre et se mordilla la lèvre. Tous les dix ans, son patron vivait la même angoisse, tiraillé entre son besoin impérieux de discrétion et cette sauvagerie qui revenait avec la régularité d'une horloge suisse. Une singularité, à l'équinoxe de printemps, qui obligeait les vampires à se nourrir abondamment s'ils ne voulaient pas perdre en puissance. Un vampire qui refusait de fêter Jéricho prenait le chemin d'une forme particulière de souffrance : celle de l'esprit. En manque, il passait de délires psychotiques en crises de manque d'hémoglobine qui s'achevaient en folie furieuse, s'il ratait plusieurs Jéricho d'affilée. Depuis combien de temps Ladainian se pliait-il à cette contrainte ? Cathy l'ignorait, mais depuis qu'elle travaillait à ses côtés, aucun Jéricho n'avait posé problème. Grâce, pour une fois, à un aspect particulier du monde moderne. Et elle refusait que cette année soit différente des autres.
— Vous tenez vraiment la bonne recette, boss. Je ne me fais pas de bile.
— Ouais ! » s'exclama Eddie en offrant une vue imprenable sur sa dentition immaculée. « Cette année, les gangs sont déchaînés, ça va être au poil !
— Hum... » Ladainian offrit une nouvelle cacahouète à Ezequiel qui l'engloutit sans demander son reste. « Pourtant, j'ai un mauvais pressentiment...
Il venait à peine de terminer sa phrase que la porte du Willie's s'ouvrit sans la moindre douceur pour livrer passage à une armoire à glace vêtue comme un loubard. L'homme s'avança dans le bar, le pas lourd, puis s'écarta sur le côté. Derrière lui, Neil1, le grand échalas aux manières précieuses – comme le surnommait Catherine – se dandinait de sa démarche de mannequin en mal de podium. Les mains dans les poches de son pantalon taille basse, il s'approcha de la table d'Abernaker, un sourire goguenard rivé aux lèvres. Toutefois, il prit soin de s'arrêter à distance respectable. Il connaissait le vieux et, même si la présence de son garde du corps le rassurait, il préférait jouer la sécurité.
— Salut, Lad ! fit-il en agitant une main gracile. Je te présente Rob, un petit nouveau.
Le vieux vampire jeta un coup d'œil agacé vers l'intéressé qui l'observait avec effronterie, les bras croisés sur sa vaste poitrine. Un tas de muscles sans prétention qui ne lui inspirait qu'une plate indifférence accompagnée, il est vrai, d'un désir presque primaire de lui rentrer dedans. Il maugréa avant de reporter son attention sur Neil.
— Qu'est-ce qu'elle veut, la pédale ? lâcha-t-il de son ton bourru.
Neil leva les yeux au plafond en soupirant avec une petite moue de contrariété. Décidément, le vieux possédait un caractère de chiotte. Il décida d'ignorer la mauvaise humeur de son collègue et sourit benoîtement avant de déclarer, plein d'emphase :
— Cette année, notre chef bien aimé a décidé de s'occuper de l'organisation de Jéricho pour tous les vampires de Chicago.
L'annonce fut saluée par un silence glacial. Catherine s'accrocha à son balai de toutes ses forces, prête à s'en servir, et Eddie se décala lentement jusqu'au tiroir où il rangeait son 9mm, sans quitter des yeux leurs indésirables visiteurs. Si le visage de Ladainian conservait une impassibilité de rigueur, son regard brillait d'une colère mal contenue. Neil patienta un moment avant de poursuivre.
— Tu es convié, évidemment. Après tout, tu fais partie de notre clan, n'est-ce pas ?
L'allusion au fait que Ladainian restait une brebis galeuse qui refusait l'autorité de Cayden Monrow2, maître soi-disant incontesté des vampires de Chicago, était à peine voilée. Il décida d'ignorer la pique de Neil et choisit seulement de souligner une évidence.
— Jéricho ne peut pas se faire en groupe, répliqua-t-il dans un souffle. Ce serait comme nous promener dans la rue avec une pancarte vampire accrochée dans le dos.
— Le Duc pense que ça soudera davantage...